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4 - 4. Somebody's always tryin'
5 - 5. Vertigo
6 - Chapter 6
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4. Somebody's always tryin'

"Too high to get over, Too low to get under,
You're stuck in the middle, And the pain is thunder"

꒷꒦︶꒦꒷Ⓧ꒷꒦︶꒦꒷

L'une des premières constatations que fit Charles en posant un pied dans l'arrière pays écossais fut que l'hiver du Nord des états-unis n'était en fait pas si terrible que cela.

Les épaules couvertes d'une épaisse pellicule de neige glacée, cela faisait près d'une heure qu'il faisait le pied de grue face à la falaise localisée par Cérébro. Emmitouflé dans un manteau de laine épaisse, ses doigts avaient perdu toute sensibilité après cinq minutes d'exposition au vent glacial qui lacérait chaque millimètre de sa peau exposée aux bourrasques.

Magnéto avait bien ficelé son plan - quel qu'il soit.

La masse obscure des falaises basaltiques était battue par les vagues, occultant toute trace d'une quelconque entrée. Escarpée, leur silhouette menaçante se fondait peu à peu dans la noirceur de la nuit hivernale ; personne, pas même les pêcheurs du village longeant la côte, n'aurait l'idée suicidaire de s'y aventurer.

Une vague haute de plusieurs mètres s'écrasa sur la roche noire avec fracas, faisant pleuvoir de minuscules gouttelettes d'eau salée qui se mêlèrent aux flocons épais qui tombaient déjà, denses. Au risque topographique s'ajoutait celui de la houle traîtresse.

Inaccessible.

Se rendant à l'évidence, Charles laissa un sourire amer fendre son visage paralysé par le froid. C'était presque ironique de se trouver ici, si proche mais pourtant si loin d'Erik. Mains dans les poches, il tourna les talons pour rejoindre le village, retenant un frisson qui n'était pas lié uniquement au froid. A nouveau, son instinct frappait ; il accéléra le pas.

Un instant durant, il maudit le sérum qui le privait de ses capacités mentales. Si seulement il n'avait pas paniqué, il aurait pu sonder tranquillement le littoral, repérant sans doute aisément son rival. Puis, il se ravisa, laissant son esprit cartésien reprendre le dessus.

Les falaises de l'arrière-pays anglais n'étaient pas encore équipées de rampes d'accès. De plus, avec son fauteuil composé presque exclusivement de pièces de métal, Magneto aurait eu vite fait de le faire léviter au-dessus des roches coupantes avant de le faire tomber dans l'eau - non sans un PLOUF mémorable.

Enfoncé dans sa capuche de fourrure, il frissonna à cette idée, s'arrêtant enfin devant un petit hôtel miteux - son logis du soir. Il poussa la lourde porte, laissant une vague de chaleur bienvenue l'envahir, mêlée à l'odeur familière du bois brûlé et des tapisseries anciennes.

— Bonsoir ! Il fit à l'attention du réceptionniste qui n'avait pas bougé d'un iota depuis son arrivée dans la ville quelques heures auparavant.

D'un pas souple, il traversa le hall décoré de guirlandes bourdonnantes pour s'engouffrer dans l'escalier en colimaçon qui menait à l'étage. Usées par le temps, les marches l'accueillirent avec des grincements de protestation, ne cessant leur cris que lorsqu'il posa enfin le pied sur un gros tapis rapiécé. S'ajoutant aux craquements du bois, le vent et la neige frappaient la façade de l'hôtel à intervalles réguliers, provoquant un sifflement lancinant contre les vieilles pierres.

Non, décidément, les tempêtes de neige new-yorkaises n'avaient rien à envier à leurs cousines européennes.

Avec un soupir, il fit jouer la clé de sa chambre dans la serrure de la porte, accueilli par la chaleur suffocante et le remugle d'humidité typique des pièces généralement condamnées - était-ce égoïste de désirer être au chaud dans son lit de l'institut ?

