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Chapitre 7 : Javirdir

Amarys regardait autour d'elle sans savoir où elle se trouvait. Le froid glacial lui mordait la peau et le vent la giflait avec force, pourtant ses cheveux ne bougeait pas, ni même ses vêtements. Ses pieds, eux, ne touchaient pas le sol. Elle commençait à avoir l'habitude de ses voyages astraux, mais tout devenait de plus en plus réel. Avant cette nuit, jamais elle n'avait ressenti une quelconque température si ce n'est celle de sa chambre.

Elle se tourna sur elle même et observa le paysage. Amarys comprit très vite qu'elle se trouvait dans une forteresse à la vision des murailles hautes de plusieurs mètres et des tours de guets. Plusieurs personnes — hommes et femmes — avec des runes tatouées sur le corps patrouillaient sur les parapets qui relient les tours entre elles.

Une odeur lui vint au nez. Du foin. Elle regarda vers la grange et y vit Kael qui s'occupait de son bel étalon. Elle l'avait déjà remarqué dans la forêt de ronces. Il caressa son encolure avant de le confier à un palefrenier. Un homme de l'âge de sa mère se trouvait à ses côtés. Sa peau ébène tranchait avec celle hâlée de Kael. Ils étaient en tout point différents. Là où Kael possédait une chevelure dense et noire de jais, le vieillard en avait une éparse et blanche. Amarys s'approcha et entendit une partie de leur conversation.

—« Draul Jhöral skel'ta »

Amarys fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas bien cette langue gutturale qui lui semblait pourtant si familière, elle les avait pourtant toutes étudié. Amarys se concentra et entra dans l'esprit de Kael, mais se confronta à un mur épais, presque infranchissable. Avec plus de concentration, elle réussit à percer une brèche et décoda mieux leur échange.

—« Ancien Jhöral, elle est dans ma tête »

—« Elle ? »

—« Une Mage... Amarys... je l'ai rencontré il y a plusieurs semaines... je ne savais pas qu'est ce qu'elle était. Je me suis laissé guider par mon désir et nous avons couchés ensemble. Depuis, elle me suit »

Amarys ne voulut pas en entendre plus et quitta l'esprit de Kael. Même si son peuple avait tué son père, pour une raison inexplicable, elle ne pouvait se résoudre à briser son esprit.

Elle fut arrachée à sa transe comme on extirpe un noyé des flots. Un cri silencieux jaillit de sa gorge alors que son esprit réintégrait violemment son corps. La douleur fut fulgurante, presque insupportable — comme si tout son être avait été déchiré en deux.

Elle haleta, suffoqua, battit des cils.

Et puis elle sentit une chaleur. Des bras puissants la soutenaient. Une odeur familière — celle du bois, de l'herbe séchée et du cuir.

—« Amarys. »

La voix était grave, calme, rassurante. Elle tourna faiblement la tête et aperçut Brennel, penché sur elle, ses yeux sombres emplis d'inquiétude. Son front était plissé, ses mains tremblaient légèrement en resserrant leur prise autour de son dos et de ses épaules.

—« Tu es là... » murmura-t-elle, encore engourdie.

—« Tu as disparu, comme happée. Ton corps ne répondait plus. J'ai cru... »

Il ne termina pas. Sa mâchoire se contracta. Elle sentit sa détresse, son soulagement aussi, comme une vague tiède qui lui caressait le cœur. Brennel, le stoïque, le fidèle, était là. Toujours là.

Elle voulut se redresser mais une lourdeur étrange l'en empêcha. Elle avait froid, mais ses joues brûlaient encore des mots de Kael.

—« Je suis fatiguée, » souffla-t-elle.

—« Tu peux te reposer, » répondit-il en la gardant contre lui. « Tu es en sécurité. »

Amarys fixa Brennel tout en glissant ses doigts dans les longs cheveux cuivrés de l'homme partageant sa couche. Elle se demanda alors ce que ça ferait d'aimer un homme comme Brennel, serait elle heureuse si elle l'épousait ? Il était un bon partie et pour un homme, il était un Mage puissant, maniant l'eau avec brio.

Mais quelque chose en elle résistait à cette idée.

