Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Hikana
Share the book

CHAPITRE SIX

JAGGER

Assis confortablement sur le siĂšge de la berline d'Andrew, je tire lĂ©gĂšrement sur le col de ma chemise alors que la voiture ralentit. Le chauffeur d'Andrew, Josh, le demi-frĂšre de Sun, nous jette un coup d’Ɠil dans le rĂ©troviseur avant de nous adresser un signe de la tĂȘte.

— Nous sommes arrivĂ©s, nous affirme-t-il calmement, pendant qu'Andrew est dĂ©jĂ  en train de sortir de la voiture. Monsieur Sullivan ?

Je tourne la tĂȘte vers lui quand il m’interpelle.

— Oui, qu’y-a-t-il ?

— Avez-vous prĂ©venu ma sƓur que vous allez rentrer trĂšs tard afin qu’elle ne vous attende pas pour rien ?

Je hoche la tĂȘte, un peu pris au dĂ©pourvu. J’ai bien prĂ©venu Sun pour lui dire que j’arrivais, mais l’invitation soudaine de la famille Suan nous a tous pris de court.
Je me rends compte qu’avec ce message, j’ai pondu une sacrĂ©e connerie pour que Sun ne s’affole pas de mon retard. Je lui ai menti en disant que j’allais Ă  la soirĂ©e de Bethany, soi-disant pour essayer de recoller les morceaux avec elle.

La vĂ©ritĂ©, c’est que je veux tenir Sun loin de cette famille. Elle s’est dĂ©jĂ  frottĂ©e Ă  Carter Suan quand il est venu au New Jersey, il y a trois ans. Et franchement, je prĂ©fĂšre la savoir dans la villa, AirPod sur les oreilles, Ă  Ă©couter de la musique, plutĂŽt que de la voir embarquĂ©e dans ce genre de soirĂ©e.

Andrew passe presque tous les jours Ă  la maison depuis que Sun a dĂ©couvert qu’il Ă©tait son pĂšre biologique. Pour nous surveiller. Enfin, surtout moi, soyons honnĂȘte. Depuis que Sun lui a balancĂ© que je bandais rien qu’en matant une paire de fesses, il est persuadĂ© que je la mate sous la douche.

Pour Ă©viter une bagarre entre lui et moi, Sun ne lui a pas avouĂ© que, la premiĂšre fois que je l'ai revue aprĂšs des annĂ©es passĂ©es Ă  plus de trois mille deux cents kilomĂštres d'elle, je me suis glissĂ© dans ses draps, incapable de me rĂ©chauffer. Le changement de climat s'Ă©tait fait sentir. Son corps, dissimulĂ© sous cette foutue dentelle, m’a rendu complĂštement fou.

— Oui, dĂ©clarĂ©-je. Sun croit que je suis avec mon ancienne petite amie.

Alors que je sors de la voiture, une vague de jeunes femmes, toutes riches et trĂšs bien habillĂ©es, accourent dans ma direction. Je suis mĂȘme surpris qu’une d’entre elles se colle Ă  moi. Elle passe sa main, frĂŽle mes cĂŽtes, puis s'enroule autour de mon bras.

— Vous ĂȘtes le futur successeur de Monica Sullivan ?

— Effectivement ! Angelo Suan a demandĂ© que je vienne au lieu de ma mĂšre.

Une autre s’approche et rĂ©pĂšte le mĂȘme geste, mais au lieu de tenir mon bras, sa voix murmure directement Ă  mon oreille :

— Tu veux qu’aprĂšs cette rĂ©union, on passe une nuit Ă  se faire plaisir ? dit-elle en caressant mon cou du bout de son doigt.

Je n'ai pas besoin de courir ni de chercher pour avoir des femmes dans mon lit. Elles tombent toutes dans mes bras simplement parce que je fais partie d'une famille trÚs aisée.

Je lĂšve les yeux vers la façade de l’immeuble Ă  trois Ă©tages. C’est le seul bĂątiment de l’avenue que les Suan ont rĂ©cemment rĂ©novĂ©. Leur objectif Ă©tait de regrouper certaines familles du New Jersey et de ses environs pour des petites rĂ©unions. Ma mĂšre est repartie Ă  Londres il y a deux jours. Angelo Suan m’a demandĂ© de participer Ă  cette entrevue pour que j’en prenne de la graine. Si je veux toujours ĂȘtre l'hĂ©ritier des Sullivan.

