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Chap 3: Anticipe le Vodka-Doliprane (Yvan)

Salle de réunion, 13h58

Dans un dernier regard vers son téléphone, l'homme vérifie si son billet a bien été validé sur le site en ligne, afin de pouvoir rentrer chez lui sereinement.

C'est con d'avoir le permis et de n'avoir jamais pu se payer une voiture, même quelconque.

Il connaît ce pays pour les imprévus et surtout pour les grèves, les retards, les dysfonctionnements.

Chez lui, tout était acté, ça ne se passait jamais comme ça.

Mais encore pire; là-haut, il n'y avait pas toute cette vague de violence.

Ou alors, ça lui semblait moins brutal car il mettait ça sur le coup de la patrie, et de toutes ces conneries.

Aimer la Russie est une allégorie.

"-Encore deux minutes. On va bientôt commencer. Installez-vous."

Donnant les dernières directives, l'équipe opérationnelle se met en place, bien silencieuse, traduisant une certaine anxiété.

En même temps, ils sont en alerte, et ce n'est pas prêt de s'arrêter.

Oh que non, il paraît que ça va continuer, de plus belle.

Comme dans une sorte de crescendo dans le dernier opéra rock de l'année.

Alors, tout le monde s'installe peu à peu, dans un calme presque militaire, les visages graves et ternes.

Puis, il y a lui, qui regarde depuis le haut de la tour, le sol qui se dérobe à des centaines de mètres.

C'est impressionnant cette hauteur, mais pas autant que cette envie de cracher.

Des milliers de mots sur un tableau de bord.

D'ailleurs, qu'est-ce qui l'empêche d'attraper ce feutre et juste de créer ?

Il est juste un pauvre flic, spécialisé dans le terrorisme, voilà tout.

Alors la poésie, il peut la ranger au placard, parmi ces dossiers poussiéreux, que personne n'ouvre plus jamais.

Il ne restera que les couronnes de fleurs sèches pour pleurer, encore un peu.

"-Bien. Je pense qu'on est bon. On va démarrer cette réunion de crise, merci d'être venu."

L'informaticien attribué s'occupe de projeter un diaporama, histoire que le personnel ne s'endorme pas; car oui, depuis quelques jours, on sent les nuits blanches et les nerfs abîmés.

Encore heureux que la caféine tourne dans les mains.

Toujours, encore et encore, les mêmes tourbillons innocents.

Mais à ce stade, il faudrait presque se rincer la bouche de vodka-Doliprane.

Endiguer et anticiper.

"-Je ne vous refais pas le bilan des pertes. C'est une catastrophe. Les suspects sont toujours en fuite. On travaille en coordination avec Interpol. Des infos sinon…?”

A tour de rôle, quelques personnes interviennent pour étoffer les dernières nouvelles, mais rien de très intéressant.

C'est toujours la même chose, une cavale qui leur échappe, malgré les caméras de surveillance et les frontières.

C'est du délire, comme dans un film à la Matrix.

Surtout en 2024, ça craint.

"...On continue de se pencher sur ce dossier. On ne peut les laisser s'échapper ainsi, ils méritent d'en payer le prix, n'est-ce pas ? Bien, passons aux différentes alertes à la bombe dans la capitale, aux points stratégiques et à nos communications avec les différents Ministères."

Quelques feuilles défilent, en même temps que des images.

Des mesures ont été prises la nuit dernière, que ce soit des arrêtés ou des décrets, annonçant un couvre-feu par prudence.

Oui, c'est vraiment l'apocalypse.

Mais, il ne faut prendre aucun risque.

Pas un seul.

Ce serait bien trop.

Un faux-pas ne pardonne pas.

Une seule chute, et tout s'effondre.

Comme un château de cartes.

La réunion s'éternise tant il y a de questions à traiter et un climat anxiogène qui s'installe, ce qui est mauvais pour travailler correctement.

