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𝐍𝐎𝐓𝐄||
𝐓𝐑𝐈𝐆𝐆𝐄𝐑 𝐖𝐀𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆
𝐃𝐄𝐃𝐈𝐂𝐀𝐂𝐄||
𝐏𝐋𝐀𝐘𝐋𝐈𝐒𝐓||
𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟎||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟐||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖||đ‹đąđ„đČ/đ•đžđ«đ«đš
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟎||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟐||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟑||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟒||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓||đ’đźđ„đš
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟔||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟕||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟖||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟎||đ•đžđ«đ«đš
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟏||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟐||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟑||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟒||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟓||đ‹đąđ„đČ
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓||đ’đźđ„đš

Du cÎté des différents royaumes, plus précisément, Ribbleciux:

Avria est en feu. Mais toujours pas littéralement parlant.

Et pour une fois j'aurais voulu qu'il le soit. Ça aurait Ă©tĂ© mieux que de perdre une amie...

Depuis que le roi Alfonso a appris la disparition de sa fille, tout va mal. Il n'a pas supportĂ© le choc et son frĂšre a pris la rĂ©gence car il s'est retrouvĂ© en incapacitĂ© de rĂ©gner. Il demande toujours oĂč elle est, quand est-ce qu'elle reviendra...Il envoie mĂȘme des gardes fouiller tout Rossleyer juste au cas oĂč elle aurait Ă©tĂ© kidnappĂ©e, enlevĂ©e, menacĂ©e. Tout le monde obĂ©issait Ă  ses ordres, des gardes dĂ©barquaient chez les paysans, retournaient leurs maisons... Je pouvais comprendre quand on me rapportait que la relation que le peuple a avec le roi a changĂ©.

En peu de temps, beaucoup de choses ont changé.

C'Ă©tait juste inutile de regarder dans la perspective du kidnapping. Ils savaient trĂšs bien: Lily ne se serait jamais fait enlever comme ça. Surtout pas par l'un des habitants de son royaume. Elle s'est entrainĂ©e toute sa vie Ă  l'Ă©pĂ©e, excelle tellement dans le contrĂŽle de sa magie, qu'elle est capable de faire peur Ă  ses propres domestiques. La preuve est telle que le matin mĂȘme de sa disparition, pendant les prĂ©paratifs de la chasse, elle les aurait menacĂ©es car elle avait...juste besoin de prendre l'air.

Vraiment non, Lileia, ne se serait pas laissé faire. C'est juste impossible.

Je ne veux mĂȘme pas Ă©mettre la possibilitĂ© du meurtre pour les mĂȘmes raisons. Comment penser Ă  ça quand tu connais la personne, quand tu as grandi avec elle et quand tu sais que derriĂšre tout ça, se cache quelque chose de beaucoup plus sombre ?

Une chose qui est lĂ  depuis la mort de sa propre mĂšre.

Elle s'est endurcie, s'est mise une pression, que jamais Rolia et moi avions subi. Elle Ă©tait dĂ©terminĂ©e Ă  prendre la relĂšve, Ă  ĂȘtre la nouvelle reine, n'ayant aucun frĂšre pour menacer son trĂŽne. Je ne vais pas mentir quand je dis qu'elle pouvait me faire peur. DĂ©s fois elle me faisait peur... Ai-je agi par peur ?..

...

Mais ma peur qui lui arrive quelque chose est beaucoup plus grande maintenant.

Cela avait commencĂ© quand on avait tous les cours d'histoires des royaumes. Au dĂ©part, on les avait ensemble car, Ă©tant enfants, on apprenait juste une mĂȘme base. Ce cours Ă©tait aussi trĂšs limitĂ©...est ce parce qu'ils avaient pour projet de tout changer afin de nous faire ingurgiter des conneries inventĂ©es ? Probablement. AprĂšs tout, ce n'est pas nouveau que certains essayent de dĂ©libĂ©rĂ©ment cacher l'histoire pour leur propre profit. Ils pensaient qu'en cachant la vĂ©ritĂ© Ă  leurs enfants, ils les protĂ©geaient. Qu'ils assureraient un meilleur futur. Sans malheur, sans crainte, sans peur... Il Ă©tait mieux de crĂ©er une bulle que de savoir.