Je me suis donnĂ© du mal pour comprendre le fonctionnement des entreprises familiales. Pour reprendre le flambeau, j’ai aussi posĂ© mes conditions Ă  ma grand-mĂšre : je veux continuer Ă  faire du hockey pendant mon temps libre. Il est hors de question de finir comme ces riches aigris qui tirent la gueule toute la journĂ©e en sirotant leur whisky dans un bureau, parce qu’ils aiment plus leur boulot que leur propre famille.

Quand je vois toutes ces nanas qui ont Ă©tĂ© choyĂ©es pendant toute leur jeunesse par leur papa chĂ©ri et qui ne comprennent que dalle Ă  la vie. J’espĂšre que mes futurs enfants auront une vie normale.

Alors que je me dirige de l’édifice des Suan, un crissement de pneus me fait tourner la tĂȘte. La voiture de Carter Suan vient de se garer devant le trottoir. Il en sort, ouvre la porte cĂŽtĂ© passager, et une jeune femme en descend. Je m'attends Ă  ce que ce soit une autre figure de la haute sociĂ©tĂ©, une habituĂ©e des soirĂ©es Suan, vu la robe luxueuse, son sac hermĂšs Ă  son bras et de son collier en diamant.

Au fur et Ă  mesure, qu'elle se rapproche, je plisse les yeux vers elle, incapable de dĂ©vier mon regard d’elle. Putain, elle m’est Ă©trangement familiĂšre !

AprĂšs avoir Ă©changĂ© quelques mots avec Carter, je peux lire sur les visages des autres femmes que la jalousie les consume toutes. Depuis que le mĂ©decin a diagnostiquĂ© le cancer de sa fiancĂ©e, Carter n’a plus jamais Ă©tĂ© vu en compagnie d’une autre femme.

— C’est qui celle-lĂ  ? s’écrie une fille Ă  la voix perçante.

Son acolyte scrute la jeune blonde, bras croisés, puis hausse un sourcil vers les femmes riches qui lui lancent des éclairs.

Je suis figé sur place quand ses prunelles tombent sur ma silhouette.

Mais qu'est-ce que


Carter la laisse s’accrocher Ă  son avant-bras, tandis qu’elle affiche une mine forcĂ©e et vraiment dĂ©goutĂ©e quand elle se colle au type.

Je n'avais pas prévu de la voir aujourd'hui, surtout pas ici. Mais qu'est-ce qu'elle fout suspendue au bras de Carter ?

Fraichement installĂ© Ă  une table, parmi celles qui sont positionnĂ©es en cercle, je coule une Ɠillade vers la femme qui se tient prĂšs de Carter Suan et de son grand-pĂšre.

Personne ne fait attention Ă  elle lorsqu’un homme rĂ©putĂ© dans les affaires immobiliĂšres parle de ses actions. Elle jette un regard Ă  tout le monde puis vide discrĂštement le verre de vin plein dans le pot de fleurs. Son dĂ©gout pour ce jus rouge bordeaux se lit clairement sur son joli minois.

L’homme ayant fini son discours sur ses actions, la jeune femme lùve la main afin que celui-ci capte son attention.

— Une question, mademoiselle ?

— Avez-vous un plan d’urgence, si vos actions ou les bourses immobiliĂšres se dĂ©gringolent à cause d’une potentielle crise Ă©conomique ou d’une afflation ?

Surpris, Carter Suan et Angelo tournent la tĂȘte vers elle, tous les deux Ă©tonnĂ©s.

— Oui, rĂ©ponds-je l’homme, il faut savoir gĂ©rer la crise dĂšs le dĂ©but de la construction du projet pour Ă©viter le moindre impact sur le long terme.

Elle hoche la tĂȘte, un demi-sourire se dessine sur son visage.

Depuis quand elle connait les risques dans le milieu des affaires ?

*

* *

AprĂšs la rĂ©union finie, je vois que la jeune femme s’éclipse pour aller aux toilettes des femmes, je me lĂšve de ma chaise et dĂ©cide de la suivre Ă  mon tour. Alors que je me glisse jusqu’à l’entrĂ©e, des voix s’élĂšvent de l’autre cĂŽtĂ©. Sans rĂ©flĂ©chir, j’attrape la poignĂ©e et entre.

