CHAPITRE 3 : LA PROPOSITION

Élisa sentit le poids de tous ces regards tandis qu'elle se dirigeait vers le pupitre tactile de présentation. La salle Olympus, avec son luxe intimidant et sa vue vertigineuse sur Manhattan, semblait conçue pour déstabiliser ceux qui n'étaient pas habitués au pouvoir. Et elle n'y était définitivement pas habituée – du moins pas encore.

Elle posa ses mains à plat sur la surface froide du pupitre pour stabiliser leurs légers tremblements, puis leva les yeux vers l'assemblée du comité exécutif. Catherine Palmer affichait un sourire ténu, anticipant visiblement son échec. Quant à Alexander Drake, assis au centre de la table en position dominante, il l'observait avec une intensité clinique, comme un scientifique étudiant une réaction chimique particulièrement intéressante.

"Le projet Artemis concerne l'expansion de NovaCure Pharmaceuticals sur les marchés d'Asie du Sud-Est," commença Élisa, sa voix plus assurée qu'elle ne l'aurait espéré. "Mon analyse s'est concentrée sur la réévaluation des opportunités régionales à la lumière des évolutions réglementaires récentes."

La première diapositive apparut sur l'immense écran derrière elle – une carte thermique montrant les projections de pénétration du marché sur cinq ans. Les zones initialement ciblées par Richardson, principalement le Vietnam, brillaient d'un rouge intense.

"Les projections antérieures identifiaient le Vietnam comme marché prioritaire, avec une estimation de croissance annuelle de 27% sur les trois premières années."

Élisa fit défiler vers la diapositive suivante – un graphique comparatif qu'elle avait élaboré pendant la nuit.

"Cependant, l'analyse des nouvelles réglementations adoptées par le gouvernement vietnamien le mois dernier révèle un obstacle significatif." Elle zooma sur un tableau de données spécifiques. "Les restrictions d'importation sur les composés pharmaceutiques de synthèse réduisent drastiquement la marge opérationnelle potentielle, ramenant la projection de croissance réaliste à environ 12% annuels."

Un murmure parcourut la salle. Élisa aperçut Palmer qui se penchait vers sa voisine, chuchotant quelque chose avec une expression contrariée.

"Mais le véritable potentiel..." poursuivit Élisa en faisant apparaître une nouvelle carte thermique, radicalement différente de la première, "réside dans une approche recalibrée qui privilégie la Thaïlande comme hub principal, avec une expansion progressive vers la Malaisie."

Pendant les dix minutes suivantes, Élisa présenta méthodiquement son analyse, illustrant chaque point avec des données concrètes, anticipes les objections potentielles. Elle avait délibérément choisi un ton factuel et dépassionné, laissant les chiffres parler d'eux-mêmes.

"En résumé," conclut-elle, "cette réorientation stratégique permettrait de maintenir les objectifs de croissance régionale tout en réduisant significativement l'exposition au risque réglementaire. J'ai inclus dans l'annexe une projection détaillée des coûts de restructuration nécessaires, qui seraient amortis en moins de huit mois."

Un silence suivit sa présentation. Élisa balaya du regard les visages impassibles des dirigeants, impossible à déchiffrer. Drake lui-même gardait une expression neutre, ses doigts croisés sous son menton.

Ce fut Catherine Palmer qui rompit le silence, sa voix tranchante comme une lame.

"Une analyse intéressante, bien que fondamentalement imparfaite," dit-elle avec un sourire forcé. "Mademoiselle Moreau n'a que deux jours d'expérience chez BlackTower et ne comprend pas encore pleinement la stratégie globale de NovaCure. Leur engagement au Vietnam est motivé par des considérations qui dépassent les simples projections de croissance."

"Quelles considérations, précisément?" intervint Drake, tournant son regard perçant vers Palmer.

La directrice adjointe sembla momentanément déstabilisée. "Des relations gouvernementales établies de longue date, des accords préliminaires avec des distributeurs locaux..."

"Des accords basés sur les projections que Mademoiselle Moreau vient de démontrer comme étant erronées," nota Drake.