De plus, depuis quelque temps, les arrêts de travail s'accumulent.

Comme les suicides, mais ça on le passe sous silence.

Cela ne doit pas être si grave, non ?

Prenons gage de l'omerta.

Vivons nos vies tranquillement.

"-...Oui, on a installé des patrouilles dans les grands événements, bien que la plupart soient annulés. On a des CRS, la BAC, bref, même l'armée. Je peux vous dire que c'est sérieux, vraiment. Soyez prudents."

Certains demandent s'il y aura des missions sur le terrain, de véritables malades mentaux.

Mais c'est vrai que rester coincé dans cet open space, c'est déjà ennuyeux et c'est aussi, se sentir ennuyeux.

Déclarer forfait, baisser les armes.

Le commandant en chef des opérations hésite, se grattant le menton, peu convaincu.

"-Normalement, on ne fait pas de la surveillance, c'est nos collègues, sauf par manque d'effectif, en général, on arrive après les dégâts je vous rappelle."

Soupirs; mais c'est un beau résumé de leur métier farfelu.

Arriver après que les vitres soient brisées et que le verre, taché de sang, jonche le quai désert et mortuaire.

C'est ainsi que constitue cette police, qui mène un vrai travail d'orfèvre, recherchant le moindre indice, menant l'enquête jusqu'au bout pour avoir le maximum de preuves pour mener un procès à bien.

Car là est l'objectif; que ces salauds en paient le prix.

Même si rien ne vaut la vie.

Encore plus celles, de tas d'innocents, amassés dans les gravats de l'inconscience.

On vient apporter de tristes nouvelles au chef, penché vers son oreille pour dissimuler aux autres interlocuteurs ces informations capitales; c'est là que repose la responsabilité du plus haut placé.

Tout garder pour soi ou exploser en beauté, dans un feu d'artifice de chair.

Trop tard; la suie se déverse déjà sur les murs de l'habitacle ; triste conclusion.

"-...Je pense qu'on va aller sur place au final. On a une drôle d'affaire sur le coup.  Un corps a été retrouvé sur une voie après une explosion. Visiblement, ce serait terroriste."

Un collègue se permet d'allumer la télé; diffusant déjà des images de la gare, peu à peu évacuée à cause de cette alerte et de ce triste constat.

Des voyageurs dans l'incompréhension sont dans le même temps interviewés.

"-On ne sait pas trop ce qu'il s'est passé. Il y a un eu un gros BOUM. Une énorme explosion.

-J'étais dans le train. Il paraît que le type se l'est pris de plein fouet, le conducteur n'a pas pu freiner. Cela a fait un bruit monstrueux. Horrible."

C'est quoi ce bordel ?

Yvan essaie de trier, essayant de se représenter la scène.

Selon ses sources proches, il sait juste qu'il y a une cage thoracique encore chaude sur les rails; c'est pire que d'être tombé dans la fosse aux serpents.

Un sombre bourbier.

On dit plutôt dossier sordide.

Puis, affaire classée.

“-On fait quoi, chef ?

-On reporte la réunion à plus tard. De toute façon, on a dit l'essentiel. Assurez-vous que le service fonctionne encore. L'équipe de terrain va me suivre. On se rend sur place pour faire le nécessaire et constater si c'est de notre ressort. Je ne la sens pas cette histoire."

Puis, il attrape sa veste dans un geste de volte-face, la mettant sur ses épaules avant de se dépêcher de quitter les locaux, suivi d'une dizaine de personnes, armés de matériels pour la plupart.

"-Au fait on s'équipe ? On fait quoi ? On reste en civil ?

-Vous en portez de drôles de questions. Armez-vous. Gilet pare-balle si ça vous rassure. Mais surtout, votre brassard. On doit s'identifier auprès des autres services."

Il sait déjà que là-haut, c'est la guerre à proprement parler, le chaos dans toute son allégresse.

Entre la criminelle, la balistique, la police scientifique, et même les journalistes, ça va faire une foule énorme.

