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LunaFrais
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đŸ€ Chapitre 1 : Nouvelle Vie

đŸ€ Tronc commun

Assise sur le sol glacĂ©, je pleure. Je pleure de tout mon corps, de tout mon cƓur. Je ne sais mĂȘme pas pourquoi toutes ces larmes s'Ă©chappent de mes globes oculaires. Je suis heureuse pourtant, je crois. LĂ -bas je ne l'Ă©tais pas. Avec lui je n'y arrivais pas. Je devrais sauter, danser, exulter, non ? Alors pourquoi est-ce que je me sens si vide ? Pourquoi est-ce que je ressens ce froid brĂ»lant dans ma poitrine ?

Je sens que j'ai pris la bonne dĂ©cision, malgrĂ© tout je ne peux m'empĂȘcher d'avoir peur. Donner tant d'annĂ©es Ă  un homme pour que tout se brise du jour au lendemain, comment se relĂšve-t-on d'une telle humiliation ? Woaw, il est violent ce mot ! H U M I L I A T I O N. Qu'y a-t-il d'humiliant en rĂ©alitĂ© dans le cĂ©libat ? Est-ce que ça fait de moi une poupĂ©e cassĂ©e ? BrisĂ©e ? Bonne Ă  jeter ?

Je saisis mon tĂ©lĂ©phone, lance ma playlist spĂ©ciale rupture. La fameuse qui fait chialer comme une madeleine. Avouez, vous aussi vous en avez une ? J'ai une thĂ©orie sur cette fameuse liste de musiques, on sait qu'on s'est remis de la rupture quand l'Ă©couter commence Ă  nous faire du bien, quand le soleil remplace les nuages. Ce qui signifie que j'en suis encore trĂšs loin, qu'Ă  cela ne tienne. AprĂšs une heure de larmes, je me relĂšve de mon lit. Ma tĂȘte me fait mal, je sens une bonne migraine poindre Ă  l'horizon. Je me rends dans ma salle de bain. J'ai grandement besoin de me prĂ©lasser dans une eau bouillante senteur agrumes. Gribouille, mon chat, me suit en ronronnant. Il se frotte Ă  mes jambes, tout content de me voir debout. Je fais un dĂ©tour par la cuisine pour lui ajouter quelques croquettes fraĂźches dans sa gamelle. J'en profite pour lui donner quelques petites friandises. Ce gros glouton se jette sur ma main sans me laisser le temps de le servir. Il plante ses petites griffes acĂ©rĂ©es dans ma chair. Je pousse un petit cri de douleur avant d'exploser de rire. Que voulez-vous ? MĂȘme comme ça je l'aime !

C'est marrant d'ailleurs quand j'y pense. Avec Gribouille, mĂȘme ses dĂ©fauts me semblent ĂȘtre des qualitĂ©s. Quoi qu'il fasse, mon amour pour lui n'a jamais diminuĂ©. Au final, c'est lui ma plus longue relation !

La dĂ©licieuse odeur de citron et d'orange me caresse les narines avec dĂ©licatesse. Je dĂ©cide d'ajouter quelques gouttes de bain moussant Ă  la lavande pour parfaire le tout. Au moment de me dĂ©shabiller, je me regarde dans le miroir. Mes yeux sont rouges et bouffis. J'ai le nez irritĂ© Ă  force d'avoir pleurĂ© et ma poitrine tombe irrĂ©mĂ©diablement. Je sens le chagrin revenir de plus belle, accompagnĂ© de son copain de longue date : l'autocritique. Je me sens moche tout Ă  coup. Mes yeux me brĂ»lent alors que j'observe la façon dont mon regard s'obscurcit. Depuis la rupture, c'est de plus en plus dur. J'avais fait des progrĂšs, je vous assure, il m'arrivait mĂȘme de me trouver belle. Mais maintenant que je suis seule, cette idĂ©e que mon corps est un objet dĂ©fectueux ne me lĂąche plus. Est-ce vraiment trop tard pour moi ? Quand bien mĂȘme je ne dĂ©sire plus me remettre en couple, l'idĂ©e d'ĂȘtre "pĂ©rimĂ©e" me brise le cƓur. Est-ce qu'il existe vraiment un Ăąge aprĂšs lequel il n'est plus acceptable de rompre ?

Je m'enfonce dans l'eau chaude, espĂ©rant que cela effacera toutes mes craintes. Je sens mes muscles se dĂ©tendre Ă  mesure que la musique de mĂ©ditation m'emporte. La petite voix ne cesse pas pour autant de me rĂ©pĂ©ter "Tu ne vaux plus rien". Alors c'est ça ? Ma valeur dĂ©pend de la prĂ©sence d'un homme Ă  mes cĂŽtĂ©s ? AprĂšs tout, ne parle-t-on pas de "vieilles filles" pour les cĂ©libataires de plus de trente ans qui vivent avec leurs chats ? Je suis devenue un clichĂ© ambulant. Une loque indĂ©fendable, un dĂ©chet de la sociĂ©tĂ©. Adieu Anna, tu as perdu ton identitĂ©. Il ne te reste plus qu'Ă  mettre du vieux pain sur ton balcon, pour attirer les moineaux et les pigeons, et tu pourras vivre ta vie par procuration, devant ton poste de tĂ©lĂ©vision. Super... MĂȘme tes rĂ©fĂ©rences musicales sentent le vieux pain rassis. Tu crains.

Incapable de profiter pleinement de mon bain, je dĂ©cide d'aller faire un tour. Peut-ĂȘtre qu'une fois dehors ça ira mieux ? J'enfile une petite robe lĂ©gĂšre qui ne devrait pas me tenir trop chaud, applique ma crĂšme anti-frottement pour ne pas avoir des cuisses couleurs Ă©crevisse puis attrape mes sandales. Je glisse mon casque sur mes oreilles. Le soleil est haut dans le ciel, il doit faire encore bien trente-cinq degrĂ©s Ă  cette heure-ci. J'appelle ma meilleure amie pour lui donner rendez-vous sur la terrasse du petit restaurant italien qu'on adore. Une bonne pizza me fera le plus grand bien.

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