Palmer se redressa. "Les projections de Richardson ont été validées par trois analystes seniors."

"Qui apparemment n'ont pas fait leur travail correctement," répliqua Drake d'un ton égal. Il se tourna vers Élisa. "Quand ces nouvelles réglementations vietnamiennes ont-elles été adoptées exactement?"

"Le 17 avril, monsieur," répondit Élisa. "Trois semaines après la finalisation du rapport initial de Richardson."

Drake hocha imperceptiblement la tête. "Et personne dans cette entreprise n'a jugé pertinent de réviser les projections en conséquence?"

Un silence embarrassé s'abattit sur la salle. Palmer avait perdu son sourire suffisant.

"Richardson a été... réaffecté avant de pouvoir actualiser son analyse," intervint un homme plus âgé au bout de la table.

"Je vois," dit simplement Drake. Son regard revint sur Élisa. "Et vous avez identifié cette discordance en moins de 48 heures."

Ce n'était pas une question, mais Élisa acquiesça néanmoins. "Les signaux étaient visibles dans l'évolution des courbes d'importation."

Drake étudia les graphiques projetés pendant quelques instants. "Votre recommandation implique un changement radical de stratégie pour NovaCure. Comment proposez-vous de leur présenter ce virage sans qu'ils perdent confiance en nos capacités d'analyse?"

C'était la question piège qu'Élisa avait anticipée – celle qui testait non seulement sa rigueur analytique, mais aussi sa compréhension des enjeux relationnels.

"Je suggère une approche en deux temps," répondit-elle sans hésitation. "D'abord, présenter cette réorientation non comme une correction mais comme une adaptation proactive aux changements réglementaires récents, démontrant ainsi notre vigilance constante. Ensuite, proposer un plan d'implémentation progressif qui préserve certaines initiatives vietnamiennes à valeur symbolique tout en redirigeant les investissements substantiels vers la Thaïlande."

Un léger murmure appréciateur parcourut l'assemblée. Drake lui-même esquissa ce qui ressemblait presque à un sourire.

"Pragmatisme et diplomatie," commenta-t-il. "Exactement ce que requiert cette situation." Il se tourna vers Palmer. "Catherine, je veux que Mademoiselle Moreau présente personnellement cette analyse à NovaCure lors de la réunion de demain."

Le visage de Palmer se crispa sous le choc. "Monsieur, je ne pense pas que confier une présentation client aussi cruciale à une recrue soit--"

"C'est pourtant ce que vous avez fait en l'envoyant présenter devant ce comité," l'interrompit Drake avec une pointe d'ironie. "Elle a prouvé sa compétence. J'y assisterai personnellement pour superviser."

Pour Élisa, ce moment était surréaliste. Passer de nouvelle recrue à présentatrice devant un client majeur en présence du PDG, tout cela en trois jours? C'était sans précédent.

"Ce sera tout pour aujourd'hui," conclut Drake en se levant, signalant la fin de la réunion. "Mademoiselle Moreau, dans mon bureau dans une heure pour discuter des détails de la présentation de demain."

Alors que les membres du comité se dispersaient, Élisa rassembla ses documents, tentant de dissimuler le mélange d'exaltation et d'appréhension qui bouillonnait en elle. Elle avait survécu à l'épreuve – mieux, elle avait impressionné Alexander Drake lui-même.

En quittant la salle, elle croisa le regard glacial de Catherine Palmer. La femme la fixait avec une hostilité à peine voilée.

"N'imaginez pas que cela vous donne carte blanche, Moreau," murmura-t-elle en passant près d'Élisa. "Les favoris de Drake ont une espérance de vie très courte dans cette entreprise."

Avant qu'Élisa puisse répondre, Palmer s'était déjà éloignée à grandes enjambées. Le message était clair : elle venait de se faire une ennemie puissante.

De retour à son étage, Élisa fut accueillie par une Zoey aux yeux écarquillés.

"Les nouvelles vont vite," dit Zoey en la tirant vers un coin discret. "Est-ce que c'est vrai? Drake t'a personnellement choisie pour présenter à NovaCure demain?"

