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2 - Chapter 1
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Carazachiel

Prologue

Jeonho

Le souffle court, je reste droit. Impitoyable avec moi-mĂȘme.

Ne pas montrer la douleur dans mes muscles. Ne pas montrer la fatigue qui les fait trembler. Ne pas montrer que mĂȘme sourire m'est pĂ©nible aprĂšs trois heures de performance.

Les derniÚres notes s'évanouissent et laissent place à un silence apaisant. Je prends quelques secondes pour moi avant d'imiter Dream, le Leader de notre groupe, et de retirer mes moniteurs intra-auriculaires. AussitÎt, les hurlements des Stormies m'agressent les tympans. 

À la foule lumineuse et mouvante s'ajoute le bruit des cris, des vivats et de nos prĂ©noms criĂ©s. Et comme Ă  chaque fois, mon cƓur chavire. Ma main salue d'elle-mĂȘme tandis que je m'approche du bord de la scĂšne. Je ne ressens plus la douleur, je ne ressens plus la fatigue. Juste une intense satisfaction. Une sensation d'accompli. De fĂ©licitĂ©. De bĂ©atitude.

Mon sourire n'a plus rien Ă  voir avec la prestation ; il est sincĂšre. Le reflet profond de mes Ă©motions.

J'aime baigner dans l'amour de nos fans. J'aime les voir agiter des panneaux de soutien et d'encouragement. Tout Ă  droite, je repĂšre un jeune homme qui agite un « Jeonho, on t'adore ! ». En trois pas, je suis devant lui. Ses yeux scintillent, ses gestes se font saccadĂ©s. Il hurle mon prĂ©nom Ă  s'en arracher les cordes vocales.

Un sourire, un clin d'Ɠil, un cƓur avec les doigts et je continue mon tour de scĂšne pour remercier nos stans. Les autres gars du groupe font de mĂȘme, chacun Ă  leur maniĂšre. 

Dream salue à grands gestes tout en prononçant un discours de remerciement.

Seongwa, comme Ă  son habitude, se pavane avec des airs de diva.

Minjin se déplace tel un chat et arrose la foule de son humour et de son charme.

Shine et Seo, bras dessus bras dessous, dansent ensemble en envoyant des baisers à qui veut les recevoir. 

Un soupir extatique me soulĂšve la poitrine et je sautille pour saluer les spectateurs et spectatrices du fond. J'adore tout particuliĂšrement ce moment ! Quand le concert est fini, que les deux rappels ont Ă©tĂ© un succĂšs, que les Stormies en redemandent encore, que le staff commence Ă  s'agiter en coulisse, mais que nous n'en faisons qu'Ă  notre tĂȘte pour baigner encore un peu dans la liesse.

Nous, les Six ThunderLight, venons d'achever notre premiĂšre tournĂ©e mondiale et jamais je n'aurais pariĂ© sur le fait de faire salle comble Ă  chaque concert !

J'aime Ă  croire que notre travail acharnĂ© attire autant que notre talent. Que nos textes emportent autant que les mĂ©lodies. Que nos personnalitĂ©s intĂ©ressent autant que nos « belles gueules ».

Tant que je suis sur scĂšne, dans l'euphorie et la liesse, je le crois.

Dream aussi, son discours en est la preuve ! 

Puis sa voix s'Ă©teint. Il fait un geste presque imperceptible, signe qu'il faut nous rassembler pour dire au revoir. Mon cƓur se serre ; les fins de concerts me mettent toujours un petit coup au moral. Il faut quitter cette ambiance survoltĂ©e pour retrouver celle plus calme des coulisses et tout ce que ça implique. 

Oublie ça, Jeonho ! Profite encore quelques minutes !

Les membres se rassemblent avec un semblant de naturel parfaitement chronométré. Minjin chaloupe vers ma gauche. Shine se glisse à ma droite. Seo attrape la main de Seongwa sous les hululements extatiques des fans de leur duo, puis ils se rangent avec nous.

Nos bras se crochÚtent. La main de Minjin vient serrer briÚvement la mienne. Il sait que je déteste ce moment déchirant. Nous nous penchons vers le public. Une fois. Deux fois.

— Encore des applaudissements pour Seo, crie Dream dans son micro, notre incroyable rappeur et pour Shine, qui n'a pas grand-chose Ă  lui envier ! Les paroles de toutes nos chansons de ce soir ont Ă©tĂ© Ă©crites par ces deux-lĂ , ils ont un talent incroyable ! 

