Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
LylliaBrume
Share the book

Chapitre 13

Une fois la porte de notre chambre franchie, Lou se jeta sur moi sans prévenir. Elle me fit basculer en arrière, me plaquant littéralement sur mon lit, comme une furie possédée par l’amour du drama.

Lou ! Tu fais quoi ?! râlai-je en riant à moitié, complètement surprise.

Je croyais que tu voulais aller acheter ce qu’il faut pour notre genre de... marathon de films, non ?

Elle haussa les épaules comme si c’était une question stupide.

On commandera des pizzas, c’est pas grave.
Par contre, ce qui est grave, c’est que tu refuses encore d’admettre que tu craques pour Kay.

Je me figeai une seconde.
Le silence qui suivit me trahit immédiatement.

Voilà, dit-elle en pointant mon visage comme si elle venait de résoudre un crime.
T’as pas nié. Et t’as rougi.

Je roulai des yeux, tentant de reprendre le contrôle de ma respiration.

J’ai juste... j’ai rien dit, Lou. Et j’ai pas rougi.

Elle s’allongea à côté de moi, le regard tourné vers le plafond.

Si. T’as rougi. Et ton cœur battait tellement fort que j’ai cru qu’on allait avoir droit à une confession dramatique en plein studio.

Je me couvris les yeux avec mon bras.

C’est compliqué.

Non, répondit-elle doucement.
C’est simple. Il te plaît. Tu lui plais. Vous dansez comme si vos âmes se touchaient à chaque mouvement…

Lou...

Ok, ok. Je t’embête plus.
Un petit silence s’installa.
Puis elle ajouta, plus doucement :

Juste… fais-toi confiance, Elina. C’est pas interdit de tomber amoureuse.

Je ne répondis pas.
Mais au fond de moi…
Un écho résonnait.
Une vérité qui faisait un peu peur.
Et un peu envie aussi.

Le temps filla vite.

Lou avait redressé un coin de ses cheveux avec un élastique rose bonbon et placé une couverture polaire au centre du lit comme si elle décorait un salon princier. Sur le bureau, deux paquets de pop-corn attendaient leur heure de gloire, entourés de gobelets, de tablettes de chocolat et de bonbons acidulés en vrac.

Le tout avait un charme improvisé.
Comme nous.

J’étais assise sur mon lit, jambes croisées, en jogging et t-shirt trop grand. Mes cheveux étaient encore humides après ma douche, ramenés en un chignon simple. Pas maquillée. Pas apprêtée.

Mais je savais…
Qu’il allait bientôt frapper.

Tu stresses, commenta Lou en me lançant un coussin.
— T’arrêtes pas de lisser ton pantalon depuis cinq minutes.

— Je ne stresse pas, mentis-je.

Elle arqua un sourcil.

— Non, t’as raison. Tu rayonneeees de zen attitude.

Je lui lançai le coussin en retour. Elle explosa de rire.

Puis...

Toc toc.

Deux coups discrets. Un rythme connu.

Je sentis mon ventre se nouer d’un coup.
Ridicule. Pour deux coups à la porte.
Et pourtant…

Lou bondit.

Pile à l’heure. C’est beau, des hommes ponctuels.

Elle ouvrit.

Kay et Léo entrèrent, sacs en main et sourires déjà accrochés au visage. Kay portait un sweat large couleur crème, les cheveux légèrement en bataille. Léo, toujours élégant sans le vouloir, balança son sac dans un coin avec un air satisfait.

Wow, ambiance cocon ici, dit Léo en observant la chambre transformée.

J’espère que vous avez pris des boissons ? lança Lou en croisant les bras.

Je risquerais pas ma vie à oublier ça, répondit Kay en levant deux bouteilles de soda comme des trophées.

Il croisa mon regard.
Je m’étais relevée sans m’en rendre compte.

Et lui…
Il me regarda comme si on était encore au studio.
Comme si ce moment d’avant, celui de presque… n’était pas terminé.

Je me rassayai vite. Lou fit le tour de la pièce, organisant tout le monde avec l’énergie d’une animatrice de colonie.

— Léo, sur la chaise. Kay, t’assieds pas au bord du lit, il s’effondre.
— Elina, toi, ici. À côté de Kay.
— Voilà. Parfait.

Je la foudroyai du regard, mais elle était déjà occupée à lancer un film sur son ordi.

Kay s’assit à côté de moi. Pas trop près.
Juste… assez pour que je sente la chaleur de son bras.

T’as survécu à l’après-midi ? me glissa-t-il doucement pendant que Lou galérait à faire fonctionner le son.

À peine, soufflai-je avec un demi-sourire.
— T’as été…
Je ne finis pas ma phrase. Mais il comprit. Je le vis dans ses yeux.

Toi aussi.

Le film commença. Une comédie romantique absurde, avec des clichés plus gros les uns que les autres. Lou riait toutes les cinq minutes, Léo faisait des commentaires ironiques, Kay se moquait à voix basse, et moi…

Moi, je me laissais porter.
Je mangeais des bonbons sans y penser, je riais doucement, et de temps en temps, nos coudes se frôlaient. Juste un peu.

Vers le milieu du film, Kay s'étira discrètement. Son bras effleura mon épaule. Il ne le reposa pas tout de suite.

La lumière de l’écran clignotait doucement dans la chambre assombrie.
Le film touchait à sa fin, entre baiser final et musique sucrée. Mais plus personne ne regardait vraiment.

Lou s’était endormie la première, roulée en boule sous sa couverture, la bouche à moitié ouverte, un ourson en gélatine encore coincé entre ses doigts.

Léo la suivit de peu, appuyé contre le mur, les bras croisés, le souffle lent. Son téléphone avait glissé de ses genoux, éteint.

La pièce était silencieuse.
Paisible.
Presque irréelle.

Je bougeai à peine, blottie dans mon coin du lit.
Et Kay… était toujours à côté.

Il n’avait pas bougé non plus.
Son bras frôlait le mien. Sa jambe touchait la mienne.
Comme un fil invisible, tendu entre nous.

Je tournai légèrement la tête.
Nos visages étaient proches. Pas comme tout à l’heure.
Pas sur le point de s’embrasser.
Juste… connectés.

Ses yeux brillaient dans la lumière faible. Il me regardait avec cette intensité tranquille qui me désarmait à chaque fois.
Comme s’il me voyait sans que j’aie besoin de parler.

Tu dors pas ? chuchotai-je.

Il secoua doucement la tête.

Toi non plus.

Je haussai les épaules.

Y a trop de choses qui tournent dans ma tête.

Il ne répondit pas tout de suite. Puis il souffla :

Moi aussi.

Un silence. Pas lourd. Doux. Plein.

Puis il reprit, presque en murmure :

Tu sais, je pensais pas que ça m’arriverait ici.

Quoi ?

Il tourna légèrement la tête vers le plafond.

Trouver quelqu’un avec qui je peux danser… et oublier le reste.
Quelqu’un qui m’oblige à me concentrer, pas sur la performance… mais sur ce que je ressens.

Je sentis ma gorge se serrer légèrement.
Je regardai mes doigts entremêlés sur ma cuisse. Puis je murmurai :

Tu fais peur à mon équilibre, Kay.

Il tourna doucement la tête, me regardant à nouveau.

Et toi… tu fais battre le mien.

Je ne sus quoi répondre.
Alors je ne dis rien.

Le silence nous enveloppa à nouveau. Une sorte de bulle, chaude, feutrée, protégée.
Et là, très lentement, je posai ma tête sur son épaule.
Juste un instant.

Il ne bougea pas.
Mais je sentis ses doigts effleurer doucement ma main.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet