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Chapitre 2

Dyre écoutait d’une oreille attentive la conversation qui se déroulait à côté de lui, tout en engouffrant sa portion de nourriture, à une telle vitesse qu’on aurait pu croire qu’il était affamé et sous-nourri, ce qui était loin d’être le cas. Il restait une journée à leur voyage, avant qu’ils ne puissent mettre pied à terre. Et il avait décidé d’arrêter de faire le pied de grue et de rêvasser sur le pont, ou de passer tout son temps en la charmante compagnie de Colbyran.

Les aventuriers plus expérimentés de leur expédition n’étaient pas les plus avenants, ou approchables, pour les plus débutants. Dyre avait tenté de soutirer des informations à certains ou de se trouver un partenaire d’entraînement, mais peine perdue. Jusqu’à ce qu’il s’assoie aux côtés de deux hommes à la cantine. Leur allure laissait penser à des guerriers, ce qui était parfait. Il n’avait pas particulièrement envie d’approcher les mages et leurs collègues, tous arborant des airs austères et, à ses yeux, franchement hautains.

Dyre s’était donc glissé aux côtés des guerriers pour écouter leur conversation. Une manœuvre si peu subtile qu’ils l’avaient rapidement inclus dans celle-ci, lui expliquant les raisons du fourmillement des marins encore plus inquiétant au dessus de leurs têtes.

La vigilance de tous était à son paroxysme, puisqu’ils étaient entrés depuis la veille dans une zone plus tumultueuse. Ils avaient quitté depuis bien longtemps l’aura protectrice de Riverseal, mais le voyage par la mer, plus rapide, était d’autant plus la voie la plus sécuritaire dans cette région. Longer la côte à pied aurait fini par les obliger à traverser des régions infestées.

La sécurité des mers n’était pas toujours garantie, Dyre avait entendu des histoires d’horreur de marins au delà de la mer intérieure de Saequor. C’était le genre de destination qui n’aurait jamais accepté des jeunes aventuriers aussi inexpérimentés que lui, même pour s’en servir de chair à canon.

Quitter le dernier cercle de protection avait été une expérience nouvelle pour Dyre. Toute sa vie, il avait connu la relative sécurité du troisième cercle, Oldfall se trouvant la lisière de celui-ci et du deuxième. Les créatures sauvages que le Système avait fait muter depuis qu'’il avait surplombé leur monde avaient parfois causé des ennuis chez lui, mais c’était un événement rare, et les monstres restaient relativement faibles dans les cercles de protection.

C’était un des mystères qui planaient depuis plus de 90 ans. Les mages et autres érudits avaient théorisé en long et en large sur le pourquoi du comment les grandes villes avaient été protégées de cette manière. Par quel maléfice, au delà d’une certaine distance, la faune et la flore devenaient si dangereuse que des villes et des villages entiers avaient été abandonnés, les habitants se réfugiant dans les grandes cités protégées, ou dans les villages environnants.

Le donjon qu’ils allaient explorer se trouvait très loin du dernier cercle protecteur. Jamais, un jour, Dyre n’aurait cru pouvoir y mettre les pieds sans se liquéfier sur place de peur, la tête pleine des histoires horrifiques que les plus vieux du village leur racontaient. Mais, malgré les quelques inquiétudes habituelles, il se sentait surtout prêt à y foncer tête baissée.

À défaut de pouvoir suivre ce chant guerrier dans son esprit, il récoltait donc autant d’informations possible auprès de ses camarades, le plus vieux lui ayant aussi proposé une séance d’entraînement après leur repas. Il avait le plus d’expérience dans ce genre d’expédition, ainsi finit-il par attirer quelques oreilles attentives, en plus de celles de Dyre.

Le donjon était apparu trois semaines auparavant. Deux entrées étaient accessibles, l’une d’elle ouvrant à même la berge. Il aurait été plus facile d’utiliser celle-ci, puisque la seconde était située beaucoup plus dans les terres sauvages.

Cependant, les guildes avaient eu vent de ce nouveau donjon parce que dès son apparition, il avait été la cause d’un destin cruel. En effet, un groupe de mercenaires, complètement inconscients, avaient tenté de prendre d’assaut l’infrastructure magique par la mer.

L’entrée même avait rejeté leurs corps désarticulés et marqués par des coups de crocs qui ne laissaient aucun doute. D’habitude, les entrées n’étaient pas aussi dangereuses. Et contre toute attente, le donjon avait été classé de faible niveau, après que des pisteurs officiels avaient été envoyés pour tâter le terrain de la seconde entrée.

