Loading...
Report sent
1 - 1. Against a new tomorrow
2 - 2. This night will never go
3 - 3. Land of Confusion
4 - 4. Somebody's always tryin'
5 - 5. Vertigo
6 - Chapter 6
Loading...
Loading...
You have no notification
Mark all as read
@

3. Land of Confusion

"Could it be that... it's just an illusion?
Putting me back in all this confusion?"

꒷꒦︶꒦꒷Ⓧ꒷꒦︶꒦꒷

Charles ne sut trop comment il avait réussi à trouver le sommeil. Le lit était glacé, l'obscurité étouffante. Lorsqu'il se redressa, seul dans l'immensité de ses draps froissés, la réalité le heurta de plein fouet.

— Qu'est-ce que j'ai fait... Il murmura, se prenant la tête entre les mains.

Les frissons douloureux qui parcouraient ses épaules, ses bras, et toutes les parties de son corps où il éprouvait un simulacre de sensibilité lui hurlaient qu'il avait fait une grave erreur en cédant aux avances de son ennemi. Son regard clair parcourut la pièce, contemplant avec horreur ses notes éparpillées au sol, ses vêtements piteusement abandonnés sur le bureau et son fauteuil renversé par son excès d'enthousiasme de la veille.

D'un geste hâtif, il décolla les mèches brunes encore plaquées contre ses tempes. Confus, son esprit essayait de repousser au loin des images suggestives qui s'imposaient à sa mémoire.

— Mais quel crétin. Il ajouta pour lui-même, ramassant sa robe de chambre roulée en boule sous son coussin - ses habitudes de vieux garçon faisaient enfin leurs preuves, après plus de trente ans d'existence.

Enfilant les manches du vêtement avec des gestes brusques illustrant parfaitement sa frustration, il prit soudain conscience qu'un lourd silence régnait dans l'institut. Malgré le velours qui habillait sa nudité, il frissonna, ressentant cet instinct qui prédit souvent le malheur.

Plissant les yeux, il apposa deux doigts contre sa tempe, utilisant son pouvoir pour sonder l'institut à la manière d'un scanner.

BAM!

Sans prévenir, un bruit sourd lui fit perdre le fil alors qu'un esprit fauve faisait irruption dans sa psyché. La porte s'ouvrit avec fracas, révélant le visage félin de Hank, dont l'expression était marquée par une agitation palpable. Scrutant le chaos qui régnait dans la pièce, un pli soucieux vint barrer son front.

— Professeur ?! il rugit en enjambant le fauteuil renversé. L'inquiétude dans ses yeux de bête était palpable, assombrissant ses iris à la teinte fauve.

Se drapant dans ce qui lui restait de dignité, le concerné se redressa, s'éclaircissant la voix pour paraître détendu, signalant par-là même sa présence :

— Que se passe-t-il, Hank ? Il demanda, même s'il avait déjà une idée de la réponse - et elle ne lui plaisait pas forcément.

Repérant le télépathe, le fauve redressa son fauteuil pour le guider jusqu'au lit. Il déglutit, cherchant les mots appropriés :

— Il y a eu une intrusion. Elle porte la signature de Magnéto. Je... un élève a disparu.

Le visage de Charles se décomposa. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il s'était fait baiser - littéralement. La présence d'Erik dans sa chambre n'avait rien à voir avec un quelconque élan sentimental. Il s'était chargé de divertir le mutant le plus puissant de l'établissement pendant que ses complices se chargeaient du kidnapping.

— Je suppose que j'aurais dû m'en douter. Il grommela, acceptant l'aide de son secrétaire pour sortir de son lit. Qui a disparu ?

— Adam. Enfin, ses camarades m'ont dit de l'appeler Steam. Couina Hank en aidant Charles à prendre place sur son fauteuil.

Steam. Le garçon télépathe à l'énergie instable était bien plus puissant que n'importe quel des élèves de l'institut. Le savoir dans la nature, aux côtés de Magnéto, avec le ressentiment nouveau qu'il nourrissait pour ses parents, n'était vraiment pas une bonne nouvelle.

— Steam... murmura Charles.

Il fronça les sourcils, évaluant rapidement la situation. Toute la soirée, le leader de la résistance mutante avait fait en sorte de détourner son attention, ne faisant tomber le masque que tardivement après lui avoir parlé d'un plan. S'il avait pris un tel risque, cela signifiait qu'il était prêt à tout pour ce nouveau projet - y compris aller retremper le biscuit chez son ex, à priori.

Mais quel con ! il s'insulta intérieurement. Comme un gamin inexpérimenté, il avait ignoré tous les signaux d'alarme, se laissant distraire par les illusions d'une nuit avec son rival. Mais à quel prix ?!