Ils avaient tort.

Tous sans exception. Ils sous-estimaient le pouvoir de la vérité. Ils sous-estimaient le pouvoir des retombés.

Et c'Ă©tait bĂȘte. Affreusement bĂȘte.

Qui aurait cru que parmi ceux qu'ils voulaient protĂ©gĂ©s, il y en avait une. Une qui Ă©tait dĂ©cidĂ© Ă  les dĂ©fier. Une qui Ă©tait passionnĂ©e par l'histoire et qui avait dĂ©couvert qu'on lui mentait. Une qui Ă©tait prĂȘte Ă  transgresser leur rĂšgles, car elle savait que tout ça n'Ă©tait que façade. Et elle l'a fait. De tellement et de diffĂ©rentes maniĂšres...

"Le mensonge est un vilain défaut" avait-elle dit.

Je me souviens quand elle m'avait demandé pour la premiÚre fois d'aller fouiller dans les archives de mon royaume. Moi, à douze ans, avec mes lunettes et mes livres, elle me demandait d'aller dans l'une des salles les plus surveillées de Ribbleciux. Je veux dire...Cette salle ne regroupait pas seulement les archives, elle regroupait aussi les comptes, les chiffres, les secrets....Les choses interdites. Et elle voulait que j'y aille ? C'était de la pure démence.

Elle me disait qu'ils m'auraient fait confiance. AprÚs tout, des deux enfants j'étais apparemment la plus "prometteuse". Pas que je m'en vante. J'ai toujours un peu de mal à y croire...

Tout a commencé quand une famine prenait de plus en plus d'ampleur dans plusieurs villages de Ribbleciux et Amaré. Une pénurie de blé qui se propageait comme une traßnée de poudre sans vraiment savoir pourquoi ça arrivait. MÚre et PÚre ne comprenaient rien, la source restait indéchiffrable. Ils avaient beau faire des sorties, allez sur place pour voir ce qu'il se passe, ils n'arrivaient pas à régler le problÚme.

Jusqu'au jour oĂč...Partant chercher un papier pour mon pĂšre, je fais tomber le dossier. J'ai Ă  peine pu scanner le contenu des documents que j'ai pu comprendre assez vite le problĂšme. C'Ă©tait quelque chose que le professeur d'Ă©conomie nous apprenait souvent: les cĂ©rĂ©ales venant de chez nous prĂ©fĂšrent la chaleur. Ce qui n'est pas surprenant en soit, vu que ces terres ont Ă©tĂ© créées par notre dieu Riucus, le fils dĂ©tenant le feu comme pouvoir. Cela voudrait dire qu'il faudrait Ă©viter de trop arroser sous peine de gĂącher les rĂ©coltes. C'est la base et mes parents le savent trĂšs bien.

Mais quel était le souci alors ?

C'est simple.

Par alliance, les deux royaumes ont dĂ©placĂ© la plupart des moissons pour ĂȘtre plus proches des riviĂšres, afin que les cĂ©rĂ©ales soient aussi distribuĂ©es dans le royaume de l'eau. Ce qui ne va pas tellement Ă  nos graminĂ©es. La difficultĂ© se trouvait alors dans la quantitĂ© d'eau qui se trouvait dans la terre elle-mĂȘme.

AprÚs avoir déduit ça, j'ai ramené tous les papiers à mon pÚre et lui ai fait part de mes soupçons.

"Je n'y avais jamais pensé..." m'avait-il sorti, caressant sa barbe. Effectivement, aprÚs tout, jamais ils n'avaient eu à faire face à ce genre de cas. Mais qu'il en soit ainsi...

AprĂšs des tests et des vĂ©rifications, mon hypothĂšse s'est avĂ©rĂ©e trĂšs rapidement et il a fallu nĂ©gocier un autre deal. Avria Ă©tant expert en plantes, ça n'a pas Ă©tĂ© un problĂšme de crĂ©er de nouvelles graines qui puissent supporter un sol plus humides. Ça a aussi permis de renforcer les liens mine de rien, mĂȘme si la tension entre mon royaume et celui de Lileia ont toujours Ă©tĂ© "prĂ©sente".

