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Lys

Chapitre 1 - Partie 1

Calista


J’erre sans but dans les rues sombres et silencieuses. Il est tard, mais je ne risque rien. Parce que le taux de criminalité est quasiment inexistant dans cette ville. Dans le monde entier même. 

Parce que les agents de sécurités sont faits pour ce métier, comme chaque personne de ce monde, ils étaient destinés à leur métier avant même leur naissance. 

Et même si je tombais sur un meurtrier qui leur aurait échappé, eh bien… je pense que je ne fuirais même pas. 

C’est une question que je me suis toujours posée.

Comment font-ils ? Comment font-ils pour se conformer si facilement aux désirs du Gouvernement ?

Je suis presque convaincue que les rares meurtriers qui existent ont simplement succombés à la folie après avoir tenté de comprendre pourquoi ils devraient faire ce qu’on attendait d’eux. 

Je devrais rentrer chez moi, mais je sais que mes parents en profiteront pour me faire d’innombrables réflexions toutes plus agaçantes les unes que les autres. 

Sur l’heure qu’il est.

Pourquoi est-ce que je ne prends pas soin de moi ? Le sommeil est important après tout. De leur avis en tout cas, parce que je me contente très facilement de quelques heures.

Ils me reprocheront de ne pas me préparer assez sérieusement pour la rentrée. C’est pourtant une date importante et ils n’ont de cesse de me répéter que je devrais m’en souvenir. 

Mais cette rentrée signifie plutôt le début de la fin de ma vie. Parce que quand on entre dans l’école qui nous formera à notre métier, tout le monde oublie qu’on a été l’enfant d’untel. On devient un futur avocat, une future agente du Gouvernement, un futur conservateur de musée… ou une future employée de bureau destinée à gravir les échelons pour atteindre la position très convoitée de cheffe de département.

Ça peut sembler être une carrière de rêve, c’en est une pour n’importe quel individu lambda de cette société. 

Pour moi ça sonne juste comme une vie fade et déprimante. 

Se lever à 6h30, être au travail à 8h et rester assise dans un bureau jusqu’à 17h30. Prendre quelques pauses café bien sûr, pour discuter avec sa collègue qui se plaindra de la monotonie de sa vie sans qu’elle ne se souvienne une seule fois que vous avez la même. Et déjeuner de temps en temps avec toute l’équipe parce que le chef aura décidé qu’il était d’humeur à entendre moultes compliments d’autres âmes déprimées qui espéreront recevoir une promotion. Certains l’obtiendront. Les autres… ils auront simplement oublié qu’il a été décidé il y a longtemps qu’ils n’auront jamais aucune perspective d’évolution, à la rigueur quelques augmentations de salaires exceptionnelles s’ils font du bon travail, mais jamais rien de plus.

Je ne veux pas vivre comme ça. 

Jamais.

Malheureusement, les autres options ne sont pas nombreuses. Et si on exclue celles qui sont dangereuses et celles qui ne sont que des rêves inaccessibles, il n’en reste qu’une. 

La mort.

Voilà, il n’y a qu’une seule façon d’échapper à l’avenir que le Gouvernement nous dessine. 

Et ce n’est pas la plus réjouissante. 

—      Hey gamine ! 

Je m’arrête en fronçant les sourcils. Je sais qu’il est tard, mais personne ne fait jamais de réflexion, sauf… 

Je me tourne doucement pour trouver le propriétaire de cette voix enrouée.

…sauf dans certains quartiers. Y habitent les gens qui ont quitté la route tracée par le Gouvernement mais qui n’ont pas réussi à se construire une autre vie. Ils ne sont pas dangereux, mais il vaut mieux ne pas s’aventurer dans leurs rues sans en connaitre les règles tacites qui y règnent.

Un homme est adossé à une maison, une cigarette à la main. Il me dévisage comme s’il était surpris, j’ai du mal à savoir et ses yeux ne laissent pas transparaître grand-chose. Et puis, j’ai l’habitude que les gens aient un moment d’arrêt en croisant mon regard.

—      Ouais, c’est bien à toi que je parle. 

—      Qu’est-ce que vous me voulez ?

Je ne voulais pas paraitre agressive mais vu comme il lève les mains en signe de paix je me suis loupée. 

—      Je te dirai bien que je m’inquiète de ce qu’une gamine comme toi pourrait faire avec un air si sombre sur le visage, mais la vérité est que je m’en fous. Ce qui m’intéresse vraiment c’est ce que tu fabriques dans le coin.

Je hausse vaguement les épaules, signifiant que ça ne le regarde pas mais quelque chose dans son regard me fait penser qu’il ne me laissera pas m’en tirer aussi facilement. 

—      J’ai juste pas fait attention à où j’allais. Je soupire.

Si j’étais tout à fait honnête, j’admettrais que je ne sais même pas où je suis, ce qui est loin de m’arranger. Vu comme je suis partie, autant ne pas rentrer du tout, mes parents m’en voudront moins de passer la nuit dehors que de déranger leur précieux sommeil en rentrant à plus d’une heure du matin. 

—      Qu’est-ce qu’une fille si jeune peut bien avoir comme problème hein ? me demande-t-il en reprenant une bouffée de sa cigarette.

—      Je croyais que vous n’en aviez rien à faire ?

Il laisse échapper un bref sourire amusé mais ne me répond pas. Peut-être s’en fiche-t-il réellement ? Il n’aurait alors posé la question que par politesse. Ou pour se sentir moins mal si jamais les autorités retrouvaient mon cadavre, il pourrait se dire qu’il m’a offert une occasion et que c’est ma faute si je n’ai rien dit. 

—      Dis-moi gamine, quel âge t’as ?

