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Nikkihlous
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Chapitre 2.2

Appuyé nonchalamment, il paraissait à la fois détendu et menaçant. Bras croisés, sourire en coin, il affichait une assurance tranquille, comme s'il détenait toutes les cartes. Son regard sombre restait fixé sur la jeune femme, mais elle ne sursauta pas. Agrippant nerveusement le bord d'une chaise, elle calcula la distance entre eux et une issue possible. Ses doigts effleurèrent le bois, lentement, comme si elle vérifiait sa stabilité. Elle n'était pas prête pour une telle confrontation. Pourtant, elle n'avait pas le choix.

— Jolie maison, lança-t-il, un air vaguement amusé sur le visage. Dommage qu'elle puisse disparaître.

Ces quelques mots suffirent à faire naître une boule dans son estomac. Elle déglutit, incapable de répondre immédiatement.

— Alors, Anastasia, on va en parler ou tu comptes continuer à me regarder comme si j'étais le croque-mitaine ? ajouta-t-il d'un ton plus tranchant.

La tête légèrement penchée, elle passa une main nerveuse dans ses cheveux, tentant de reprendre le dessus.

— Si vous étiez vraiment le croque-mitaine, je serais déjà dans votre voiture, non ? répondit-elle, sa voix plus assurée qu'elle ne l'aurait cru possible. Alors, si vous êtes là pour autre chose que des menaces à deux balles, crachez le morceau.

Un éclair de surprise traversa le visage de l'inconnu. Ses yeux se plissèrent légèrement, analysant cette résistance inattendue. Anastasia en profita pour contourner la table, qui devint une barrière improvisée. Ou un repositionnement tactique.

— Oh, j'aime ça. Un peu de rébellion, murmura-t-il en s'avançant de deux pas, son sourire s'élargissant. Mais tu sais, le courage mal placé peut être dangereux.

— Tout comme l'arrogance, répliqua-t-elle aussitôt.

Il effleura la ligne de sa mâchoire. Un silence s'installa, pesant, presque électrique. Elle le fixa comme on fixe un insecte qu'on hésite à écraser ou ignorer.

— Vous pouvez garder votre numéro d'intimidation pour quelqu'un d'autre. Moi j'ai un gosse, un lave-vaisselle en panne, et zéro patience pour les badboys en veste noire.

L'homme ne broncha pas. Au contraire, il sembla apprécier le défi.

— Ton mari me doit de l'argent.

Le couperet tomba. Anastasia sentit le sol vaciller sous ses pieds. Elle cligna des yeux, l'esprit en plein vertige.

— Il est mort, marmonna-t-elle finalement, comme si ces mots pouvaient clore le débat.

Il ne montra pas la moindre compassion. Un léger haussement d'épaules, il feignit l'indifférence, mais son regard restait acéré.

— Ouais, je sais qu'il est mort. Un vrai coup de chance pour lui, si tu veux mon avis. Mais son départ laisse un petit... problème

La brutalité de ses paroles la heurta de plein fouet, mais elle garda le cap.

— Matthew n'a jamais mentionné de dettes.

— Bien sûr qu'il ne t'en a pas parlé. Matthew était un rêveur, pas un homme d'affaires, ricana-t-il d'un son bas.

Anastasia arqua un sourcil. Elle allait répondre, mais un mouvement attira son œil. Ce n'était que maintenant qu'elle le voyait vraiment : ses doigts jouaient lentement avec une bague. Une rotation fluide, maîtrisée, mais surtout trop régulière pour que ce soit nerveux. Et maintenant qu'elle l'avait repéré, elle n'arrivait plus à le lâcher des yeux.

— Il y a deux ans, continua-t-il, il est venu me voir pour un prêt. Il voulait monter une startup, quelque chose dans la tech, avec des promesses de gros contrats...

Le ton avait subtilement changé, devenant plus froid. La jeune femme pouvait ressentir un sentiment de vieux regret amer. Ses doigts ne cessèrent leur balai autour du métal, alors qu'il marquait une pause.

— J'fais pas dans ce genre de business habituellement, je suis plus... disons, traditionnel. La came, les deals, ce genre de trucs. Mais j'ai été assez stupide pour le croire.

Il leva les yeux vers elle à ce moment précis, presque comme s'il avait guetté sa réaction depuis la phrase précédente

Et puis, enfin, ses doigts quittèrent la bague et il croisa les bras.

