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Emma_mchrd
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Chapitre 11

Lev

— Tu as apprécié ta première nuit ici ? demandai-je à Sierra en entrant dans sa chambre.
— Pourquoi tu me fais ça, Lev ? Me question a-t-elle, la voix tremblante.
— Parce que je le peux.

Ses yeux cernés prouvaient qu'elle n'avait pas dû beaucoup dormir.

— Habille-toi et viens.
— Pourquoi ?
— Habille-toi et viens, tout de suite. Sinon, je t'explose le crâne contre ce mur.
— O... oui, je... je vais m'habiller.

Je refermai la porte pour lui laisser un peu d'intimité.

Cinq minutes plus tard, elle ressortit habillée. Ses yeux rouges indiquaient qu'elle avait pleuré.
Mais je m'en fichais.

— Suis-moi.

Nous sortîmes et je me dirigeai vers ma voiture.
Je montai au volant, elle, côté passager.

— On va où ? demanda Sierra.
— Tu verras.

Il n'y avait personne sur les routes ce jour-là. La pluie y était pour beaucoup. Et le fait que nous soyons isolés renforçait ce vide oppressant.

Nous arrivâmes à destination.
Les gardes, reconnaissant ma voiture, nous laissèrent passer sans poser de questions. Je me garai, et nous descendîmes.

J'entrai dans une pièce, la blonde à mes côtés.

Le bureau empestait la fumée froide, le cuir vieilli et l'amertume des rendez-vous de minuit.
Je détestais cet endroit. Trop de souvenirs, trop de fantômes. Mais ce soir, il convenait parfaitement.

Je restai debout, adossé au coin de la lourde table d'acajou, les bras croisés sur la poitrine. J'attendais.

La porte s'ouvrit sans ménagement. Kyle entra, son manteau noir encore trempé par la pluie battante. Il s'arrêta au milieu de la pièce, sans un mot, sans retirer son manteau.
Un bon soldat. Un traître en devenir, peut-être.

Je le laissai poireauter juste assez longtemps pour qu'il sente le poids de la pièce, de mes soupçons.

— Assieds-toi, dis-je enfin, d'une voix calme mais coupante.

Il hésita une demi-seconde. À peine. Mais je le vis. Il s'installa dans le fauteuil face à moi, raide comme une planche.

Je pris mon temps pour m'approcher, mes pas résonnant sur le parquet ciré.
Je versai deux verres de whisky, glissai le sien de l'autre côté de la table sans vraiment lui proposer. Il n'y toucha pas.

— Tu sais pourquoi t'es là, Kyle ?

Il hocha la tête, la mâchoire serrée.

— Pour Marseille, répondit-il d'une voix basse.

J'aperçus Sierra qui fronçait les sourcils, essayant de comprendre le sujet de notre échange.

Je me laissai tomber dans mon fauteuil, en face de lui. Le cuir craqua sous mon poids.

Je soutins son regard sans ciller.

— Deux morts. Trois arrestés. Une cargaison envolée. Et toi... vivant, intact. Presque chanceux.

Je laissai le silence faire son œuvre. Pesant. Étouffant.

— Ce n'est pas ma faute, gronda-t-il.

— Ah ouais ? répliquai-je en me penchant légèrement. Alors explique-moi, Kyle. Raconte-moi une belle histoire. Dis-moi que tu vaux encore ma confiance.

Il se racla la gorge, mal à l'aise.

— Le plan a dérapé. Tes gars... ils ont bougé trop tôt. Ils ont paniqué.

Je laissai échapper un rire sans joie.

— Mes gars ne paniquent pas. Pas à moins qu'on leur donne une bonne raison.

Je me levai, mon verre toujours en main, et fis lentement le tour de la pièce.
Kyle suivait chacun de mes mouvements du coin de l'œil.

— Alors dis-moi, repris-je, la voix plus basse, plus dangereuse. Qui donne ce signal ? Qui fout le feu aux poudres ?

Il ne répondit pas. Sa main droite trembla à peine. Juste assez pour que je le voie.
Je serrai mon verre entre mes doigts.

— Tu sais ce qui m'énerve le plus, Kyle ? Ce n'est pas la marchandise perdue. Ce n'est pas les deux gars abattus.
C'est qu'on ait parlé. À la police.

Son visage pâlit. Un éclat de peur, furtif.

Je continuai, lentement, savourant chaque mot :

— Quelqu'un vend l'opération. Quelqu'un prend l'argent. Quelqu'un décide de jouer perso.

Kyle ouvrit la bouche pour protester, mais je levai une main.

— Ne mens pas. Pas ici. Pas devant moi.

Je me penchai au-dessus de lui, à portée d'un seul geste, d'une seule balle.
Je vis son cou se contracter sous la pression.

— Tu ne sais pas ce que tu dis, Lev. Je ne ferais jamais ça.

— Peut-être, soufflai-je. Peut-être pas. Mais je parie que tu sais qui l'a fait.

Il baissa les yeux. Mauvais signe.

— Kyle, repris-je plus doucement, presque avec compassion, t'es un gars intelligent. Loyal, parfois. Mais t'es pas fait pour la trahison. T'es pas capable de la cacher.

Je posai mon verre sur la table, dans un geste contrôlé.

— Alors maintenant, tu vas parler. Ou je te jure que la prochaine fois que tu franchis cette porte, ce sera les pieds devant.

Le silence tomba, pesant. Brutal.

Il inspira profondément, comme s'il plongeait dans un abîme.

— C'est Mateo, finit-il par murmurer. C'est lui qui a balancé l'info. Il veut sa propre route, son propre réseau. Il pense pouvoir racheter la marchandise derrière ton dos.

Je le regardai quelques secondes encore, évaluant son aveu.

Je savais qu'il disait la vérité. Son visage était trop tendu, trop sincère pour être simulé. Et pourtant... une part de moi restait méfiante. Toujours.

— Mateo, hein ?

Kyle acquiesça, la nuque basse, comme un chien battu.

Je récupérai mon verre, le vidai d'un trait, et posai la main sur son épaule.

— Tu vois, Kyle... fallait juste être honnête.

Il releva les yeux, plein d'espoir.

Pauvre con.

Je souris froidement.

— Mais t'aurais dû venir avant que deux de mes hommes ne crèvent.

Sans prévenir, je sortis mon arme.
Un claquement sourd.
Un souffle.
Puis plus rien.

Je tournai la tête et vis Sierra, les yeux écarquillés, la respiration saccadée.

Je rangeai mon arme aussi naturellement que si j'avais signé un contrat. Je fis un signe de tête aux deux gars qui attendaient dehors. Ils viendraient nettoyer.

Je me laissai tomber à nouveau dans mon fauteuil, seul dans la pièce redevenue silencieuse.

Dehors, la pluie redoublait. Et moi, je faisais déjà la liste des prochains à abattre.

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