Pour des questions naturelles apparemment.

Du n'importe quoi.

C'Ă©tait une façade. Une autre de leur diversion mĂ©diocre pour essayer de donner sens Ă  leur petit plan. Mais ça n'avait ni queue ni tĂȘte quand on y pense. Riucus et Leibrum Ă©taient trĂšs proches Ă  leur Ă©poque.

Et mĂȘme Lily, elle...Princesse Lileia...n'Ă©tait pas dupe Ă  ce point.

Elle avait vu mon potentiel trĂšs tĂŽt, elle avait vu comment je me dĂ©brouillais en Ă©conomie. Elle savait mes capacitĂ©s avant mĂȘme que je ne puisse m'en rendre compte. Me lisait comme dans un livre ouvert juste en m'observant pendant une journĂ©e. Elle savait que je n'Ă©tais pas seulement "la princesse timide au lunette ronde". Non. Elle savait tout.

Et ça me rendait malade. J'étais à la fois heureuse et malheureuse. Car je me doutais...
Est ce qu'elle savait que je l'aimais ? Est ce qu'elle savait à quelle point ça me faisait mal de la voir avec lui ?

De la voir l'embrasser à pleine bouche et l'enlacer à dix-sept ans, quand j'étais ( et le suis toujours...) amoureuse de lui ?

Tout ça à cause d'un garçon qui, au final, n'a fait que profiter de ses sentiments et de sa jeunesse. En tant que prince n'a courtisé que la plus belle des plus belle, car ils se ressemblaient...La plus courageuse, la plus agile...Face à elle, qui étais-je pour prétendre à la compétition ? Je n'étais personne, non. Il ne m'aimait pas comme ça non plus. Tout était toujours dirigé vers Lily.

Lily,

Lily,

Lily...

Il n'avait que ce prénom à la bouche! Il y en avait que pour sa pomme!

...

Ils...avaient l'air si...heureux aussi...

Je ne pouvais juste pas le supporter...C'Ă©tait au-dessus de mes forces. D'entendre les projets de mariages, mĂȘme de petits enfants. Les parents Ă©taient juste tellement fiers de les voir tous les deux. C'Ă©tait juste actĂ©. Ils avaient trouvĂ© leur parfaite solution. Avria aurait eu un roi, Romanis, une femme....Les deux s'aimaient donc autant en profitĂ© non ? Ils croyaient que ça allait durer.

Mais ils se sont séparés.

C'était apparemment un accord mutuel.

"On a réalisé qu'on était mieux en tant qu'amis" avait-elle sorti le jour des faits. 

Peut ĂȘtre que c'Ă©tait la vĂ©ritĂ©. Ou juste une excuse pour Ă©viter toute autre question concernant la situation. Je ne me cacherais pas en disant que j'Ă©tais heureuse qu'il se sĂ©pare. Oui, j'Ă©tais trĂšs contente. MĂȘme si j'avais essayĂ© de le cacher tant bien que mal. Je pense tout de mĂȘme qu'elle l'avait vu. Cela mĂȘme si d'une certaine maniĂšre elle venait de sortir de sa relation, elle est loin d'ĂȘtre nĂ©e de la derniĂšre pluie. Mais le plus surprenant ? Ça a Ă©tĂ© ses encouragements quand je lui ai avouĂ©.

Quand je lui ai dit que j'avais des sentiments pour Romanis.

J'aurais pensĂ© qu'elle se serait mise en colĂšre. Qu'elle m'en aurait dissuadĂ©. Mais Ă  la place ? Elle m'a dit que ça m'avait pris tellement de temps pour l'avouer. Rolia avait plus de mal Ă  digĂ©rer la nouvelle. En soit, je peux la comprendre: ses deux amies d'enfance sont tombĂ©es pour son unique frĂšre. Elle avait toutes les raisons pour nous faire la gueule pour les prochains mois...Mais elle a fini par comprendre que c'Ă©tait une perte de temps. Ses plans de devenir la belle-sƓur de la "copine des copines" sont tombĂ©s Ă  l'eau. Elle n'avait donc pas le choix.