"Apparemment," confirma Élisa, encore incrédule face à ce revirement de situation.

"Tu réalises que c'est du jamais vu? Les nouveaux ne rencontrent même pas les clients pendant leur période d'essai, et certainement pas avec Drake en personne."

Élisa s'appuya contre le mur, soudain consciente de l'épuisement accumulé après sa nuit blanche. "Je n'ai fait que mon travail. Les données étaient simplement... évidentes pour moi."

Zoey la dévisagea avec un mélange d'admiration et d'inquiétude. "Drake ne s'intéresse jamais personnellement aux recrues. Jamais. Sauf quand..."

Elle laissa sa phrase en suspens, mais son expression était éloquente.

"Ce n'est pas comme ça," protesta Élisa, sentant une chaleur indésirable monter à ses joues. "C'est purement professionnel."

"J'espère pour toi," murmura Zoey. "Parce que l'intérêt de Drake est une épée à double tranchant. Il peut faire ta carrière en un instant... et la détruire tout aussi rapidement."

Ces mots résonnèrent dans l'esprit d'Élisa alors qu'elle montait vers le dernier étage, une heure plus tard. Le bureau de Drake occupait l'angle nord-est de l'édifice, offrant une vue panoramique sur la ville et le fleuve au-delà.

Sa secrétaire, une femme d'une cinquantaine d'années à l'allure sévère, la fit entrer immédiatement. "Il vous attend."

Drake était debout devant la baie vitrée, dans la même position que lors de leur première rencontre nocturne. Il se tourna à son entrée et l'invita d'un geste à s'asseoir dans l'un des fauteuils disposés autour d'une table basse en verre.

"Un café? Ou préférez-vous quelque chose de plus fort après cette réunion?" demanda-t-il avec ce qui ressemblait presque à de l'amusement.

"Un café serait parfait, merci," répondit Élisa, préférant garder tous ses sens en alerte.

Drake pressa un bouton sur son bureau et demanda deux cafés à sa secrétaire. Puis il vint s'asseoir en face d'Élisa, croisant ses longues jambes avec une élégance décontractée qui contrastait avec son intensité habituelle.

"Vous avez fait forte impression aujourd'hui," dit-il sans préambule. "Palmer voulait vous humilier publiquement, et vous avez transformé son piège en tremplin."

Élisa choisit ses mots avec soin. "J'ai simplement présenté les faits tels que je les voyais."

"C'est précisément ce que j'apprécie," répondit Drake. "La plupart des gens ici dissimulent les faits dérangeants pour protéger la hiérarchie établie. Vous, vous avez choisi l'intégrité analytique au risque de votre confort professionnel."

La secrétaire entra avec deux tasses de café servis dans de la porcelaine fine, puis se retira discrètement.

"J'ai consulté votre dossier complet," continua Drake en prenant sa tasse. "Votre parcours est... intéressant."

Élisa se raidit légèrement. Jusqu'où avaient été ses recherches?

"Fille unique. Père décédé quand vous aviez douze ans. Mère entrepreneur textile à Lyon, actuellement en difficulté financière à cause de la concurrence asiatique." Il prit une gorgée de café avant de poursuivre. "Boursière à Columbia. Trois jobs simultanés pour couvrir vos frais. Major de promotion malgré tout."

"Vous semblez connaître ma vie mieux que certains de mes amis," observa Élisa, partagée entre l'inquiétude et une étrange fascination.

"Je m'intéresse à ceux qui sortent du lot," répondit-il simplement. "Vous avez une faim que les autres n'ont pas. Une détermination forgée par les épreuves."

Son regard s'intensifia, la transperçant presque. "Vous n'êtes pas ici par hasard ou privilège. Vous êtes ici parce que vous n'avez pas d'autre choix que de réussir."

Cette observation, si précise et personnelle, la déstabilisa. Comment avait-il pu discerner si exactement ce qui la motivait?

"BlackTower peut vous offrir ce que vous cherchez, Élisa," poursuivit-il, utilisant délibérément son prénom pour la première fois. "Pas simplement un salaire confortable, mais un pouvoir réel. La capacité non seulement d'aider votre mère, mais de transformer son entreprise, de créer votre propre héritage."

Elle sentait qu'il y avait un "mais" qui allait suivre. Drake se pencha légèrement en avant.

"Mais Palmer est désormais votre ennemie jurée. Et elle a de l'influence."

Élisa acquiesça calmement. "J'en suis consciente."

"La structure hiérarchique standard ne vous protégera pas de ses représailles," dit-il. "Elle trouvera des moyens subtils de saboter votre progression, d'enterrer vos idées, de vous isoler."

Il fit une pause calculée. "Sauf si vous travaillez directement pour moi."

Le cœur d'Élisa manqua un battement. "Pardon?"

"Je propose de vous extraire de l'équipe de Palmer et de vous intégrer à un projet spécial sous ma supervision directe."

L'offre était si inattendue qu'Élisa resta momentanément sans voix. Travailler directement pour le PDG après seulement trois jours? C'était inouï.

"Quel serait ce projet?" demanda-t-elle finalement, retrouvant sa composition.

Drake sourit légèrement, appréciant visiblement sa question pragmatique plutôt qu'une acceptation empressée.

"Êtes-vous familière avec Nexus Technologies?"

"La start-up d'intelligence artificielle récemment valorisée à trois milliards?"

"Précisément. Nous envisageons de les acquérir, mais discrètement, via une structure complexe pour éviter d'alerter les marchés." Il la regarda attentivement. "Cette acquisition exigera non seulement une analyse financière pointue, mais aussi une compréhension des implications géopolitiques, particulièrement concernant leurs opérations asiatiques."

Élisa comprit l'ampleur de ce qu'il proposait. Une acquisition de cette envergure était généralement gérée par des directeurs ayant des décennies d'expérience, pas par une recrue de trois jours.

"Pourquoi moi?" demanda-t-elle directement. "Vous avez des dizaines d'analystes seniors plus expérimentés."

Drake la considéra un long moment avant de répondre. "L'expérience peut être un handicap autant qu'un atout. Mes 'analystes seniors' sont conditionnés par des années de prudence institutionnelle. Vous, vous voyez encore les patterns que d'autres ont appris à ignorer."

Il se leva et marcha vers la fenêtre. "Et puis, vous avez démontré quelque chose de rare aujourd'hui – le courage de défendre une vérité inconfortable."

Se tournant vers elle, son expression s'assombrit légèrement. "Je dois vous avertir, cependant. Travailler directement avec moi vous isolera des structures de soutien habituelles. Certains vous envieront, d'autres vous suspecteront de... favoristisme."

L'implication était claire, et Élisa sentit une vague de chaleur monter à ses joues. Les rumeurs allaient inévitablement surgir.

"Je comprends les implications," dit-elle fermement. "Mais je suis ici pour mon travail, pas pour la politique de bureau."

"Noble sentiment," commenta Drake avec un sourire énigmatique. "Mais ne sous-estimez jamais l'importance de la perception dans cette entreprise."

Il retourna s'asseoir face à elle. "Ce que je propose n'est pas une promotion ordinaire. C'est une voie accélérée, mais exigeante. Je serai plus dur, plus exigeant que n'importe quel supérieur que vous auriez eu dans la hiérarchie normale."

Quelque chose dans sa façon de prononcer ces mots fit naître un frisson le long de la colonne vertébrale d'Élisa – une réaction qu'elle préféra ignorer.

"J'exigerai une disponibilité totale. Des heures irrégulières. Une discrétion absolue."

"Et en échange?" demanda-t-elle, surprise par sa propre audace.

Le sourire de Drake s'élargit. "Une compensation substantiellement revue à la hausse. Un accès à des informations et des connexions que même des directeurs mettent des années à obtenir. Et si vous performez comme je le pense... une trajectoire de carrière sans précédent."

Il se leva, signalant que la discussion touchait à sa fin. "Réfléchissez-y ce soir. Nous en reparlerons après la présentation NovaCure demain."

