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Chapitre 3

Azure



Mars 2018 - Morro Bay


J’ai l’impression d’avoir perdue connaissance à la seconde où ma tête à toucher le sac. Je n’entends rien, je ne ressens rien. Est-ce que je suis morte ? Je suis à bout de force et mon corps me dit stop. Mes émotions qui ont fait des montagnes russes, la fatigue du voyage et la peur de l’inconnu ont eu raison de moi. Ma tête est vide. Ça fait un bien fou. J’ai la sensation de flotter dans les airs, d’être légère comme si les malheurs n’existaient pas. Je souris, ce sentiment me fait du bien. Une légère brise vient effleurer mon visage. Je ne sais pas où je suis mais c’est calme et lumineux. Si c’est ça le paradis, je veux bien y rester. N’oublie pas ta promesse Azure !

            Ma conscience me ramène bien trop vite à la réalité et je commence à émerger. Quelque de chose humidifie mon visage et me réveille brusquement. Je me redresse dans un sursaut et recule instinctivement.

-Oh pardon, excusez-moi Mademoiselle, mon chien m’a échappé ! explique la jeune fille qui me fait face.

 Pendant qu’elle récupère son chien fugueur, je l’observe en silence le temps de reprendre mes esprits. Elle est mince et élégante. Une chevelure couleur caramel et des yeux noisette. Elle n’a pas l’air d’être une mauvaise personne à première vue. Ça l’air plutôt d’une fille discrète.

-Tout va bien ? poursuit-elle en voyant que je n’ai pas dit un mot.

-Euh oui, merci. Je me suis juste assoupie.

-Vous êtes sûre ? Vous êtes un peu pâle, que faites-vous ici ?

-Je fuis ma vie, je lâche sans m’en rendre compte

Nous nous observons en silence et je la vois froncer les sourcils.

-Je ne suis pas une criminelle en fuite pour vous rassurer.

-Vous n’en avez pas le profil, je ne m’inquiète pas. Est-ce que vous avez besoin d’aide ?

-Je ne veux pas vous déranger, je vais continuer ma route.

Je me lève en me tenant à un poteau. Je suis vraiment faible. Je regarde autour de moi et essaie de voir où je suis.

-Nous sommes à Morro bay si vous vous posez la question.

-C’est loin de San Diego ?

-Oh oui ! Nous sommes au moins à 5 heures de route

-Tant mieux, dis-je en expirant de soulagement.

Je suis loin, ça y est. Et en plus, je ne suis vraiment pas loin de cette cité cachée où se rendait mon frère. Sans le vouloir, je me suis facilité les choses. Comme quoi il n’y a pas que du mauvais à prendre des décisions sur un coup de tête.

-Vous ne voulez venir chez ma sœur et moi pour vous restaurez ? Vous avez vraiment l’air fatiguée.

-Je le suis, ça fait plusieurs jours que je ne mange pas grand-chose.

-Dans ce cas, venez avec moi je vais vous aider.

-Si vous insistez, c’est gentil merci.

Elle m’aide à me redresser entièrement et se cale sur mon rythme de marche. Nous ne marchons qu’une dizaine de minutes jusqu’à un lotissement d’appartement dans une rue chic. Les allées sont propres et entièrement pavées de briques rouges. L’endroit est calme malgré la rue passante. Je continue de la suivre et nous arrivons devant la porte d’un immeuble. La bâtisse moderne en brique grise se dresse devant moi. Un autre immeuble similaire à celui-ci se trouve à quelques mètres. Je regarde ma sauveuse chercher quelque chose dans son sac. Je viens de me rendre compte que je ne connais pas du tout son prénom.

-Au fait, je ne me suis pas présentée, moi c’est Azure.

Elle se retourne vers moi tout en cherchant ces clés et me réponds gaiement :

-Enchanté ! Moi c’est Milly, ça ne te dérange pas qu’on se tutoie ?

-Pas du tout, au contraire.

Elle me lance un immense sourire et déverrouille la porte. Je la suis dans un petit couloir et elle entre dans un appartement.

-Ici nous sommes chez ma sœur mais elle possède toute la résidence. Je vais voir avec elle pour te prêter un logement, enfin si tu comptes rester.