Cette rupture a totalement gĂąchĂ© le plan des plus grands. Eux qui avaient dĂ©jĂ  tout prĂ©parĂ© en tĂȘte...Ils avaient tout essayĂ© pour les remettre ensemble: les fleurs, les rendez-vous improvisĂ©s, les "accidents". La panoplie totale de l'amour, pour que celle-ci reprenne de l'aile. Mais ça n'a pas marchĂ©. Rien n'a marchĂ©. Leur dĂ©sespĂ©rance pouvait se faire sentir Ă  des kilomĂštres. Tellement que ça ruinait mes propres espoirs.

Mais une lueur...

Une lumiÚre est apparue et a abattu la menace de mon trépas interne.

Il me regarde...Enfin!...Sa curiositĂ© a piquĂ© et ses yeux se sont posĂ©s sur ce que je suis. Tout cela Ă  cause de l'annonce d'un mariage. Un mariage que j'avais moi mĂȘme proposĂ© en me disant que cela pourrait dĂ©finitivement Ă©luder tout changement de plans. En me disant que cela Ă©viterait de nuire l'infime chance qu'il me reste. De plus, Oras, mon frĂšre, Ă©tait lui aussi tombĂ© sous le charme de la belle rose aux cheveux bouclĂ©s. Avec ce que j'avais en tĂȘte, je lui arrangeais une opportunitĂ© en or. Et l'a-t-il saisi ? Sans hĂ©siter. Il m'a sorti que j'Ă©tais la meilleure des sƓurs, sortant de sa chambre Ă  coucher pour aller directement voir les formalitĂ©s avec mon pĂšre, et convaincre le souverain d'Avria. Cela a plus au roi Alfonso, ils ont fait un Ă©niĂšme deal, et je pouvais dire enfin que Lileia Ă©tait hors de portĂ©e. Hors de portĂ©e de Romanis. Hors de portĂ©e de ce que je voulais. Hors de portĂ©e de ma fortune.

Je croyais enfin enlever un poids de mes épaules.

Quelle honte de comprendre que je venais d'en rajouter.
Car maintenant qu'elle n'est plus là. Maintenant qu'elle a disparu, je m'en veux. Un déchirement.

Mais qu'ai je fait ?...

Assise Ă  mon bureau en face de la fenĂȘtre, je mĂ©dite. La culpabilitĂ© me rongeant de l'intĂ©rieur alors que la bougie Ă©claire la piĂšce. Elle se consume doucement comme mon Ăąme qui se consume elle-mĂȘme Ă  cause de ma jalousie. La cire coule, comme les larmes que j'ai versĂ©es aprĂšs avoir entendu qu'elle avait disparu. La paperasse Ă©parpillĂ©e sur tout le bois de chĂȘne, j'ai vite abandonnĂ© l'idĂ©e de m'occuper de tous ces comptes ce soir. Je n'ai juste pas la force mentale ou physique. Autant que j'aille me coucher.

Un soupir s'échappant de mes lÚvres, je me lÚve ramenant mes cheveux couleurs feu derriÚre moi quand soudain, le cliquetis de la serrure s'enclenche. Qui peut bien venir à cette heure tardive ?

— Susu, tu es là ? demande la voix de la derniùre personne que je voulais voir.

Il ne manquait plus que lui bon sang !

RĂ©arrangeant mon chĂąle, je souffle alors que mon frĂšre passe sa tĂȘte dans l'embrasure de la porte, le sourire aux lĂšvres.

— J'ai apportĂ© du chocolat chaud. PrĂ©parĂ© comme tu l'aime par notre gouvernante adorĂ©e.

— C'est gentil...Mais je n'ai pas soif, je lui rĂ©ponds.

Au vu de son expression qui me dĂ©visage, j'en conclus que j'ai parus plus sĂšche que ce que je voulais faire paraĂźtre. Les tasses brĂ»lantes dans ses mains, il lĂąche Ă  son tour un soupir et pose les boissons sur une commode avant de s'approcher. Je tourne la tĂȘte. Je n'ai vraiment pas envie de lui parler.

Suite à ma réaction, il lùche un grognement de frustration avant de me prendre par les épaules, l'obligeant à le considérer.

— Mais bordel, Sula je peux savoir pourquoi tu me fais la gueule ?!

