Pour ce premier chapitre, je fais un petit récapitulatif depuis la mort de Lexa (de son point de vue, évidemment. Tout est du point de vue Lexa !), et j'y ajoute un historique des Commandants qui l'ont précédée !
À savoir que sur les anciens Commandants, on ne sait pas grand chose ! Les seuls qu'on peut trouver, ce sont ceux qui ont été évoqués dans la série : Becca, Sheidheda, Lexa et Madi.
J'ai donc ajouté une partie qui reprend la vie des différents Commandants, et des traditions Grounders qui se sont mises en place au fur et à mesure du temps.
Sur ce, bonne lecture !
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J'avoue avoir été surprise par l'impact de la balle. J'avais croisé le regard paniqué de Clarke, j'avais tenté tant bien que mal de la rassurer alors que mes jambes vacillaient. Elle m'avait rattrapée avant que je ne m'effondre totalement. Je savais déjà que je ne passerais pas la nuit. Alors que Titus me portait dans le lit de Clarke, j'essayai de lui faire entendre raison.
J'avais été heureuse, malgré tout, de l'avoir à mes côtés pour mes derniers instants. Surtout en entendant qu'elle partageait mes sentiments. Elle me voulait, moi. Et ses adieux avaient été magnifiques. J'en venais même à ne pas regretter de ne pas mourir au combat, l'épée à la main. J'étais partie après un dernier baiser.
Je me réveillai dans la pièce des Commandants. Un siège m'attendait, je vis Becca me sourire et tendre la main pour m'inviter à m'asseoir. Les autres n'étaient pas aussi souriants. Certains avaient l'air relativement hostiles. Je me doutais bien que briser la tradition Grounders n'était pas au goût de tous. De toute manière, que pouvaient-ils me faire maintenant ? J'avançai tranquillement et m'assis sur mon siège. Face à moi, le Commandant Sombre. Sheidheda. Je ne montrai rien, mais il faisait froid dans le dos. Sans parler de tout ce qu'on racontait sur lui. Je notai dans un coin de ma tête de l'avoir à l'oeil, il était capable du pire.
Après des reproches et autres conversations, chacun vaqua à ses occupations. J'observai à la dérobée les autres Commandants. Je les avais tous déjà plus ou moins rencontrés, j'avais déjà interagi avec certains d'entre eux, mais pour un temps limité. La plupart du temps, pour leur demander conseil ou voir un peu comment ils avaient géré diverses situations. Cette fois, je devais « vivre » avec eux.
Je me replongeai alors dans ce que j'avais appris des Commandants qui me précédaient :
Celle qui m'impressionnait le plus était Becca, évidemment. Elle était à l'origine de tout ça. Elle était considérée presque comme une déesse par certains d'entre nous. Après elle, venait Shaca. Il avait été un Commandant impressionnant. Après la mort de Becca, nombreux étaient ceux qui voulaient diriger. Ils tentèrent bien des votes, mais après le troisième, comme aucun ne se démarquaient des autres, des disputes éclatèrent jusqu'à ce qu'un autre Nightblood ne déclare qu'il était celui à qui le pouvoir devait revenir de droit. Shaca n'hésita pas une seconde et lui lança un couteau dans la gorge. Les autres Nightbloods présents s'en prirent à lui et il les tua l'un après l'autre après un combat épuisant et sanglant. Il prit le pouvoir par la force. Il s'installa sur le trône et décida que le pouvoir ne reviendrait qu'à celui qui sortirait vainqueur d'un combat à mort. Le Conclave venait de naître.
Certains n'étaient pas d'accord avec sa façon de faire, ils fuirent et créèrent leurs clans. Il n'y avait pas à dire, il était fort, autoritaire, il était vraiment taillé pour diriger. Mais il aimait un peu trop les combats. Et après la création des divers clans, il déclara tout simplement la guerre à ceux qui avaient fui comme des lâches.
Il combattit comme il l'avait toujours fait : avec force, stratégie, fluidité, mais il reçut un mauvais coup et il mourut quelques jours plus tard.
