Je suis là, assis à la table, mes mains tremblantes inconsciemment. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, comme un oiseau prisonnier cherchant désespérément à s'envoler. La nervosité me ronge de l'intérieur, chaque seconde qui s'écoule rends ma décision plus lourde. J'ai choisi de venir ici, de la revoir, mais l'incertitude me serre la gorge.

Puis, soudain, la porte s'ouvre avec une douce sonnerie de clochette, et elle apparait. Reina. Son sou-rire radieux éclaire la pièce, et pour un instant, l'atmosphère sombre qui m'entoure sembla s'évaporer. Elle est là, joyeuse, comme si notre rencontre précédente n'est qu'un prologue à cette retrouvaille tant attendue.

Elle me repère rapidement, et ses yeux s'illuminent d'une lueur chaleureuse. Après avoir servi des clients, elle s'approche de moi avec une grâce naturelle, comme si elle a toujours su que je serais là.

—  Gilbert ! s'exclame-t-elle, et sa voix est une mélodie enchanteresse qui dissipe un peu plus mon anxiété. Elle me tend la main avec un sourire accueillant.

Je me lève avec précaution, me sentant incroyablement maladroit, mais son sourire m'apaise. J'attrape sa main avec précaution et secoue légèrement la tête, incapable de prononcer un mot.

Reina ne semble pas gênée par ma nervosité. Elle se rapproche encore, et sa présence chaleureuse enveloppe mon coeur meurtri.

—  Je suis si heureuse de te revoir, dit-elle sincèrement, et ses yeux pétillent d'excitation.

A sa demande, j'attendis la fin de son service pour diner avec elle. Pour patienter je prends quelques verres. Le barman me fait la conversation pendant plus d'une heure. C'est un homme sympathique. Quand Reina me rejoint, je suis dans une discussion assez animée avec le serveur du bar. Je la regarde s'avancer avec toujours son fameux sourire accroché à ses lèvres. Mon interlocuteur s'en va et la jeune fille m'amène à une nouvelle table.

Assis à la table de l'auberge, la lueur des chandelles danse doucement sur la dentelle. Le vin rouge trône à nos côtés, et Reina goûte avec un sourire les saveurs de son plat. Son sourire est un réconfort, une preuve que le présent peut être aussi chaleureux que le passé.

—  Ce plat me rappelle les délicieuses spécialités de notre époque, dit-elle, son regard pétillant d'émotion. C'est comme un voyage dans le temps, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête, appréciant la cuisine tout autant que la conversation. Chacun de ses mots dévoile une réminiscence de notre monde, de notre époque partagée.

—  Je suis très heureux de partager ce repas avec toi, Reina.

—  Je ne voudrais pas te froisser Gilbert, mais j'aurais encore des questions sur l'Abysse

—  Bien sûr, cela ne me dérange pas, mais je vais réfléchir à ce que je peux te révéler.

Nous discutons un long moment sur l'autre monde. Elle ne me coupe seulement pour poser d'autres question. La plupart du temps elle me regarde fixement, comme si elle voulait s'imprégner de mes paroles.

—  L'Abysse n'est pas seulement un autre monde. C'est aussi une force sombre et maléfique qui peut corrompre les âmes. Il est souvent représenté comme un tourbillon sans fin, engloutissant tout ce qui entre en contact avec lui.

—  C'est fascinant je trouve ! Le Labyrinthe de l'Abysse est l'un des mystères les plus captivant. Mais vous savez, je pense que c'est aussi un symbole de notre capacité à explorer l'inconnu, à affronter nos peurs.

Je souris face à sa remarque.

—  Tu as une façon unique de voir les choses, Reina. C'est rafraîchissant.

—  En parlant de mystères, as-tu entendu parler de la légende du "Ravisseur de Rêves" ? On dit qu'il apparaît seulement la nuit, lorsque les étoiles brillent le plus fort.

—  Non, je n'en ai jamais entendu parler. Raconte-moi cette histoire.