Mes poings se serre.

— Ah parce que maintenant tu ne le sais pas ? A part Mùre et Pùre, tout le monde te fait la gueule! Tout le monde. Je veux dire...Lily...

— Oh je t'en prie!...

Il ferme les yeux et me lĂąche reculant un moment pour digĂ©rer ce que je viens de lui dire. Ses doigts caressant de maniĂšre circulaire ses tempes pour essayer de calmer les nerfs qui bouillonnent en lui. Je connais mon frĂšre pour savoir ce que je viens de dire,pour lui, une autre bĂȘtise. Me toisant du regard, il prend soin de me faire une bonne piqĂ»re de rappel.

— C'Ă©tait ton plan. Ton idĂ©e afin de mettre toutes tes chances avec Romanis.

— Oras..., je commence, mais il est dĂ©jĂ  bien trop loin dans son venin.

— Non, me coupe-t-il, tapant sa main contre le bureau, ce qui me fait sursauter. Je refuse de prendre le plis de tes putains erreurs. La seule chose Ă  prĂ©sent qui te donne de la force pour venir t'en prendre Ă  moi c'est tes propres regrets. Je veux bien assumer que je suis un opportuniste, ayant trahi la confiance de Lileia... Mais en aucun cas je veux ĂȘtre la victime de ta culpabilitĂ©. Tout ça pourquoi ? Pour un mec qui t'as offert une fleur quand nous Ă©tions que des gosses !

J'hoquette un peu Ă  l'Ă©vocation du souvenir qui a fait battre mon cƓur pour le prince de l'eau. C'Ă©tait complĂštement ridicule...Mais je ne pouvais pas m'en empĂȘcher: je ne contrĂŽle pas ce sentiment.

Je suis tombée amoureuse de lui quand j'avais huit ans. DÚs cette époque, nos deux royaumes se voyaient beaucoup plus souvent, Avria étant en deuil aprÚs la perte de la Reine. Les parents avaient préféré exclure des affaires Alfonso pour le moment. Il n'avait pas l'air en état de tenir quelconque autre contrats à part ceux qu'il avait déjà entamé. Il avait besoin d'une pause. Un jour, lors d'une autre visite effectuée à Amaré, je venais à peine de recevoir mes lunettes. J'en avais jamais porté avant. C'était nouveau et je trouvais ça moche. Je me trouvais moche. Et cela, malgré tous les compliments qu'on pouvait me faire.

"T'es jolie comme ça ma puce, ne t'inquiÚte pas", avait essayé mÚre. Sauf que la connaissant, elle était bien trop occupée à gérer un royaume pour moi.

Alors j'ai dû m'y faire, de mes grosses lunettes rondes. Les autres aussi d'ailleurs, et ils n'étaient pas particuliÚrement gentils. Les enfants d'aristocrates se moquaient souvent de moi.

"Regarde le avec ses grosses loupe!"

"On aurait dit un monstre!"

"C'est une princesse t'es sûre ? J'aurais plutÎt dit une ogresse, comme dans les livres haha!"

Les nobles ne savent juste pas Ă©duquer leurs enfants. Au point de les laisser harceler une princesse avec toute leur bĂȘtise. Mon sĂ©jour dans le royaume de l'eau a Ă©tĂ© rempli de moquerie. MĂȘme quand je lisais juste assise sur un banc. Ils pensaient que faire ça Ă©tait une chouette activitĂ©. Je dĂ©testais venir ici car j'Ă©tais la risĂ©e des petits. Les parents n'en avaient que faire. Ils pensaient juste que c'Ă©tait normal. Que c'Ă©tait un simple jeu sans grande consĂ©quence. Ils n'avaient pas conscience de ce que c'est de se faire harceler. De se faire humilier de la sorte. Normal: ils agissent avec les autres de la mĂȘme maniĂšre. Une honte hĂ©rĂ©ditaire qui ne cessait de se propager, sans que les gens s'en aperçoivent. Le peu qui s'en rendent compte essayent toujours de changer les choses. De faire part de ce problĂšme social. Soit disant parce qu'ils ont trouvĂ© le cƓur du problĂšme. Mais comment leur dire que tout ça commence, pas forcĂ©ment par l'Ă©ducation des enfants...Mais par l'Ă©ducation des parents qui ne savent pas ce que c'est que le harcĂšlement ?

