Troisième personne
Seize heures tapantes et des bruits de pas résonnent dans l’escalier de bois de la veille maison. Les craquements indiquent progressivement l’avancée jusqu’à la chambre avant que la porte ne s’ouvre lentement sûr une femme. Visiblement la quarantaine, des cheveux bruns avec quelques mèches colorés en noirs. La femme examine la pièce de son regard brun avant de sourie tendrement en voyant une boule de couverture dans le lit.
- Sasha ? Il faut te réveiller, il est tard, déjà. J’ai besoin que tu ailles faire des courses pour moi ok ?
L’absence de réponse la force à approcher et à venir poser une main sur la fameuse Sasha qui grogne devant cette intervention sur son sommeil.
- Vraiment ?... Je ne peux même pas dormir le jour de mon anniversaire ?
- Je crois bien que tu as déjà pas mal dormi. Tu sais qu’il est déjà seize heures, il va falloir penser à se lever.
- Ouais, je sais, mais c’est ma faute, j’ai joué à Dead By Daylight toute la nuit pour passé irisé I.
Un soupir et la maman se relève du lit pour aller ouvrir doucement les rideaux noirs qui recouvrent les fenêtres.
- Aller debout.
Conclut-elle avant de quitter la grotte de sa fille et de continuer les préparations pour la soirée en famille qui les attend.
Le soleil en plein sur le visage, il n’y a plus le choix. Après un râle habituel à chaque matin, Sasha se lève tout en passant une main dans ses cheveux longs.
« On se motive, on se motive. »
Passage obligatoire dans la salle de bain, la rouquine va donc prendre une douche, abandonnant son t-shirt Nirvana au sol. C’est uniquement quand la buée tient au miroir qu’elle ressort avec une serviette rose pâle autour du buste, cachant tout son corps jusqu’au début des cuisses.
« On va essayer un truc pour aujourd’hui… »
Fan de mode, elle a l’envergure du choix pour se faire un ensemble alternatif comme elle aime le qualifié afin qu’on ne l’embête pas plus avec cela. Débardeur noir avec un pull en laine beige, jupe noir et collant en laine blanc. Elle finit ce style avec une queue-de-cheval haute et quelques mèches qui retombent devant son visage.
« J’suis pas moche comme ça non ? »
S’amusant à faire des sourires adorables devant son miroir, Sasha remonta un peu son ego pour la journée. La tête pleine de bonnes émotions, elle prit sa sacoche noire et dévale les escaliers en courant, ne craignant pas sa malchance avec les marches pour cette fois. Arrivé en bas, la faim se fait connaître quand elle passe près de la cuisine où sa mère prépare des lardons pour les plats de tartiflettes de ce soir.
« J’ai trop faim… Mais il n'y a rien qui me plaît dans les placards. Je vais me prendre un truc à la boulangerie tien. C’est mon cadeau pour moi-même. »
Malgré des pensées positives, elle regarda ses cuisses. Un mélange de culpabilité et de pensées raisonnables se mélange, effaçant son idée rapidement.
- Je suis là. Tu veux quoi du coup ?
- Tient. Je manque d’un reblochon et il me faut du sucre blanc avec un peu de pâte à sucre coloré.
- Ok
Notant le tout sur les notes de son téléphone, Sasha tourne les talons en passant devant le salon où son père accroche une banderole « Joyeux anniversaires » en rose et vert.
- Ow qu’est ce qu’elle est belle ma fille
C’est avec un air un peu mal à l’aise suite à ses propres réflexions internes qu’elle répond.
- Merci. Je reviens, je vais faire des courses. À tout à l’heure. Bisou.
Claquant un baiser sur sa joue, Sasha part dans l’entrée et enfile ses converses noires avant de passé la porte.
Il lui fallut quelques minutes pour supporter la lumière du jour puis après avoir caché un peu ses yeux, elle sortit du jardin pour ouvrir sa voiture. Et oui, c’est loin d’être écolo quand on sait que le magasin est à quinze minutes à pied, mais avec ses douleurs chroniques, c’est impossible. Cela finirait sa journée et la forcerait à prendre des cachets pour tenir la soirée.