Brennel représentait tout ce qu'elle aurait dû vouloir : la stabilité, la loyauté, la noblesse du cœur et la puissance tranquille. Il était son égal aux yeux du Conseil, son allié aux yeux de sa mère. Et pourtant... il n'allumait pas cette flamme dangereuse qui faisait battre son cœur plus vite, cette part d'ombre qu'elle sentait vibrer en elle chaque fois que son esprit frôlait celui de Kael.

Elle soupira et ferma les yeux. Mais au lieu de se reposer, elle se retrouva à nouveau projetée là-bas, dans la forteresse, entre les tours et les runes. Elle sentit encore la rugosité du mur mental de Kael, cette résistance étrange qui provenait probablement d'une rune, un pouvoir ancien qui le protégeait.

Elle frissonna. Ce n'était pas anodin. Personne ne pouvait sentir l'approche de son esprit, et encore moins l'identifier. C'était ça la dangerosité des Mages de l'esprit. Ils entrent dans la tête des gens de manière insidieuse et peuvent prendre le contrôle de leur être en plus de plusieurs manipulations mentales tel que la télékinésie ou encore de la télépathie et bien sûr les projections astrales. Kael n'était pas censé pouvoir la repousser, pourtant il le faisait.

—« Tu trembles encore, » dit doucement Brennel.

Elle rouvrit les yeux et le vit la regarder avec tendresse. Elle força un sourire.

—« Je vais bien. »

Mais au fond, elle savait que c'était faux. Elle était en train de franchir une limite invisible, une frontière mentale dont elle ne connaissait pas les conséquences. Et Kael... il n'était pas seulement un homme avec lequel elle avait couché. Il était Skalgrimr. L'un des leurs. Ils avaient tué son père.

Et il portait ses traces en lui.

Elle retira doucement sa main des cheveux de Brennel et se redressa.

—« Je dois parler à ma mère. »

—« Maintenant ? » s'étonna-t-il.

—« Oui. J'ai encore fais ces mêmes rêves... » menti Amarys dans le but de protéger Brennel.

Elle ne l'aimait certes pas comme Emerys aimait Elwen mais elle l'aimait comme un ami et un amant.

Il la regarda un moment, puis hocha la tête. Il ne posa pas de question. Il ne l'avait jamais fait. Mais cette fois, elle aurait peut-être voulu qu'il insiste, qu'il la retienne. Qu'il dise autre chose que ce qu'elle attendait.

Elle se leva, couvrit son corps d'une robe légère, et quitta la chambre sans un mot de plus. Dans sa tête, les mots de Kael résonnaient encore :

« Elle est dans ma tête »

Il l'avait sentie et repoussé.

Amarys couru dans les couloirs encore désert. Les larmes ruisselaient sur son visage. Elle ouvrit la porte des appartements de sa mère sans s'annoncer. Amaelys était déjà debout, ses mains sur son ventre, ses traits tirés par l'inquiétude. La reine avait senti la magie de sa fille et quand elle la vit, des larmes coulèrent. Amaelys regardait sa petite dernière être dévorée par sa magie sans pouvoir rien faire. Elle avait suffisamment attendu. Il était temps de mettre son égo et sa rancune de côté.

Amaelys caressa la joue de sa benjamine puis embrassa son front.

—« Ma beauté. Tu as mon physique mais tu as l'esprit de ton père. Jörhem... il était un Skalgrimr. »

Amarys fixa sa mère qui sanglota un instant, sa main écraser sur sa bouche, les joues noyées de larmes. Amaelys n'avait jamais réussi à faire le deuil de son mari qu'elle aimait toujours comme au premier jour. Elle s'était accroché à ses filles pour combler le vide de son absence.

—« Ton père était le fils de l'Ancien et ils l'ont tué pour avoir aimé une Mage, pour lui avoir fait des filles »

—« Quoi ? »

Amaelys essuya ses joues en reniflant puis retira le foulard en soie, libérant ses cheveux frisés. La reine les laissaient au naturel. Ils étaient comme un sublime sol pleureur avec un volume impressionnant. Amaelys était d'une beauté envoûtante malgré son chagrin.

—« Je n'ai plus le choix ma chérie. Je vais devoir faire appel à ton grand père. Lui seul peut te sauver »

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