Un Conclave fut « invoqué » et les prétendants à la succession s'affrontèrent. Beowen le remporta. Il n'en sortit pas indemne, cependant : il garderait une balafre du front jusqu'à la moitié de sa joue droite, toute sa vie. Ce qui le rendait encore plus imposant qu'il ne l'était déjà ! Beowen était très grand. Je ne suis pas certaine qu'il y ait eu un homme aussi grand que lui dans toute notre histoire ! Il avait une musculature tout aussi impressionnante. Sa force était indéniable. Il était assez juste dans ses décisions, mais à la fois implacable. Les guerres n'avaient pas cessé. Elles commençaient à s'imprégner dans notre culture. Pendant le règne de Shaca, de nombreux morts étaient à déplorer, les proches de quelques-unes des victimes voulurent se venger, et un cercle vicieux s'installa : chaque mort devait répondre par la mort des responsables, et ce fut ainsi que Jus drein jus daun devint une de nos « lois » fondamentales. Il fut empoisonné, il était si doué qu'il occupa le trône de nombreuses années, et personne ne se voyait réussir à le défaire au combat. Il semblait touché par la grâce à chaque bataille, évitant toute blessure mortelle. Il était, certes, couvert de cicatrices, mais aucune ne lui avait été fatale. Certains en eurent marre de le voir au pouvoir et il s'étouffa dans son sang après une bouchée de viande.
Un autre Conclave eut lieu. Ce fut une femme qui le remporta, Lassaya était une guerrière née. On racontait qu'elle savait manier la dague avant même de savoir marcher. En grandissant, son talent ne s'était pas évaporé, bien au contraire. Dès qu'elle touchait une nouvelle arme, elle semblait la maîtriser sans avoir à apprendre quoi que ce soit de qui que ce soit. Elle était aussi plus « paisible » que ses prédécesseurs. Elle trouva un terrain d'entente avec les autres clans pour apaiser les tensions. Si l'un des siens s'en prenaient aux autres clans par vengeance, elle s'occupait elle-même de lui, en public. Son regard se rivant dans chacun des « spectateurs » présents : une menace sous-entendue planait. Quiconque referait cette erreur le paierait de la même manière. Ce fut elle qui gouverna le mieux, le plus justement. Le peuple lui devait respect et « soumission », mais elle était aimée. Même des autres clans, puisqu'elle était à l'origine de la paix.
Seulement, cette paix lui fut fatale. Nombreux étaient ceux qui avaient besoin de se dégourdir les bras et à qui le sang et les batailles manquaient. Elle se déplaçait pour rendre visite à l'un des clans et fut prise dans une embuscade et les nombreux coups de couteaux qu'elle reçut la laissèrent morte sur le chemin.
Dria lui succéda. Elle tolérait plus ou moins cette paix, mais réussit à retrouver les responsables de la mort de Lassaya. Elle les enchaîna à un poteau et ils reçurent chacun de nombreux coups ou entailles de couteaux, par tous ceux qui avaient apprécié ou aimé Lassaya. Elle leur promit de les achever s'ils survivaient à tout ce qu'ils recevraient. Il n'y en eut qu'un qui survécut à ces coups et à la perte abondante de sang. Elle lui planta lentement son épée dans le coeur en le regardant droit dans les yeux tandis que sa vie s'échappait. Elle fit brûler les corps et put diriger d'une main assez rude. Parmi les futurs prétendants, il y en avait un qui se démarquait. Pas juste par son talent au combat, mais il était dur. Il n'était qu'un enfant, mais son regard faisait froid dans le dos, même pour elle. Tout le monde avait entendu parler de lui, de ce « démon ». Dria ne resta que quatre ans sur le trône. Elle fut tuée par ce fameux démon. Il n'avait alors que huit ans. Il avait profité d'un entraînement pour se débarrasser de tous ses camarades et du Fleimkepa qui leur enseignait ce qu'ils avaient besoin de savoir. Il se dirigea ensuite vers la salle du trône, Dria était en plein entretien, mais ça ne l'arrêta pas. Il fonça sur elle et la poignarda avant de lui trancher la gorge. Il tua les gardes et toutes les autres personnes présentes avant de s'installer tranquillement sur le trône.