Elle sentit son cœur se serrer, comme une main invisible l'étranglant et ses doigts jouaient avec l'ourlet de son pyjama. Elle se souvenait vaguement du projet de Matthew, une ambition floue, jamais évoquée en détail. Mais jamais il n'avait mentionné un prêt. Encore moins un prêt contracté auprès d'un homme comme lui.

— Combien ? demanda-t-elle, son ton plus direct.

— Assez pour que ça vaille la peine que je me déplace.

— Je vous ai demandé un chiffre, pas un monologue.

Elle sentit la réplique avant même de la penser. L'adrénaline faisais bien les choses, parfois.

— T'as du cran, j'aime ça. Cent mille dollars.

Le chiffre explosa dans l'air nocturne comme un coup de tonnerre. Mais elle ne broncha pas.

— Cent mille ? Et vous pensiez quoi, sérieusement ? Que j'allais hocher la tête et sortir le chéquier ?

Il haussa les épaules, faussement détaché.

— C'est pas mon problème. Mais je te conseille de trouver une solution rapidement. Je suis pas du genre patient.

Anastasia sentit la rugosité des dalles sous ses pieds nus, un rappel brutal de la réalité. Pourtant, elle ne cilla pas. Au lieu de reculer, elle raffermit sa posture, redressa les épaules et ancra son regard dans le sien.

Mais au moment où elle voulut prendre la parole, il reprit, l'air indifférent :

— Il avait deux ans pour me rembourser. Mais maintenant qu'il est parti, c'est toi qui hérites du problème.

Un rictus sec effleura les lèvres d'Anastasia. Elle refusait de se laisser intimider.

— Et si je refuse ?

L'homme haussa un sourcil, son sourire s'élargissant avec une lueur dangereuse.

— C'est adorable. Mais tu sais, le problème avec le refus, c'est qu'il faut être en position de refuser. Et toi, chérie... t'as pas ce luxe.

Ses doigts reprirent leur danse sur la bague, comme pour rappeler qu'il était celui qui faisait tourner la roue.

Anastasia raffermit sa posture. Un frisson lui parcourut l'échine, mais elle le transforma en autre chose. Une colère froide.

— Vous arrivez ici avec vos gros sabots et vos demi-menaces...et c'est moi qui suis censée être en position de faiblesse ? Vraiment ?

Il inclina légèrement la tête, un éclat moqueur dans les yeux, savourant chaque seconde de cet échange.

— Hein hein, lança-t-il en s'avançant lentement vers elle. J'm'en fiche de ta position. Faible ou pas. Ce qui m'intéresse, c'est ce que tu vas faire maintenant.

Elle croisa les bras, plus pour se tenir en un seul morceau que pour faire illusion. Mais son visage, lui, ne trahissait pas, avec juste ce qu'il fallait de mépris.

— J'ai rien à donner, déclara-t-elle d'un ton tranchant. L'argent de Matthew est parti, ma maison est sur le point de l'être aussi. Vous allez faire quoi maintenant, me taxer l'oxygène ?

Elle n'avait pas prévu de dire ça. Mais les mots avaient glissé tout seuls, portés par la rage qui prenait de plus en plus de place en elle.

Un rire grave s'échappa de sa gorge. Il secoua la tête, amusé par sa répartie. Et puis, il bougea d'un mouvement feutré et posa une main nonchalante sur le dossier d'une chaise.

Elle le regarda faire sans broncher, mais elle comptait tout : les centimètres, les gestes, les silences.

— Rien ? souffla-t-il. Tu vois, c'est là que tu te trompes.

Son ton traînait légèrement.

— Tout le monde a quelque chose à donner. Faut juste trouver quoi.

Anastasia serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans sa paume. Elle garda les bras croisés, mais à l'intérieur, elle bouillait.

— Si j'avais quoi que ce soit, vous pensez vraiment que je serais encore là à perdre mon temps avec vous ? Réfléchissez deux secondes.

Il éclata de rire, cette fois sincèrement, un rire grave qui vibra dans l'air.

— Tu sais ce que j'aime chez toi ? fît-il remarquer en s'arrêtant juste devant elle, son ombre s'étirant sur le sol. Cette flamme, ce feu que tu essaies si fort d'étouffer. T'as beau être coincée, t'es pas brisée. Pas encore.

Elle planta ses yeux dans les siens. Il croyait lui faire peur ? Il croyait qu'un compliment teinté de menace allait la faire vaciller ? Il ne savait rien d'elle. Rien de ce qu'elle avait perdu, ni de ce qu'elle était prête à faire pour ne pas perdre le reste.

— Et ce n'est pas vous qui allez me briser, riposta-t-elle sèchement.