À l’intĂ©rieur, les femmes de tout Ă  l’heure s’en prennent Ă  elle car ce n’est pas possible que Carter soit accompagnĂ© d’une femme Ă  son bras et qu’elles ne connaissent pas.

— Foutez-lui la paix, dis-je d’un ton sec, histoire qu’elles arrĂȘtent de gueuler comme des connes.

Abasourdies, elles se retournent vers moi.

— C’est dingue de voir des hommes dĂšs que Carter est accompagnĂ© de courir aprĂšs les femmes qui sont proches de lui.

— Elle n’a mĂȘme pas, une seule, lever les yeux sur toi durant toute la rĂ©union ! s’écrie une autre.

— Regarde-le, le successeur de Sullivan qui Ă©tait prĂȘt Ă  coucher avec moi tout Ă  l’heure
 On vient de changer d’avis ?

Je réplique :

— J’ai jamais dit que je voulais te baiser ! C'est toi qui voulais un coup de queue aprĂšs cette soirĂ©e, non ?

AprĂšs la rĂ©vĂ©lation, elle fronce les sourcils, furieuse. Elle s’approche de moi, la main levĂ©e, et ne se gĂȘne pas pour m’en coller une, en pleine gueule.
Un rictus triomphant Ă©tire ses lĂšvres juste avant qu’elle ne quitte les toilettes, suivie par ses copines qui ne mouftent pas.

La seule à rester, c’est la fille qui accompagnait Carter. Elle s’assoit tranquillement sur le bord du lavabo.

— Fallait pas venir Ă  mon secours. J’allais leur foutre une branlĂ©e, balance-t-elle, comme si de rien n’était.

— Évite de faire ce genre de trucs ici. Et d’ailleurs
 qu’est-ce que tu fous là ? Et au bras de Carter ?

Elle penche la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©, puis Ă©clate de rire.

— J’ai failli me faire buter par ce dĂ©bile, rĂ©pond-elle en levant les yeux au ciel. Il a pas trop kiffĂ© que je balance mon tĂ©lĂ©phone sur son pare-brise. RĂ©sultat : vitrĂ© pĂ©tĂ©.

Donc elle s’est vraiment vengĂ©e sur la famille Suan ? Mais quelle conne, putain


— Tu sais quand mĂȘme qui est Carter Suan, non ? Parce que la derniĂšre fois, j’ai eu l’impression de parler Ă  un mur.

Elle secoue la tĂȘte.

— Non, je connais pas, lñche-t-elle en me contournant pour partir.

— Attends, tu vas oĂč, lĂ  ?

Elle se tourne vers moi, les pupilles vert noisette et le sourire accroché aux lÚvres.

— Le vieux Suan veut me rencontrer. Il veut faire plus ample connaissance, parce qu’il a jamais vu une fille comme moi capable de remettre Carter à sa place juste parce qu’il a pas fait gaffe sur la route.

Lorsque Sun tente de partir, je la retiens en m’emparant de son bras.

— Reste avec moi, s’il te plait. Tu sais pas de quoi cette famille est capable !

— Profite donc de cette soirĂ©e pour finir dans le lit d’une de ces filles qui t’ont matĂ© toute la soirĂ©e. Je pensais pas qu’avec ta tronche, t’étais capable d’attirer ce genre de femmes. Faut croire que les fortunĂ©es n’ont vraiment plus de goĂ»t.

Non mais je rĂȘve ! Elle est vraiment sĂ©rieuse !

— DĂ©solĂ©, mais pour sortir avec un type qui ressemble Ă  rien et qui a mĂȘme pas les Ă©paules pour remplacer mon frĂšre jumeau en tant que quarterback, tu n’as pas beaucoup de gout non plus.

Sa bouche pulpeuse s’approche de mon oreille, sa main se posant juste au bord.

— Ouais, mais au moins, lui, il savait crier, pas comme les autres nanas.

Sérieusement ? Elle joue les saintes depuis le début ?

Je rentre dans son jeu.

— Ah ouais ? Crier comment ?

— Comme ça, rĂ©pond-elle, juste avant de m’écraser violemment le pied avec son talon aiguille. Maintenant, fous-moi la paix. Angelo m’attend, et j’ai pas l’intention de le faire attendre.

Si c’est ce que tu veux
 AprĂšs tout, qui je suis pour t’en empĂȘcher ? Mais viens pas pleurer quand tu seras dans la merde avec eux.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet