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MysticRose
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Chapitre 1.2 - Nyla

Nyla porta la main à sa ceinture, là où elle dissimulait un petit couteau bien affûté. Grâce à cette lame, elle pouvait couper les cordons de bourses bien trop lourdes pour leurs propriétaires. Elle balaya la foule avec des yeux de prédateur. Là, une redingote plus finement brodée que les autres, ici une cape doublée de velours. En silence, Nyla descendit de son perchoir. Un frisson familier lui parcourut l’échine alors qu’elle se coulait dans la masse, le regard rivé sur sa première victime : un homme corpulent, trop occupé à échanger des plaisanteries douteuses avec ses compagnons. Sa bourse oscillait négligemment à sa taille. Nyla s’approcha avec la souplesse d’un chat. D’un geste sûr, elle inséra sa lame sous la cordelette et détacha la petite aumônière en cuir en un clin d’œil. Sans un bruit, elle la fit disparaître dans sa poche.

Elle repéra une autre cible. Une dame vêtue de soie dont les doigts jouaient nerveusement avec les liens de sa pèlerine. Un léger coup de couteau et son butin glissa dans le creux de sa main. Elle s’éloigna rapidement. Elle était maintenant tout près de la procession et les deux bourses dérobées pesaient agréablement dans sa poche. La raison lui soufflait de filer avant que ses victimes ne réalisent qu’elles avaient été délestées de leurs biens. Pourtant, quelque chose battait dans ses veines. Une petite voix audacieuse qui lui répétait qu’elle ne pouvait pas en rester là, qu’elle pouvait obtenir plus. La tension qui montait autour du cortège, l’excitation de la foule… Tout cela la galvanisait.

Aujourd’hui, elle pouvait aller plus loin.

Elle voulait aller plus loin.

C’est alors que son regard se posa sur elle.

La dame à l'allure provocante.

Un réticule brodé de fils d’or dépassait entre les pans de son somptueux manteau. Et il contenait certainement plus qu’une poignée de pièces.

Ce serait de la folie. Voler cette femme, dans un moment pareil, alors que tous les regards étaient tournés vers elle. Mais plus elle y pensait, plus le défi devenait irrésistible.

Elle en était capable.

En un éclair, la fillette glissa entre les corps et se rapprocha furtivement de la procession. L’adrénaline frémissait jusque dans ses doigts. Cette dame, aussi riche que scandaleuse, représentait tout ce qu’elle méprisait et enviait à la fois. L’arrogance de la noblesse, la force et le courage d’une femme qui n’a peur de rien. En quelques secondes, Nyla fut assez proche pour inspirer les notes entêtantes et sophistiquées de son parfum. Son cœur cognait dans sa poitrine alors qu’elle effleurait le manche de son couteau. Un mouvement rapide et maîtrisé, et la cordelette céda. Sans un bruit, le petit sac atterrit entre ses doigts.

Mais le poids de son butin n’était pas aussi lourd que le regard qu’elle sentit peser sur elle.

Elle leva la tête et ce fut comme si le temps s’arrêtait.

La femme la fixait.

Sans surprise ni colère. Seul un sourire étirait ses lèvres. La lueur amusée dans ses iris fit tressaillir Nyla. Elle aurait dû paniquer, prendre la fuite. Pourtant, elle était clouée sur place.

Le garçon se tourna vers elle. Ses yeux glissèrent sur elle, puis sur le réticule qu’elle pressait contre sa poitrine, et ils devinrent aussi durs que la glace. Le corps tendu, il amorça un mouvement vers elle. Sa mère posa une main ferme sur son épaule. Un geste suffisant pour l’arrêter net. Nyla recula, lentement, s’attendant à ce que la femme ou son fils la dénonce dans la seconde suivante. Mais, ils n’en firent rien. Le cri fusa de la foule :

— Voleuse !

Comme une traînée de poudre, l’accusation propagea la panique. Les hallebardes de la garde royale s’agitèrent au loin, au-dessus des têtes. Sans réfléchir, Nyla passa au travers du cortège, renversant les héritiers sidérés. Elle traversa la place avant de se jeter dans les rues bondées, zigzaguant entre les badauds et les étals des marchands. Des voix s’élevèrent dans son dos :

— Rattrapez cette vermine !

Nyla accéléra, le souffle court. Elle bousculait des passants qui la fusillaient du regard, glissait entre les mains des commerçants furieux qui tentaient de l’arrêter. Ses petites jambes filaient à toute allure. Son cœur battait à tout rompre.

Fuir. Disparaître. Vite.

Bientôt, les voies devinrent plus étroites, plus sombres.

Un labyrinthe sinueux et nauséabond qui lui était familier.

Elle jeta un coup d’œil derrière elle. Les hallebardes étaient loin. À peine visibles, elles peinaient à se frayer un chemin à travers la foule compacte.

Elle s’engouffra dans les ruelles tortueuses qu’elle connaissait par cœur. Les pierres noires et crasseuses des bas-fonds de Coralis lui permettraient de semer ses poursuivants pour de bon.

Elle s'engagea dans une impasse. Là, une porte entrouverte, usée par les années. Elle se faufila à l’intérieur.

Le silence enveloppa Nyla comme une couverture.

Elle s’adossa contre un mur humide et froid, essayant de calmer sa respiration haletante. Elle écoutait, tendue, prête à fuir de nouveau. Rien. Rien d’autre que son souffle rapide, erratique.

Elle baissa les yeux et regarda le réticule serré entre ses mains. Un blason représentant un vieil arbre aux racines entrelacées et profondes était brodé sur le tissu.

Tremblante, elle examina son butin. Des pièces d’or, des écus gravés des armoiries royales. Plus d’argent qu’elle n’en avait jamais vu au cours de sa courte vie. Elle apprécia la sensation puissante du métal précieux sous ses doigts.

C’était une jolie somme, et elle lui permettrait de survivre un peu plus longtemps. Mais elle savait qu'aucune richesse ne pouvait guérir la solitude. Cet or ne comblerait jamais le vide en elle, il ne lui rendrait jamais ce que la noblesse et sa maudite magie lui avaient pris.

Rien ne le pourrait jamais…

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1 Comment

2 months
Nyla n'a pas l'air d'avoir eu une vie sans soucis... Quelque chose me dit qu'elle va devoir revoir ses positions sur l'aristocratie 🤔
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