— Quelle horreur. Il grogna en croisant le regard de la tête de renard empaillée qui habillait la pièce, s'avançant vers la fenêtre aux pour en tirer les rideaux - eux aussi rongés par le temps. Seul un mince filet de lumière filtrait encore, faisant danser les lueurs festives de l'éclairage urbain sur le vieux parquet.

Ça n'était pas tout à fait le genre de lieu où il aurait souhaité des retrouvailles avec Erik à vrai dire. On était plus proche du manoir de Dracula que d'une chambre d'hôtel propice aux escapades coquines.

Sans quitter sa grimace, il s'assit sur le bord du lit, puis sortit sa trousse médicale afin de renouveler sa piqûre de Sérum. Hank avait été clair : huit heures, pas une de plus, avant que ses pouvoirs ne refassent surface, risquant de le trahir - et empêchant ses jambes de lui répondre accessoirement.

Il extirpa l'une des seringues de la boite avec une pointe de résignation ; les piqûres, ça n'était vraiment pas son truc.

— Allez vieux. C'est pas pire qu'une balle dans la colonne.

Et d'une main peu assurée, il déboucla sa ceinture, offrant la peau pâle de ses cuisses à l'aiguille. Glacée, la pointe de métal perça sa peau.

Dieu qu'il haïssait cela.

Sentant la chaleur de l'antigène se répandre dans sa hanche, il se laissa tomber en arrière sur les draps, fixant le plafond. Même s' il avait perdu momentanément ses capacités, à l'étroit dans sa boîte crânienne, son esprit cogitait.

Ne pouvait-il pas simplement se résoudre à oublier son rival ? Pourquoi ce chapitre de sa vie ne semblait-il pas avoir de fin ?

Erik...

Comme la neige portée par la tempête, ses pensées tourbillonnaient encore et encore. Il aurait dû se concentrer sur le sauvetage de son pupille, échafauder des plans audacieux et pourtant... Bras en croix, allongé sur ce foutu lit qui grinçait, il ne pouvait que raviver les souvenirs torrides de la nuit passée avec le beau mutant.

Un frisson parcourut son échine, délicieux.

Allait-il encore céder s'ils se voyaient ? Erik, avec son foutu regard de braise, son foutu corps à se damner, ses foutues inflexions qui le rendaient fou.

C'était une obsession.

— Et merde !

Étrangère à l'injection du sérum, une douce chaleur s'installait peu à peu dans le creux de ses reins, portée par les sensations encore trop vives des lèvres et des mains de Magnéto contre sa peau. Comme marqué au fer rouge, son corps répondait présent.

Charles avait soudainement chaud, terriblement chaud. Entre ses cuisses, le sang affluait, déformant son sous-vêtement. C'était si obscène.

Lui, Charles Xavier, président d'un institut ayant pour vocation de prôner la paix, craquait pour son rival.

Lui, Charles Xavier, le défenseur pacifique des droits mutants, ne voulait sentir que la chair lourde d'Erik, en lui, le faisant sien.

Lui, Charles Xavier, venait de glisser une main contre son membre, rejouant en boucle le moment où les lèvres voraces du résistant s'écrasaient contre les siennes, le laissant à bout de souffle, soumis au moindre de ses désirs.

Avec un gémissement étouffé, il courut en direction de la salle d'eau, allumant à la hâte le jet. D'un geste sec, il tourna le thermostat sur la température la plus glaciale, aspergeant ses cuisses et son entrejambe d'eau froide. Luttant contre l'envie de céder à nouveau à ses pulsions, il se délesta de sa chemise, se glissant entièrement sous le jet, nu, dents serrées.

Éteindre l'incendie. Se concentrer.

Il ferma les yeux, passant sa tête sous le pommeau. La sensation brûlante de l'eau glacée le picotait, laissant sa peau pâle se couvrir de chair de poule, puis de plaques rouges qui contrastaient avec les bleus et les suçons qui parcouraient encore son corps fin. Mains appuyées sur le mur de la douche, il baissa la tête, laissant l'eau frapper son corps.

