Sophia
Tous mes membres sont endoloris par l’effort, je m’écroule une nouvelle fois sur le sol quand Lana me donne un coup de pieds dans le vendre, mon souffle se coupe. Lana se précipite vers moi, elle me tend la main, que j’attrape pour me relever.
— Bon, je vais être franche, on a encore du travail !
— Merci pour les encouragements Ellis.
— Sophia, tu es très forte en course, mais en combat, tu es… Nul.
J’ouvre la bouche et la referme, vexé. Mais au fond Ellis a raison, je ne sais pas me battre, ça fait six fois qu’on recommence et Lana me met au sol à chaque fois,
— Il faut simplement que tu es la bonne manière de faire. Tu n’anticipes pas assez les coups. Tout doit passer par ton regard et ton esprit.
— Et comment je fais ?
— Tu dois essayer de penser comme Lana, essayer de comprendre ton adversaire. Qu’est-ce que tu as remarqué chez Lana ?
Je me remémore nos derniers combats, mais mon cerveau pense surtout à tous les moments où elle m’a plaqué au sol, avec une facilité déconcertante,
— Je n'en sais rien.
— Concentre-toi Sophia.
— Elle utilise toujours son poing droit pour frapper et elle prend appuie sur ce même côté.
— Tu vois, c’est ça dont tu as besoin quand tu te bats, comprendre comment fonctionne ton adversaire, est-il gaucher ou droitier ? a-t-il une ancienne blessure que tu pourrais utiliser pour le blesser plus facilement ? Ton cerveau et tes yeux sont tes outils les plus importants, ne l’oublie pas.
Je hoche la tête et demande à Lana de recommencer, on se met en position, mes poings placés devant mon visage, Lana me fixe, j’essaye de décrypter ce qu’elle pense, mais je ne pense à rien, c'est comme si mon cerveau se brouillait, plus aucune information ne pouvait surgir dans mon esprit. Lana avance vers moi, elle essaye de m’assommer d’un coup de poing, mais je l’esquive, de justesse. Ellis m’encourage sur le côté, Lana s’avance vers moi, je recule de plusieurs pas. Je délaisse ma garde pour essayer de donner un coup à Lana, mais elle me donne un coup de pied en plein dans ma cote, je tousse le souffle coupé,
— Putain.
Lana s’approche de moi, mais je suis en colère, j’en ai marre de me faire massacrer à chaque fois. Je me relève et donne un coup dans le genou de Lana puis une droite, elle tombe sur le tapis,
— Bien jouées Sophia, On va passer aux armes. Je reviens, je vais chercher un mannequin.
Je tends ma main droite à Lana qui la prend,
— Tu veux de l’eau ?
Je tends une bouteille d’eau à Lana, elle la prend, un léger sourire sur le visage. Elle prend une gorgée d’eau puis elle lève les yeux vers moi, je fronce immédiatement les sourcils, je commence à la connaitre, je sais qu’elle va me poser des questions sur ma vie personnelle et me confier n’a jamais été simple pour moi, je réfléchis toujours avant de parler, j’analyse pour savoir si je peux faire confiance à la personne en face de moi.
— Tu peux me parler un peu de toi ? Hier, tu étais évasif quand tu répondais à nos questions.
— Je n’aime pas trop parler de moi, puis ma vie, c'est arrêter quand j’avais quinze ans.
— Pourquoi ? C’est la raison de tous tes tatouages ?
— Tu sais, on a tous un passé, le mien est aussi noir que l’encre sur ma peau. Parler de ce qui s'est passé il a dix ans, serait retourner en enfer.
Lana me regarde avec compréhension, elle ne cherche pas à en savoir plus. C’est vraiment étrange d’avoir la sensation d’être comprise, j’ai toujours été seule, je ne sais pas ce que le mot amitié veut dire, mais avec Lana, je commence à comprendre. Les quelques minutes de pause passent vite, Ellis revient déjà avec un mannequin en plastique dans les bras, il le pose au centre du tatami et nous demande de revenir. Il s’avance vers moi et me donne un couteau noir, souple, léger et en titane, ce couteau est plutôt pas mal,
— On va commencer par faire un combat entre vous deux, j’aimerais voir la technique de Sophia avec une vraie adversaire.
