Qu'est-ce que la mort ? La mort est pour chacun une chose unique et différente. Comment expliquer ce qu'elle est pour moi ? Ma vision de la mort est particulière. Je pense que j'ai suffisamment eu peur d'elle quand j'étais jeune et qu'il faut changer cette vision d'elle. Pour certains, c'est la vie qui fait peur. Je me dis toujours que la mort est une porte de sortie, et je sais de quoi je parle. J'ai connu deux causes de suicides différentes, et je peux vous dire qu'ils ont tous deux accueilli la mort à bras ouverts. L'ont-ils regretté ? Je n'en sais rien. Mais quand la vie nous marche dessus à un tel point, je pense effectivement que la mort est une porte de sortie. Un exemple ? J'en ai pleins. Imaginons que nous sommes dans une salle de cinéma. Malheureusement, je suis au centre, la salle est bondée et je suis claustrophobe. Ma seule solution ? Une porte de sortie. Actualisons cette image. Je ne réussis plus rien dans ma vie, je suis pauvre, et j'ai une maladie incurable. Ne vais-je pas penser à me laisser partir ? Vous êtes face à un tueur en série qui tient un couteau dans sa main. Préférez-vous vous battre et souffrir toute votre vie que ce soit avec de la douleur ou de la peur, ou préférez-vous imaginer qu'un monde meilleur existe même si la porte d'entrée est un peu délabrée ? La mort est une ombre de forme substitue pour chacun d'entre nous. Personnellement, j'adore la vie et je vais me battre pour vivre quoiqu'il m'arrive, mais je suis rassurée de savoir que je peux échapper à toute cette violence et cette angoisse quand je le souhaite. Un jour, j'avais écrit un texte sur les violences conjugales. J'en étais très fière et je l'avais présenté à un concours pour seul but de faire pleurer le jury. Je m'étais mise dans la peau d'une femme qui écrivait une lettre à son bébé après s'être fait battre. Elle avait un mari violent. Je n'ai jamais vraiment compris ces femmes, on les frappe et elles restent soi-disant parce qu'elles aiment leur mari. En écrivant ce texte, je m'étais mise à leur place et j'avais eu l'impression de mieux les comprendre. Pourquoi avait-elle choisi de se battre plutôt que de se laisser partir vers un monde meilleur ?
Mon bébé,
J'ai peur, tu sais.
J'aime un homme et je sais qu'il m'aime également. Il est beau, gentil et surtout, très drôle. Je suis heureuse et libre, avec lui. Je ressens des papillons dans mon ventre. Je souris dès que je le vois. Je l'aime, tu sais.
Mais, malheureusement, je crois que je l'énerve un peu trop. Je m'en veux, tu sais. Je le fais souffrir, je le vois dans son regard énervé. Je lui ai dit que je voulais voir ma mère, cette semaine. Il s'est énervé et m'a dit que je ne passais pas assez de temps avec lui. Il me fait mal mais qu'importe puisque je lui ai fait mal la première.
Il m'a frappée.
Je me souviens. Le jour de la saint valentin. Il m'avait fait une magnifique surprise. Une table recouverte de roses. On a diné en amoureux. Il m'a offert un bouquet de fleurs et une boite de chocolats en forme de cœur. Je l'aime, tu sais.
Mais, malheureusement, je suis arrivée en retard de cinq minutes. Il était triste, je l'ai vu dans son regard. Il avait de quoi m'en vouloir. Je n'ai pas le droit d'arriver en retard lors d'un jour aussi important. En rentrant dans notre appartement, il s'est énervé. Je me suis excusée mille fois, mais ça n'a pas suffi. Il me fait mal mais qu'importe puisque je lui ai fait mal la première.
Il m'a frappée.
J'écris pour toujours me souvenir. J'écris pour savoir ce que je pense réellement. Je t'écris pour que jamais tu n'oublies.
Mon bébé,
J'ai peur, tu sais.
Je ne tiens plus. Mon corps refuse de tenir. J'ai essayé de me relever. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais pas à qui parler. Personne ne m'écoute, personne ne me comprend. Je l'aime tu sais.
Mais, malheureusement, il a commis une erreur. Il m'a offert la seule chose qui pouvait me convaincre de partir. Il m'a forcé. Je ne voulais pas. Je l'ai crié sur tous les toits, il ne m'écoutait pas. Il s'en fiche. Il me fait mal mais qu'importe puisque je lui ai fait mal la première.
C'est faux. Je n'avais rien fait. Je ne méritais pas ça. Pas quoi ? Toi. Je te méritais plus que n'importe quoi. Je te voulais, tu sais. Mais pas avec lui. Toutes mes émotions se sont mélangées quand j'ai appris que tu étais dans mon ventre. Je t'aime, tu sais.
Mais, malheureusement, toi, tu ne méritais pas ça. Pas quoi ? un père comme lui. Il ne s'occupera jamais de toi. Pas parce qu'il ne veut pas.
Parce que je vais me battre. Me battre pour toi.
Je l'en empêcherais.
Ma famille dit que c'est le pire des maris. Le médecin dit que tu vas survivre. La police dit que je suis une victime.
J'étais une victime. C'est vrai.
Maintenant, je suis une maman heureuse.
Je t'aime, tu sais.
J'aurais peut-être dû écrire un texte sur les abus sexuels. J'aimerai vraiment savoir comment on doit réagir, ce qu'on doit faire, comment on doit se sentir après une telle épreuve. Je me sens tellement vide.
Je me sens vide.
Je suis vide.
VIDE.