Reina commence à me raconter l'histoire, captivant mon attention. la jeune femme pose sa fourchette avec grâce et plonge dans la discussion, partageant tous les détails surprenants sur cette légende.

Au fil du dîner, nous partageons des souvenirs, discutons de nos rêves et de nos aspirations. La conversation coule naturellement, et malgré le passage de la soirée, nous découvrons des points communs qui renforcent notre connexion.

Reina sourit doucement en posant son verre de vin.

—  Tu sais, Gil, bien que notre monde ait évolué, je ressens une connexion spéciale avec toi. C'est comme si le temps lui-même n'était pas un obstacle.

J'acquiesce, le regard brillant d'émotion.

—  Je ressens la même chose, Reina. Ta présence apporte une nouvelle dimension à ma vie, une lueur d'espoir que je n'aurais jamais cru possible.

Après notre dîner à l'auberge, Reina et moi avons choisi de poursuivre notre soirée en explorant Réveil. La nuit est tombée, et les rues pavées sont éclairées par des lanternes à gaz, diffusant une lumière douce et chaleureuse.

Nous avons quitté l'auberge à pied, laissant derrière nous l'atmosphère paisible de la salle à manger. Nos pas résonnent sur les pavés, et le doux bruissement des feuilles dans les arbres ajoute une touche de magie à notre promenade.

Réveil est une ville majestueuse, aux bâtiments anciens et élégants. Nous sommes arrivés sur la grande place, où une fontaine en marbre scintille doucement sous la lueur des étoiles. La place est bordée de façades richement décorées et de boutiques aux devantures en bois sculpté.

Nous nous sommes arrêtés près de la fontaine, nos ombres se dessinant sur le sol en pierre.

—  Regarde ! J'adore cette place, s'exclame-t-elle, émerveillée par la beauté de l'endroit.

J'ai souri, acquiesçant.

—  Oui, Réveil a un charme intemporel. C'est un endroit spécial.

Nous marchons lentement autour de la grande place, discutant de tout et de rien, partageant des rires et des regards complices. Les étoiles scintillent au-dessus de nous, et le calme de la nuit est apaisant.

Alors que nous nous promenons main dans la main, la connexion entre nous semble de plus en plus profonde. Réveil est le témoin silencieux de notre lien, et la ville elle-même semble approuver cette union improbable entre deux âmes qui ont trouvé la paix et la chaleur l'une dans l'autre.

Au fil des années qui suivirent nos retrouvailles, Reina et moi avons commencé à passer de plus en plus de temps ensemble. Chaque moment partagé effaçait un peu plus les cicatrices de mon passé douloureux et du sien. Elle m'a aidé à retrouver un semblant de joie, à me rappeler que la vie pouvait encore être belle malgré les pertes que j'avais subies.

Léo avait accepté Reina sans réserve, reconnaissant l'épanouissement qu'elle m'apportait. Il la accepté dans le clan lui offrant une place, une famille. Ensemble, nous avons formé une petite meute, un refuge sûr dans ce monde.

Un jour, alors que le soleil se couchait doucement, Reina et moi étions assis côte à côte près dune rivière, regardant les reflets d'or dans l'eau. Elle prit doucement ma main et la serra tendrement.

—  Gil, je suis reconnaissante que tu aies pris le risque de me rencontrer à nouveau, dit-elle doucement. La vie est précieuse, même lorsque nous devons faire face à la douleur. Et je suis heureuse de pouvoir partager la mienne avec toi.

Je lui souris, un sourire sincère que je n'avais pas ressenti depuis si longtemps.

—  Reina, tu as apporté de la lumière dans ma vie, une lumière que je croyais perdue à jamais. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais je suis prêt à l'affronter à tes côtés.

Le soleil disparut lentement à l'horizon, laissant derrière lui un ciel étoilé qui semblait briller encore plus intensément ce soir-là. C'était le début d'une nouvelle aventure pour nous deux, une aventure remplie d'amour, d'espoir et de la promesse de jours meilleurs.