-Pour le moment je reste, j’ai besoin d’une pause. Et sans être indiscrète, elle fait quoi ta sœur dans la vie ?

-Elle est coach sportif, elle a entrainé quelques stars actuelles de la boxe, moi je suis développeuse. Et toi ?

-Ah euh, j’étais chargée de communication dans une entreprise qui produit des pubs. Pas très passionnant quand j’y repense.

-Chaque métier à ses avantages comme ces inconvénients.

Cette fille a tout pour elle. Les rayons du soleil qui furètent à travers les rideaux du salon illuminent son visage. Ils font briller ces yeux au point que je remarque des reflets dorés. Elle est très décontractée et à l’air sûre d’elle. Elle dégage vraiment une énergie qui me réchauffe le cœur après tous ces événements. Le destin l’a mis sur ma route et je lui en suis très reconnaissant. Je me rends compte soudainement du silence dans lequel nous sommes plongé et de son regard qui me fixe.

-Ah euh…Excuse-moi si je te fixais intensément, j’étais dans mes pensées, je chuchote.

-Pas de problème ! Je vois que tu es fatiguée. Personnellement, quand je le suis, je peux m’arrêter en plein milieu d’une phrase et partir très loin sans m’en rendre compte, dit-elle en rigolant. En tout cas, je tiens à te dire que tu as des yeux magnifiques, je n’avais jamais vu cette couleur.

Je rougis à ces paroles. C’est vrai, j’ai des yeux très spéciaux et je n’ai jamais su pourquoi. Du point de vue médicale, j’ai les yeux marrons. Mais en réalité, ils sont tellement clairs qu’ils ressortent roses.

-Merci, dis-je timidement. Ils sont roses.

-Waouh, je ne savais pas que c’était possible, en tout cas j’en suis jalouse !

Je lui souris sincèrement.

-Veux-tu quelque chose à manger ? me demande-t-elle subitement.

-Je ne serais pas contre je t’avoue, je meurs de faim.

-Ça tombe bien, j’ai fait des pancakes tout à l’heure et il m’en reste, je te prépare ça en attendant ma sœur. Elle ne devrait pas tarder, sa première séance se termine vers 11 heures.

Pendant qu’elle s’affaire en cuisine, je détaille les lieux. L’appartement à l’air neuf. Un mélange de style minimaliste et industriel avec les briques rouges sur le mur du salon et le carrelage en marbre noir. J’aime beaucoup cette décoration. C’est très luxueux. Sa sœur doit être riche pour s’offrir ce genre de bien. Milly revient de la cuisine avec une assiette remplie de pancakes baignant dans du sirop d’érable, décorés de fruits rouges. J’en salive d’avance.

-Et voilà ! J’espère que tu vas aimer.

-Tu peux être sûre que je ne vais rien laisser, ils ont l’air tellement bons.

Je m’installe à table et déguste mon plat. C’est un délice. Les pancakes sont fondants et pleins de saveurs. Le gout sucré du sirop réveille mes papilles. Est-ce que je suis au paradis ?

-Je n’ai jamais goûté de pancakes aussi bons ! m’exclamais-je

-C’est gentil et en plus, ils sont riches en protéines. Avoir une sœur coach, c’est adapter tous les plats pour qu’ils soient le moins sucré possible.

-Ça ne doit pas être facile de trouver des alternatives à tout.

-Non c’est sûr, mais moi perso je ne fais pas de sport donc je ne fais pas de sacrifice.

Alors que nous rigolons, la porte d’entrée s’ouvre. Une jeune femme athlétique rentre dans la pièce et nous tourne le dos. Elle dépose ces affaires dans l’entrée tout en parlant.

-Franchement, quelle matinée de merde, râle-t-elle.

-Bonjour à toi aussi Kiera, soupire Milly en se mettant à côté de moi.

-Ouais bonjour, excuse-moi. J’en ai marre de ces gens qui viennent me demander des leçons alors que ce sont des gros flemmards.

-Il faut dire que tes séances ne sont pas de tout repos.

-Peut-être mais si on veut atteindre des objectifs, il faut sortir de sa zone de confort et accepter de faire des sacrifices.

