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Chapitre 1

Jeanne

13 janvier. Demain aura lieu le bal des débutantes. Tout le monde s'affairait dans le château. Le bal des débutants était un événement regroupant des jeunes filles de 16 à 20 ans, pour se présenter à la société. Un garçon leur était attribué et elles devaient dansaient avec lui. C'était un moment que chaque jeune femme attendait impatiemment. Sauf moi. Le bal aurait lieu dans une immense pièce tout en longueur. Sur le côté, avait été placé de grandes baies vitrées donnant sur les jardins, imaginés il y a plus de 300 ans. Les débutantes étaient logées durant un mois, durant lequel elle apprenait la bonne conduite dans notre société mais également les danses prévues pour le soir du bal. Cela faisait un mois que je m'entrainais avec les autres, et ce soir nous étions autorisés à retourner auprès de nos famille, pour la dernière soirée. Dans une salle adjacente à celle du bal, des serveurs se deplaçaient dans tous les sens pour la préparer au mieux avant l'arrivée des invités le lendemain. La pièce n'était pas beaucoup plus petite que celle du bal mais était configurée davantage en largeur qu'en longueur. Des tables drapées de nappe blanche remplissaient l'espace.

- Les filles, retournez dans votre loges, préparez-vous et rejoignez moi dans la salle du bal pour la répétition, cria l'organisatrice, mais également professeur de danse.

La visite était finie. On se dirigea toutes rapidement vers nos loges situées un étage au-dessus de la salle de balle. Un immense escalier arrondi reliait les deux. Notre loge logeait une dizaine de coiffeuses, de chaque côté de la pièce, toutes collées les unes aux autres, chacune attitrée à une personne. J'allais m'asseoir tout à droite dans le fond. Je tirais ma chaise et posais mes fesses dessus. Je me regardai dans le miroir. Je détestais le reflet que je renvoyais. Mes yeux étaient trop petits et bien trop sombres, ma bouche ne comportait que de trop petites lèvres et mes taches de rousseur prenaient tout l'espace de mon nez. Et puis ma mâchoire, elle n'était pas droite et structurée comme toutes ces autres jolies filles. Je n'avais jamais demandé à faire partie de ce bal.

Je ne voulais pas être ici.

Je pris ma brosse noir posé sur ma droite et commença à discipliner ma masse brune. Quand j'étais petite c'étaient les gestes de ma mère. A présent, mes cheveux m'arrivaient dans le bas du dos. Depuis la mort de ma mère, je ne les avait jamais coupés, comme si elle vivait encore un peu avec eux.

Puis j'ouvris ma palette à maquillage et commença à l'appliquer doucement sur mon visage. J'aimais le maquillage, il masquait tous mes défauts. Il m'aidait à me montrer aux autres comme je voulais qu'on me voit.

Puis je m'emparai de ma robe de bal, accrochée à un cintre sur ma droite. Je me changeai et l'enfilai. C'était un bustier bleu pailleté rattaché à un bas plus lâche, bleu également. Je la trouvais magnifique. Le bleu était ma couleur préférée. Puis, je saisis mes chaussures posées dans un coin de la pièce et les chaussa. C'était des talons pas très hauts, argentés et pailletés.

Une fois prête, je sortis des loges et descendis l'immense escalier. Je me tins à la rampe à ma droite. Au-delà, c'était le vide vers un immense hall. Celui-ci menant ensuite dans la salle de bal.

La majorité des autres jeunes femmes étaient déjà présente, toutes dans des couleurs et des formes différente de couleur. Je n'étais pas la seule à en avoir une bleu. Une autre fille, du nom de Sarah, en portrait une resserré autour de ses hanches.

On attendit quelques minutes que tout le temps soit là. Nous formions un cercle autour de notre organisatrice, Anastasia.

- Très bien, je vais vous demander de refaire votre entrée en vous plaçant par la suite à vos places attribuées.

Les unes derrière les autres nous sortîmes pour rentrer à nouveau. Je me plaçais face aux baies vitrées, dans la ligne de la porte d'entrée. Une fois placées, nous danseront chacune un peu individuellement en attendant que notre cavalier nous rejoignent. La procédure faisait que çe serait notre futur époux qui viendrait à nous. Mais j'avais réussi à convaincre mon père de laisser mon meilleur ami m'accompagner. Je ne voulais pas me marier de toute façon. Pas à à peine 18 ans.

