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Pythonisse
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6 - Les à-coups du démarrage

En arrivant à mon étage, j’allai prévenir Mickaël dans l’instant que le problème était à moitié résolu.

— Il a été gentil avec toi ? me demanda-t-il.

— Je dirais pas ça… Il n’a pas été méchant à proprement parler… Enfin…

Tandis que je me perdais en explications vaseuses, il se leva de son siège et s’avança vers moi. L’une de ses mains retomba sur mon épaule avec douceur.

— Ne t’inquiète pas. Je connais Logan depuis quelques années et il grogne beaucoup plus qu’il ne mord. De toute façon, s’il y a le moindre problème, viens me voir.

Le savoir si proche de moi me retourna tout entier. Quelque part, j’avais le même genre d’impression d’apaisement que dans le train ce matin, contre Nightmare. Au souvenir de mon trajet, mes joues se gonflèrent de sang et je baissai la tête, embarrassé qu’il me voie rougir, même légèrement. Malheureusement, sa seconde main vint bientôt relever mon menton et ses yeux plongèrent dans les miens. Un silence s’installa alors qu’aucun de nous ne bougeait. Nous étions comme statufiés. J’avais l’impression que mon corps allait imploser. Être si près de lui et voir que les gestes venaient de lui me bouleversait. Finalement, je retrouvais un usage approximatif de la parole et répondis :

— D’accord.

Il sourit, puis se détacha de moi. Reprenant peu à peu le contrôle sur mon corps, je fis quelques pas vers la porte.

— Je vais retourner au travail.

Il acquiesça et je quittai son bureau. En réintégrant le mien, je lâchai un grand soupir, me laissant retomber sur mon siège. Je ne parvenais pas à croire ce qu’il venait de se passer. Il m’avait touché. Bon, pas forcément d’une façon romantique, mais… un peu quand même ? Le regard que nous avions partagé… Est-ce que j’avais le droit d’espérer ? Espérer ne serait-ce qu’à la possibilité d’un potentiel rapprochement entre nous ?

— Alors, avec Logan ?

La voix de mon collègue me ramena à la réalité. Logan… Je grimaçai.

— Il me fait vraiment peur, avouai-je à Chris. C’est pas humain d’être comme ça.

— C’est vrai qu’il est pas trop du genre à mettre en confiance. Il cache peut-être un tempérament plus doux ?

Je fis la moue, non, c’était impossible qu’un homme comme ça devienne subitement plus gentil. Ce gars poussait ses collègues au burn-out. Alors, oui, il était compétent et le service juridique demeurait celui qu’on encensait le plus. Cependant, si la gloire se résumait à un boss tyrannique, alors j’étais bien heureux d’être un « tire-au-flanc ». Je priai pour ne jamais le revoir.

Soudain, mon téléphone de poste sonna. Mes yeux s’exorbitèrent. J’étais sûr que c’était lui. Mon corps réagit d’instinct, se reculant sur mon siège tandis que je fixai cet appareil du démon, qui semblait me hurler « décroche, le tire-au-flanc » !

— Tu veux pas répondre ?

Je regardai Chris, complètement terrifié.

— C’est lui. Ma main à couper que c’est lui !

— Ben réponds ! me pressa-t-il.

La mort dans l’âme, J’inspirai profondément, puis décrochai le combiné et dis d’une petite voix :

— Service des archives ?

— T’es toujours aussi long à répondre ? me demanda Logan sur un ton de reproches.

Je fus tellement pris de panique, qu’après quelques secondes d’une intense réflexion, je raccrochai. Immédiatement, je me rendis compte de mon erreur et relevai un regard horrifié vers Chris.

— Tu viens de lui raccrocher au nez ? s’enquit mon collègue.

— Je… J’ai paniqué, avouai-je.

Le téléphone sonna de nouveau, faisant se dresser les cheveux sur ma tête. J’inspirai longuement avant de prendre le combiné.

— Service des archives ?

— Tu te fous de ma gueule ? gronda-t-il.

— Je suis désolé ! Le téléphone m’a échappé des mains, couinai-je.

— Et il est retombé parfaitement sur sa base, c’est ça. Il me manque le compte rendu du contentieux.

— Comment ?

Je l’entendis parfaitement soupirer puis grommeler quelque chose à propos d’un gamin stupide.

— Le contentieux de 2009. Il n’y a pas le compte-rendu dedans. Le compte-rendu final, que mon service a fait une fois que l’affaire a été terminée. Va me le chercher, j’en ai besoin.