— Nous allons devoir nous aventurer un peu dans les terres, conclut le guerrier. Notre nombre jouera en notre faveur. Ils vont rassembler au milieu tous les niveaux en dessous de 5 pour éviter des pertes inutiles avant d’atteindre le donjon.

Ces informations étaient à peu près tout ce qu’ils avaient. Quels types de bêtes allaient-ils affronter ? Le donjon sera-t-il sur plusieurs niveaux ? Contiendra-t-il des pièges ? Et qu’en était-il de son boss gardien ?

Si les têtes dirigeantes de l’expédition en savaient plus, notamment sur la nature de ce qu’ils cherchaient pour leur commanditaire, elles n’avaient pas jugé nécessaire de partager avec ceux en bas de l’échelle. Peu s’en souciaient, puisque tout ce qui comptait était l’expérience gagnée et le salaire, et Dyre avait décidé d’adopter cette mentalité.

Comme convenu, Dyre suivit le guerrier sur le pont arrière, qui avait été alloué aux membres de l’expédition. Thyrn, se présenta-t-il, était originaire des quartiers pauvres de Riverseal. Il était aussi mercenaire, spécialisé dans le combat à l’épée. Celle-ci était plus lourde que les épées régulières, mais pouvait se tenir à une main. Les bras de Thyrn ne laissaient aucun doute quant à sa capacité à la manier avec efficacité.

Ils se trouvèrent un coin disponible avant de se faire face. Des bâtons d’entraînement étaient à leur disposition. Les soigneurs du groupe avaient mieux à faire de leur énergie que de s’en servir pour rafistoler les combattants ennuyés qui finissaient par se blesser, et ce, avant même d’être sur le terrain.

Muni d’un bâton de la taille et du poids d’une épée, Dyre se mit en garde. Rapidement, il réalisa qu’il faisait face à un homme différent du vieux Rio, et qu’il allait devoir s’adapter. Son visage se fendit d’un sourire lumineux et, trop impatient que son adversaire daigne lui montrer son jeu, il attaqua rapidement. Il était plus petit et vif que Thyrn, et dans les plus rapides, s’il se comparait à ses amis d’Oldfall, qui se composaient essentiellement d’humains. Il savait qu’il n’avait aucune chance de remporter la partie contre l’homme plus expérimenté, mais il ne comptait pas s’avouer vaincu avant d’avoir testé ses limites physiques.

Les deux combattants avaient établi préalablement qu’ils n’utilisaient aucune compétence, seulement leur habilité au combat et leurs aptitudes physiques. Dyre avait été plus que d’accord. Son gagne-pain sera son couteau, son épée, sa vitesse et sa dextérité, il n’avait besoin de rien de plus.

Le jeune homme fit une première tentative, la garde à la hauteur de sa poitrine, assénant un coup que son adversaire allait devoir parer. Rio lui avait toujours reproché son agressivité au combat, même si celle-ci lui avait toujours servi contre ses adversaires amicaux. Thyrn le surprit en évitant rapidement le coup, non pas avec son arme, mais son corps. Dyre vit flou un instant, ne s’attendant pas à ce que son adversaire soit si rapide. Lui qui maniait une épée aussi lourde, à quoi bon augmenter sa rapidité ainsi ?

Il ne laissa pas Thyrn briser sa garde, voyant que celui-ci voulait tenter de lui agripper le poignet pour le déstabiliser. Il bondit vers l’arrière pour se mettre hors de portée, réaffirmant sa position sur ses pieds.

— Tu utilises une autre arme en plus de ton épée ? le questionna Dyre, curieux.

— Tu verras peut-être dans le donjon, répondit Thyrn, un air faussement mystérieux sur le visage.

Dyre roula des yeux, les coins de ses lèvres remontés en un sourire moqueur. Il respecta néanmoins le désir de confidentialité de son adversaire. Il avait remarqué ces derniers temps, en ville et sur le Kistna, la tendance des aventuriers de plus haut niveau de rester évasifs sur leurs réelles capacités. Il avait aussi remarqué la tendance inverse chez les autres jeunes de son âge. Lui ne savait pas trop où se situer. La raison principale, pour lui, de ne pas en révéler trop relevait plus de sa sécurité que par égo mal placée - si telle était la raison chez les autres.

Autant ne pas trop se poser de question. Obéir aux ordres. Gagner de l’expérience. Être payé. Et recommencer. Il pouvait le faire.

Thyrn attaqua à son tour, rapide comme un serpent. Mais, cette fois, Dyre s’y attendait. Il para avec difficulté le vigoureux coup de bâton que lui donna son adversaire, sentant le choc dans tout son bras. Il le repoussa et se positionna avec une garde basse avant d’attaquer, profitant de son mouvement pour amplifier sa force. Sans succès. Mais son sourire ne disparaissait pas.