La voiture grince légèrement quand Sasha se laisse tomber sur le siège conducteur et attache sa ceinture. Réglage des rétroviseurs et moteur allumé, elle enclenche la radio pour se mettre en route sifflant chantant vers le magasin. Les lampadaires s’enchaînent sans âme qui vive dans le secteur. C’est uniquement une fois en centre-ville que l’on aperçoit ici et là des personnes âgées qui se promènent et observent la ville sous tous ses angles à la recherche d’une distraction.
Sasha se gare dans un parking assez facile d’accès sans se donner la peine d’une marche arrière avant de simplement descendre en verrouillant la voiture avec sa clé. Elle se met à suivre le trottoir et traverse pour atteindre le magasin dans lequel elle rentre et commence à regarder les nombreux rayonnages. La liste et le magasin n’étant pas grands c’est en à peine dix minutes et sans croiser personnes que le rouquine fit ses courses, remplissant son sec de toile où est floqué quelques personnages d’animés d’une licence assez connu chez les « otaku ». Une fois à la caisse, elle dut faire preuve d’un minimum de sociabilité devant le vendeur qui la regarde de haut en bas avec un sourire. Il ne devait avoir maximum vingt-cinq ans pas plus. Jeune, grand et blond. Il n’était pas le plus beau, mais pas moche pour autant. Autant dire qu’il n’avait rien à envier au niveau popularité.
- Bonjour.
Fit-il alors qu’il encaisse les articles dans un bip sonore incessant.
- Bonjour.
Lui rend Sasha avec un petit sourire crispé histoire de paraître aimable durant leur brève salutation.
- Vous allez faire un gâteau ?
- Comment ?
Ne s’attendant absolument pas à la suite d’une conversation, Sasha dut sortir de ses pensées et fit répéter le jeune homme.
- Vous… Allez faire un gâteau d’anniversaire ? Vous achetez du sucre et de la pâte à sucre.
- Ah oui ça. Ouais, on fait un gâteau pour mon anniversaire.
- Chouette alors.
Conclue le garçon en passant justement le sucre, soit le dernier article. Demandant le montant de la somme, Sasha lui tendu un billet avant de partir en lui laissant la monnaie. Avec cette conversation, c’est certain que son quota social est plein. Habitué à être seule dans sa chambre et à parler avec des gens via Internet, la moindre interaction sociale la fait rapidement saturer.
Alors que Sasha traverse de nouveau la route, elle aperçoit alors que l’ancien dressing du village à fermé ses portes. En réalité, cela doit déjà faire un bon mois, car la devanture a changé et arbore les lettres suivantes « Brocante » dans une calligraphie un peu ancienne et noir sur blanc. L’endroit n’a rien à voir avec ces lieux clichés et vielleux des films américains. Depuis l’extérieur, Sasha voit aisément que les murs ont été repeints, mais décoré avec des éventails géants, représentant des fleurs ou bien des plantes de toute sorte. Dans l’unique vitrine de la boutique, une ancienne machine à écrire flambe en neuve et une large collection de plume pour écrire trônent et domine la vitre. Touché dans son cœur, Sasha ne peut pas s’empêcher d’approcher pour admirer les objets. L’écriture est une chose qu’elle aime. Depuis la primaire, elle s’est adonnée à écrire de petites histoires pour se divertir et contenir son imagination débordante. C’est avec une pointe de curiosité incontrôlée que sans s’en rendre compte, Sasha passe la porte de la petite boutique. Une clochette retentie pour annoncer que quelqu’un passe la porte et à peine un pas fait à l’intérieur qu’une odeur de sauge embaume ses narines. Le nez un peu sensible, elle passe sa main dessus le temps de s’accommoder et pouvoir débuter son exploration.
L’endroit est propre et chaleureux, plusieurs présentoirs sont ici et là, arborant des objets ménager rétros, des statuettes d’animaux Africains et il semble même y avoir près d’un mur différent rouleau de tissu ainsi que des chutes dans une immense caisse. Toujours curieuse par rapport aux trésors liés à l’écriture, Sasha s’apprête à tourner les talons vers la vitrine avant de finalement s’arrêter et regarde plus loin. Son regard à croisé un tout petit rayonnage qui fit battre son cœur.