— C’est-à-dire… Normalement, tu dois me le demander vingt-quatre heures à l’avance, minimum. J’ai d’autres choses à…

— Je m’en fous. Va me le chercher.

Sur ces mots d’une délicatesse relative, il raccrocha. Je laissai le haut de mon corps s’étaler sur mon espace de travail, raccrochant à mon tour. Un immense soupir s’extirpa de moi, puis, la mort dans l’âme, je quittai mon bureau et redescendis aux archives sous le regard embêté de mon collègue.

La grande salle vide m’accueillit avec un silence que je pris le temps d’apprécier. Près de la porte, j’attrapai le marche-pied et retournai dans la section juridique. Durant une dizaine de minutes, je fouillai allègrement dans les dossiers du premier trimestre de 2009, lorsque mon portable vibra. Voyant le symbole de l’appli, j’ouvris le message de Nightmare.

« Tu voudrais recommencer quand ? Je suis libre demain 😏 »

Un grand sourire s’allongea sur mon visage. Tentant le tout pour le tout, je choisis d’être franc.

« Demain ? Oui ! »

Je m’assis par terre, au milieu des dossiers éparpillés et attendis sa réponse, qui ne tarda pas.

« 😂eh ben, pour un débutant, on peut dire que tu manques pas de motivation ! C’est bien, j’aime ça ! Ok pour demain alors. Pour les limites, on dit quoi ? »

Je fus un peu perdu devant la question. Prenant le temps de la réflexion, je fermai les yeux et essayai d’essayer d’imaginer ce que je n’aimerais pas. Sans grande surprise, je ne voulais pas de pénétration. C’était impossible de ne pas se faire attraper avec ça. Mais sinon… Je n’avais pas vraiment d’autres restrictions.

« Je ne veux pas de pénétration. »

« Ok et pour ce qui est des fellations ? »

Le rouge me monta aux joues. Comment est-ce qu’on pouvait être discrets en faisant ça ? Surtout que… je savais pas du tout comment faire, moi !

« Non, pas de ça ! »

En même temps que j’envoyai mon message un texto arriva. Je l’ouvris en soupirant, sachant qu’il venait de ma mère.

« Nous sommes convoqués au lycée de Léonie. Tu y vas à notre place. C’est à 18h30, j’attends ton appel ensuite. T’es-tu occupé des courses ainsi que de la facture ? »

Je le relus une seconde fois, les sourcils froncés. « Convoqués au lycée de Léonie » ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui mériterait que mes parents soient convoqués ? Je repensai à ses peurs, son isolement… Peut-être que j’allai avoir des réponses. Si c’était le cas, nous allions avoir un problème. Un nouveau long soupir me submergea. Je bâclai une réponse et rouvris l’application où un message m’attendait, tout en farfouillant un peu parmi les papiers, toujours à la recherche du CR perdu.

« Oula, serait-ce un sujet sensible ? ^w^ Ok, donc je prends bien en compte que tu veux pas t’approcher de la partie la plus sympa de mon anatomie. C’est entendu. s’éloigne pour essuyer une larme »

Je ris. Je l’avais déjà remarqué, mais j’aimais bien son humour. Il semblait être quelqu’un de vraiment appréciable dans la vie. En plus, j’étais certain qu’il s’entendrait très bien avec Eva. Je fus soudain déçu de pas pouvoir, ne serait-ce que mettre un visage sur cet homme. Peut-être que ça venait de mon désespoir en tant que puceau, mais ça restait triste de mon point de vue.

« C’est pas que je veux pas m’en approcher, c’est plutôt que j’ai pas très envie qu’on se fasse attraper. Et entre la pénétration et la fellation, c’est quand même visible. Mais, j’ai une question ; est-ce que moi aussi je peux te toucher ? »

En même temps que j’envoyai le message, j’entendis la porte des archives s’ouvrir. Je verrouillai mon téléphone, le rangeai, puis me relevai afin d’aller vérifier qui venait d’entrer. Je n’avais qu’une peur ; que ce soit le monstre du troisième.

Passant la tête sur le côté du grand rayon d’étagères, je soupirai de soulagement en voyant Mickaël me chercher. Je sortis de ma cachette et avançai vers lui.

— Il y a un problème ? demandai-je.

Il me fixa d’un regard amusé.

— Pourquoi devrait-il y en avoir un ?

— Tu ne descends jamais aux archives, pointai-je, quelque peu narquois.