            Ces paroles raisonnent en moi. J’ai tout quitté pour accomplir ma vengeance. Même si je ne sais pas encore comment. C’est mon objectif et je ferais tout pour l’atteindre. Elle termine de ranger ces affaires et se retourne vers nous. Sur le coup, elle ne repère pas mais après quelques pas, elle se fige. Elle ressemble beaucoup à Milly. Même yeux, même teinte de cheveux si ce n’est un dégradé bordeaux et une coupe au carré. Elle fronce gravement des sourcils en me voyant. Cela ne présage rien de bon. Elle n’a pas l’air d’apprécier que je sois là. Je ne l’ai pourtant pas décidé, on m’a invitée.

-C’est quoi ce bordel ? crache-t-elle.

Je suis choquée de sa réaction. Son timbre de voix me considèrant comme un nuisible. Finalement, elle ne ressemble pas tant à Milly que ça. Ma joie, si petite soit-elle, s’évapore instantanément.

-C’est comme ça que tu accueilles une invitée toi ? s’exclame Milly. Je n’allais pas la laisser toute seule sur le port ! Elle était affaiblie. Je lui ai proposé de venir se ressourcer ici.

-Et mon avis on s’en branle ?

Ok ! Elle est vraiment aigrie cette fille !

-Tu l’aurais laissé à ma place ?

-Franchement, oui.

Je me sens soudain de trop et j’ai envie de partir. C’est dommage tu n’as pas fini tes pancakes.

-Je sais que tes clients t’agacent ! Mais tu n’es pas obligée de lui balancer ta sale matinée à la figure, elle ne t’a rien fait.

-Laisse Milly, me résignais-je. Elle a raison c’est chez elle. Si elle ne veut pas que je reste, je vais partir.

-Non, on va trouver un arrangement.

            Je me lève, bien décidée à m’en aller. L’atmosphère devient pesante. Kiera ne m’a pas quitté des yeux pendant qu’elle discutait avec sa sœur et ne déride pas. Ma tête ne lui convient pas visiblement.

-Merci pour ton aide en tout cas Milly, j’ai été ravie de te rencontrer. Tu m’as apporté un peu de joie dans ma triste vie.

Sur ces paroles, je quitte l’appartement. A peine je suis sortie que j’entends Milly hurler sur sa sœur.

-Bravo Kiera ! Tu es vraiment insupportable quand tu t’y mets. Elle n’a même pas fini son assiette. Ton métier t’a vraiment rendu méchante et arrogante.

-Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Elle n’a rien à faire ici.

            Ces paroles me blessent. Je retiens mes larmes et quitte le bâtiment. Je vois un parc au loin avec une cascade. Je vais m’y rendre pour me remettre de mes émotions avant de reprendre ma route.


***

Kiera



J’ai l’impression qu’un fantôme passe quand elle quitte la pièce. Je ne voulais pas la blesser mais il le fallait. Elle ne doit pas être ici, il faut qu’elle s’en aille. Elle n’a pas la moindre idée du danger de sa présence. Je prends en pleine figure les reproches de ma sœur. Elle n’a pas tort mais je ne savais pas quoi faire d’autre. En même temps, elle ne sait pas qui elle est. Il faudra que je lui explique pour qu’elle la laisse partir. Parce que je sais qu’elle va la retenir. Milly a toujours eu un grand cœur, elle ne la laissera pas dehors toute seule. Malheureusement, on n’a pas le choix. Je ne veux pas replonger dans ce monde. Car si elle est là c’est pour une bonne raison et je pense savoir laquelle.

-Parfois je me demande où est passée ma sœur ! Hurle Milly à mon égard.

J’ai changé c’est vrai. Je suis devenue froide et je ne montre plus mes émotions. Mon passé m’a laissé des séquelles et je veux l’oublier à tout jamais. Mes décisions ont couté cher à certaines personnes. Ces choix que j’ai fait pour sauver ma peau. Au péril d’autres. Les seules fois où j’ai pensé à moi, ce sont retournées contre moi. Malheureusement je ne peux plus faire machine arrière. Ce qui est fait, est fait. Je vois ma sœur enfiler une veste pour sortir.

-Qu’est-ce que tu fais ? la questionnais-je.

-Je vais la chercher et tu vas t’excuser.

-Non !

Je lui attrape le bras avant qu’elle n’atteigne la porte.

