Il était une fois, une petite citrouille qui vivait dans le jardin d'une grande et cruelle sorcière. Un jour qu'elle observait le paysage en se demandant quand elle serait réduite à l'état de soupe, elle vit passer le chat noir de la méchante femme. Son poil lui parut si brillant, si beau, que la petite citrouille décida qu'elle voulait le même que lui.

N'écoutant que son courage, la petite citrouille se mit à sautiller vers la maison de la grande et cruelle sorcière, dans l'espoir qu'elle puisse l'aider à accomplir son rêve le plus fou. Quant au prix d'un long effort elle parvint à grimper les hautes marches menant à la demeure de sa maîtresse, celle-ci l'attendait sur le perron, l'air confus.

— Que veux-tu, pitoyable créature ? demanda t-elle d'une voix forte et autoritaire, mauvaise, qui fit frémir notre héroïne au plus profond de ses pépins. La petite citrouille, effrayée, baissa les yeux.

— Je voudrais une chevelure, longue et brune, comme celle qui orne votre tête, maîtresse.

— Mais sans mains pour la coiffer, quelle utilité trouveras-tu à celle-ci ? Tu ne ressemblas qu'à un amas de poils sale et poussiéreux, sans aucune chance de trouver l'amour ou quelqu'un pour te manger. Tu seras condamnée à pourir seule ! Tel est le prix à payer pour avec une chevelure.

La petite citrouille ne réfléchit pas plus longtemps et accepta sa proposition. La méchante sorcière tendit sa baguette vers elle et incanta quelque sort obscure. La peau duveteuse et rousse se retrouva brusquement couverte de poils noirs et sales, sur l'intégralité de son corps. La sorcière, prenant pitié pour cette créature difforme, lui fit également pousser quatre pattes, de chaque côté du corps, pour lui permettre de se mouvoir et de ne pas mourir écrasée par quelqu'un qui la prendrait pour un monstre.

Ainsi naquit la première araignée du monde, et toutes les petites araignées qui lui succédèrent ont toutes gardé cette particularité spécifique à leur espèce.