Il rit, ne se froissant pas le moins du monde, puis arrivant à ma hauteur, il se stoppa. Les mains dans les poches de son pantalon, il me darda de haut en bas.

— Tu trouves ce que tu veux ?

Je me dandinai, mal à l’aise, tout en sentant mon portable vibrer de nouveau.

— Pas vraiment… Enfin, je suis toujours en train de chercher. C’est juste que j’ai pas encore trouvé, mais je vais me dépêcher.

Il sourit, puis me dépassa, passant dans mon dos pour rejoindre l’allée jonchée de dossiers ainsi que de feuilles volantes. Je l’entendis siffler et grimaçai.

— C’est toujours autant le bazar ici ?

Gêné, je le rejoignis et soupirai.

— Toujours. Les archives, c’est le trou noir de la boîte. Ceux qui viennent chercher des dossiers les rangent rarement. La moitié de mon travail, ici, c’est de ranger après les autres.

Sans le voir, je sentis le regard de mon boss se poser sur moi. Intimidé, je conservai la tête basse, puis fis un pas en avant.

— Je vais continuer à chercher, je ne tiens pas à ce que Logan soit en colère contre moi.

Il saisit mon bras et me ramena face à lui. Une nouvelle fois, nos regards se croisèrent ; le sien, sérieux rencontra le mien, émerveillé.

— Souviens-toi de ce que je t’ai dit ; si tu veux me parler, je suis là. Tu peux compter sur moi, Éliah.

Incapable de répondre, je hochai la tête en souriant. Il sourit puis relâcha mon bras. Tandis que je m’agenouillai afin de reprendre mes fouilles archéologiques, je l’entendis s’approcher une nouvelle fois.

— Tu as quelque chose de prévu ce soir ? me demanda-t-il.

— Pas vraiment. Enfin, j’ai rendez-vous au lycée de ma petite sœur. Mes parents ont été convoqués mais comme ils ne sont pas là, c’est à moi d’y aller.

— Allons dîner ensuite, clama-t-il de but en blanc.

Je fis mon possible pour rester calme devant son invitation. Car même si j’en mourrais d’envie, j’étais pratiquement certain que je ne pourrais pas y aller.

— Euh, je sais pas si je vais pouvoir. J’ai le rendez-vous, puis je dois m’occuper des factures, des courses… En plus, je n’ai pas envie de laisser Léonie toute seule. Je la sens mal cette histoire de convocation.

Marmonnant dans ma barbe, je ne me rendis pas compte qu’il s’était accroupi à mes côtés.

— Tu es bien trop sérieux, Éliah. Tu ne fais jamais rien en dehors des clous ?

J’ouvris la bouche pour répondre, mais la refermai immédiatement. La seule chose que je faisais « en dehors des clous » était… trop secrète pour lui en faire part.

— Je… Je n’ai pas vraiment le temps, me justifiai-je en souriant d’un air désolé. Je dois prendre soin de mes sœurs.

— Est-ce que ce n’est pas le boulot de tes parents ?

Un petit sourire glissa sur mon visage. Mes parents…

— Je suis le seul garçon de ma fratrie. C’est à moi de prendre soin d’elles lorsqu’ils ne sont pas là. Ça a toujours été comme ça.

— Pourtant, tu es le quatrième enfant, non ? Tes trois autres grandes sœurs ne t’aident pas ?

Je ris.

— Oui, je suis le quatrième. Mais je suis surtout le premier garçon. C’est ça qui compte aux yeux de mes parents. Je suis le « mâle » de la famille. Celui qui doit se plier en quatre pour les « femelles faibles » que sont mes sœurs.

Les mains enfoncées dans le carton à la recherche du document, je me retins de lui faire remarquer la stupidité évidente de cette situation.

— Ne le prends pas mal, hein, mais tes sœurs n’ont pas l’air d’être des petites choses fragiles, ricana-t-il.

— Elles sont bien plus fortes que moi et ce, sur tous les plans. Elles sont loin d’avoir besoin de moi.

Je contins un sourire triste. Quelque part, m’occuper d’elles m’empêchait de voir la vérité en face, celle qui me susurrait que ma vie n’était qu’une suite de moments solitaires. Alors, prendre soin de ces cinq personnes me permettait de faire comme si j’avais de l’importance, comme si je servais vraiment à quelque chose.

Une main retomba à plat sur le haut de mon crâne et ce ne fut que lorsque je tournai la tête vers Mickaël que je sentis une larme sur ma joue. Mal à l’aise, je l’essuyai du revers de ma manche tout en m’excusant.