Il mordilla l'intérieur de sa joue, ses yeux pétillants d'une espièglerie impénétrable.

— C'est pour ça que j'suis encore là, tu vois.

Il se pencha légèrement, juste assez pour effleurer la limite de son espace.

— J'brise pas les gens comme toi. Je les regarde se débattre. Et parfois... je les aide à se consumer plus vite.

Un sourire lent, dangereux, glissa sur ses lèvres.

— La question, c'est pas si tu vas craquer. C'est quand.

Elle fit un pas de côté, brisant la proximité imposée. Elle jaugea son interlocuteur comme il l'avait fait avec elle depuis son arrivée.

— Vous pensiez vraiment que vos menaces allaient me faire trembler ? Que j'allais m'écraser gentiment ? Non. Ce que je vois, c'est un homme à court d'options, qui pense encore faire peur avec du vent.

Son sourire s'effaça directement.

— Tu joues à quoi, là ? Tu crois que parce que t'as balancé deux phrases bien senties, t'as gagné, pouffiasse ?

Il se pencha, encore plus proche d'elle.

— Tu viens de miser plus que tu peux encaisser. Et dans mon jeu...on paye cash.

Un silence tendu s'installa. Les mots flottaient encore dans l'air, acérés comme des lames de rasoirs, mais c'était désormais une provocation contrôlée qui se jouait entre eux.

Le dealer attendait. Il jaugeait, comme un prédateur curieux, pas pressé de mordre, mais fasciné par la proie qui refusait de fuir.

Anastasia, elle, tenait bon. Son cœur cognait, mais pas une seule faille ne transparaissait sur son visage.

Il reprit, voix plus basse, presque complice, presque douce.

— T'as fini de jouer les dures ? Cool. Maintenant laisse-moi te montrer comment on règle un vrai problème.

Il s'approcha encore, son souffle effleurant sa peau. Elle le fixa droit dans les yeux.

— Alors allez-y. Dites-le. Pas de sous-entendus, pas de petits jeux.

Un silence épais s'abattit, chargé de tension.

Puis, d'un geste lent et délibéré, il recula d'un pas, la scrutant avec une intensité brûlante.

— Tu bosses pour moi. Un petit arrangement, histoire que tout le monde reparte gagnant. Moi, je récupère mon fric. Et toi, tu gardes ton petit monde intact.

Elle haussa un sourcil interrogateur face à la manière dont il vendait l'enfer avec des mots de vendeur de canapé.

— Et si je dis non ?

Il laissa l'instant s'étirer, juste assez pour qu'elle sente le poids de l'inévitable. Puis, avec une nonchalance étudiée, il enfouit ses mains dans les poches de son bombers noir, un sourire indéchiffrable au coin des lèvres.

— Alors chérie, si tu dis non... t'auras plus rien. Plus de maison. Plus de tranquillité. Et peut-être même... plus de temps pour réfléchir.

Les mots, à peine soufflés, portaient avec eux une certitude glaciale. C'était la deuxième fois depuis le début de leur échange qu'elle sentait la véritable menace qu'il représentait.

Sa respiration était calme, mais son esprit encore plus en alerte.

— Comment je suis censée savoir que vous dites la vérité ? lança-t-elle, le menton haut, même si sa voix commençait à trahir la pression.

— Tu me traites de mytho, c'est ça ?

Il claqua sa langue contre son palais, secouant légèrement la tête.

— Fais gaffe, parce que si y'a bien un truc que j'aime pas, c'est qu'on doute de ma parole. Et les derniers qui l'ont fait...

Il roula des épaules, relâchant ses muscles avec une lenteur presque insultante.

— Disons qu'ils sont plus vraiment en état d'avoir une opinion.

Son attitude restait posée, mais sous cette surface, il y avait cette tension sous-jacente qu'Anastasia pouvait percevoir de plus en plus. Elle inspira profondément et planta son regard droit dans le sien, sans cligner, sans broncher.

— Alors ?

Il plissa des yeux, puis expira, tapotant doucement son index contre sa tempe.

— T'as besoin d'être sûre, hein ?

Sa langue passa sur ses dents alors qu'il hochait la tête lentement, comme s'il évaluait la situation sous un nouvel angle.

— Si je voulais t'arnaquer, tu serais même pas en train de poser la question.

Un sourire à peine esquissé flotta sur ses lèvres.

— Mais ok. T'auras ta preuve. À ma façon.