En France, c'est un fourmillement constant, de noms compliqués, autour d'une administration qui n'est pas mieux.

Au moins ici, on laisse une place au droit.

Sous la neige, il n'y a que des balles dans la tête, discrètement dans les rues froides, avant de replacer le revolver sous l'imperméable beige.

Puis, on s'enfile une bouteille de vodka avant de reprendre le volant.

Aussi simple que ça.

Aussi simple qu'une berline qui voyage.

Panique à bord.

Est-ce que le Mur de Berlin a refait son apparition ?

Où est passé la Dash Cam ?

L'homme n'a pas le temps pour ses divagations politiques et historiques habituelles, il se prépare dans les vestiaires, sentant ses articulations s'échauffer, et étrangement, son cœur, digne du Pôle Nord.

Il charge son holster, qu'il accroche à sa ceinture, dans une allure de cowboy du siècle dernier.

Il ne prend pas la peine de se protéger plus que ça, il n'a pas envie de passer pour un con, autant crever dignement sur la voirie.

Dans une veste en cuir marron froissée, des cheveux en bataille et des lunettes plus que carrées, traduisant la sévérité et quelque peu, le mal du pays.

Pourquoi tant de négativité ?

Où sont les vraies voix ?

"-On part dans quelle bagnole ? On fait comment ?

-Il y a sûrement plusieurs fourgons. Suivez vos coéquipiers ! "

Que des incapables...

Et dire, que lui, maîtrisait à peine la culture française, il avait bien du mal à s'acclimater aux températures douces, il ne posait pas de questions aussi débiles.

Il manque de vitalité, et surtout d'initiatives ici; il faut toujours suivre la procédure, bien que longue.

Lui rêve que quelqu'un bouscule les codes.

A en faire trembler les murs de poussière.

Yvan descend les derniers étages; ces mocassins frottent le parquet avec davantage de vitesse que ce matin.

C'est bien d'être habillé comme un businessman mais ça a ses inconvénients.

Surtout avec des petites talonnettes; ça glisse sur les tapis.

Mais, c'est une autre histoire.

Comme cette foutue cravate qui lui enserre le cou et l'enferme dans un carcan.

Dans sa descente, il défait le nœud de celle-ci, cherchant de l'air.

Un peu de chaleur avant de retourner en Enfer.

Il n'y a pas pire qu'une gare aux heures de pointe.

Encore plus, sous alerte.

Toutes les sorties sont condamnées.

Il indique encore quelques instructions à des recrues pour la plupart du temps, complètement paumés.

C'est bien d'employer, dans diverses branches, mais merde, jouer les entremetteurs tout le temps, ça devient usant.

Il donnerait n'importe quoi pour être assis au café de Flore; observer les géraniums rouges du printemps, avant de leur faire des éloges dans un carnet défraîchi.

En attendant, il marche dans une flaque d'eau, foulant le pavé, là où il a souvent passé sa vie, de manière pressée et stressée.

On veut sa mort.

Il l'entend.

"-Chef. Tout est prêt. On vous attend.

-Bien. En route. On se tient au courant."

Il salue donc, des collègues montant dans un autre camion blindé, aux vitres teintées.

Yvan s'installe à l'arrière, récoltant différentes informations sur son portable, qui ne cesse de sonner.

Non, ce n'est pas une amante ou le Tsar qui a besoin de lui.

Mais l'État dans toute sa puissance.

La Terreur règne dans les rues, il n'y a plus personne à cette heure-ci.

Il est 14h34, c'est un désastre.

Il n'y a que la poésie qui permet d'échapper aux désastreux, aux insidieux.

Heureusement que la musique existe.

Dès qu'il ferme les yeux, il savoure chaque note, en apercevant une silhouette.

Se mouvant comme un serpent, aux brillances dorées.

La Faucheuse a changé de camp.

Bon baisers d'ici...

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