Lana se place encore et toujours devant moi, elle tourne et retourne son couteau dans sa main, je m’avance vers elle, plus confiante, je tiens le couteau fermement dans ma main, Lana s’apprête à m'attaquer et je lui enfonce sur quelques centimètre le couteau dans la cuisse, Lana hurle de douleur, je ressors le couteau et le balance, Lana s’effondre sur le tapis, j’arrache le bas de mon t-shirt et appuie sur la plaie de Lana,
— Donc tu sais manier les couteaux ?
— J’ai appris en Italie.
— Qu’est-ce que tu caches d’autres Soph ?
Je ris tout en appuyant un peu plus sur la plaie, Lana grimace de douleur, Ellis appel un médecin, qui arrive à ma grande surprise très rapidement, il fait un garrot à Lana et la met sur un brancard, Ellis l’aide à soulever et ils partent me laissant seule dans la grande pièce, je jette dans la poubelle mon bout de t-shirt plein de sang et essuie la lame de mon couteau avec un chiffon qui traine, je pose le tissu taché sur la chaise où se trouve mon téléphone, que je finis par prendre tellement l’attente est longue, j’ouvre les messages de mon parrain qui me croit toujours dans un camp pour adolescent à problème,
Coucou, my blossoms, comment vas-tu ?
J’ai essayé de t’appeler plusieurs fois, rappelle-moi, je m’inquiète.
Tu dois être surement occupé, j’aimerais bien qu’on se fasse un cheeseburger.
Coucou Parrain, je suis désolée, j’étais très occupée.
J’adorerais manger un cheeseburger, je t’appelle quand je suis libre.
Je t’aime.
Ellis arrive dans la foulée, je pose mon téléphone,
— On reprend ?
J’opine du chef, je me lève difficilement, mon corps me fait affreusement mal. Je reprends le couteau et me met face au mannequin, Ellis me donne quelques techniques que je mets en œuvre,
— Fait attention, tu devrais plus prendre appuie sur ta jambe droite.
Comme me l’a conseillé Ellis, je m’appuie sur ma jambe droite et en effet mes coups semblent plus faciles,
— Essaye un lancer, recule de dix pas.
Je compte dix pas et me remet en position, je prépare le couteau dans ma main, mes yeux fixent le mannequin, je me concentre sur ma cible,
— Vise où tu veux.
Je pivote de quelques degrés en arrière, je mets toute ma force dans mon bras et je tire, le couteau se plante en plein cœur. Ellis frappe dans ses mains, content,
— Ok, je crois que les couteaux, tu sais gérer. Tu as déjà essayé le tir à l’arc ?
— Oui et je suis aussi doué, mais les couteaux, c'est plus simple, plus discret.
— Pourquoi tu as appris à manier les couteaux ?
Il détache le mannequin et le pose contre le mur du fond,
— Par peur. Je voulais être capable de me défendre. Alors, j'ai pris des cours de lancer de couteau.
— Et les armes ? Tu sais tirer ?
— Je hais ça.
— Tu vas devoir y passer, c’est dans ton contrat. Suis-moi.
C’est le cœur en alerte, que nous nous dirigeâmes vers le centre de tire, mes mains se mettent à trembler, mon cerveau s’embrume de mauvais souvenirs, Ellis place une arme entre mes mains, des larmes prennent possessions de mes yeux, Ellis m’aide à bien me placer, l’arme droite vers la cible, prêt de mon visage, mes bras sont rigides et vibre de peur. Mon cerveau me replonge dans mon passé, je suis allongée sur le sol froid, mon père est à genoux dans la pièce, tout est flou autour de moi, je ne vois que mon père suppliant la personne devant lui de me laisser partir, des larmes bouillantes glissent le long de mes deux joues, se faufilant jusque dans mon cou. Mon père continue de négocier, mais un bruit sourd aussi fort qu’un feu d’artifice résonne dans la pièce, le sang se répand sur le sol, mes mains se couvrent de son sang, j’ouvre enfin les yeux…
Ellis m’enlève l’arme des mains quand je regarde la cible, je vois une balle en plein cœur, une larme glisse le long de ma joue, il avait une balle dans son cœur.