đ A M A L I A đ
Les deux hommes face Ă moi se ressemblent Ă©normĂ©ment, l'un est jeune et l'autre plus ĂągĂ©. Impossible de douter qu'ils appartiennent Ă la mĂȘme famille. Sont-ils pĂšre et fils ? Ou oncle et neveu ?
L'homme ĂągĂ© a les cheveux mĂȘlĂ©s de gris et de noir. Son expression n'est ni dure ni froide, mais plutĂŽt neutre, tout comme celle du plus jeune. Le dos droit, les Ă©paules en arriĂšre, il dĂ©gage une autoritĂ© naturelle, prĂȘt Ă faire face Ă n'importe quelle situation, comme tout chef qui se respecte.
Un raclement de gorge me fait sortir de mes pensées. Je baisse aussitÎt les yeux.
â Je vous prĂ©sente ma fille, Amalia, dit mon pĂšre. C'est la premiĂšre fois que vous la rencontrez.
L'homme ùgé m'observe un instant avant de sourire. Ce n'est pas un sourire vicieux ou déplacé, comme ceux que mes oncles ou cousins me lancent parfois. Non, son sourire est chaleureux, empreint de respect.
â Votre fille, que vous avez cachĂ©e au monde entier. Vous ĂȘtes charmante, Amalia. Ravi de vous rencontrer enfin, dit-il avec sincĂ©ritĂ©.
â De mĂȘme, monsieur... je commence sans terminer, car je ne connais pas son nom.
Il ne s'est pas présenté, mais mon pÚre s'en charge pour lui :
â Excusez-la, ma fille est ignorante, lĂąche-t-il, un brin sec. C'est Gabriel Kanaan, le pĂšre de la mariĂ©e.
â Oh, vous ĂȘtes le pĂšre de Yara ? m'exclamĂ©-je avant de me figer.
Je place ma main devant ma bouche, consciente de mon Ă©cart. D'un coup d'Ćil furtif vers mon pĂšre, je devine son irritation. Il dĂ©teste quand je parle sans retenue, surtout devant des personnes importantes. Ă la maison, il ne manquera pas de me sermonner sur mon manque de retenue.
Un silence s'installe entre nous, rapidement brisé par le rire de Gabriel. Il ne semble ni vexé ni contrarié par mon ton spontané.
â Vous avez donc dĂ©jĂ croisĂ© ma petite derniĂšre, la vagabonde, plaisante-t-il avant de dĂ©signer l'homme Ă ses cĂŽtĂ©s. Voici mon fils, Nadim.
Le dĂ©nommĂ© Nadim incline lĂ©gĂšrement la tĂȘte en guise de salut. Je lui adresse un sourire lĂ©ger, par politesse, mais je garde prudemment le silence. Je sens son regard posĂ© sur moi. Son insistance me met mal Ă l'aise. Aujourd'hui, je n'ai fait que me sentir embarrassĂ©e en prĂ©sence de cette famille.
â Excuse-nous, Gabriel, mais nous devons rentrer, intervient soudain mon pĂšre.
Je devine qu'il est au bord de l'effondrement. Il se retient, mais son état est évident. Ses médicaments sont restés dans la voiture, et nous devons partir.
â C'est vrai qu'avec la maladie, ce n'est pas Ă©vident, lui rĂ©pond Gabriel. Nous nous verrons bientĂŽt de toute maniĂšre.
â Exactement. Ce fut un plaisir d'assister Ă ce beau mariage, et encore toutes mes fĂ©licitations pour votre aĂźnĂ©.
â Avec plaisir, lui rĂ©pond avant que ses yeux se tournent vers moi. Ă une prochaine fois, Amalia.
Nadim est resté silencieux, se contentant simplement d'observer et d'écouter. Son pÚre pour un chef de mafia, il est étonnamment sociable et beaucoup plus humain que ce qu'on pourrait s'attendre. Mes oncles, en revanche, sont froids et distants, tout comme leurs fils. Et c'est comme ça chez nous : les femmes n'ont aucune importance. Pour eux, on n'est que des objets ou des mÚres destinées à donner des héritiers.