Pourtant, sous ses paupières closes se dessinait encore le visage magnétique d'Erik, ses traits sculptés pour la passion et le désir...

— Charles...

Sous le jet glacé, le professeur crut un instant perdre la raison. Il fit brutalement volte face, manquant de tomber, prêt à affronter son rival dont la voix venait de parvenir à son oreille, timbre délicieusement masculin qui lui faisait oublier toute rationalité.

Mais en lieu et place des prunelles d'argent d'Erik, son regard tomba sur deux iris jaunes vives, pétillantes de malice.

Le visage familier de Raven, moue boudeuse à la peau lazuli, le regardait avec amusement, un petit sourire peint sur les lèvres.

— Charles... l'appela-t-elle à nouveau, imitant à la perfection la sonorité rauque de la voix de Magnéto, bien que teintée de moquerie.

La surprise figea le jeune professeur sur place en reconnaissant sa vieille amie. L'espace d'un instant, les visions d'Erik s'estompèrent.

— Raven. Il grogna après quelques secondes en attrapant à la hâte une serviette, l'enroulant autour de ses hanches avec un sifflement agacé. Et quelque peu déçu.

— Ah, Charles, tu es si facile à tromper, elle ricana sans le quitter des yeux.

— J'aurais pu t'attaquer.

— Tssk. Tu m'attaquerais ?

Les yeux intenses de celle qui se faisait désormais appeler Mystique ne quittèrent pas le télépathe, sa silhouette fluide et gracieuse le suivant comme une ombre en direction de la chambre. Avec un petit rire, elle se jeta sur le lit, à plat ventre, les coudes repliés sous le menton.

— Je suppose que tu es venu lui rendre visite à ton tour. Je sais que tu ne viendrais pas juste pour moi.

Cherchant un pantalon de pyjama dans son sac, Charles soupira bruyamment. La jeune mutante et lui avaient quasiment grandi ensemble ; il savait qu'il ne s'en débarrasserait pas si facilement. De ses yeux plus brillants que les étoiles, elle suivait chacun de ses gestes avec une intensité troublante.

Quiconque ne la connaissant pas aurait pu penser qu'elle le matait, dévorant du regard sa peau laiteuse qui se détachait nettement dans le clair-obscur de la petite chambre.

Mais sans doute était-elle en mission.

— Je croyais que tu étais paralysé. Elle roucoula en balançant ses jambes, révélant ses dents blanches dans un sourire éclatant.

— Hank m'a fait un sérum.

À l'évocation du Fauve, un léger froncement de sourcils traversa le visage de la mutante, avant qu'elle ne se décale pour laisser Charles s'installer à ses côtés. A nouveau, elle sourit, s'installant contre l'épaule que lui offrait son ami.

— Tu m'as manqué. Elle souffla, enfouissant sa tête rousse dans le creux de ses bras.

Ses yeux brillants se teintèrent de tristesse ; laissant le silence s'installer, elle saisit la main du professeur, comparant leurs deux paumes avec un rictus étrange.

— Je crois qu'on a besoin de toi Charles. Moi, Magnéto... on a tous besoin de toi.

— C'est pour cela que vous êtes allé enlever un gamin à l'institut ? Si vous vouliez mon aide, vous pouviez vous y prendre autrement. Rétorqua sèchement le télépathe en retirant sa main, fixant le plafond, les traits tendus.

— Magnéto a prit ce gamin pour éviter d'avoir à t'enmener toi. Il...

Charles baissa les yeux vers la jeune femme, surpris. Il sentait qu'il touchait du bout du doigt la chose qui avait poussé Erik à venir le rejoindre en pleine nuit. La chose... ou la personne à priori, à voir son expression contrite.

Elle déglutit, sa gorge semblant se contracter sous le poids de ses propres mots :

— Tu sais qu'il est prêt à faire beaucoup pour notre peuple.

— Dis moi ce qu'il a fait.

Inconsciemment, Charles venait de se tendre ; à nouveau, son fichu instinct devinait un grand malheur.