Je n’hésite qu’un bref instant avant de lui répondre. Au point où j’en suis, autant perdre mon temps à discuter quelques minutes avec un inconnu, il me reste quelques heures à tuer avant l’aube.

—      15 ans, je vais en avoir 16 dans quelques mois.

—      Ah… la fameuse Rentrée… c’est pour janvier alors ? 

J’acquiesce brièvement, m’attendant à un sermon sur ma présence si tard dans ces rues sombres. Jusqu’à ce que je me rappelle où je suis.

Cet homme n’a sûrement jamais participé à sa rentrée. 

—      Je sais à quoi tu penses gamine.

—      Et j’ai tort ?

Il me dévisage de longues secondes et je soutiens son regard. Il ne me fait pas peur. Enfin… rien ne me fait peur en ce moment si on excepte cette rentrée.

—      Pas mal, à se demander si c’est du courage ou de l’inconscience, murmure-t-il, mais ouais, t’as tort. C’était p’t’être y’a longtemps, mais j’ai bien mis les pieds dans l’une de leurs foutues écoles. 

—      C’est comment ?

Il tire à nouveau sur sa cigarette et prend bien le temps de souffler sa fumée le plus lentement possible.

—      Exactement comme on se l’imagine. Tout un tas d’autres gamins qui ont plus ou moins les mêmes aptitudes. On se retrouve vite effacé, on disparaît presque au profit de ce qu’on est censé devenir.

Ça ne donne pas envie, pas du tout. Mais c’est comme ça que fonctionne le monde après tout, et rien ne changera. 

Pas dans l’immédiat en tout cas, parce que le changement ça prend du temps. 

—      T’as pas l’air ravie. Remarque-t-il avec un sourire railleur.

—      Qui le serait ? Sincèrement ?

—      La plupart des gens se contentent de l’assurance d’un avenir stable.

Il reprend une bouffée de sa cigarette comme s’il ne se sentait pas concerné. 

En même temps… il ne l’est plus. Concerné. Je me demande comment ces gens font pour vivre. Après tout, ils n’ont aucun emploi, ça ne doit pas être simple. Ou peut-être que si, peut-être qu’ils ont trouvé la solution pour vivre libres et en paix. 

—      Tu sais gamine, la mort n’est pas la seule solution.

Sa cigarette finie, il l’écrase dans un cendrier qui traine sur le rebord d’une fenêtre et me fait face. 

—      Si vous parlez de l’Hidden World…

—      C’est exactement ce dont je suis en train de parler. Si t’es prête à fournir les efforts nécessaires, j’suis prêt à t’enseigner tout c’que je sais.

—      Mais… Pourquoi ? 

—      Tu me fais penser à moi au même âge, le regard vide, appréhendant l’avenir et ne voulant surtout pas finir coincé dans la machine. 

C’est peut-être une solution, mais elle est tellement risquée… les punitions si on se fait prendre sont si terribles que peu de gens s’y risquent. 

Et puis, qu’est-ce qui lui fait croire que j’y arriverait ? Et qu’est-ce qu’il veut m’apprendre d’abord ? Parce que les disciplines sont nombreuses dans l’Hidden World, et toutes ne conviendraient pas à la frêle jeune fille que je suis, peu importe à quel point je pourrai m’entraîner.

—      Déstresse un peu gamine, je te parle pas de boxe ou autres, il aurait fallu que tu commences à ta naissance pour t’en sortir. J’te parle de voitures. 

—      Des voitures ?

—      Ouais, il acquiesce, des voitures. Des courses de voitures pour être exact. 

Il était pilote ? Lui ? Mais qu’est-ce qu’il fait ici alors ? Parce que les personnes qui parviennent à se faire un nom dans l’Hidden World ne vivent pas dans ce genre de quartier. 

Peut-être qu’il n’était pas très doué…

—      Me regarde pas comme ça gamine, je peux t’assurer que j’avais un nom là-bas. 

—      Si c’est vrai alors je devrais le connaître.

Il a un rire moqueur.

—      Comme si tu t’étais déjà renseignée sur cette partie de l’Hidden. 

—      Peu de personnes se sont fait connaître à votre époque, de quoi vous avez peur ?

Il me dévisage encore, mais c’est quoi cette manie ? Il croit quoi ? Qu’il pourra lire dans mes pensées ?

—      On m’appelait le Loup Solitaire.

—      Etonnant dis donc… murmuré-je

Il hausse un sourcil et croise les bras sur sa poitrine. Il me défie de le connaitre. 

Malheureusement pour lui, j’ai déjà lu son nom, et c’est vrai qu’il était pas mal connu… avant qu’il ne disparaisse de l’Hidden World pour une raison inconnue.

—      J’ai déjà entendu parler de vous, la rumeur a couru que vous étiez mort. 

—      Oh… voyez-vous ça… eh bien, il semblerait que je sois bien vivant. Et ton nom à toi gamine ?

—      Si je vous le donne vous arrêterez de m’appeler « gamine » ?

—      Peut-être, je verrai.

Ben voyons. On sait tous les deux ce que ça veut vraiment dire, il ne cessera jamais d’user de ce surnom. 

Mais je finis par capituler, il me propose une vraie porte de sortie après tout.

—      Calista. Je m’appelle Calista.

—      J’avais compris la première fois, se moque-t-il ce qui me fait froncer les sourcils, tu peux m’appeler Félix gamine.

Il a bien insisté sur le surnom en arborant le sourire en coin le plus moqueur qui existe sur Terre. 

Puis il tourne les talons, me laissant sur place complètement abasourdie. Jusqu’à ce qu’il prenne conscience que je n’avais pas bougé d’un pouce et lance par-dessus son épaule.

—      Et bah alors gamine, tu viens ? A moins que tu n’aies plus important à faire du reste de ta nuit.

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