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JeniferLaurent
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Chapter 12

Un rayon de lumière hivernale s'infiltre doucement à travers les rideaux, éclairant la pièce d'une lueur pâle et bleutée. Je fronce légèrement les sourcils, gênée par cette clarté matinale, avant de réaliser que je ne suis pas dans mon lit. Une chaleur familière m'entoure, et je sens un poids agréable sous moi. Lentement, je prends conscience de ma position : je suis à moitié allongée sur Raph.

Sa respiration régulière, profonde, emplit le silence de la pièce. Son bras est passé autour de mes épaules, et ma tête repose contre son torse, exactement là où son cœur bat, un rythme apaisant et constant. Mon corps est détendu contre le sien, presque comme si c'était là ma place naturelle.

Je reste immobile un instant, luttant entre la gêne et une curieuse sérénité. Ce n'était pas prévu, mais ce n'est pas non plus désagréable. L'odeur familière de son parfum flotte encore sur son pull, mêlée à une note légère de chocolat chaud de la veille.

Je lève doucement la tête pour observer son visage. Il dort encore, ses traits détendus et apaisés, une mèche de cheveux tombant sur son front. Mon regard dérive vers l'horloge murale : il est à peine six heures du matin. Le feu dans la cheminée s'est éteint, mais la chaleur résiduelle dans la pièce et contre lui me garde au chaud.

Un mouvement subtil de sa part me ramène à la réalité. Son bras bouge légèrement, et son visage se tourne un peu dans ma direction.

— Bien dormis ? me demande-t-il d'une voix rocailleuse et endormie.

— Je dois dire que tu fais un très bon oreiller ! Je lui réponds d'un air enjoué et moqueur.

Raph esquisse un sourire, les yeux encore mi-clos, et passe une main dans ses cheveux pour chasser les mèches rebelles.

— Ravi de rendre service, murmure-t-il, sa voix toujours empreinte de sommeil. Mais il faudrait penser à négocier un meilleur canapé pour la prochaine fois. Mon dos réclame vengeance.

Je ris doucement, mais une légère rougeur monte à mes joues. Me redressant enfin, je réalise à quel point la proximité de la nuit passée a été naturelle, presque instinctive.

— Je vais faire du café, dis-je en me levant pour briser le moment, sentant le besoin de m'éloigner avant de m'embarrasser davantage.

— Bonne idée, répond-il, en s'étirant avec un grognement satisfait. Je te rejoins dans une minute.

Dans la cuisine, je mets l'eau à chauffer et prépare deux tasses. Pendant que je m'occupe, mes pensées s'agitent. Ce réveil a été doux, peut-être un peu trop. Une partie de moi veut savourer cette sensation, tandis qu'une autre me rappelle que tout cela est encore fragile, indéfini.

Raph entre dans la cuisine quelques minutes plus tard, les cheveux encore en bataille mais avec un sourire lumineux. Il s'appuie contre le plan de travail, me regardant avec une intensité qui me fait presque oublier ce que je faisais.

— Je vais passer chez moi avant que les investisseurs arrivent, tout est prêt ici de toute façon ?

— Oui il ne manque qu'une chose, je m'exclame en ayant soudainement une idée. Il a neigé cette nuit, nous n'avons qu'à faire le neuvième point.

Je lui attrape la main et cours vers l'entrée. Si nous ne voulons pas rater le lever de soleil nous devons absolument nous dépêcher. Nous attrapons rapidement nos manteaux et nous dirigeons vers sa voiture, cette fois c'est lui qui conduit.

— Je suis prêt à parier que tu as déjà planifié l'endroit parfait, dit-il en démarrant la voiture, un sourire en coin.

Je hoche la tête, excitée à l'idée de cocher un autre point de notre liste.

— Le lac, bien sûr. C'est l'un des meilleurs endroits pour voir le lever de soleil. Avec la neige fraîche, ça sera encore plus magique.

Raph acquiesce, concentré sur la route verglacée. Dehors, les premières lueurs de l'aube commencent à peindre le ciel d'un rose délicat, mêlé à des nuances de bleu profond. Chaque maison, chaque arbre, semble recouvert d'un manteau scintillant, transformant le paysage en une carte postale hivernale.

Nous arrivons près du lac. Le silence qui règne est presque irréel, brisé seulement par le craquement de la neige sous nos pas. Je lui serre la main, mon souffle formant de petits nuages devant moi.