Nous leur faisons un dernier signe d'au revoir avant de repartir. Mon pĂšre, qui s'est retenu pendant tout ce temps, commence Ă tousser dĂšs que nous sortons de l'hĂŽtel.
Quand nous arrivons Ă la voiture, Massimo est dĂ©jĂ Ă l'intĂ©rieur, la tĂȘte en arriĂšre, un tissu tachĂ© de sang pressĂ© contre son nez. Sans surprise, il s'est pris un coup de poing de la part de Giorgio Ă cause de son irrespect.
Contrairement Ă beaucoup d'autres pĂšres dans notre milieu, mon pĂšre n'a jamais levĂ© la main sur nous. Il tient beaucoup Ă nous, mĂȘme s'il lui arrive d'ordonner Ă ses gardes de corriger mon frĂšre si nĂ©cessaire. Je sais qu'Irina, elle, n'a pas cette chance. Son pĂšre qui de passage est un homme effrayant, l'a dĂ©jĂ frappĂ©e plus d'une fois. Chaque jour, je remercie Dieu d'avoir un bon pĂšre comme le mien.
â Ce mariage Ă©tait une vraie catastrophe, commente Massimo dĂšs que nous nous installons sur nos siĂšges.
â J'ai bien aimĂ©, ça change de nos mariages, rĂ©pliquĂ©-je calmement.
â Toi, mĂȘme la grosse merde tu pourrais apprĂ©cier.
Je prĂ©fĂšre l'ignorer. Dire qu'il est adulte mais qu'il se comporte comme un immatureâŻ! Il m'exaspĂšre. Mon pĂšre, de son cĂŽtĂ©, ne fait pas attention Ă lui, trop occupĂ© Ă souffrir en silence. Le chauffeur, visiblement conscient de la situation, accĂ©lĂšre pour nous ramener au domaine le plus vite possible.
Tout à coup, une colÚre sourde monte en moi en constatant à quel point Massimo se désintéresse de la santé de pÚre.
â Tu vas mieux ?
Aucune rĂ©ponse. Les yeux fermĂ©s, il lutte pour respirer, chaque souffle semblant douloureux. Il souffre d'une bronchopneumopathie, une maladie liĂ©e au tabagisme, qui peut ĂȘtre fatale s'il ne suit pas son traitement.
â Tu veux qu'on appelle le mĂ©decin ?
D'un geste de la main, il me fait comprendre que non.
â MĂ©di...
Une quinte de toux l'interrompit.
â Le mĂ©dicament, murmure-t-il entre deux efforts.
â Oui, tout de suite.
Ce soir, nous avons pris la limousine. Massimo est assis en face de moi, toujours occupĂ© Ă appuyer son tissu ensanglantĂ© contre son nez. Le saignement ne s'arrĂȘte pas, preuve que Giorgio ne l'a pas ratĂ©. Cela lui servira de leçon.
â Massimo, passe-moi le mĂ©dicament qui est Ă cĂŽtĂ© de toi.
Les pilules sont dans le tiroir, à cÎté de la bouteille de vin. Mais Massimo, plongé dans son téléphone, ne répond pas.
â Massimo ! insistĂ©-je, agacĂ©e.
Il lÚve finalement les yeux vers moi, il pose le téléphone et ouvre le tiroir, sort la boßte de médicaments et tend le bras dans ma direction. Quand je m'approche pour la saisir, il ne lùche pas la boßte. Puis, de son autre main, il agrippe brutalement mes cheveux, tirant si fort que la douleur me fait grimacer.
â LĂąche-moi.
J'essaie de me dégager de lui, mais c'est impossible, il est bien plus fort que moi. Son nez est maculé de quelques traces de sang, mais son regard brûle de haine. Ce taré a laissé tomber son tissu pour attraper mes cheveux.