Il avait pris le pouvoir. Il n'y avait que ça qui l'intéressait : le pouvoir. Toute personne critiquant sa façon de faire était exécutée. Il avait aimé la façon de faire de Dria et en fit une de nos coutumes. Il se délectait de la souffrance. Son règne fut long, et de loin, le pire, le plus sombre et le plus sanglant de tous. Il écrasa les autres clans, sans une once de remords. Ses nombreuses batailles lui valurent de nombreuses cicatrices, dont celle à l'oeil. On raconte qu'il s'était mis à rire quand il l'avait reçue. Sa propre douleur lui était indifférente, s'il en ressentait une. Il était aussi malin et avait placé des espions un peu partout, et chaque fois qu'il entendait parler d'une potentielle révolte, il marchait simplement avec son armée sur le village en question et tuait ceux qui étaient contre lui. On l'avait surnommé le Commandant Sombre, Sheidheda.
Il mourut lors d'une bataille, il était tombé sur un guerrier tout aussi barbare que lui, mais qui lui rendait vingt bons kilos et qui avait une force démesurée. Ce guerrier fut achevé par la garde de Sheidheda.
Le Commandant suivant fut désigné après un nouveau Conclave. Velyana. Elle était, objectivement, la plus belle de toutes les Commandantes ! Elle avait pris le pouvoir alors qu'elle avait quatorze ans, tout le monde tournait déjà la tête vers elle à chaque fois qu'elle apparaissait. Elle était grande, mince mais on voyait malgré tout la musculature de guerrière. Musculature tout en finesse. Les traits de son visage étaient délicats et nombreux furent ceux qui succombèrent à sa beauté. On racontait qu'elle était agréable, souriante. Personne n'aurait alors parié sur elle lors du Conclave. Ce fut là, leur erreur. Elle paraissait frêle et délicate mais elle restait une guerrière hors pair. Elle n'avait pas la puissance de certains, mais elle était vive, souple. Elle compensait son manque de force face à certains par une fluidité sans pareille. Elle était d'une précision mortelle et connaissait chaque point vital, savait les repérer sur chaque personne. En un mot, redoutable.
Il n'y avait pas grand chose à dire concernant son règne, elle n'était pas folle à lier ni cruelle comme Sheidheda, Elle savait faire la part des choses, mais les habitudes s'étaient ancrées, devenant des coutumes. Jus drein jus daun en faisait, évidemment, partie. Sans parler de nos exécutions. Elle ne fut ni blessée mortellement, ni empoisonnée. Elle mourut sans qu'on en comprenne la raison. Elle s'était levée en plein conseil et s'était effondrée. Il y eut de nombreuses rumeurs sur cette « chute ». L'une d'elle voulait qu'elle n'avait pas réussi à surmonter la trahison de celui qu'elle aimait et que son coeur avait lâché, tout simplement. D'autres parlaient d'une fragilité qu'elle s'était efforcée de cacher toute sa vie. Personne ne sut ce qu'il en était réellement.
Après elle, vint Thimilia. C'était une orpheline. Elle avait perdu ses parents lors d'une attaque. On ne savait pas ce qui s'était vraiment passé, mais les rumeurs voulaient qu'un des clans s'était attaqué à eux par vengeance, parce qu'ils faisaient partie d'une famille qui s'en était pris à la leur. Elle n'hésita pas et déclara la guerre au clan dont ils faisaient partie, à peine eut-elle le pouvoir. Les guerres reprirent, d'autres clans vinrent aider celui qu'elle avait attaqué. Elle mourut l'épée à la main.
Vint ensuite mon prédécesseur, Goroth. Il essaya de réparer les erreurs des autres. Essayant de créer une alliance avec les autres clans, mais avec tout ce qui s'était déjà passé, il était difficile aux autres de pardonner, de ne pas céder à leurs habitudes. Après un certain nombre d'années à régner, du mieux qu'il le put, il fut attaqué par surprise par un clan récalcitrant qui ne voulait pas intégrer l'alliance. Son idée était pourtant bonne.
Suite à sa mort, je remportai le Conclave et poursuivis son oeuvre, réussissant là où il avait échoué, comme certains avant lui.