— Erik a joué avec moi. Il murmura faiblement en passant sa chemise en coton, faisant disparaître les marques qu'avait laissé son traître d'amant sur sa peau pâle.

— Vous ne pouviez pas savoir, professeur. Il est passé maître dans l'art de la manipulation. Répondit doucement Hank, tapotant son épaule sans quitter son expression anxieuse. Ne vous apitoyez pas sur votre sort, nous devons le retrouver avant qu'il n'oblige Steam à faire quoi que ce soit de regrettable.

Super, Nous avons un télépathe dans la nature, assez instable pour leur faire sauter la cervelle à n'importe quel instant.Soupira Charles en se passant une main sur le visage..

Hank laissa à son tour échapper un grognement, grattant sa barbe aux poils bleus avec un air renfrogné :

— Magnéto vous a-t-il laissé le moindre indice sur sa destination ?

Le regard clair du professeur X parcourut la chambre en désordre, son regard butant sur le plug en métal utilisé par son rival la veille. Par flashs, il se voyait à nouveau allongé sur le bureau, à sa merci.

Avec un raclement de gorge, il ignora la couleur pivoine qui s'emparait de ses joues pour se concentrer sur les informations qu'Erik aurait pu laisser transparaître en lui laissant accès à son esprit. La vision de son corps soumis au désir, magnifié par ses fantasmes, s'imposa à nouveau. Mais il n'y avait pas que ça. Par flashs s'imposaient à lui les impressions du lieu où il projetait leur futur.

Un petit sourire victorieux éclaira son visage lorsqu'il comprit l'erreur de son rival.

Débutant.

En lui offrant un accès à une partie de ses images mentales, Magnéto avait involontairement laissé échapper des indices que son esprit avait été capable de capter dans les moindres détails ; une vue sur la mer, une sensation d'humidité persistante, la douceur des embruns...

— J'ai quelque chose.

Par réflexe, il porta un doigt à sa tempe, analysant avec précision les sensations que portaient la vision ; une falaise sauvage, des vagues... Cela ressemblait à l'ouest de l'Europe, à n'en pas douter. Il était parti se planquer au bercail hein ? Du Magnéto tout craché.

— Aurons- nous besoin de Cérébro ? Demanda Hank, une touche d'excitation dans la voix.

Il ne fallut qu'un léger hochement de tête du professeur X pour que la distance qui les séparait de l'appareil ne soit franchie, son fauteuil guidé par Hank dans les sous-sols de l'institut.

Dans un sifflement métallique, la porte blindée s'ouvrit, laissant deviner ses contours high-tech dans les ténèbres de la gigantesque pièce en forme de coupole parée de panneaux métalliques servant à son fonctionnement. Au centre trônait la console de pilotage, soutenant un casque de métal et de plexiglasse qui permettait la connexion de l'esprit du télépathe à tous les êtres vivants de la planète.

Les mains de Hank s'actionnèrent sur les différentes manettes avec excitation, plongeant la salle dans une lumière si vive qu'elle fit se rétracter pupilles félines. De son côté, Charles avait coiffé le casque, sourcils froncés.

— Prêt ? demanda Hank, masquant son plaisir d'utiliser Cérébro - l'heure était grave, tout de même !

— Prêt.

Il y eut un Bip sonore, puis les mécanismes de l'appareil se mirent en branle dans un grognement rauque. La lumière qui enveloppait la pièce sembla s'intensifier, puis s'épaissit, laissant flotter un fin brouillard laiteux dans la coupole de métal.

Prenant une grande inspiration, Charles ajusta le casque, sentant son esprit se connecter avec le réseau mental du monde. Une sensation de plénitude l'envahit, les pensées, les émotions et les présences de tous s'entrelaçant dans son esprit, toile complexe dessinant une carte précise de l'ensemble de la planète.

Frénétiquement, sa traque commença alors ; la côte sauvage, battue par les vagues, apparut sur l'écran de Cérébro, contours de falaises basaltiques et murmure de la mer s'imprégnant dans la pièce. Singulière, l'image s'anima bientôt, l'écume heurtant les colonnes de roche noire avec fracas.

— Je vais calibrer l'appareil sur la vision satellite. Cria Hank pour couvrir le tumulte des vagues, manipulant les boutons de l'appareil du bout de ses doigts griffus.

Le vacarme cessa, remplacé par le son aigu d'un scanner qui parcourait les contours de la falaise, tentant de la localiser. Une fois encore, le génie du fauve fit son effet, puisqu'après dix secondes à peine s'affichait un point sur la carte du monde, désignant une petite île à l'ouest de l'Écosse.