Il tire encore plus et le chauffeur, bien qu'il jette des coups d'Ćil furtifs dans le rĂ©troviseur, reste muet et se concentre sur la route. Ce n'est pas la premiĂšre fois que Massimo se comporte ainsi. Il profite de chaque occasion oĂč pĂšre est trop faible pour intervenir, ou lorsqu'il n'est pas lĂ , pour me tourmenter. Il aime abuser de son pouvoir sur moi, que ce soit pour des choses futiles ou sans raison.
â C'est la derniĂšre fois que tu m'ordonnes quoi que ce soit, assĂšne Massimo, sa voix glaciale tranchant l'air comme une lame.
Comme toujours, sa menace me paralyse. Il n'est pas l'Underboss pour rien. Parfois, il surpasse les autres en folie et en terreur, mĂȘme si, trop souvent, il crĂ©e le chaos Ă cause de sa soif de pouvoir.
â T'as pigĂ© ? ajoute-t-il, son ton chargĂ© de menace.
â Oui... je prononce faiblement.
â Bien.
D'un geste brutal, il me lĂąche en me poussant violemment. Mon dos percute le dossier du siĂšge arriĂšre, me faisant grimacer de douleur.
Enfoiré.
Je ravale ma rage et sans attendre, j'attrape la bouteille d'eau posĂ©e prĂšs de la portiĂšre. Je l'ouvre rapidement, puis prends une pilule dans la boĂźte pour le tendre Ă papa. D'un geste direct, il le saisit dans ma main et l'avale aussitĂŽt. Je referme la boite et la repose, observant avec soulagement que sa toux s'arrĂȘte enfin.
...
Je sors de la salle de bain, tenant les pans de la serviette serrés autour de mon corps encore mouillé. Je me dirige vers mon dressing, mes pensées dérivent vers ce mariage libanais qui m'a laissé une impression inoubliable.
Sans mentir, ça a probablement Ă©tĂ© la meilleure soirĂ©e que j'aie jamais passĂ©e, mĂȘme en restant assise. L'ambiance, les danseurs exĂ©cutant leurs meilleurs pas, et mĂȘme les invitĂ©s qui se dĂ©chaĂźnaient sur la piste, tout ça a Ă©veillĂ© une nouvelle excitation en moi.
Je me surprends Ă chantonner la mĂ©lodie de la chanson sur laquelle le fils de Gabriel Kanaan a dansĂ©, tout en cherchant quel sous-vĂȘtement enfiler.
Nadim... Un prĂ©nom aussi beau que celui de sa sĆur.
Soudainement, une Ă©trange sensation m'envahit. Quelque chose cloche. Une gĂȘne. Une prĂ©sence. Comme si quelqu'un m'observait.
Je tourne lentement la tĂȘte vers la porte, remarquant qu'elle est entrouverte. Pourtant, je suis certaine de l'avoir fermĂ©e avant de me doucher. MĂ©fiante, je fais quelques pas pour aller la refermer, mais un bruit me stoppe net.
Des grognements.
Mon regard glisse vers mon lit Ă baldaquin, oĂč se tient Sparo, le pitbull terrier noir de Massimo.
Mon cĆur s'emballe. Qu'est-ce qu'il fout lĂ ? Je ne l'ai pas vu du tout quand j'ai quittĂ© la salle de bain. Et il est lĂ , cachĂ© derriĂšre le rideau.
Mon corps se met Ă trembler. Ce chien, je ne l'aime pas du tout, et c'est rĂ©ciproque. C'est une bĂȘte de combat, entraĂźnĂ©e pour attaquer, et la seule personne qu'il Ă©coute, c'est Massimo.
Habituellement, il est enfermé dans une cage ou dans la chambre de mon frÚre, mais jamais en liberté, encore moins au troisiÚme étage, et certainement pas dans ma chambre, située au fond du couloir.