« Mon Dieu… »
Ce fut sa seule et unique pensée quand elle découvrit une chose qu’elle apprécie encore plus. Un chaudron terriblement grand est dans un coin, contenant une multitude de pierre aux couleurs différentes en vrac. À côté une étagère avec plusieurs bougies assez épaisses et de couleurs différentes, dont celle en cire rouge qui attira son œil. À côté se démarque de nombreux encens avec de vielles étiquettes décrivant l’objet de leur destination tel que « Purification » ou « Porte bonheur ». Si on peut qualifier que Sasha aime l’écriture, la lithothérapie, l’occulte et la sorcellerie ont une tout autre place chère à son cœur en elle.
D’un pas décidé, elle approche de ce petit coin de paradis et vient plonger sa main dans les pierres en souriant. Elle manque de moyen, c’est certain mes impossibles d’ignorer l’appelle des « cailloux » comme elle aime le dire. Voyant des petits sachets à disposition, elle vient alors sélectionner deux pierres d’instants. Une bleue et une brune. Une fois le sachet de papier proprement refermé, elle tomba nez à nez avec un livre posé dans un coin comme oublié. Curieuse, elle vient toucher celui-ci et le débloque du bazar qui l’entour afin de pouvoir admirer sa couverture. Ne fut pas sa déception quand elle comprit que le livre est protéger dans du tissu en cuire qui semble maintenant comme une protection avec des élastiques qui se tiennent à l’intérieur. C’est un peu comme les protections en plastique que mettent les parents à la demande des professeurs sur les livres de cours. Fasciné par cette protection à « l’ancienne », Sasha décroche un sourire avant d’ouvrir la page de garde pour enfin découvrir le nom du livre.
« Sort pour petite sorcière »
Ça, c’était surprenant. Dans sa tête, le titre aurait été en latin voir en grec mais chaque lettre est non seulement lisible mais en français. Un froncement de sourcil s’opère alors qu’elle referme le livre.
« Je pense que se livre doit être une sorte de faux manuscrit de sorcière. Ça peut-être rigolo en vrai. »
En a peine quelques minutes, voilà Sasha avec déjà les bras plein et déterminer à dépenser son argent de poche longuement gagné.
Si depuis le début de sa petite visite le magasin semble désert, le sort en décida enfin autrement. Un léger parfum de lavande se dégage quand une grande femme aux cheveux noirs et au teint basané sort de l’arrière-boutique.
- Bonjour, je peux vous aider ?
Interpelé par l’arrivé de la vendeuse, Sasha se précipite en direction de la caisse pour poser ses deux articles.
- Bonjour, euh… Oui, s’il vous plaît. Je n’ai vu aucune étiquette de prix sur vos articles et je serai intéressé par ces deux pierres ainsi que ce livre s’il vous plaît.
La femme à la peau café observe le livre avec un léger sourire puis touche le sachet de papier avant de le reposer.
- Cela te coûtera 34 euros s’il te plaît.
- D’accord. Par carte, c’est possible ?
- Évidement.
La dame sort un instrument de payement et prit la carte pour l’insérer. Sasha appuie alors sur les touches et entre son code afin de valider son payement. Même si le prix lui parait un peu cher, elle souhaite se faire ce cadeau pour son anniversaire.
- Puis-je vous proposer un sac pour transporter vos achats ?
Propose la femme en se penchant déjà un peu pour attraper un sac de tissus noir. En se baissant ainsi son léger décolleter dévoile sa gorge généreuse.
- Bien oui merci.
Accepte finalement la rouquine avant de lui tendre ses achats pour qu’elle puisse les mettre à l’intérieur. Cela fait, elle récupéra le sac et fit un véritable sourire radieux que la femme lui rend sans hésiter.
- Bonne journée à vous mademoiselle.
- Merci à vous aussi Madame.
Joyeuse et satisfaite, Sasha quitte le magasin alors que la femme sourit en s’appuyant sur son comptoir. Impossible de savoir ce qui se cache derrière le regard brillant et fougueux de la grande dame.