- Parfait, maintenant dansez.

La musique " Carmen act 1 : l'amour est un oiseau rebelle " se lança.

Je m'exécutait. 1,2,3. 4,5,6. Les pas s'enchaînaient rapidement dans ma tête. Je les connaissais par cœur. Mes pieds se déplaçaient de droite à gauche, dans le même rythme que la musique. Mes mains se mouvaient sur mon corps et celui-ci tournait de temps à autres, mon regard passant des baies vitrées à la porte derrière moi. Demain, les invités seront placés un peu partout dans la salle pour nous regarder danser.

On continua de répéter de cette façon presque tout l'après-midi.

Quand Anastasia nous annonça la fin, mes pieds étaient endoloris et ma robe commençait à m'oppresser malgré sa légèreté.

Je me dépêchais de remonter aux loges pour me débarrasser de mes vêtements et pouvoir remettre ceux avec lesquels j'étais à l'aise. C'est à dire, un pantalon fluide sombre et un top blanc sous un manteau noir.

- Salut les filles, à demain, dis-je avant de m'éclipser par la porte du fond, menant dans un couloir.

Je pris à droite, descendis d'autres escaliers, ceux-ci plus effacés et poussa une dernière porte pour me retrouver à l'avant du château, vers la chaussée.

Je sortis mon téléphone et composai le numéro de mon chauffeur. Il n'était plus enregistré, mais mon père avait été catégorique, je ne devais pas rentrer seule.

- Allo ? me répondit une voix masculine au bout du fil

- Oui, c'est moi Jeanne, j'ai fini, je t'attends devant le château.

- Très bien, j'arrive, attends moi

- Bien sûr

Et je raccrochai.

Après de longues minutes, sa voiture finit par arriver devant moi. Inconsciemment j'eus voulus ouvrir la porte de derrière mais il me rattrapa et ouvrit celle du passager. En entrant à l'intérieur de la bentley noir, je senti sa main rugueuse éfleurer la mienne. Il referma la portière, remonta en voiture et me ramena chez moi. Enfin, chez nous.

L'automobile tourna à droite, dans une entrée en pierre. Elle s'arrêta devant l'immense maison crème, aux deux étages. Je descendis de la voiture avec l'aide de mon chauffeur qui garda un peu trop ma main dans la sienne.

Le long de l'allée que nous avions emprunté, se tenait des buissons coupés à la perfection.

Je me retournai et observais cette maison dans laquelle j'avais grandi. Je m'avançais vers la porte et tournai la poignée. Une large entrée accueillait ses visiteurs. Sur la gauche, il y avait une cuisine ouverte sur un large salon. Tandis que sur ma droite se trouvait une salle de jeux, surtout utilisée lors de soirée organisée pour le travail de mon père. J'empruntai l'escalier placé en face de moi et gravis les marches vers le premier étage. Celui-ci était principalement réservé aux invités, avec des chambres, des salles de bains et des toilettes, le tout réparti sur des couloirs serpentant autour de la maison. C'était également l'étage où couchait mon père. Je continuais mon chemin et gravis un petit escalier caché derrière un rideau et qui menait au deuxième étage. C'étaient mes parents qui m'avaient attribué cet espace pour mon confort personnel. J'avais toujours trouvé cela trop grand. Moi je m'étais créé un petit espace dans le recoin gauche de la pièce où était installé un lit double et des étagères remplies de livres. Un bureau se trouvait également près du lit où résidait principalement toutes sortes de croquis.

Je m'affalai sur le lit, retrouvant l'odeur rassurante de mon doudou lion. Il s'appelait ion-ion et me suivait depuis ma naissance. Il avait tout vécu comme moi. Je pouvais lui parler pendant des heures en sachant pertinemment qu'il ne me jugerait pas. Mon doudou c'était un peu le premier amour de ma vie finalement.