Je recule instinctivement d'un pas. Sparo réagit immédiatement, aboyant avec une telle violence que je sursaute. Mon souffle se bloque. Comment je vais faire ?
Je ravale ma salive et crie le prénom de mon frÚre, espérant qu'il m'entende. Sparo aboie encore plus fort en réponse, ses crocs brillants dans la lumiÚre tamisée. Les oreilles dressées, son regard perçant ne me lùche pas.
Je prends le risque d'ouvrir doucement, en peu plus grand la porte derriÚre moi, toujours de dos et cette fois, j'appelle Alessandro, mon majordome. Lui, contrairement à Massimo, répond immédiatement. Il est déjà dans le couloir de mon étage, et j'ai de la chance. Il arrive presque en courant.
â Madame, vous... commence-t-il, mais dĂšs qu'il entrevoit le chien, il s'immobilise.
Il comprend que je suis dans une situation des plus délicates à cause de ce chien enragé.
â Appelez mon frĂšre, ordonnĂ©-je d'une voix tremblante.
Je l'entends repartir précipitamment. Quelques instants plus tard, des bruits de pas supplémentaires se joignent aux siens.
â Monsieur, le chien...
â Ouais, ouais, j'ai compris, rĂ©pond une voix nonchalante.
Massimo.
Ă l'instant oĂč j'entends sa voix, un soulagement mĂȘlĂ© de mĂ©fiance m'envahit. Mon frĂšre arrive derriĂšre moi, ouvrant la porte en grand. Sparo, dĂšs qu'il reconnaĂźt son maĂźtre, se calme aussitĂŽt et s'assied docilement. Je serre ma serviette encore plus fort autour de moi, consciente que je suis nue sous ce morceau de tissu.
Il me pousse légÚrement pour passer et s'approche de son chien. Il s'accroupit devant lui et commence à le caresser.
â Alors, mon gros, qu'est-ce que tu fais dans la chambre de ma petite sĆur, hein ? demande-t-il d'un ton moqueur.
Je le fixe, le cĆur battant Ă tout rompre. Je suis persuadĂ©e que ce n'est pas une coĂŻncidence. Massimo adore me harceler, mĂȘme lorsque cela pourrait devenir dangereux. Ăa l'amuse, et c'est dĂ©jĂ la deuxiĂšme fois ce soir. Il est cruel, vicieux et sans cĆur. Mais surtout, il me mĂ©prise.
Je l'observe joué avec son chien, mais soudain, son expression change. Son visage devient dur, son regard noir et cruel me détaillant de haut en bas.
Qu'est-ce qu'il mijote encore ?
Un frisson glacial me parcourt. Il se redresse, sa posture intimidante, et prononce un mot qui me fige sur place :
â Sparo.
Le chien se met en position, tendu. Ce n'est pas un bon signe. Je commence à reculer, les yeux rivés sur eux, incapable de penser à autre chose qu'à m'échapper. Ma respiration est saccadée, mon esprit en alerte maximale.
Puis, Massimo ouvre la bouche et lĂąche, d'une voix glaciale :
â Attaque.
Sparo bondit soudainement dans ma direction. Sans réfléchir, je pivote sur mes talons, un cri m'échappe tandis que je tente de fuir en courant. Mais ma serviette, maladroitement nouée, m'entrave et je trébuche lourdement au sol du couloir, prÚs de la porte de ma chambre. Sauf que, à la place de sentir le chien sur moi, ses morsures ou la douleur, je n'entends que des ricanements et aboiements.
Les yeux fermés sous l'emprise de la panique, je les ouvre lentement. Massimo tient fermement le collier de son chien, le maßtrisant. Sparo aboie toujours avec férocité, ses crocs menaçants pointés dans ma direction. Tandis que mon frÚre, lui, continue de rire ouvertement, se délectant de la scÚne qu'il a provoquée.