J'étais « perdue » dans l'histoire de notre peuple quand je sentis, à un moment, comme une vibration. J'avais été surprise de reconnaître Clarke. Je la vis apparaître à peine avant de disparaître tout aussi vite. Mes sentiments me guidèrent jusqu'à elle. Je la sentais en souffrance. J'avais été surprise mais surtout heureuse de la revoir. Je l'avais aidée du mieux que je l'avais pu, lui offrant quelques secondes de répit en me lançant à corps perdu dans un combat que je savais plus que déséquilibré pour moi. Ses mots avaient résonné en moi, s'étaient gravés profondément.
J'avais vu disparaître tous mes « ennemis », alors que je me sentais happée. J'étais enfin de retour dans la salle des Commandants. J'entendis des murmures et des bruits de désapprobation. Je haussai les épaules. Peu importait qu'ils n'apprécient pas le fait que j'ai voulu faire changer les choses, les faire évoluer. Je vis du coin de l'oeil Becca hocher discrètement la tête avec un petit sourire. Au moins une personne qui était de mon côté. Et pas n'importe qui.
Je soufflai, repensant à Clarke. À la peine et à la sincérité que j'avais pu lire dans ses yeux quand elle avait voulu me retenir. Je fermai les yeux, je sentis mes lèvres s'étirer doucement en repensant à ses mots.
Après Clarke, il n'y eut pas d'autre vibration, pas d'apparition d'un nouveau Commandant. Rien pendant un temps impossible à quantifier. Combien de temps s'était-il passé depuis ma mort ? Le temps était différent dans cette pièce. Presque inexistant.
Jusqu'à ce qu'un jour, je ressente, de nouveau, cette vibration et qu'une jeune adolescente, qui semblait avoir le même âge que le mien lors de ma propre Ascension, n'apparaisse dans la salle des Commandants. C'était une petite brune aux yeux bleus. Elle semblait un peu perdue. Je m'approchai d'elle, me rappelant ma surprise quand j'étais moi-même apparue ici, la première fois. Sans compter que certains des anciens Commandants pouvaient être impressionnants. À part Becca, certains ne paraissaient pas franchement chaleureux. Ses souvenirs venaient me percuter. Une brume orange semblait tout emporter, de nombreuses personnes brûlaient face à cette brume. Elle s'était abritée avec d'autres, mais l'air était saturé de quelque chose qui les faisait s'asphyxier. Elle n'était sauve que grâce à son sang. Nightblood. Je pus la voir se débrouiller seule : pêcher, chasser, cueillir. Elle semblait observer quelqu'un. Je souris en reconnaissant cette silhouette et ces cheveux blonds.
– Clarke.; la jeune brune sembla surprise, je lui souris.
– Lexa ?; je hochai la tête, elle me tendit son bras que je saisis avec un sourire.; Madi.
– Enchantée, Madi.
D'autres souvenirs me parvinrent, elle ne savait pas encore contrôler le partage, ce qui n'avait rien d'étonnant. Surtout vu ce que j'avais pu voir précédemment. Personne ne l'avait préparée. Elle n'avait pas gagné un Conclave, personne ne lui avait appris ce qui allait suivre une fois qu'elle aurait la Flamme. Elle n'avait reçu aucun enseignement martial, stratégique ou historique concernant les Commandants. Je suivis le fil de ses souvenirs. Sa fuite face à Clarke, le piège à loups, son attaque. Je lui lançai un regard de reproches.
– Je croyais que c'était un Fleimpkepa qui voulait m'emmener. Crois-moi, je regrette de l'avoir attaquée.
Ses souvenirs se firent plus doux, Clarke l'avait élevée comme sa fille, avec amour et tendresse, lui racontant comment elle était arrivée sur Terre, comment elle avait survécu, lui racontant la plupart de ses aventures. Je restai étonnée qu'elle n'ait pas parlé de notre histoire, mais Madi me montra le regard parfois perdu de Clarke, je compris alors pourquoi.
– Je suppose que tu as un Fleimpkepa pour t'aider ?; elle hocha la tête.