-Qu’est-ce qu’il te prend à la fin ? Ce n’est pas une tueuse en série.

-Je le sais Milly mais…Tu ne peux pas la ramener ici.

-Et pourquoi ? Parce que tu ne veux pas l’aider ? Ça je l’ai compris mais moi oui.

-Ce n’est pas pour ça.

Je lui lâche son bras et je soupire, résignée

-Pourquoi alors ?

Je regarde tristement ma sœur et prend une longue inspiration.

-Je sais peut-être pourquoi elle s’est retrouvée dans cette ville, lui confiais-je

-Ah bon ?

Je me dirige vers mon sac et récupère une photo et le lui donne. Ma sœur à l’air de bugger et fixe longuement la photo.

-C’est elle ? Je hoche la tête pour lui confirmer. Tu ne crois pas que c’est une raison de plus pour l’aider ? Elle doit être mal.

-Je ne sais pas Milly, je n’ai pas envie de faire d’autres mauvais choix.

-Je t’ai déjà dit qu’il n’y a ni bon ni mauvais choix. Tout acte, peu importe lequel, à des conséquences. On ne peut pas la laisser seule.

            Je sais qu’elle a raison. Cette ville n’a pas l’air mais elle peut être dangereuse. Tomber sur une mauvaise personne est vite arrivé. Surtout lorsque qu’un gang n’est basé qu’à quelques kilomètres. Ils trainent partout et peuvent sévir à n’importe quel moment.

-Bon d’accord, capitule-je.

-Super, je vais essayer de la retrouver et tu as intérêt à t’excuser, dit-elle en me pointant du doigt.

Elle se retourne et sors de l’appartement. Je ne connais pas personnellement cette fille mais je sais qu’elle n’est pas là par hasard.


***

Azure



Assise sur un banc, je cogite. Je me sens mal, je me sens seule et abandonnée. Mon frère m’a abandonné. Cette pensée me déchire le cœur et je le sens se serrer, il me fait mal. Les larmes commencent à obstruer ma vision. Je lui en veux. La colère, l’incompréhension, la déception, la tristesse. Toutes ces émotions s’emmêlent mais aucune ne prends le dessus. Elles forment un tourbillon et je suis en train de m’y perdre. Je relève la tête et prend une longue inspiration en fermant les yeux. Les rayons du soleil viennent réchauffer mon visage.

La légère brise est comme une caresse. Elle passe dans mes cheveux et contribue à apaiser mes tourments. Reprends-toi enfin ! Je n’aime pas l’état dans lequel je suis. Mais je ne peux pas y échapper. Est-ce que j’ai bien fait de m’enfuir ? Je ne suis plus sûre de moi actuellement. J’ai pris cette décision sur un coup de tête, sur le coup de l’émotion. J’ai envie de faire machine arrière. Et ta promesse ? Oui…Je lui ai promis et je dois tenir mon engagement. Alors que je parviens tant bien que mal à faire le tri dans mes pensées, j’entends des pas derrière moi.

-Ah tu es là ! J’ai eu peur que tu sois partie plus loin, m’explique Milly essoufflée.

Un demi-sourire se dessine sur mes lèvres malgré ma mine triste, je la regarde reprendre son souffle. Elle a l’air de m’analyser et doit remarquer ma tristesse. En même temps ça doit se voir !

-Tu as l’air triste. Si c’est ma sœur qui t’a mise dans cet état je suis désolée. J’espère que tu ne t’en vas pas.

-Ça fait partie des raisons mais ce n’est pas à cause d’elle que je me sens mal, avouais-je. J’en avais l’intention mais faible comme je suis, je n’irais pas loin.

Je suis dépitée. La réalité me rattrape. Je me suis crue dans un film d’action, j’ai cru que je pourrais venger mon frère. Mais qu’est-ce que je croyais ? Ce n’est pas une gringalette comme moi qui va pouvoir faire quoi que ce soit. Je dois m’y résoudre.

-Pourquoi es-tu si déprimée alors ?

Un long silence suit sa question. Je n’ose pas lui répondre. Je n’ose pas lui avouer qu’en réalité je compte tuer le responsable de la mort de mon frère. Je ne veux pas qu’elle prenne peur et qu’elle appelle les flics.