Je sens mes larmes monter, la peur me submerge complÚtement. Pendant un instant, j'ai cru que son chien allait vraiment me réduire en morceaux.
Mon cĆur tambourine dans ma poitrine, mon corps tremble sans contrĂŽle. MĂȘme mon majordome, d'habitude si stoĂŻque, a une main posĂ©e sur son cĆur, les yeux Ă©carquillĂ©s. Il a eu peur pour ma vie.
â EspĂšce de malade mental ! criĂ©-je Ă mon frĂšre, encore secouĂ©e.
Son rire cesse instantanément, et il me fusille du regard.
â Fais attention comment tu me parles.
Je lui lance un regard glacial malgré les larmes qui coulent silencieusement sur mes joues. Mon corps est encore secoué de frissons et ma respiration est saccadée. Ma serviette, elle a tenu bon, malgré ma chute.
Massimo, indifférent à mon état, sort de ma chambre en tirant son chien. En passant prÚs de moi, il me toise avec un mépris évident, comme si j'étais une chose insignifiante. Je détourne les yeux, incapable de supporter son regard.
Alessandro s'approche rapidement pour m'aider Ă me relever. Je tiens maladroitement ma serviette, submergĂ©e par l'embarras. Ătre ainsi Ă moitiĂ© nue devant mon majordome, quelqu'un qui m'a toujours vue sous mon meilleur jour. J'ai honte. Mais il dĂ©tourne pudiquement les yeux.
â Merci, Alessandro, dis-je d'une voix basse.
â Je suis lĂ pour vous servir, madame.
Alessandro fait partie de ma vie depuis mes deux ans. Lui et ma nourrice, qui n'est plus parmi nous aujourd'hui, m'ont pratiquement élevée. C'étaient des piliers dans mon enfance. Je ne saurai jamais comment les remercier assez.
â Madame, demain, il faudra vous lever plus tĂŽt que prĂ©vu, me prĂ©vient-il.
Je lui dis toujours de m'appeler simplement Amalia, mais il s'obstine à rester dans la formalité.
â Pourquoi ?
â Nous recevons des invitĂ©s pour le dĂ©jeuner et vous ĂȘtes conviĂ©e.
â Ah bon ? Je ne suis pas au courant...
Je n'assiste jamais aux repas lorsqu'il y a des invitĂ©s, donc je suis surpris que, cette fois, mon pĂšre m'autorise Ă y participer. Peut-ĂȘtre que depuis qu'il m'a permis d'aller Ă un mariage en dehors de notre cercle familial, il souhaite dĂ©sormais que je sois prĂ©sent Ă tous les Ă©vĂ©nements publics.
â Votre pĂšre m'a demandĂ© de vous prĂ©venir, juste avant que je vienne vous voir.
Ă notre arrivĂ©e, un mĂ©decin Ă©tait dĂ©jĂ lĂ , prĂȘt Ă s'occuper de mon pĂšre. J'avais envoyĂ© un message Ă Alessandro pour qu'il le contacte d'urgence.
â Il va mieux, d'ailleurs ?
â Oui, il se repose dans sa chambre.
Je hoche la tĂȘte, soulagĂ©e d'apprendre qu'il se sent mieux. MalgrĂ© tout, l'inquiĂ©tude continue de m'habiter. Depuis plusieurs semaines, l'Ă©tat de santĂ© de mon pĂšre semble se dĂ©grader. Et plus les jours passent, plus l'idĂ©e de le perdre un jour me hante. Je ne sais pas comment je rĂ©agirai si cela arrivait. Il est ma seule vĂ©ritable famille.
Alessandro me souhaite une bonne nuit, mais je le retiens avec une derniĂšre question :
â Au fait, qui allons-nous recevoir ?
â La famille Kanaan.
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J'espĂšre que ce deuxiĂšme chapitre vous a plu ! N'hĂ©site pas Ă voter, commenter et partager đ„
On se retrouve vendredi prochain pour deux chapitres... đ«Ł
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