AprÚs un dernier salut, mes deux amis disparaissent dans la pénombre.

— Une tonne d'amour pour Jeonho, je suis certain qu'il a su rĂ©jouir vos yeux avec son dĂ©hanchĂ© et sa maĂźtrise de la danse comme du chant, mais croyez-moi, il a bien d'autres talents ! Autant de talent que Minjin, d'ailleurs, sans ces deux-lĂ  nous n'aurions aucune chorĂ©graphie ! 

Je m'Ă©clipse en premier tandis que Minjin attend Seongwa qui a du mal Ă  redescendre.

SitÎt que nous sommes retournés en coulisse, la pression retombe. Le sourire aux lÚvres, Dream félicite chacun d'entre nous, nous avoue comme il est fier de notre parcours et de notre volonté... et comme il le fait à chaque fin de concert, nous ne l'écoutons que d'une oreille.

Seo et Shine parlent Ă  voix basse ; Seongwa se contemple dans le miroir ; Minjin se dĂ©shabille comme s'il Ă©tait dans sa salle de bain privĂ© et moi, je ne peux m'empĂȘcher de surfer sur les rĂ©seaux Sociaux pour regarder si les Stormies ont dĂ©jĂ  postĂ© des vidĂ©os.

Théoriquement, ils n'en ont pas le droit. En pratique, nous voyons ces clips comme autant de petits morceaux de bonheur offerts à tous nos stans qui n'ont pas eu la chance d'assister à ce concert. 

Un appel de Yoomi PD-nim, la PDG de Yoomang Entertainment nous offre Ă  tous (sauf Dream) un rĂ©pit avant de devoir nous dĂ©maquiller, dĂ©vĂȘtir et nous changer pour rentrer au dortoir. MĂȘme si Minjin n'est pas concernĂ©, il a dĂ©jĂ  enfilĂ© son jogging. 

Notre Leader a à peine passé le pas de la porte que tous les membres s'agglutinent autour de moi.

— Alors ? Ils ont dĂ©jĂ  postĂ© des trucs ? s'enquiert Seo. Je suis sĂ»r qu'ils vont dire que Shine a tout fait briller !

— Tais-toi, idiot, glousse aussitĂŽt le concernĂ©.

— Vous voulez pas une chambre ? souffle Minjin, faussement agacĂ© avant de les pousser sur le cĂŽtĂ©. 

Seongwa se fait plus discret. SitĂŽt les projecteurs loin de lui, son cĂŽtĂ© extraverti s'estompe avant de disparaĂźtre. Il cale son menton sur mon Ă©paule et chuchote un « j'espĂšre juste qu'ils ne vont pas encore critiquer nos tenues » qui me fend un peu le cƓur. Elles ne sont pas toujours parfaites, c'est vrai, mais nos stylistes font un travail de dingue Ă  chaque fois ! 

— On va voir ça tout de suite, les gars ! C'est parti !

Cris de joie, Ă©clats de rire et bourrades amicales ponctuent les premiers clips. Ici, une stormie a postĂ© des vidĂ©os de notre danse la plus sexy. LĂ , une autre a partagĂ© les « photos maudites » oĂč nous arborons tous des grimaces plus affreuses les unes que les autres. Ici encore, des Ă©dits de nos diffĂ©rents discours.

Puis nous tombons sur les contenus que nous apprécions le moins. Ceux qui nous inventent une vie à la limite de l'irrespect.

Comment ça, Seongwa a « mal regardĂ© Shine qui a souri Ă  Seo » ? Comment ça, Minjin m'a offert un « regard langoureux qui montrait qu'il voulait me prendre sur scĂšne ? »

Je verrouille mon téléphone à la troisiÚme de ces vidéos. Je refuse qu'elles gùchent le plaisir des autres membres.

Pour moi, c'est dĂ©jĂ  trop tard. C'est stupide, je le sais. Ça ne devrait pas m'atteindre, je le sais, mais voir en permanence des « Minjin et Jeonho sont plus rĂ©els que ma propre vie » ou des « Je veux un amour comme le leur ! », ça me dĂ©moralise. 

Pas parce que Minjin n'est et ne sera jamais rien d'autre que mon meilleur ami... mais parce qu'en réalité, je ne suis encore jamais tombé amoureux. 

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