Anastasia ancra fermement ses pieds dans le sol, solide, les épaules droites. Elle venait de tracer la frontière. Il la voyait, et il savait qu'il ne devait pas la franchir.

— Très bien, articula-t-elle enfin, la voix basse mais tranchante. Mais je veux que ce soit clair. Pas de tours, pas de pièges. Je paye, et après, vous disparaissez de ma vie.

Le dealer leva les mains, faussement innocent, un sourire indéchiffrable aux lèvres.

— J'adore quand on parle affaire, murmura-t-il, comme s'il savourait la tension entre eux.

Il laissa son regard descendre lentement, presque paresseux, avant de lui faire face à nouveau.

Anastasia ne broncha pas. Et ça l'amusa encore plus.

— Tu sais, ce masque de dure à cuire... il te va bien. Mais je suis pas con. Je vois ce qui se passe derrière tes yeux.

Sa voix se transforma en un murmure grave, presque intime.

— Le doute... L'instinct qui crie de fuir... C'est jamais là pour décorer

Il pencha légèrement la tête, étudiant chaque tressaillement, chaque micro-réaction. Elle se voulait solide, il le voyait bien, mais il y avait ce quelque chose dans sa posture qui la trahissait.

— Et tu sais ce qu'on fait, quand la peur commence à gratter à la porte, chérie ? On lui ouvre. Parce qu'elle entre, quoi qu'il arrive.

Anastasia posa une main à plat sur la table devant elle, pour retrouver contenance.

— Arrêtez de m'appeler « chérie », je suis Anastasia.

Le silence qui suivit semblait suspendu dans le temps. Il la fixa, un éclat enfantin sur son visage. Puis il éclata d'un rire bref et surpris, comme si elle venait de faire tomber un domino qu'il n'avait pas vu venir.

— Wow. T'as vraiment dit ça avec le point final.

D'un battement de cils intérieur, il retrouva son calme d'acier

— Anastasia Wells. Noté. Gravé, même.

Il fit une courte pause.

— Moi, c'est Manny. J'crois qu'on va bien s'amuser, toi et moi.

Il l'observa, comme s'il attendait qu'elle goûte ce nom, qu'elle en saisisse chaque nuance.

Puis, aussi soudainement, son expression changea. Le sourire restait, mais son ton se fit plus tranchant.

— Donne-moi ton téléphone.

Anastasia plissa les yeux, un réflexe plus rapide que la pensée.

Son instinct lui hurlait de refuser, car elle savait que c'était une pente glissante, mais elle ne pu s'empêcher.

— Vous avez un problème avec le vôtre ?

Manny haussa légèrement les sourcils, l'air presque amusé. Il passa une main lente sur sa nuque, comme s'il analysait un spécimen rare.

— Tu sais quoi ? T'es marrante, mais on sait tous les deux que t'as pas en mesure de jouer avec moi.

Il tendit la main, paume ouverte. Il n'insista pas, il n'en avait pas besoin. Il attendait patiemment, et c'était pire.

— Allez, Anastasia...

Son ton glissa, un rien plus bas, plus intime, plus tranchant.

— Donne-moi ton putain de téléphone.

Pendant un long instant, Anastasia fuit son regard, s'humectant les lèvres, le souffle plus court. Finalement, elle glissa une main dans la poche de son pyjama, en tira son téléphone et le garda une fraction de seconde de trop dans sa paume.

Juste pour ne pas lui donner tout, tout de suite.

Puis, elle lui tendit.

Manny l'attrapa d'un geste fluide, ses doigts effleurant les siens avec une lenteur intentionnellement troublante, provoquant un frisson glacé.

Cet homme contrôlait tout. Même les détails les plus infimes.

— Bien.

Il se tenait si proche qu'Anastasia distinguait l'ombre de sa barbe naissante, la chaleur de son souffle, l'odeur subtile de son parfum boisé.

— C'est quoi ton code ?

— 4567, cracha-t-elle, en serrant la mâchoire.

Manny arqua un sourcil moqueur.

— Pas très secure comme code.

Elle haussa légèrement les épaules, sans rompre leur lien.

— J'imaginais pas devoir le donner à un mec comme vous, sinon j'aurais mis un truc plus... explosif.

Il déverrouilla l'écran d'un geste assuré.

Ses doigts glissèrent sur la surface avec l'aisance de quelqu'un qui n'avait jamais eu besoin de demander la permission pour s'introduire dans la vie des autres.

Son calme contrastait violemment avec la tension qui serrait sa poitrine.

— On va rendre ça officiel.