Tandis que je tentai vainement de me remettre à la recherche des papiers en ravalant ma tristesse, je fus soudain tiré sur le côté. L’instant d’après, j’étais entouré de la chaleur de l’étreinte de Mickaël. Tétanisé par ce geste que j’essayai d’analyser, je ne bougeai pas, de peur que ce moment se brise, que je doive quitter ce cocon réconfortant qui se refermait davantage autour de mon corps.

Sa grande main caressa mes cheveux et je m’enfonçai contre lui. Mon visage se blottit dans son cou et mon corps tout entier se nicha contre le sien. Tendrement, il m’emprisonna entre ses bras alors que je m’agrippai à sa veste de costume.

Pouvoir partager un câlin avec quelqu’un était une bénédiction. À part ceux de mes sœurs et les rares que daignaient me donner mes parents, je n’en avais eu que rarement et ils venaient tous d’Eva. Alors, que ce soit lui qui m’en donne un, qu’il le fasse avec autant de tendresse me bouleversait tout entier. C’était presque trop pour ce que j’étais en mesure de supporter.

— Viens dîner avec moi ce soir, quémanda-t-il d’une voix qui ronronna à mon oreille.

Je ne pus que hocher la tête, incapable de parler sans fondre en larmes à nouveau. Il s’écarta de moi, essuyant le reste du liquide lacrymal qui stagnait sur mes joues rondes, puis me sourit sereinement.

— Ne t’inquiète pas, Éliah, à partir de maintenant, je suis là.

Je ne savais ce qu’il voulait dire par là, mais si ça induisait le fait de passer du temps avec lui, alors je n’y voyais aucun inconvénient. Il se redressa finalement, reculant d’un pas.

— Comme tu as des choses à faire, je te laisse m’appeler dès que tu as fini. Même si c’est tard. Je passerai te chercher et nous irons dîner, d’accord ?

— D’accord, répondis-je, souriant comme un idiot.

Il parut satisfait de ma réponse et s’en alla, me souhaitant de vite trouver le document. Une fois que la porte fut refermée derrière lui, je soupirai de joie. Mickaël était vraiment parfait. C’était presque une torture d’avoir mon idéal si accessible et pourtant si loin de moi. Je sortis finalement mon portable et lus le message de Nightmare.

« Oui. Ça me ferait plaisir que tu me touches aussi. C’est toujours plus sympa quand il y a du partage. »

Je lui répondis immédiatement.

« Cool ! Je suis content. Alors, on se dit à demain ? »

Sa réponse arriva dans l’instant.

« Yep. À demain Peach.😘 »

Je ne pus m’empêcher de rougir un peu en lisant son message. J’aimais bien sa personnalité et j’avais l’impression que nous nous entendions bien. Ça me faisait d’autant plus plaisir que je n’avais pas énormément d’amis ; alors rencontrer un jeune homme à peine plus vieux que moi qui me trouvait un quelconque intérêt… c’était grisant.

Je repris la recherche du CR avec plus d’entrain, plus de hargne et finis par le dénicher une belle heure plus tard, dans une boîte de 2012. Je pris encore une vingtaine de minutes afin de tout ranger, puis quittai la salle des archives, me dirigeant vers le troisième.

En sortant de l’ascenseur, je n’en menais pas large. Pour la troisième fois de la journée, j’allais être confronté au monstre et ça ne m’enchantait pas le moins du monde. Je slalomai parmi les bureaux, cherchant la porte où son poste serait noté.

— Je peux vous aider, jeune homme ?

Dans le silence entrecoupé de cliquetis de claviers d’ordinateurs, la voix féminine et ferme me fit presque sursauter. Je m’approchai, puis lui parlai à voix basse.

— Je cherche le bureau de Logan, j’ai des papiers à lui remettre.

La femme, approchant de la cinquantaine, arborait un look très sérieux et professionnel. Elle remonta ses lunettes sur son nez et me toisa.

— Vous êtes le petit du service des archives, c’est ça ?

Je souris, un peu embarrassé qu’elle sache déjà qui j’étais et elle soupira.

— Il a été méchant ?

C’était apparemment la question du jour !

— Il… bégayai-je. J’étais en tort, alors… il est normal qu’il ne soit pas de bonne humeur.

Elle plissa les yeux, puis décrocha son téléphone. J’entendis Logan lui répondre, l’air ronchon.

— Le petit est là, lui ordonna-t-elle avant de raccrocher puis de me sourire. Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer.