Les passes se multiplièrent. Dyre pouvait sentir la retenue de l’homme, mais ne lui en voulut pas. Il préférait largement que ce dernier se mette à son niveau et éviter que le combat ne s’interrompe trop rapidement. En sueur, le plus jeune finit néanmoins par capituler, lorsqu’il sentit que son corps ne pouvait aller plus loin. Pour la forme, Thyrn lui toucha la gorge avec son arme improvisée, signalant la fin du combat. À genoux, le jeune aventurier souffla bruyamment, puis bascula sur le côté pour s’asseoir à même le sol.

Le temps s’était suspendu, il ne savait pas trop combien de temps le combat avait duré. Il remarqua que certaines membres de l’expédition venus assister à l’entraînement, aussi ennuyés qu’eux, avaient été remplacés par d’autre. Plus loin, il vit brièvement Colbyran, qui lui fit un petit geste de la main avant d’être entraîné par un groupe qui voulait sûrement tenter à nouveau de le plumer aux dés. Ils pouvaient toujours essayer…

Une fenêtre s’afficha devant ses yeux, attirant son attention.

! Amélioration !

! Maniement d’armes lourdes +1 !

Son sourire s’élargit. Cet entraînement, couplé à ceux qu’il avait fait avant de partir, avec le vieux Rio, avait porté ses fruits.

Les apparitions devant ses yeux étaient de plus en plus fréquentes, maintenant qu’il avait passé son Intégration. Il n’était pas rares que les adolescents, à partir de leurs quinze ans, parviennent à augmenter leurs capacités physiques avant que le Système ne les prenne en charge. Du moins, les plus actifs d’entre eux.

Ayant passé presque toute sa vie à cabrioler dans la nature avec d’autres jeunes du village, Dyre avait une bonne base sur laquelle travailler pour ses réflexes, sa rapidité et son endurance physique. Ses capacités de maniement d’armes lui venaient aussi de ses nombreux entraînements. Et encore, ce n’était rien comparé à ceux qui avaient les moyens de se payer des tuteurs et des guerriers chevronnés. Eux avaient une longueur d’avance au moment de leur Intégration.

— Le Système t’a donné un cadeau ?

La voix de Thyrn le tira de ses pensées.

— Rien d’extraordinaire, répliqua le jeune homme en haussant les épaules.

Les « cadeaux » du Système, comme il était commun de les nommer, étaient généralement plus impressionnants qu’une simple augmentation de capacité.

— Mais merci, ajouta-t-il prestement, réalisant que sa réponse pouvait être mal interprétée. Ton temps est apprécié, j’ai rarement pu croiser le fer avec un expert.

Thyrn sourit en retour, l’aidant à se relever d’une poigne encore vigoureuse, alors que lui sentait ses bras trembler sous l’effort fourni.

— J’ai l’impression que le combat à l’épée n’est pas ton point fort pour l’instant ?

— Non, elles sont un peu encombrantes dans la cambrousse. Et un peu cher, si on en veut une qui ne se désagrège pas à un moment inopportun, grogna Dyre.

— Tu sais te défendre, c’est l’essentiel. Et là où on va, c’est le meilleur endroit pour s’améliorer, tu vas voir, lui répondit Thyrn, lui donnant cette fois une grande claque entre les omoplates qui manqua de le renvoyer au sol.

Malgré la fatigue, Dyre sentit aussitôt son sang chanter dans ses veines. Oui, il avait bien hâte de faire ses premiers pas dans un véritable donjon.

Après avoir rangé les bâtons malmenés et s’être serrés la main, ils se séparèrent. Dyre alla se débarbouiller dans la cabine qu’il partageait avec deux autres membres de l’expédition. Ceux-ci n’étaient pas là, lui permettant d’être seul avec ses pensées. Une fois relativement propre, il s’assit sur sa couchette, sortant machinalement ses armes pour évaluer leur état.

Il repensa aux paroles de Thyrn, lorsqu’il avait mentionné les cadeaux du Système. Sa bonne humeur s’envola. Il tergiversa quelques minutes avant de capituler. Il devait se préparer à ce qui allait suivre et ne pas être un boulet pour ses coéquipiers.

Il balaya l’espace devant lui et sa Fiche apparut.