-Je ne pourrais pas tenir ma promesse…finissais-je pas dire. Qu’est-ce qu’il m’a pris de prendre une telle décision !

Je vois à sa tête qu’elle se demande vraiment de quoi je parle.

-J’ai fait une promesse à mon grand-frère.

-Oh euh, tu sais il ne va peut-être pas t’en vouloir si tu n’arrives pas à la tenir.

-Mon frère est mort. Enfin il a été assassiné.

Ma voix claque dans l’air et jette un froid.

-Mon dieu, je suis désolée j’aurais dû me taire, dit-elle embarrassée.

Evidement qu’elle ne peut pas le savoir, on ne se connait pas. Mais je n’aurais peut-être pas dû le dire sur ce ton.

-Tu ne pouvais pas le savoir, ce n’est pas grave. Entre nous, les promesses ont toujours été importantes. On n’a jamais failli à cette règle. Je m’en veux d’avoir promis quelque chose que je me sens incapable de faire. Mais en contradiction j’ai très envie de le faire. Je me sens perdue.

-Quelle est ta promesse au juste ? Peut-être que je peux t’aider.

Elle semble sincère. Cependant, je ne peux pas lui dire. Elle me prendrait pour une folle. J’ai envie de lui faire confiance car elle m’a accueillie alors qu’elle ne me connaissait même pas. Mais cela pourrait être mal interprété et là je passerais pour une future meurtrière. A moins qu’il y ait un autre moyen d’arriver mes fins. Comme déjà approcher cet homme ou cette femme, lui faire avouer et soumettre son nom aux autorités et ils s’occuperont de lui. Cette idée-là me semble plus probante. En y pensant, si je me retrouve en face de son tueur, je risque de lui sauter dessus. Enfin bref ! Je dois d’abord trouver cette personne et ensuite j’aviserais.

-C’est un peu compliqué. Je ne peux pas trop en parler. Lui avouais-je.

-Oh d’accord, vos promesses sont secrètes ?

-Non pas du tout. C’est juste que c’est délicat pour moi d’en parler étant donné que je ne suis même pas sûre de moi. C’est risqué en fait.

-Tu sais, si je peux me permettre…Ton frère n’est plus là pour voir si tu as tenu ou non à ta promesse. Tu devrais t’en libérer.

-Je le sais mais je n’y arrive pas. En l’espace de quelques jours, c’est devenu ma raison de vivre si on peut dire. C’est celui qui m’a élevé quand nos parents sont morts, je n’avais plus que lui. Il était toute ma vie et pourtant, dernièrement, j’avais tout ce dont j’avais besoin. Un boulot, un fiancé, un appartement, de l’argent…J’ai tout abandonné parce que j’avais le sentiment que je devais le faire, pour lui. Il ne méritait pas ça. Je compte faire payer cet acte à son responsable, je déblatère sans m'arrêter.

-Oh là, attends ! Tu veux leur faire payer ? s’exclame-t-elle.

Merde, j’ai parlé tout haut. Elle me regarde actuellement avec une mine choquée, elle ne s’attendait pas à ce que je viens de dire. Tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler Azure !

-Tu n’es pas censé savoir ça. Tu peux oublier ? lui suppliais-je

-Tu crois vraiment que je vais oublier le fait que tu veux te venger de la mort de ton frère ? Visiblement non. C’est inconscient Azure, tu ne sais même pas qui a fait ça.

-J’ai un peu fouiné dans son portable et je me suis rendu à un endroit qu’il fréquentait apparemment et des gens ont parlés de lui. Ils étaient contents qu’il soit mort. Ça m’a mis dans une rage folle. Et c’est à ce moment-là que je lui ai promis de me venger. Mais je ne sais pas de quelle façon. La personne qui a fait ça vient de cet endroit, je le sens. Mes réponses sont là-bas. Je dois faire en sorte d’entrer dans ce milieu pour trouver cette personne.

-Un milieu ? De quel milieu parles-tu ?

J’entends au son de sa voix que je l’inquiète vraiment. Je n’ai pas envie de lui répondre mais je ne plus rien lui cacher maintenant, j’en ai trop dit. Dans le meilleur des cas, elle me fera interner à l’hôpital psychiatrique.

-Les combats illégaux, lâchais-je. Je la vois reculer d’un pas, sa main devant la bouche.