— Là-bas, dis-je en pointant un banc qui donne directement sur l'eau gelée.

Nous nous y dirigeons et nous asseyons côte à côte, serrés sous nos manteaux pour nous protéger du froid mordant. Le ciel s'éclaircit lentement, dévoilant des teintes dorées et orange qui se reflètent sur la surface immobile du lac. C'est un spectacle à couper le souffle.

— C'est incroyable, murmure Raph, sa voix teintée de fascination. Merci de m'avoir emmené ici, Léa.

Je tourne la tête vers lui et trouve son regard fixé sur moi plutôt que sur le paysage. Mon cœur rate un battement.

— C'était notre liste, dis-je doucement. Il fallait bien qu'on la suive jusqu'au bout.

Il secoue légèrement la tête, un sourire tendre aux lèvres.

— Ce n'est pas la liste qui rend tout ça spécial. C'est toi.

Mes joues s'embrasent malgré le froid, et je détourne les yeux, fixant le soleil qui s'élève doucement à l'horizon.

— Regarde, Raph, dis-je en changeant de sujet, pointant vers le ciel. Le premier rayon du soleil. On a réussi.

Il suit mon geste et hoche la tête, un sourire serein sur le visage.

Après quelques minutes d'admiration, Raph reste silencieux, le regard perdu dans les lueurs naissantes du jour. Pourtant, je sens quelque chose changer dans l'air entre nous, une tension douce mais électrique. Mon cœur bat un peu plus vite, et je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil dans sa direction. Il semble absorbé par ses pensées, mais je devine à la crispation légère de sa mâchoire qu'il hésite.

Je me mordille la lèvre, incertaine. Mon esprit s'emballe, cherchant à deviner ce qui se passe dans le sien. Est-ce que je me fais des idées ? Est-ce que ce moment est aussi spécial pour lui qu'il l'est pour moi ? Alors qu'il se tourne finalement vers moi, nos regards se croisent, et le monde autour de nous semble disparaître.

— Léa... commence-t-il, mais sa voix s'éteint.

Il hésite, comme s'il cherchait ses mots. Puis, il inspire profondément et lâche dans un souffle :

— Tu sais que je tiens à toi. Je crois que je l'ai toujours su. Mais là, ici, avec toi... tout semble tellement clair.

Sa voix tremble légèrement, mais ses yeux ne quittent pas les miens. Mon souffle se suspend. Une chaleur intense monte en moi, contrastant avec l'air glacial du matin. Tout ce que je ressens pour lui, toutes ces émotions que j'ai enfouies au fil des années, remontent à la surface avec une force dévastatrice.

Je voudrais répondre, mais aucun mot ne sort. Alors, instinctivement, je pose ma main sur la sienne. Ce simple contact semble briser la barrière invisible entre nous. Il se penche légèrement, ses yeux descendant furtivement vers mes lèvres avant de revenir à mon regard.

Le silence s'épaissit, mais il n'est pas inconfortable. Il est chargé, vibrant. Je sens son hésitation, mais aussi son envie, et cette attente, si longue, rend chaque seconde encore plus intense. Il approche encore, si près que je peux sentir la chaleur de son souffle contre ma peau.

— Raph, murmuré-je, presque inaudiblement, mais je n'arrive pas à dire autre chose.

Il fronce légèrement les sourcils, comme s'il craignait d'aller trop vite, mais ses mains viennent doucement encadrer mon visage. Son pouce effleure ma joue, un geste à la fois tendre et assuré. Mon cœur s'emballe. Et enfin, après ce qui semble une éternité, il comble la distance.

Ses lèvres rencontrent les miennes, d'abord avec une douceur presque timide, comme pour tester les eaux. Mais en un instant, tout bascule. Ce n'est pas juste un baiser ; c'est une libération, une explosion de tout ce que nous avons retenu pendant trop longtemps. Ses mains glissent dans mes cheveux tandis que je m'agrippe à son manteau, comme pour m'assurer qu'il ne disparaîtra pas.

Le froid autour de nous semble s'évaporer, remplacé par une chaleur intense qui se propage dans chaque fibre de mon être. Chaque mouvement, chaque pression de ses lèvres contre les miennes, parle d'une histoire inachevée, d'un désir réprimé, d'une complicité qui n'a jamais faibli malgré le temps et la distance.