"Laisser la tranquille!" avait-il crié du haut de ses huit ans. 

Bouche bée, j'avais levé les yeux de mon livre et le scrutait. Déjà à son ùge, les yeux gris de son pÚre étaient illuminés par le soleil. Il brillait d'une assurance et d'une détermination que je n'avais pas...Quelques larmes perlaient mes joues et je ne pouvais que détourner le regard.
Une fois que tout le monde était parti, ses yeux se posaient sur moi, encore. Je croyais au départ qu'il me prenait par pitié. Comme tous ceux qui m'ont croisé. Mais non, pas du tout au contraire.

Un maigre sourire s'Ă©tirant sur ses lĂšvres, il chercha quelque chose dans sa poche. Je l'observais. Il grommela un petit peu, mais il finit par trouver ce qu'il voulait me montrer. Ouvrant ses mains devant moi, une fleur rouge enfermĂ©e dans une bulle se posait lĂ  doucement. Ses pĂ©tales s'Ă©tiraient doucement vers l'extĂ©rieur tout en restant emmitouflĂ©s sur elle-mĂȘme. Une rose. Sans sa tige par contre. Me fixant nerveusement, il finit par la mettre dans mes paumes m'expliquant sa provenance.

"J'avais trouvé ça au bord d'un lac...Elle m'a fait penser à toi. Vu que la fleur était tombée de sa tige, je me suis dit que le mieux était de la préserver dans une bulle. Au moins, elle restera belle pour toujours".

A ce moment prĂ©cis, mon cƓur a commencĂ© Ă  battre la chamade. Il ne pouvait plus s'arrĂȘter. Je n'avais d'yeux que pour lui. Et sans surprise, la fleur est toujours gardĂ©e prĂ©cieusement, sur une de mes Ă©tagĂšres. Mon frĂšre Ă©tant trĂšs observateur, il avait vite compris que mes sentiments se sont tournĂ©s vers son meilleur ami. Ça ne le surprenait pas, tout le monde tombait pour lui. Ça doit ĂȘtre pour ça qu'il Ă©tait aussi jaloux. Aussi opportuniste et excessif. Il voulait qu'on le regarde lui aussi. Il voulait les beaux yeux de Lily. Ça l'Ă©nervait de savoir que son pote avait rĂ©ussi Ă  l'avoir au lieu de lui. Les deux avaient Ă©tĂ© en froid juste pour cette raison.

C'était pathétique. Mais il l'assume.

Est-ce parce que je n'assume pas moi mĂȘme ce que j'ai fait que j'agis de cette maniĂšre ?

Voyant que je n'allais pas continuer la conversation, il prend une tasse de chocolat et se dirige vers lĂ  oĂč il Ă©tait venu, voulant me laisser seule. Silencieusement, je l'observe en train de partir, ses mots durs rĂ©sonnant comme des cloches dans ma tĂȘte.

Tout d'un coup il s'arrĂȘte, se retourne et me fixe droit dans les yeux comme s' il voulait assĂ©ner le coup de grĂące pour que je comprenne.

— Au fond, malgrĂ© ta forte jalousie et ta peur...tu aimais Lilieia autant que Romanis...n'est ce pas ?...

Crack.

C'est le bruit que je pense que mon coeur a fait à l'entente de ces mots. Une dure réalité que je ne voulais pas voir en face mais que malgré moi je dois affronter. Mes genoux flanchent, accompagnant mes larmes dans leur descente vers le sol froid. Les traits d'Oras s'adoucissent s'approchant de moi pour venir m'enlacer. Seule la bougie, en fin de vie, à sa flamme réconfortante dans toute cette pénombre. Le reste est juste froid. Les meubles, le chandelier, les vitraux... La rose dans sa bulle. Ils étaient tous froids. Il n'y avait plus de chaleur.

Elle était mon amie elle aussi.

Une amie qui a su voir au-dessus des conventions.

Une amie qui a su m'accepter et me voir.

Et je l'ai trahie...

...

Mais qu'ai je fait ?... 

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