— Voici. Fit Hank avec une pointe de satisfaction dans la voix. Si Magnéto a établi une nouvelle base, c'est ici.

Interdit, Charles étudia la carte, ses yeux clairs effectuant des allers-retours entre l'image générée par son esprit et celle proposée par Cérébro. Tâche sombre, les falaises émergeaient des flots, dessinant des formes géométriques nettes sur la surface bouillonnante de la mer nordique.

Erik... est-ce que tu te caches ici ....?

— Je vais préparer le jet ! Ajouta Hank face à son silence, désireux de ne pas laisser l'abattement s'emparer de son ami.

— Pas de jet. Je veux rester discret, s'il a une télépathe - ou deux - sous la main, je veux pouvoir rester imprévisible. Hors, comme il sait que je suis... bref, il s'attendra à ce que nous agissions en groupe.

— Vous voulez y aller seul ?

Vibrante, la voix du Fauve portrait en elle toutes les inflexions de l'indignation :

— C'est de la folie ! Il vous... sauf mon respect Charles, vous serez en situation de faiblesse !

— Je pense qu'il m'a vu dans de bien pires postures. Soupira le professeur, actionnant les roues de son fauteuil pour retourner dans les étages supérieurs de l'institut. Je vais avoir besoin de votre sérum. Un télépathe baissera sa garde s'il ne sent pas la présence du moindre mutant... et je serai plus mobile.

Cette fois, Charles jura voir les yeux jaunes du Fauve lui lancer des éclairs. Hum. A priori il désapprouvait son plan.

Quelques mois auparavant, Hank avait développé un Sérum capable de contrôler leurs mutations. Composé à partir de sang mutant et de composants extrêmement rares, le précieux élixir avait pour effet bénéfique de permettre au professeur X de retrouver l'usage de ses jambes. Seule ombre au tableau, il rendait ses capacités psychiques inutilisables, faisant de lui un être humain lambda.

— C'est dangereux Charles. Grogna Hank en poussant la porte du bureau. Vous aurez une chance de vous fondre dans le décor... mais vous serez aussi plus vulnérable. Si jamais Magnéto vous coince...

— Il ne me coincera pas.

La réponse de Charles flotta quelques instants dans le silence de la petite pièce. Il le savait, il essayait de se persuader, comme toujours. Comme lorsqu'Erik l'avait quitté après leur première étreinte.

Cependant, même s'il restait convaincu de s'être fait avoir - il ne fallait pas être un génie pour comprendre le plan - une petite voix en lui chuchotait que son ancien ami n'était pas venu à lui uniquement par devoir. Il avait eu des gestes tendres, des caresses, des soupirs... le genre de choses qui lui donnaient la possibilité de lire en lui comme dans un livre ouvert.

Nageait-il en plein délire ?

— Tendez le bras. Soupira le Fauve.

Il avait sorti une petite mallette en cuir dans laquelle était soigneusement rangée une série de seringues toutes emplies d'un liquide vert vif. Le fameux sérum.

Charles obéit, relevant la manche de sa chemise pour lui présenter le pli de son coude. Son secrétaire désinfecta rapidement la peau à l'aide d'une petite compresse intissée, avant de se saisir de la seringue. Voyant la lumière orangée de sa lampe de bureau se refléter sur le métal de l'aiguille, le télépathe déglutit, se préparant.

Au regard interrogateur de Hank, il hocha doucement la tête, grimaçant en sentant l'aiguille percer la peau fine de son bras. Rapidement, le sérum pénétra dans ses veines, provoquant une légère sensation de chaleur au point d'injection.

Lentement, il sentit son pouvoir refluer, les esprits des membres de l'institut s'éteignant un à un dans son esprit, petites lumières faiblissant dans l'obscurité. Hermétique au monde, Charles ferma les yeux, appréciant enfin le silence qui s'installait dans son esprit. Peu à peu, la sensation dans ses jambes revenait, délicieux fourmillements qui débutèrent dans ses orteils et remontèrent peu à peu dans ses mollets, ses genoux, puis ses cuisses.

— A renouveler toutes les huit heures. Fit Hank, rangeant le pochon qui contenait les fioles.

Charles hocha la tête, prenant appui sur les bras de son fauteuil pour se lever sous le regard mi-exaspéré, mi-fasciné de son ami. Ses jambes étaient encore un peu fébriles, mais il pourrait se remettre en forme en quelques heures, il le savait.

En son fort intérieur à présent coupé du reste du monde, il sourit, marchant prudemment.

A nous deux, Erik.

Comment this paragraph

Comment

No comment