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DevotNeedler
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Chapitre 5

—      Je me suis réveillée dans mon lit. Dans un état de flottement, j’ignorais encore si les brides de souvenirs étaient réels ou alors de simples fragments de rêve. Je me retournai et sentis quelque chose autour de mon cou, le collier. La douleur aux pieds revint aussitôt et mon cœur se mit à battre fortement comprenant que je n’avais rien à faire dans ma chambre.

Mona serra sa tasse de café et plongea son regard dans les formes tourbillonnantes de la mousse.

—      Je tentai de me lever, mais à peine posai-je le pied sur le sol, qu’une douleur m’irradia. Mes pieds étaient bandés. Et mes bandages imbibés de sang. Je grommelais. Probablement plus fort que je ne l’imaginais, car j’entendis des pas venant de mon salon.

Elle but une gorgée. La chaleur soulagea sa gorge encore douloureuse.

—      Un homme entra dans ma chambre. Paniquée, je ne trouvai rien de mieux que de brandir mon réveil dont le câble renversa la lampe. L’homme leva les mains en signe de paix. Je le connaissais pour l’avoir déjà croisé dans l’ascenseur. C’était mon voisin.

Un vieil homme s’assit à côté d’eux. Il mit un temps infini à s’installer. Il tira sa chaise, défit sa veste, la plia, la posa sur le dossier, rangea la chaise, tira la seconde, s’assit, sortit un journal, le déplia, le déplia encore, le défroissa, et enfin le lut. Mona reprit son récit.

—      Il se présente : Olivier. Il habite l’appartement en dessous du mien. Je lâche mon réveil. Il m’explique qu’il m’a entendu hurler et quand il est monté, il a entendu du bruit comme si des personnes se battaient alors, il est entré et m’a retrouvé les pieds en sang sur le sol. Il est infirmier et il rentrait du boulot. Il m’a soigné et déposé sur mon lit.

Le vieil homme lui lança des regards qu’il pensait discret.

—      Nous avons discuté un moment et il a essayé de comprendre ce qui m’était arrivé. Je lui ai menti. J’ai prétexté une crise de panique. Il m’a conseillé un psychologue. Puis, après que je me sois levé, il est parti.

La tasse de son voisin de table refroidissait sans qu’il ne la touche.

—      Un chic type, conclut David.

—      Tu trouves ? Moi, je le trouve étrange. Tu rentrerais chez quelqu’un sans permission ?

—      Si je l’entends hurler, peut-être.

—      Tu vois trop le bon côté chez les gens. Être aussi crédule te causera des soucis un jour ou l’autre. Non, je pense qu’il y avait quelque chose d’autre là-dessous.

—      Quelque chose d’autre ?

—      Tu aurais dû voir ses coups d’œil sur mon collier. Tu crois que c’est une coïncidence si ce voisin qui je ne connais pas vraiment a fait irruption dans ma vie, le soir même où j’ouvre la boite ?

L’ancien écarta son journal pour lui aussi fixer son collier. Elle le dissimula sous son t-shirt.

—      Sa raison me parait plausible, je ne vois pas l’intérêt de s’imaginer une autre explication.

—      D’accord, monsieur le sceptique. Comment expliques-tu ma grand-mère ? La boite qui vole ? Et puis tout le reste ? Non, je le vois à ton sourire en coin. Tu vas me dire que je suis folle, que j’ai tout imaginé ? Si tu avais ressenti ce que j’ai moi-même ressenti, tu ne dirais pas ça.

David lui effleura la main. Le vieux lui jeta encore un coup d’œil. C'en était assez. Elle se redressa, esquivant la main de David et lança à l’espion du troisième âge :

—      Qu’est-ce qui a ? Tu veux ma photo ?

Il maronna et retourna à son journal, troublé.

—      Allons marcher.

David se leva et l’invita à le suivre. Le vieux lui jeta un dernier regard et s’en alla lui aussi. Durant les premiers mètres, l’homme les suivit, mais avant que Mona ne prévienne David, il changea de direction pour s’engouffrer dans une ruelle. Ils prirent place sur un banc au cœur du parc. On entendait les cris et les rires des enfants jouant dans l’air de loisir.

—      Je pense que tu es épuisée et sur les nerfs. Tu devrais te reposer.

—      Je ne peux pas. Pas avec des démons qui viennent chaque nuit !

Pourquoi est-ce qu’il s’entêtait à ne pas la croire ? Ne pouvait-il pas se comporter comme un véritable ami et essayer de la comprendre au lieu de la contredire sans cesse ?

—      Le conseil de ton voisin n’est pas si mauvais. Tu devrais voir un psy.

—      Pourquoi est-il si difficile pour toi d’imaginer qu’il pourrait y avoir d’autres explications que ta science ? Je ne suis pas folle !

—      Ce n’est pas question de folie. Il pourra t’aider à y voir plus clair, à t’exprimer.

—      C’est le rôle des amis ça.

Elle aurait voulu ne pas être aussi sèche dans ses paroles pour moins blesser David. Peu importe, il le méritait. Elle n’attendit pas sa réponse et se leva. Ce n’est plus son David. Ce n’est plus son ami d’enfance qui la comprenait toujours et avec qui elle imaginait des formes aux nuages. S’ils le faisaient maintenant, il lui expliquerait ce qu’étaient réellement les nuages et les nommeraient. À force de la bourrer de connaissance, la partie droite de son cerveau écrasait la partie gauche. Elle n’était pas folle et si elle devait voir un psychologue pour lui prouver alors, elle le ferait.

Elle fouilla la poche de sa veste, la carte de visite que lui avait donné son voisin. Elle rencontra du bout de ses doigts, un autre bout de papier. Un papier dont l’existence lui était complétement sortie de la tête, le numéro de l’étrange individu croisé au musée. Son pendentif se réchauffa sur sa poitrine. Un signe.

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