— Il a rencontré un type en URSS l'an dernier. Un scientifique, Docteur Miktrail Voronin, un mutant lui aussi. Il a... il a construit une machine plus puissante que Cérébro. Vortex. Elle a besoin d'un télépathe pour fonctionner.

Raven avait parlé d'une traite, le regard dans le vague. Si son ton était égal, sa lèvre tressaillit légèrement ; elle tentait de masquer son trouble derrière du dédain, comme à son habitude :

— Quand Emma l'a testée...

A nouveau, cette micro-expression. Songea Charles en la voyant grimacer. Une fois de plus, son cœur se serra, pressentant le pire, à raison :

— Voronin a absorbé le pouvoir d'Emma pour utiliser la machine mais elle était si faible après... Il l'a exposée directement à son rayonnement pour savoir jusqu'où il pourrait aller avec elle et... elle s'est effondrée sur le coup. Et... mon dieu Charles. Sa tête a explosé. Comme ça. Il y avait du sang partout. Et quand... quand Voronin a dit qu'il avait besoin de toi pour...

Elle s'interrompit, les mots restants coincés au travers de sa gorge. Au fil de son récit, elle s'était mise à trembler. Et cette fois, des larmes s'accumulaient au coin de ses paupières, presque invisibles pour quiconque ne la connaissait pas suffisament.

Puis, elle craqua. Traîtresse, une larme coula sur sa joue. Puis une autre sur le t-shirt de son ami. Bientôt, ce fut un flot ininterrompu.

— Respire... souffla Charles d'une voix douce, lui offrant le réconfort de ses bras. J'ai besoin de savoir ce qui se passe pour vous aider. Qu'est-ce qu'il veut ?

— Tu ne peux pas nous aider. Il a déjà trouvé son nouveau télépathe. Il a besoin d'absorber des pouvoirs psychiques pour utiliser Vortex sur les esprits des non-mutants...

La voix de la jeune femme se perdit dans un sanglot, sa poitrine se soulevant rapidement à chaque nouvelle inspiration :

— Il va trop loin Charles. Je... Voronin est un psychopathe, je l'ai vu tester les pouvoirs d'Emma sur les pêcheurs qui s'approchaient trop des falaises. Et j'ai... j'ai du... ils se sont entre dévorés. Il y avait du sang encore...

Étouffant un hoquet, la jeune femme releva son visage baigné de larmes vers lui, plaquant une main contre ses lèvres. Charles la prit doucement dans ses bras, la laissant se blottir encore davantage contre lui, caressant sa nuque avec douceur :

— Hé... Je suis là. Si tu me montres comment entrer dans Vortex...

— Non !

Raven se redressa sur le coude, l'air horrifiée.

— Il faut que tu partes. Il veut tes pouvoirs et... et il va te...

— Shh... Calme-toi On va trouver une solution.

Le jeune professeur pressa délicatement ses lèvres sur le sommet de la tête de sa sœur adoptive, captant le parfum salé qui s'était imprégné dans sa tignasse rousse. Ils restèrent ainsi un long moment, l'un contre l'autre, jusqu'à ce que les pleurs de la jeune mutante se tarissent.

Apaisée, elle se mit à jouer avec les cheveux mi-longs de son ami d'enfance, enroulant les mèches aux reflets acajou autour de ses doigts, retenant parfois un nouvel hoquet d'angoisse. Le professeur n'avait pas cessé ses caresses le long de sa nuque, digérant les informations délivrées par la jeune mutante.

Aussi juste que soit sa cause, Erik avait déraillé, encore une fois. Lui, le très cartésien Charles Xavier, s'était entiché d'un homme fou, torturé, incapable de voir le mal dans ses actions.

Accablé par cette funeste constatation qui ne semblait pas vouloir s'effacer de son esprit, il laissa retomber sa tête contre celle de sa vieille amie, l'entendant murmurer avant qu'elle ne sombre dans le sommeil :

— Magnéto t'aime. Tu peux... tu peux le faire changer de route, je le sais. S'il te plaît Charles.

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