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1 - Prologue
2 - 1 - Rêve palpable
3 - 2 - The cutie stalker
4 - 3 - Rencontre gênante
5 - 4 - Plaisir fantomatique
6 - 5 - Fantôme avec opacité augmentée
7 - 6 - Palpabilité approuvée
8 - 7 - Le silence de la nuit
9 - 8 - Mal de dos et présentations
10 - 9 - Quand y en a pour deux, y en a pour trois
11 - 10 - Second round et doutes
12 - 11 - Ghosté
13 - 12 - Les deux coqs se battent pour la même basse-cours
14 - 13 - Vérité et mur de son
15 - 14 - Au rythme de la musique
16 - Épilogue
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Pythonisse

Prologue

— Andy ! Va t’occuper du client, s’il te plaît mon chou !

Depuis l’entrée de la salle de stockage, ma patronne m’interpellait. Je me hâtai de me relever, refermant le carton que j’étais en train de déballer pour le ranger puis me dirigeai énergiquement vers la boutique en essuyant mes mains à la va-vite sur mon pantalon.

Je travaillai dans cette petite épicerie de quartier depuis que j’avais terminé mes études. Au début, ce n’était qu’un simple emploi à mi-temps qui m’apportait un petit pécule confortable, suffisant pour sortir avec des amis et me bourrer la gueule quand c’était nécessaire.

Mais quand j’avais reçu mon diplôme, je n’avais pas pu me résoudre à partir. Je me sentais bien ici. Le travail en lui-même n’était pas particulièrement facile ou reposant, mais l’ambiance avec mes collègues et ma patronne me rappelait la maison, avec ma mère et mes petites sœurs. Comme de toute façon, mes études ne me convenaient plus, j’avais rapidement partagé mes doutes avec ma patronne qui m’avait proposé un CDI à temps plein que j’avais immédiatement accepté.

Alors, depuis deux ans, je venais ici presque tous les jours. Pour les autres employés et stagiaires, je me rapprochais plus du gérant que de l’employé, car la patronne était souvent absente et me laissait volontiers les rênes. À force, j’avais appris comment gérer le magasin sans qu’elle n’ait besoin de tout vérifier derrière moi et cette manière de fonctionner nous convenait parfaitement. J’étais donc devenu par la force des choses, le référent officiel de l’équipe. Il m’arrivait aussi souvent de venir en avance pour réceptionner les marchandises ou de rester pour faire les nocturnes.

Ma patronne, Madame Chang était une femme qui avait dépassé la soixantaine depuis quelques années et la dernière fois qu’elle avait aidé à décharger le camion, je l’avais retrouvée par terre. Elle avait ensuite été arrêtée quinze jours à cause d’une blessure au dos. Depuis c’était moi, parfois aidé d’une de mes collègues, qui me chargeait des tâches demandant de la force et elle avait l’interdiction de s’approcher du moindre carton, sous réserve de se faire réprimander par l’équipe entière.

Je traversai les rayonnages d’un pas rapide, apercevant un homme qui attendait pour payer ses achats et m’installai derrière la caisse en m’excusant pour l’attente. Mécaniquement, j’attrapai les articles puis les passai sur le scanner de code-barres.

— Est-ce qu’il vous faudra autre chose ?

— Non merci, me répondit une voix que je reconnus sans peine.

Je n’eus pas le temps de lever les yeux vers lui que mon visage était déjà écarlate et quand nos regards se croisèrent, je l’évitai.

— Ça vous fera un total de vingt-cinq euros et soixante centimes.

— En carte, précisa-t-il en me montrant son morceau de plastique pucé.

J’allumai le boîtier, entrai la somme totale puis le tournai vers lui. Tandis qu’il tapait son code, j’examinai son visage. Identique. Seule sa peau semblait légèrement plus foncée que dans mes souvenirs vaporeux. Mais ces cheveux noirs, ces yeux noisette, cette bouche sexy et ce sourire taquin. Non, je ne pouvais pas me tromper. C’était lui. Je le revoyais enfin ! La dernière fois était la semaine passée ! Cette rencontre était pourtant comme toutes les autres ; impersonnelle, rapide. Comme un client qui ne porte aucune attention au caissier qui lui fait régler ses achats.

La gêne s’empara de moi et je posai mon regard sur mon écran de caisse ; ce n’était ni le lieu ni le moment de penser à ça. Ce n’était ni très professionnel, ni très sain, pourtant l’idée était tentante. Le boîtier sonna, je lui rendis alors sa carte et m’empressai de ranger ses courses dans le sac en tissu qu’il m’avait donné en y ajoutant le ticket. En lui tendant, nos doigts se frôlèrent et je dus presque me mordre la langue pour ne pas hurler alors que tous les poils de mon corps se dressaient de stress.

— Merci ! À bientôt ! me dit-il avec un merveilleux sourire et un signe de la main.

Je hochai la tête, muet, jusqu’à ce qu’il passe les portes et s’en aille. J’étais conscient d’être ridicule, plus rouge que la couleur de notre enseigne et en train de faire attendre le prochain client, mais je n’y pouvais rien ! J’avais ce gars dans la peau, dans la tête ! Mon regard resta un long moment immobile à l’endroit où il avait disparu derrière le panneau des promos.

La femme âgée qui attendait se racla la gorge, comme pour me rappeler à l’ordre et j’eus envie de lui hurler à la manière d’un hystérique, de laisser le temps à mon cœur de se calmer. Heureusement pour l’éthique, je n’en fis rien. Je lui demandai même de m’excuser et pris ses articles avec un sourire purement commercial.

Tous ces gens autour de moi, ils ne s’en rendaient pas compte. Mais moi, je savais que j’étais un pervers de la pire espèce. La preuve était que, depuis presque un mois et ce, pratiquement chaque nuit, je rêvai de tout plein de choses sexuelles qu’on pouvait faire entre hommes. Quant à mon partenaire, mes fantasmes se tournaient toujours vers ce client qui n’en avait strictement rien à faire de moi.

Jusque-là, j’aurais pu ressembler à n’importe quel jeune homme entiché d’un autre. Rêver d’un gars ce n’était pas si grave. Pourtant, dans mes songes, nous avions une alchimie sexuelle démentielle que je n’avais connue avec aucun de mes partenaires et pour cause, j’avais des goûts légèrement particuliers en matière de sexe. Parce que, ce que j’aimais se résumait à peu de chose ; être souillé, utilisé par mon partenaire, jusqu’à ce que mon corps ne puisse plus suivre. Le sexe violent, c’était ça que j’aimais.

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