Quand il s'éloigne enfin, ce n'est que de quelques centimètres, son front appuyé contre le mien. Nos souffles se mélangent dans l'air glacé, et je n'ose pas ouvrir les yeux, comme si cela risquait de rompre la magie du moment.

— Léa, dit-il doucement, sa voix rauque et émue. J'ai attendu ça... tellement longtemps.

Je laisse échapper un rire nerveux, une larme glissant sur ma joue sans que je m'en rende compte.

— Moi aussi, Raph. Moi aussi.

Il sourit, essuyant la larme du bout de son doigt avant de m'embrasser à nouveau, plus doucement cette fois, comme pour savourer chaque instant. Au loin, le soleil s'élève enfin, baignant le lac et la neige d'une lumière dorée, mais aucun de nous ne semble y prêter attention. Nous sommes ailleurs, dans un monde où seul nous deux existons.

Lorsque nous nous séparons à nouveau, le silence s'installe entre nous, mais cette fois, il est empreint d'une sérénité que je n'avais pas ressentie depuis des années. Mon cœur est encore affolé, comme s'il essayait de rattraper tout le temps perdu. Le sourire tendre de Raph me fait chavirer une fois de plus.

— Alors, murmure-t-il, en jouant avec une mèche de mes cheveux. Est-ce que je peux cocher quelque part sur la liste « embrasser la fille dont on est amoureux au lever du soleil » ?

Je ris doucement, rougissant malgré moi.

— Ce n'est pas sur la liste, dis-je en reprenant mon souffle, mais peut-être qu'on devrait l'ajouter.

— Absolument, répond-il avec un éclat amusé dans les yeux. C'est une case que j'ai envie de cocher depuis... que tu es revenue.

Je détourne les yeux un instant, fixant l'eau gelée devant nous. La neige autour du lac scintille sous les rayons du soleil naissant, comme si la nature elle-même célébrait ce moment. Tout semble si parfait, presque irréel. Pourtant, une petite voix au fond de moi murmure encore des doutes.

— Raph, soufflé-je finalement, hésitante. Et maintenant ? Qu'est-ce que ça signifie pour nous ?

Il reste silencieux un instant, son expression se faisant plus sérieuse. Il attrape ma main et entrelace ses doigts aux miens.

— Maintenant, Léa, on arrête de fuir, répond-il doucement. On arrête de se cacher derrière des excuses ou des peurs. Je ne veux plus perdre une seconde loin de toi, et je veux qu'on construise quelque chose... ensemble. Peu importe les obstacles.

Son regard est si sincère, si plein de promesses, que mes doutes commencent à s'estomper. Mais une part de moi résiste encore, hantée par les cicatrices du passé.

— Et si ça ne marche pas ? Et si on se trompe ? Et puis je dois rentrer à Paris !

Il se penche à nouveau, déposant un baiser doux sur mon front.

— Alors, on se trompera ensemble. Mais ce que je ressens pour toi, Léa... c'est trop fort pour être ignoré. Je suis prêt à prendre ce risque, pas toi ? On va trouver une solution, tous les deux.

Son assurance, sa manière de me regarder comme si j'étais tout ce qui comptait, me donnent le courage de prendre une décision. Je serre sa main un peu plus fort et lui offre un sourire timide, mais sincère.

— Si toi, tu es prêt... alors moi aussi.

Un éclat de joie traverse son visage, et il m'attire à nouveau contre lui, enveloppant mes épaules de son bras. Nous restons ainsi, silencieux, à regarder le soleil s'élever un peu plus haut dans le ciel. La lumière dorée baigne le paysage, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens à ma place, exactement là où je devrais être.

Raph murmure finalement, d'un ton joueur :

— Maintenant, à qui revient l'honneur de cocher ce moment magique sur la liste ?

Je ris, sortant la fameuse liste de ma poche.

— À toi. Tu l'as bien mérité.

Il sort un stylo de son manteau, le sourire fier, et trace une ligne imaginaire sous un point inexistant, avant d'écrire en lettres maladroites : "Partager un baiser au lever du soleil."

Je lis l'ajout, mon cœur gonflé de bonheur.

— C'est parfait, dis-je en appuyant ma tête contre son épaule. Absolument parfait.

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