– Gaia.; ce nom ne m'était pas inconnu.
– La fille d'Indra. Tu es entre de bonnes mains. Si elle est aussi loyale que sa mère, tu n'as aucun crainte à avoir. Je te partagerai des souvenirs, des connaissances pour t'aider aussi. Tout comme les autres Commandants, pour te guider dans la tâche qui t'attend.
Durant le temps qu'elle resta ici, j'appris ce qui avait pu se passer : Clarke qui s'était quasiment sacrifiée pour aider certains de ses amis à rejoindre l'espace, Octavia qui avait gagné un Conclave et avait décidé de partager le bunker entre les divers clans. Il semblerait qu'elle ait dû changer, et elle s'était quelque peu perdue en chemin. Elle était loin d'être celle que j'avais connue. Elle s'était durcie. Blodreina. Je comprenais, néanmoins. Il n'avait pas dû être facile de vivre autant de temps sous terre en devant gérer autant de clans. Elle n'avait jamais été préparée à une chose pareille. Et surtout, à une situation pareille.
Je finis par sentir une sorte de connexion. Je reconnus Clarke et je souris. Madi commença à « disparaître », alors qu'elle se réveillait.
– À bientôt, Madi. Je ferai mon possible pour t'aider.
– Il va falloir enseigner à cette petite à gérer ses émotions. Elle est faible.; je serrai les dents.
– Fichez-lui la paix. Le monde est bien différent de ce qu'il était quand vous étiez vivants ! Il ne reste quasiment plus rien. Apprenez-lui mentalement à se battre, notre histoire, de la stratégie. C'est tout ce dont elle a besoin. Pas de vos avis concernant ses sentiments et ses émotions.
Et avant que l'un d'entre eux ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, je me détournai et m'éloignai.
J'essayai de garder un certain lien avec Madi. Mais il semblait assez fort, au vu des sentiments que nous partagions l'une et l'autre vis-à-vis de Clarke. Quand elle se réveilla complètement, je vis Clarke, le regard inquiet. Elle n'avait pas tant changé, si ce n'était que ses cheveux étaient plus courts. Je me surpris à sourire en pensant que ses yeux et son visage m'avaient manqué. J'entendis à travers Madi le son d'une arme. Je reconnus Joroum, un de mes gardes. Il était au service d'Octavia et suivait ses ordres. Clarke s'était interposée pour protéger Madi.
Je soufflai à Madi ce qu'elle avait besoin de savoir. Le garde face à elle s'appelait Joroum Kom Sangedakru, fils de Lisbeth Kom Sangedakru. Il avait fait partie de ma garde royale et m'avait servie avec honneur et avait cru en moi.
Après les mots de Madi, il finit par s'agenouiller en l'appelant Heda. J'étais contente de voir que malgré la situation, certains étaient encore loyaux à « l'ancien système ». Là où je fus surprise, ce fut quand Clarke l'abattit d'une balle dans la tête, sans aucune pitié.
Madi dut ressentir mon trouble :
– Pourquoi t'as fait ça ?
– Tu sais pourquoi.
– Clarke, si on s'enfuit, Octavia aura gagné. Indra, Gaia et Bellamy vont mourir.
– Ils ont fait leur choix.; mais que t'est-il arrivé, Clarke ?
Je ne pus m'empêcher de revoir son visage quand je l'avais délibérément trahie pour sauver mon peuple. Expliquant que j'avais fait ce choix avec ma tête et pas mon coeur. Je fermai les yeux et soufflai doucement avant de secouer la tête. Le lien commençait à faiblir. Je décidai de choisir quoi partager à Madi. Je commençai avec divers notions de combat.
Je pouvais ressentir que la situation était tendue. Clarke était prête à trahir les siens pour Madi. Rien ne lui importait plus que la sécurité et la vie de sa fille. Une discussion s'engagea entre elles, je tentai de ne pas trop écouter, mais le lien que je partageais avec Madi était suffisamment fort pour que je n'ai rien à faire pour entendre.
– Je l'ai fait parce que je t'aime.
– Je pensais que l'amour était une faiblesse ? Ce n'est pas ce que les Commandants te disent ?; Clarke. Ma gorge se serra. Je regrettai tellement.