Élisa se leva à son tour, consciente que cette conversation venait de potentiellement transformer sa carrière – et peut-être sa vie.

"Une dernière chose," ajouta Drake alors qu'elle atteignait la porte. "Cette opportunité vient avec ses propres... paramètres contractuels. Plus formels que votre accord standard avec les ressources humaines."

Quelque chose dans son ton la fit se retourner. "Quel genre de paramètres?"

"Des clauses de confidentialité renforcées. Des restrictions sur vos interactions professionnelles. Des attentes précises concernant votre engagement." Il fit une pause délibérée. "Nous en discuterons en détail si vous acceptez."

Le trajet en ascenseur jusqu'à son étage sembla irréel. Élisa tentait d'absorber tout ce qui venait de se produire. En trois jours, elle était passée de simple recrue à potentielle collaboratrice directe du PDG sur une acquisition à plusieurs milliards.

Zoey l'attendait à son bureau, visiblement anxieuse. "Alors? Qu'est-ce qu'il voulait?"

Élisa hésita. Drake venait d'évoquer "discrétion absolue" et "restrictions sur ses interactions professionnelles". Pouvait-elle se confier à Zoey?

"Juste des détails pour la présentation de demain," répondit-elle évasivement.

Zoey la dévisagea avec suspicion. "Pendant presque une heure? Allez, Élisa, c'est moi."

"Je ne peux pas en parler maintenant," murmura Élisa. "C'est... compliqué."

"Oh bon sang," souffla Zoey, ses yeux s'écarquillant. "Il t'a fait une proposition, n'est-ce pas? Une de ses fameuses 'offres spéciales'?"

"Ce n'est pas ce que tu crois," protesta Élisa. "C'est strictement professionnel."

"C'est ce qu'elles disent toutes au début," répliqua Zoey. "Écoute-moi bien. Drake ne s'intéresse pas aux recrues ordinaires, peu importe leur talent. S'il t'a remarquée si vite, c'est qu'il veut quelque chose. Et je ne parle pas seulement de tes compétences analytiques."

Élisa secoua la tête, irritée par ces insinuations. "Tu te trompes. Il m'a proposé un projet spécifique à cause de la façon dont j'ai géré l'analyse Artemis, rien de plus."

"J'espère sincèrement que tu as raison," soupira Zoey. "Mais fais attention. Les gens qui entrent dans l'orbite privée de Drake ont tendance à en sortir... transformés."

Cette mise en garde persistait dans l'esprit d'Élisa tandis qu'elle terminait sa journée, préparant méticuleusement la présentation du lendemain pour NovaCure. Vers 20h, alors que l'étage était presque désert, son téléphone vibra – un message d'un numéro inconnu.

"Voiture à votre disposition en bas de la tour. Dossier Nexus dans la boîte arrière. Lisez-le cette nuit. Détruisez-le après. -AD"

Sa décision n'était pas encore prise, mais Drake agissait déjà comme si elle avait accepté. Une partie d'elle devrait être offensée par cette présomption, mais une autre – plus grande qu'elle ne voulait l'admettre – était excitée par cette intensité, cette certitude qu'il manifestait.

En descendant vers le hall, Élisa se demanda dans quoi exactement elle s'apprêtait à s'engager. Un projet confidentiel? Certainement. Une opportunité de carrière extraordinaire? Sans aucun doute.

Mais les avertissements de Zoey résonnaient comme un rappel inquiétant que tout ce qui brillait n'était pas nécessairement de l'or – et que les propositions d'Alexander Drake comportaient souvent des angles morts que l'on ne découvrait que trop tard.

La berline noire aux vitres teintées l'attendait comme promis. Le chauffeur lui ouvrit la portière sans un mot. Sur la banquette arrière reposait une mallette en cuir noir fermée par un code numérique.

Un post-it y était collé avec une série de chiffres – la combinaison, présuma-t-elle – et une note manuscrite à l'écriture anguleuse et autoritaire :

"Votre première leçon : parfois, l'opportunité et le danger sont indissociables. – AD"