[…]

— Compétences —

Actives :

Charge brutale (niveau 1)

Hydrokinésie (niveau 1)

Hydropropulsion (niveau 1)

Dissimulation (niveau 1)

Brouillage (niveau 1)

Passives :

Résistance aux poisons (niveau 2)

Charme (niveau 1)

Résistance Aqua (niveau 1)

Depuis qu’il avait vécu son Intégration, ses capacités physiques avaient augmenté. Mais aussi mentales et magiques. Chaque race avait toujours eu ses particularités avant l’apparition du Système, les Elfes et les Pixies étant particulièrement doués en magie arcanique, onirique ou de la lumière, les Salamandres et les Terreonians en magie élémentaire, les Vampires en art obscur ou de soin, les Lyncus en chasse et pistage, et les Humains pour leurs capacités multidisciplinaires.

Et les Faes avaient été réputés pour leurs capacités de manipulation et d’illusion, qu’ils avaient allègrement utilisées par le passé pour harceler et menacer les autres peuples.

Mais ils avaient toujours eu leurs limites, avant le Système. Lorsque celui-ci avait changé la faune et la flore de leur monde, il ne s’était pas arrêté là, établissant de nouvelles règles en apportant des modifications à la magie même. Et en relevant les limites. Les Elfes ont été les premiers à utiliser cette nouvelle réalité à l’avantage de tous, en faisant bondir les progrès en magie et en science, qui n’avaient pas évolué depuis des siècles. Les autres races avaient suivi le pas, projetant la société toute entière vers l’avant.

Sauf qu’une peur du passé était restée accrochée dans les esprits : et si la royauté et la population fae se servaient de ces nouveaux pouvoirs pour déclarer une nouvelle guerre ? Pour retomber dans leurs pires travers et mener à nouveau un de leurs voisins sur le bord de l’extinction ?

Il avait fallu agir. De la plus atroce des manières.

Dyre fit disparaître la fenêtre et se remit sur ses pieds.

Décidé de ne pas laisser sa morosité infecter tout son être, le jeune homme se dirigea vers la cantine, espérant y retrouver Colbyran. Ce dernier était toujours là où on avait besoin de lui, ayant réussi à maintenir le moral parfois en berne de ceux qui avaient du mal à rester assis sans rien faire ou qui n’avaient pas le pied marin.

Le barde était une bonne rencontre, et une excellente distraction, Dyre aurait sûrement fini par tourner en rond et se laisser gagner par les tensions habituelles d’un large groupe coincé sur un bout de bois flottant au milieu d’une étendue d’eau ne permettant aucun échappatoire. Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que le jeune homme coloré faisait ici, dans cette expédition en direction d’un donjon dangereux. Savait-il au moins se battre ?

Dyre se rabroua mentalement. Évidemment que Colbyran était qualifié pour être ici, il ne le serait pas, dans le cas contraire. Mais il ne pouvait s’empêcher d’être curieux, surtout qu’en plus d’exercer une classe qui avait tout d’étrange pour lui, il avait clairement les moyens pour ne pas avoir besoin de se salir les mains. À quel point serait-il déplacé qu’il lui pose la question ?

Une grimace s’étira sur ses lèvres. Peut-être devrait-il éviter de céder à sa curiosité avant d’avoir mis pied à terre. Le majestueux Kistna deviendrait certainement trop petit s’il commençait à se mettre d’autres passagers à dos.

***

— Terre en vue !

Dyre avait déjà récupéré tous ses effets dans sa cabine, avant même d’entendre le cri tant attendu du guetteur. Ceux-ci ne se composaient que de ses deux armes. L’épée qu’on lui avait donnée à son embarcation, de facture moindre, mais de meilleure qualité que tout ce qu’il a pu avoir entre les mains, était accrochée à sa taille, dans son fourreau. Son long couteau, cadeau de chez lui, était fermement attachée à sa cuisse. Outre ses vêtements, il avait aussi son sac-éther.

Comme tout ce qu’il possédait, l’objet magique n’était pas de bonne qualité. Mais il restait très utile. Une magie inter-dimensionnelle y était rattachée, permettant d’y stocker un contenu plus conséquent que ne laissait supposer le tissu abîmé. Et d’une manière qui lui était totalement inconnue, le sac était lié à lui. Personne n’y avait accès, ne pouvait le détruire ou le voler. Il pouvait cependant le perdre, bien qu’il sentait sa présence dans un coin de son esprit, lui indiquant constamment où l'équipement se trouvait.

Tout aventurier avait la possibilité de s’en procurer un de base gratuitement, avant de partir en expédition pour la première fois. C’était un de ces créations qui étaient devenues populaires après l’arrivée du Système.

Dyre resserra la sangle sur son épaule.

Il avait laissé ses oreilles trainer, notamment auprès d’un mage spécialisé dans le domaine nautique, ainsi avait-il pu avoir une idée plutôt précise de quand ils s’approcheraient suffisamment de leur destination pour commencer à revoir la terre.

Il était fin prêt.

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