– Tous sauf une.; la surprise s'afficha dans le regard de Clarke. Elle tenta de se reprendre, mais sa voix se fit plus basse.
– Tu devrais dormir.
– Je ne veux pas dormir.; Madi apparut devant moi, je lui tendis le bras, elle me prit la main, le souvenir fut plus vivace que jamais, mais quand j'ouvris les yeux, je vis Clarke comme si elle était devant moi. Je ne pensais pas qu'il était possible de prendre possession de l'hôte de la Flamme. Et quand les mots sortirent de sa bouche, ce fut moi qui parlais.; À chaque fois que je ferme les yeux, je te vois. Devant le Mont Weather, prête à la guerre. Et je me détourne, te laissant seule.
– Je vais t'expliquer. Lexa a protégé son peuple en faisant un marché avec l'ennemi, vouant les Skaikru à la mort. Tout comme je viens de le faire. Je n'ai pas besoin de fantôme pour me dire ce que j'ai perdu pour te protéger, Madi.; je laissai de nouveau Madi reprendre le contrôle, tout en veillant toujours. Fantôme ? Mes lèvres se pincèrent, j'aimerais tellement qu'elle comprenne que je n'en étais pas un. Madi entendit mon souhait.
– Clarke, elle n'est pas un fantôme. Elle est réelle. Ils le sont tous. Et tu as tort à propos du souvenir qu'elle a partagé. Te trahir est son plus grand regret. Elle me l'a montré parce qu'elle ne veut pas que tu fasses la même erreur qu'elle.; Clarke semblait ne plus savoir où elle en était. Je voyais à ses yeux qu'elle était prête à craquer. Pendant une seconde, je la vis hésiter entre chasser ses émotions ou se laisser aller. Je vis dans son regard qu'elle n'avait jamais cessé de m'aimer et que ma mort l'affectait toujours autant. Si seulement je pouvais la rassurer. Elle finit par se reprendre.; S'il te plaît, Clarke, je sais que tu as peur. J'ai peur aussi.; je transmis à Madi des mots que la blonde reconnaîtrait aisément.; Mais je dois le faire. Et tu dois me laisser faire.; le regard de Clarke était limpide. Elle avait reconnu mes mots, elle s'approcha de sa fille et s'accroupit devant elle.
– Madi. C'est comme ça qu'on survit.; de la survie ? Clarke... Je souris en repensant à ce qu'elle m'avait dit dans ma tente, juste avant que je ne cède à mon envie de l'embrasser. Mots que j'avais réutilisés lors de mon agonie, elle avait eu raison. Elle ne devait pas changer sur ce point. Jamais.
– Mais peut-être que la vie devrait être plus qu'une question de survie.; le visage de Clarke et son regard étaient clairs. Elle était perdue, elle avait reconnu ses propres paroles, et les miennes.
Elle réagit peu de temps après, alors que les gardes revenaient, elle les tua, libéra Echo et laissa Madi s'en aller pour faire ce qu'elle avait à faire.
Je partageai toujours un peu de mon savoir avec Madi, sans vraiment avoir à forcer. Je pouvais aussi observer à travers elle. Et ce que je vis me glaça le sang. J'avais déjà pu observer à quoi ressemblait le monde après le passage de Pramfaya, la tour de Polis ravagée, comme presque tout le reste du monde. Mais ce qu'il resta de la Terre après ce missile était pire.
Tous les survivants s'étaient mis d'accord pour être cryogénisés. J'avais pu apprendre par Madi de quoi il en retournait. Je pouvais sentir son inquiétude concernant ce sommeil forcé. Je ne pouvais le lui reprocher, je n'étais pas sereine non plus. J'espérais simplement que tout irait bien pour elle et pour Clarke.
Je ne fus pas surprise de la voir si rassurante, si douce et si tendre. Elle avait toujours eu cette douceur en elle, même quand il s'agissait de prendre des décisions difficiles, cette douceur était toujours là, tapie quelque part au fond d'elle. Je ne fis qu'observer, mais j'aurais donné cher pour être à la place de Madi, pour sentir, ne serait-ce qu'une fois, la main de Clarke sur ma joue.
