Les jours passaient, mais aucune trace de Dagon. Il n'était pas revenu en cours depuis leur discussion de la dernière fois. Léon lui en voulait toujours, mais il s'inquiétait aussi de son absence. Il connaissait son petit-ami fragile, enfin s'il l’était toujours, et la moindre dispute l'angoissait terriblement. C'était peut-être pour ça qu'il avait toujours évité la révélation de la dernière fois. 
- Comment j'ai fait pour passer à côté de ça aussi longtemps ! Se tritura le jeune homme
- Je ne sais pas à quoi tu penses Pinky, mais je te préviens y'a le taré qui te fusille.
Revenant à la réalité, le garçon prit plusieurs minutes avant de comprendre de qui parlait sa meilleure amie, la seconde chanteuse de leur groupe. 
Son regard se tourna vers les grilles de l'établissement et ce qu'il vit le terrorisa bien plus que sa découverte de l'autre soir. Elias, le frère aîné de Dagon, l'attendait patiemment. Le regard levé vers sa personne. C'était le dernier individu que le batteur voulait voir. Il ne l'avait rencontré que quelquefois, mais cela lui avait suffit pour comprendre que si Dagon était mal par sa faute, il allait prendre chère, très chère. Ce type était capable du pire pour protéger ses frères et sœurs. Il se souvint de toutes les anecdotes que son copain lui avait raconté à son sujet. 

Elias était un individu dont l'apparence ne collait pas avec son caractère. Il était physiquement beau, très beau même. Le cliché même de l'occidentale typique: blond aux yeux bleus, grand, élancé, toujours bien habillé. En bref, le mec parfait d'apparence. Pourtant sa personnalité en rebuter plus d'un, ce mec n'aime personne, si la population entière pouvait disparaître, Elias serait le plus heureux. Léon l’a toujours trouvé bizarre surtout lorsqu'il le fixait comme il le faisait à présent. Un sourire discret au lèvre, mais le regard rempli d'une certaine colère et de dégoût. 
- Bon courage mon pote.
Lui souhaita son amie courant à l'opposé du blond. 
Du courage, il allait en avoir besoin face à ce sociopathe. 
- Elias.
Se faire le plus petit possible: éviter son regard, rester le plus impassible possible. On aurait dit que le batteur avait affaire à un animal sauvage, mais c'était bien un humain qui se tenait face à lui. 
- On peut discuter seul à seul ?
Bordel pensa le plus jeune, même s'il paraissait calme, Pinky sentait toute la haine qu'il ressentait. Sans un mot de plus, il le suivit dans un coin de la rue adjacente au lycée, un parfait endroit pour tuer… 

- Tu te doutes de la raison de ma venue, Léon.
La salive du plus jeune resta coincé dans sa gorge, ses mains tremblaient alors même qu'elle retenait son sac de tomber, il n'osa pas un regard vers celui de son interlocuteur. 
- Ce n'est pas en baissant la tête que tu éviteras la discussion.
- Je-
- Tu ?
Le blond jouait avec son cadet. 
- Je ne voulais pas le blesser… 
- Tu ne voulais pas le blesser ? Alors explique moi ce qu'il s'est passé, je ne crois pas trop à l'explication plus que dramatique de Dag’ vois-tu !
Le plus jeune s'exécuta, plus les minutes passaient, plus sa gorge refusait de sortir ses mots. Il finit son explication dans un couinement tordu, mais les minutes continuaient de filer à toute allure sans que l'aîné ne dise un mot. 
- Tu veux me faire croire que tu ne voulais pas qu'il rentre alors que, je cite: «tu avais besoin d'être seul.»
- Non ! Enfin, oui… En fait, je ne voulais pas qu'il rentre sous… sous… 
- Sous sa forme ?
Il ne dit pas un mot de plus, les images de la semaine dernière lui revenaient en mémoire, le bruit qu'avait produit ses os lorsqu'il avait repris forme, le déchirement des vêtements. Il ne voulait plus y penser. 
- Je vois bien que ce que tu as vu a dû te traumatiser, mais sache que Dagon est tout autant angoissé par ce qu'il s'est passé. Donc je vais être claire. Tu veux, oui ou non, rester en couple avec mon frère ?
La surprise se lisait sur le visage de Pinky, Elias, l'homme qui n'aimait rien ni personne, jouait les entremetteurs entre son copain et lui ?! 
- A-attend ! C'est pas une décision que je peux prendre comme ça ! I-il faut que je me repose, que j'y réfléchisse e-et que je pèse le pour et le contre ?! 
- De toute façon, que tu rompes ou que tu restes avec lui, tu devras garder ça secret. Sinon, je n'hésiterai pas à te rendre muet définitivement.
- Tu- Tu me menaces ?
Le sourire qui lui rendit ne le fit pas douter une seule seconde de plus. Cet individu était définitivement un sociopathe. 
Pourtant, en y pensant, il n'avait pas tort, ce n'était pas une chose qu'on pouvait dire haut et fort. Déclarer que son copain, ou ex-copain, était un homme chauve-souris juste par méchanceté, ce n'était pas son style. 

- J'avais pas l'intention de le révéler de toute manière, ça n'apporterait rien de bon.
- Heureux d'entendre un peu de sagesse de ta part, Léon.
Sans que le batteur ne puisse râler, le grand frère de Dagon reprit. 
- Je te laisse une semaine pour te décider. 7 jours pour discuter avec l'idiot, comprendre sa situation et choisir. Rester ou partir.
Elias rapprocha son visage du sien, le faisant reculer par la même occasion. Un sourire satisfait restait accroché à son visage.
- Si tu pouvais aussi me donner les cours qu'il a raté, ce serait très agréable de ta part. 
- Qui t'as dit que je les avais ?
- Ne joue pas les imbéciles Léon. Tu es certes terrifié par son apparence, mais tu restes «in love» de mon frère pour ne pas lui prendre ses cours ~.
Tout comme ses cheveux qu'il avait teint en fuchsia, ses joues virèrent aux rouges.
Il se resigna cependant à ne rien relever et offrit les cours pris et les copies de ses notes à l'aîné. 
- Je te remercie. Sur ce. Réfléchis bien, Pin-ky !
Va te faire foutre, taré.