-Quoi ? hurle-t-elle. Tu te rends compte que c’est hyper dangereux ? Les types qui sont là-bas n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Dans ces combats c’est tu gagnes ou tu es mort.

            Je ne l’écoute que d’une oreille. Malgré mon manque d’expérience et de confiance en moi, je ne peux plus reculer. Je dois le faire. Pour mon frère. Il ne devait pas mourir de cette façon. La personne qui a fait ça n’est qu’une lâche. Elle court toujours. Elle est libre. Alors que moi, je suis vide et prisonnière de mon destin.

-Sauf qu’il n’y a que là-bas que je trouverais le responsable.

-Rien ne te fera changer d’avis ? dit-elle résignée

-Tu as tout compris. Mais dis-moi, tu as l’air de connaître ce milieu ?

            Je la vois soupirer et baisser les yeux. Elle reste, quelques instants, silencieuse comme si elle était dans ces pensées. Elle relève la tête et ouvre la bouche mais aucun son n’en sort. Elle hésite vraiment à me le dire. Ces réflexions sont si terribles que ça ?

-Je ne devrais pas te le dire. Moi je n’y connais rien. Enfin je ne sais que ce que ma sœur à bien voulue me dire. Elle a fait ça le temps d’amasser un peu d’argent il y a quelques temps mais elle a arrêté avant que ça ne dégénère.

Elle marque un temps d’arrêt. Je sens qu’elle cherche ces mots pour me dissuader. Mais elle a très bien compris que je ne changerais pas d’avis. Toute fois elle veut me mettre en garde et c’est normal. C’est même bienveillant.

-Tu sais sous ce genre d’activités, se cache souvent quelque chose de bien plus sombre.

-Je me doute bien que c’est géré par des criminels. En plus je crois qu’il y a un gang dans la région.

-Rien ne t’en empêchera ? Vraiment ?

-Non, dis-je simplement.

-Bon alors autant t’encourager, soupire-t-elle.

J’ai dû mal entendre. Je cligne plusieurs fois des yeux et ne sait quoi dire. Elle compte me soutenir dans ma folie ? Je ne veux pas l’embarquer là-dedans. Je ne sais même pas si j’en ressortirais vivante alors l’entrainer avec moi, c’est un non catégorique.

-Hors de question que tu fasses quoi que ce soit pour moi, je ne veux pas t’embarquer dans cette histoire. Ça ne regarde que moi, lui répondais-je durement.

-Loin de moi l’idée de te suivre là-dedans. Je dis juste que si tu as besoin de soutien, je serais là. Aussi tu veux te venger mais tu n’as pas les compétences. Ma sœur va pouvoir te coacher.

            Je doute que Madame l’Aigrie veuille avoir à affaire avec moi. Etant donné son regard qui semblait me jeter des lasers pour que je sois exterminée sur place, elle ne voudra jamais m’entrainer. Et si elle est aussi impitoyable que Milly me l’a décrite sur ces exercices, premièrement : je vais douiller et deuxièmement : je vais vite abandonnée. Un peu de courage roh !

-Je ne crois pas que ta sœur sera d’accord, tu as vu comment elle m’a rejetée ?

-Elle ne sait pas bien s’y prendre quand il s’agit du social.

-Je ne suis même pas sûre de pouvoir la payer. J’évite d’utiliser l’argent sur mon compte pour qu’on ne me retrouve pas.

-Ça je peux m’en charger, ne t’en fais pas. Et je pense que vous allez pouvoir trouver un arrangement.

Elle semble confiante contrairement à moi. Je sais que je m’engage dans une mission suicide mais d’ici là qu’elle ne me tue pas avec son regard ou ces paroles avant…

-Bon, très bien, j’abdique. Je te fais confiance.

-Super ! Retournons à la maison, ma sœur te doit des excuses dans un premier temps.

Me voilà de nouveau dans leur salon. Personne n’ose parler. Je triture mes doigts et je ne sais pas où je regardais. J’alterne entre mes pieds et les sœurs qui me font face. Mes mains sont humides, je stresse tellement que je transpire. Ma jambe tressaute dû à mon malaise. Je décide de relever complètement la tête et je regarde Kiera. Elle continue de me fixer mais elle n’a plus son regard de tueuse. C’est bon signe non ? Elle lâche un long souffle. Comme si elle retenait sa respiration depuis mon entrée. Sa bouche s’ouvre mais aucune parole n’en sort. Elle semble timide tout à coup.