Soudain, une porte s’ouvrit à la volée dans mon dos, me faisant réellement sursauter cette fois et lorsque je l’entendis grogner, je n’eus pas besoin de me retourner pour savoir qu’il venait de m’apercevoir. Il nous rejoint et baissa un regard assez neutre sur moi, tendant la main.

— Tu vas me donner le document, oui ou non ? gronda-t-il au bout de quelques secondes.

Je tressaillis, lui tendant les feuilles qu’il m’arracha presque des mains. Ce fut alors que je remarquai le gros tatouage qui encerclait son cou. Tout à l’heure, j’avais bêtement cru qu’il portait un col roulé, mais en le regardant mieux, c’était un tatouage, entremêlant différentes fleurs. Il se retourna, s’apprêta à partir quand la femme l’interpella.

— Dis donc, personne ne t’a appris à dire merci ?

Logan se stoppa, il fixa la femme d’un air blasé et soupira.

— Ça fait une semaine que j’attends ce dossier, il m’a oublié et quand je m’énerve et que je l’ai enfin, il manque le CR. Je ne pense pas qu’il ait droit à un merci.

Après un dernier coup d’œil à mon intention, il entra dans son bureau, referma la porte et elle soupira.

— Il est impossible. Ne prends pas son ton au sérieux, il est juste vexé parce qu’il s’est trompé.

— Trompé ? répétai-je, intrigué.

Elle rit en se penchant vers moi, je fis la même chose et elle me chuchota :

— Si tu n’as pas eu son mail, c’est parce qu’il s’est trompé en notant l’adresse.

Elle m’invita à regarder son écran où la boîte mail de Logan était affichée. Dans les messages envoyés, je vis « archives » noté là où devait se trouver l’adresse de mon service.

— En fait, il note bien le raccourci, mais il oublie de sélectionner l’adresse mail. Le pire, c’est peut-être que ça lui arrive souvent.

Nous rîmes ensemble, puis elle prit un ton plus doux.

— Ce n’est pas un mauvais bougre, alors essaie de ne pas le juger à son comportement d’aujourd’hui. D’accord ?

Je fis la moue et elle sourit.

— J’ai bien vu qu’il te terrifiait, il fait cet effet à beaucoup de gens, ne t’inquiète pas. Tu n’as pas l’air méchant, mais crois-moi, il ne ferait pas de mal à une mouche.

Je hochai la tête avant que mon regard ne tombe sur la plaque où son nom était inscrit.

— D’accord. Merci Annie. Au fait, je m’appelle Éliah, dis-je en lui tendant la main.

Elle la serra en souriant et nous nous dîmes au revoir. Je pus retourner à mon poste un peu plus sereinement. Voilà, mes interactions avec Logan étaient finies – pour un moment, je l’espérais. Je me rassis en face de Chris qui triturait ses longues mèches blondes. Lorsqu’il me vit, il m’interrogea.

— Tout va bien, le rassurai-je. Maintenant, je vais continuer de m’occuper de la compta de 2013.

Il acquiesça et s’occupa de nos autres demandes en attendant.

À dix-sept heures précises, je quittai l’entreprise afin de rejoindre le lycée de Léonie. En fait, il avait été le lycée de toutes mes sœurs et moi. Nous y étions tous passés les uns après les autres ; il était proche de la maison, public mais avec une bonne réputation, ça avait donc été le meilleur choix.

En me retrouvant devant la grille, de nombreux souvenirs me submergèrent. Certains furent bons et doux, alors que d’autres me serrèrent l’estomac. Je pris une grande inspiration et passai les portes, me rendant directement dans le bureau du directeur. Pour cela, je dus traverser presque toute l’enceinte du bâtiment gargantuesque.

Dans la petite salle d’attente, je m’assis dans un fauteuil et patientai. Quelques minutes plus tard, Léonie arriva en compagnie d’une femme. Je me levai et m’avançai vers elles.

— Monsieur de Bernet ? m’interrogea-t-elle.

J’acquiesçai, puis elle se dirigea vers le bureau du directeur sur lequel elle frappa quelques coups. Pendant ce temps, je jetai un œil à ma petite sœur, elle avait l’air terrifiée. Mes sourcils se froncèrent et je lui pris la main, dans un geste réconfortant.

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2 months
Au début je me suis dit que Nightmare était peut-être son directeur, mais maintenant je me demande si c'est pas plutôt Logan 🤔 Le retournement pour notre petit chou si c'est le cas 😮🥹
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