Je n'eus pas le temps de tellement me reposer que des coups se firent entendre contre le mur. Il n'y avait pas de porte menant à ma chambre, simplement un rideau qui séparait le couloir de ma pièce.

- Oui ?

- Jeanne, c'est Edouard

Il ne pronçait jamais le mot "papa".

- Entre

Une tête fit son apparition derrière le rideau bleu.

- Comment ça va ma chérie ? C'était bien ce mois ?

- Oui, papa, géniale, répondis-je ironiquement, levant les yeux au ciel

Il fronça les sourcils.

- Tu n'as pas aimé ?

Je plongeai mes yeux dans les siens. Il se rapprocha de moi et s'assit à mes côtés sur le matelas.

- Tu sais très bien ce que j'en pense, soufflais-je, exténué d'avoir toujours la même discussion.

Il posa une main sur mon épaule. Je la dégageai.

- Jeanne, je ne vais pas me répéter...

Je me levai, le regard braqué sur lui. Son regard était tourné vers le sol.

- Alors n'en prends même pas la peine. Je sais très bien ce que tu penses et ça me suffit ! Parce que depuis la mort de maman..

Ses yeux se relevèrent rapidement vers les miens

- N'ose même pas...

- Depuis la mort de maman tu ne penses qu'à toi ! C'est ça la vérité ! Et mon bonheur ? Tu n'en as absolument rien à faire !

Il se leva à son tour, me défiant de sa hauteur.

- Ton bonheur ? C'est vraiment cela que tu me reproches ? A moi ton père qui ai toujours voulu que le meilleur pour toi ? Je te signalerai que je t'ai inscrit à ce bal pour te faire une place dans la société.

- C'est pas possible...

Je me passai une main sur le visage.

- Quoi encore ?

- M'as-tu même demandé mon avis ?

- Bien sûr que non, c'est pour ton bien

- Hé bien mon bien serait de ne pas avoir un père qui ne pense qu'au fric et qui ne sait même pas ce que sa fille souhaite réellement.

Il recula d'un pas, le visage fermé. Le mien bouillonnait. Je n'avais jamais parlé de ce ton à mon père et je savais que je pourrais le regretter à un moment donné.

- Ce " fric" comme tu l'appelles fait partie de notre nom et de nos générations. Je veux juste que toi aussi tu réussisses à te faire une place dans cette société. Surtout en tant que femme.

- Et donc tu veux me marier ? Tu veux me donner ma main pour quoi ? L'argent ? Les générations ?

- Ton bonheur Jeanne

Ma mâchoire se contracta. Mes yeux s'embrumèrent.

- Mon bonheur papa, ce n'est pas ça, et ça ne le seras jamais

Edouard se dirigea vers la porte et sans un regard en arrière ajouta

- Tu te marieras, que tu le veuilles ou non, et tu me remerciera plus tard.

Il tira le rideau et disparut derrière celui-ci. De mon côté, je me rassit sur mon lit et fondi en larmes.

Cela faisait déjà un certain temps que je n'avais plus confiance en lui mais entendre ces mots sortirent de sa bouche de cette façon là faisait toujours aussi mal.

Comme d'habitude, pour me détendre, je décida de sortir une feuille de papier et d'y dessiner mes émotions. Cela dure quelques minutes, ou quelques heures, je ne savais plus. Ma vision était floue et pourtant je voyais nettement tous les traits de mes dessins.

Au milieu de la nuit, ou du matin, je pris une douche froide, pour me réveiller. Mais rien à faire, notre discussion m'avait replongé dans cet immense trou noir. Alors, je fourrai ma main dans le tiroir du haut de ma table de chevet et en sorti un flacon de médicaments. Je les piquais de temps en temps dans l'armoire à pharmacie de la salle de bain commune.

Je les laissai tomber sur ma main. Il y en avait de toutes les couleurs.

Je les fixai de longues minutes, mon cerveau tournant à mille à l'heure. Trop de questions se bousculaient dans mon esprit.

Et si j'avalais ces médicaments ?

Ils arriveraient peut-être à estomper ma douleur

Mon regard resta fixé sur eux encore un bon bout de temps avant que je décide de les reverser dans le flacon et de ranger celui-ci au fond du tiroir.

Une prochaine fois...


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