-Ecoute euh Azure c’est ça ? finit-elle par dire.

Je hoche la tête pour lui confirmer.

-Je suis désolée pour mon accueil. J’ai été odieuse avec toi et ce n’est pas juste, tu ne m’as rien fait. Comme a dit ma sœur, je n’ai pas passé une super matinée. Je n’ai cependant pas à me décharger sur toi. Ta présence ne me dérange pas. Si tu cherches à te loger, je peux te louer l’appartement du haut.

            Je suis abasourdie par ces mots. Sa mine triste me confirme qu’elle regrette son attitude. Sous ces traits, elle ressemble beaucoup plus à sa sœur. Car sous ces airs de femme impénétrable et rebelle, elle sait tout de même faire preuve d’empathie.

-Je ...J’accepte tes excuses. Mais je peux comprendre aussi que le fait de voir une inconnue dans son salon peut déranger. Je t’avoue que je ne suis pas contre un logement, je te remercie. J’ai grandement besoin de me reposer.

-Pas de problème, tant qu’il n’y a pas de dégâts, sort-elle fermement. Tu peux aller t’installer si tu veux, l’escalier est juste à droite de la porte.

Elle me tend un trousseau. Surement les clés de l’appartement.

-On réglera les formalités plus tard, dit-elle en me souriant doucement.

J’attrape délicatement les clés.

-Merci encore pour votre aide. Malgré ce petit accrochage, je ne pensais pas tomber sur des personnes aussi généreuses que vous.

Mes émotions me submergent. Je n’ai plus l’habitude qu’on soit gentil avec moi et retiens mes larmes. Je leur offre mon plus beau sourire et quitte leur appartement. Je monte à l’étage. La fatigue se fait de plus en plus ressentir. Certainement au fait que je sois soulagé que tout se soit bien passé avec Kiera. En tout cas pour le moment. Mais aussi que j’ai enfin un endroit où dormir. Cela m’a libéré d’un poids tel que je me sens à présent légère.

Arrivée sur le palier, j’ouvre la porte. Je retiens ma respiration. L’appartement ressemble beaucoup à celui des filles. C’est magnifique. Le carrelage en marbre noir brille sous la lumière du jour, les briques noirs donnent ce côté industriel. Malgré ces couleurs sombres, c’est très lumineux. J’aime beaucoup ce côté luxueux mais en même temps très simple. Je m’avance et découvre de loin les pièces à vivre. Tout est équipé et meublé. Les éléments de décorations blanches flamboyantes contrastent avec le noir de la pièce. Un énorme poster new-yorkais en noir et blanc sublime le mur de la salle à manger.

Je suis subjugué par cet endroit. Je m’y sens chez moi. Je reviens sur mes pas et à droite de l’entrée se trouve la chambre. Il n’y a pas de porte mais juste un rideau opaque qui sépare la pièce du couloir. Je m’avance doucement, je pose mon sac au bord du lit et je détaille la pièce des yeux. Un long dressing en bois foncé se profile le long du mur gauche. Au centre de la pièce se trouve un énorme lit aux draps blanc immaculé de fleurs de Lys noirs. La salle de bain adjacente à la chambre est somptueuse. Une double vasque avec un immense miroir éclairé. A l’opposé se trouve une baignoire et une douche. Les murs sont en carrelage beige brillant et donne l’impression d’être dans un château royal. Je n’en reviens pas que je vais loger ici. Tu n’as pas demandé le prix du loyer.

Cette pensée me freine et m’attriste. Je ne travaille plus donc pas de rentrée d’argent. J’ai des économies mais pas pour une éternité. J’ai de la chance d’être là et d’avoir trouvé des personnes aussi bienveillantes, si on exclue le côté « garce » de Kiera. Peut-être qu’avec les combats je vais pouvoir me faire de l’argent. Pour ça il faudra que je gagne. Je décide de redescendre pour rejoindre les filles. Je toque et attends qu’on m’invite.

-Entre Azure ! j’entends à travers la porte.