Il appuya sur l'icône d'appel, émettant un vrombissement discret sous sa veste. Il décrocha.

— Salut, Anastasia, susurra-t-il.

Sa voix grave résonna dans l'air frais du patio et à travers le combiné en même temps, puis il raccrocha et lui tendit son téléphone.

Mais avant de le lâcher, il laissa son pouce effleurer lentement le bord métallique du téléphone, son regard toujours ancré dans le sien.

— Maintenant, je peux te joindre quand je veux.

Un sourire paresseux passa sur son visage.

— Et crois-moi, chérie, tu n'as pas envie de rater un de mes appels.

Elle le reprit d'un geste sec, presque brutal, et serra le téléphone dans sa paume.

Manny, lui, se contenta de la fixer, comme si tout ce qui venait de se passer était parfaitement anodin.

Puis, il recula enfin, rompant cette proximité suffocante.

Mais même avec deux pas de recul, elle avait l'impression qu'il habitait encore l'espace entre eux.

— Je te donnerai les détails demain.

Il parlait comme s'il annonçait une réunion de travail. Pas comme s'il venait de verrouiller une vie entière dans un engrenage dont elle ne connaissait pas encore les règles

Il ajusta le col de sa veste, glissa son téléphone dans sa poche intérieure, puis se détourna.

Mais avant de franchir la porte du patio, il pivota sur lui-même.

Son regard accrocha le sien une dernière fois.

— Oh, et Anastasia ?

Un sourire lent, presque joueur, s'étira sur ses lèvres.

— Bienvenue dans le business.

Lorsqu'il disparut dans l'ombre, Anastasia resta figée sur place, son esprit tourmenté par mille pensées. La peur était toujours là, mais quelque chose d'autres bouillonnait sous la surface. Une étrange curiosité. Qui était vraiment cet homme ? Et jusqu'où pourrait-il l'entraîner dans ce monde qu'elle redoutait ?

La nuit californienne s'étirait autour d'elle, enveloppant le patio d'un voile sombre et silencieux.

Elle se laissa glisser sur la chaise. Le froid de la pierre sous ses pieds nus la ramenait lentement à la réalité.

Elle savait qu'elle venait de franchir une ligne, celle d'un plongeon dans l'inconnu, un saut sans filet dans un univers qu'elle ne connaissait pas et qui l'effrayait.

Son esprit tentait de rassembler les pièces du puzzle. Matthew, son défunt mari, n'avait jamais été l'homme qu'elle croyait connaître. Derrière ses rêves de startup et ses promesses de succès, il avait laissé un héritage toxique. Une dette qui ne se comptait pas seulement en argent, mais en conséquence dangereuses et imprévisibles.

Un flot d'émotions contradictoires la submergea. Anastasia se sentit trahie, comme si le sol s'effritait sous ses pieds. Chaque souvenir avec Matthew se teinta soudain d'une couleur différente, comme si elle les redécouvrait à travers un prisme déformant. Les mots tendres, les projets partagés, les rires complices... Tout cela semblait désormais baigné d'une lumière artificielle, cruellement ironique.

La trahison se fraya un chemin jusqu'à sa poitrine et créa une douleur sourde et persistante. Comment avait-il pu lui mentir ainsi ? Comment avait-il pu la laisser porter ce fardeau, seule, sans même un avertissement ? Elle se revit, le visage fatigué mais plein d'espoir, alors qu'il lui parlait de cette entreprise qu'il voulait créer. "C'est notre avenir, Ana. Ça va marcher, tu verras." Chaque mot sonnait maintenant creux, une promesse sans fondement.

Elle serra les dents, sa mâchoire se crispant sous l'effet de la colère. Mais sous cette couche brûlante, il y avait aussi la douleur glaciale de l'abandon. Matthew était parti, la laissant avec ses dettes et ses mensonges, face à un monde qu'elle ne comprenait pas. Elle se sentait dépossédée, comme si même son deuil lui avait été volé.

Anastasia ferma les yeux, essayant de contenir les larmes qui menaçaient de couler. Elles ne devaient pas couler maintenant.

Elle inspira profondément, s'accrochant à cette bribe de contrôle.

Ce qu'elle ressentait allait au-delà de la peur ou de la colère. C'était une déchirure, un vide béant laissé par la trahison. Mais au fond de ce vide, une nouvelle force prenait forme. Un désir viscéral de comprendre, de découvrir toute la vérité, même si cela impliquait de plonger dans l'obscurité.

Si Matthew avait joué avec le feu, elle allait devoir marcher sur les braises.

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