– Est-ce qu'on va rêver ?
– Je ne sais pas. Mais si c'est le cas, je te verrai dans mes rêves.
Je fermai les yeux pour profiter de sa voix avant je ne savais combien de temps.
Madi ne tarda pas à arriver dans la salle des Commandants. J'étais assise en tailleur au sol, en attendant, je lui indiquai de la main de se mettre face à moi.
– Je vais t'enseigner ce que tu as besoin de savoir. Je t'entraînerai un peu ici. Ça ne vaut pas un vrai entraînement, mais si tu sais exécuter les choses dans ton espace mental, tu devrais pouvoir le reproduire à l'extérieur.; elle hocha simplement la tête.
Comme je l'avais déjà remarqué, le temps était quasi inexistant ici et il passait d'une façon étrange. On mit donc son sommeil forcé à profit. Et je lui enseignai tout ce que je pus. Elle me questionna sur Sheidheda, enfin le « Commandant effrayant », comme elle l'appelait, mais je n'étais pas certaine de vouloir lui raconter tout ce qui le concernait. Elle le remarqua et chassa l'air de sa main.
– D'ailleurs, où est-il ?; je fronçai les sourcils. En effet, ça faisait un petit moment qu'on ne l'avait pas aperçu. Mon regard croisa celui de Becca, mais je pus lire une réponse dans ses yeux. Elle n'en savait pas plus que moi.
– Je ne sais pas. Allez, debout, on va se dégourdir un peu.
Nous passâmes un certain temps à combattre. Elle était prometteuse, à n'en pas douter. Elle me rappelait Aden. J'eus un pincement au coeur en pensant à ma jeune recrue qui n'avait même pas eu la chance de montrer de quoi il était capable. J'avais, bien entendu, appris ce qui lui était arrivé. À lui, mais aussi aux autres Nightbloods. Ontari...
Je secouai la tête et me concentrai de nouveau sur le combat. J'appris d'autres mouvements à la nouvelle Commandante. Jusqu'à ce qu'elle grimace. Elle semblait tout à coup être à bout de souffle.
– Madi ?
– On me réveille, mais j'aurais aimé...
– Va retrouver Clarke.; elle me sourit et hocha la tête.
Raven et Diyoza l'avaient réveillée et lui avaient expliqué qu'ils avaient été « séquestrés » dans leur propre vaisseau par des personnes de la planète que Monty avait découverte. Elles lui avaient demandé de passer par les tuyaux, puisqu'elle était assez petite pour y entrer, afin de remédier au plus vite à la menace. Elle n'avait pas failli et avait agi avec sang-froid et rapidité. Je hochai la tête, face à son action.
Il semblerait que Clarke ne pouvait jamais avoir une seconde de répit. J'appris au travers Madi qu'elle était descendue sur cette nouvelle planète avec certaines personnes de son peuple, mais que leur vaisseau avait été volé, d'où l'urgence de son intervention. Je soupirai. Les mêmes erreurs étaient-elles vouées à être répétées ?
Elle avait des difficultés à nous « convoquer » pour apprendre. Elle y arrivait sans mal quand elle était endormie. Du moins, avec moi. Je n'étais pas si étonnée, nous avions quelque chose en commun. Notre lien était donc plus fort. Son inquiétude pour Clarke ne l'aidait clairement pas. Mais comment lui en vouloir ? Savoir qu'elle était peut-être en danger n'était en rien rassurant. Je n'étais pas sans savoir qu'elle avait de la ressource et qu'elle était capable de se défendre et de prendre des décisions difficiles. J'aurais aimé pouvoir être là. Je soupirai de nouveau.
Mon inquiétude semblait remplir la pièce, j'entendis les autres Commandants se plaindre. Ma mâchoire se contracta d'elle-même. Je sentis une main se poser sur moi, je tournai la tête et rencontrai le regard de Becca.
– Tout va bien se passer, Lexa. Clarke est forte et intelligente. Elle saura faire face. Fais-lui confiance.
– Je lui fais confiance. Mais...; elle sourit.
– Je comprends.