Je passe le seuil et j’ai l’impression qu’elles m’attendaient.

-Alors ? Tu es bien là-haut ? me demande Milly

-Je n’ai jamais vu un appartement aussi beau pour être honnête. Mais je ne suis pas sûre de pouvoir rester financièrement.

-Les loyers ne sont pas si cher ici, ne t’en fais pas, m’affirme Kiera. Je ne vais pas te dépouiller. (Je lâche un rire nerveux.) Je te donne le contrat demain, tu seras à 700 dollars par mois.

Je suis étonnée du prix peu élevé. Après je vivais en pleine ville donc les loyers étaient beaucoup plus chers. Cela me rassure de savoir que je vais pouvoir rester ici. Je me sens bien et même si j’ai un objectif à atteindre, cette ville est un bon choix pour un nouveau départ.

-Très bien, ça me va, je lui affirme.

-Au fait Kiera, elle aurait un marché à te proposer, poursuit Milly.

Je me tends. J’appréhende beaucoup sa réaction. Si elle a voulu sortir de tout ça, c’est bien pour une raison. En plus ça doit être compliqué de quitter ce monde.

-Je t’écoute.

Elle croise les jambes et plisse les yeux. Je me plante devant elle et m’arme de courage.

-Je tiens quand même à te prévenir que je ne suis pas folle, je suis consciente des risques et en réalité je m’en fiche.

Je la vois hausser un sourcil.

-Mon frère s’est fait assassiner et je veux retrouver le coupable. J’ai déjà un peu enquêté et j’ai entendu des hommes parler de lui dans la vallée reculée près d’ici.

Cette fois, elle fronce les sourcils.

-Je dois intégrer ce tournoi de boxe pour me rapprocher de ces gens. Sauf que je n’ai aucune expérience. J’ai la chance d’être tombée sur vous et sur toi étant donné que tu es coach.

-Tu veux que je t’entraine pour intégrer une bande de tarés et pour te venger de l’assassin de ton frère ? me questionne-t-elle pour comprendre réellement mon intention.

-Oui c’est ça.

Elle détourne le regard vers la fenêtre et semble réfléchir sérieusement à ma demande. Elle va dire non. En même temps, qui voudrait se trouver dans le même endroit qu’une bande de tarés comme elle dit. Je vois sa jambe s’agiter et l’attente devient étouffante. Elle se penche vers l’avant en mettant ces coudes sur ces genoux et se frotte le visage.

-C’est d’accord.

Je tombe des nues. J’ai la bouche grande ouverte.

-Je ne pensais pas que tu accepterais.

-J’ai hésité mais avec moi tu seras plus en sécurité que toute seule. Mais il va falloir que tu t’accroches si tu veux aller jusqu’au bout. Non seulement qu’une fois que tu entres, tu en sors difficilement voire pas du tout. Mais aussi par rapport à l’entrainement si tu n’as aucune base. Les termes : repos et vacances ne figurent pas dans mon vocabulaire. Tu auras quatre mois pour te préparer.

-Peu m’importe, je suis prête à tout, je n’ai plus rien à perdre.

Elle me tend la main.

-Marché conclu alors ?

J’acquiesce à sa proposition en lui serrant la main.

            Dès le lendemain, l’entrainement a commencé. Elle m’a fait un réveil à cinq heures du matin version service militaire. Ça a piqué. J’ai vraiment regretté d’avoir accepté quand j’ai débuté l’entrainement. Ces exercices sont horribles, j’ai été au bord du malaise un bon nombre de fois. Elle n’a aucune pitié lorsqu’elle enfile son masque de coach. Cela dit, on s’entends très bien. Son franc parler me fait parfois sortir de mes gonds mais ça me fait du bien en même temps.

Je garde les pieds sur terre grâce à ça et je sais où je veux aller. J’ai vu mon amélioration au bout de quelques semaines. Je me suis accroché malgré ces demandes de plus en plus complexes. Comme les sélections sont bientôt, je ne dois pas chômer. Il y a des jours où j’ai vraiment envie de tout envoyer valser. Mais je tiens le coup. Pour mon frère. Je le fais pour lui. Pour le venger. Cette pensée ne me quitte pas et me donne le courage nécessaire pour continuer. Je vais aller jusqu’au bout.

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