Présent,

Londres, 17:15

PDV de Luana :

Londres, me voilà. Mon nouveau chez-moi.

J’ai toujours aimé cette ville depuis que je suis petite. C’était un rêve, depuis toujours, d’y vivre.
Et me voilà enfin. Un an, jour pour jour, après la mort de mes parents dans un accident de voiture. Ils sont morts sur le coup, et j’ai préféré quitter Miami, car je n’arrivais plus à supporter leur absence.
J’avais besoin de changer d’air, de ville, de tout recommencer à zéro.

Même si j’aurai toujours du mal à faire mon deuil.
Ils représentaient tout pour moi. Je ne suis même pas sûre d’y parvenir un jour.

Maintenant, je me retrouvais à déballer mes cartons, dans mon propre appartement, à seulement 18 ans, dans cette ville qui me faisait rêver depuis l’enfance.
C’était un petit appartement, mais pour une seule personne comme moi, c’était suffisant.
Je pouvais sentir l’odeur de poussière en ouvrant mes cartons. Le calme régnait, et ça me changeait de cette ville en perpétuel mouvement, où le temps ne semblait jamais s’arrêter.
M’installer prendrait du temps, mais je ne regrettais rien.

Après avoir déballé quelques affaires, je m’arrêtai quelques minutes, inspirant profondément tout en contemplant l’appartement. C’était un nouveau départ pour moi, et il allait falloir que je m’y habitue.
Je pris un instant pour réfléchir, me demandant comment allait se dérouler cette nouvelle vie dans cette nouvelle ville.

C’est alors que mon téléphone se mit à vibrer, me tirant brusquement de mes pensées et me ramenant à la réalité.
Le bruit du vibreur était pire qu’une alarme, ce qui m’irrita aussitôt.

Je saisis mon téléphone pour voir qui m’appelait à cette heure-ci. C’était Madame Sheppard, ma coach de patinage, celle qui m’entraînait avant mon départ pour Londres.

Je soufflai un bon coup avant de décrocher :

— Bonjour, Madame Sheppard. Que me vaut cet appel ?

Elle répondit aussitôt :

— Bonjour, Luana. Je t’appelle parce que j’ai parlé de toi à l’un de mes collègues, qui est aussi coach en patinage. Il se trouve qu’il est basé à Londres. Je lui ai dit quelques mots sur toi et lui ai montré des figures que tu avais réalisées avant ta toute dernière prestation. Il a été impressionné, Luana. Tes talents n’ont pas pu passer inaperçus.

Madame Sheppard savait que le patinage représentait toute ma vie, ma bulle, mon refuge. C’était aussi ce qui me maintenait debout depuis la mort de mes parents.

Puis elle ajouta :

— C’est une académie très prestigieuse de Londres. Tout le monde rêverait d’en faire partie.

— Je serais ravie, répondis-je avec enthousiasme. Comment puis-je le contacter ?

— Je vais t’envoyer ses coordonnées par message. Tu n’auras qu’à lui préciser que tu es la fameuse élève dont je lui ai parlé.

Un sourire s’afficha sur mon visage. Depuis l’accident, je n’en avais plus eu… du moins, pas aussi sincère que celui-là.

— D’accord, merci, Madame Sheppard.

— Tu es l’une de mes élèves les plus brillantes, alors tout le plaisir est pour moi.

Puis je raccrochai.

J’étais heureuse. Cet appel m’avait redonné goût à la vie.

Ce que je ne savais pas encore, c’est que, dès l’instant où je mettrais un pied dans cette académie prestigieuse, ma vie allait basculer en une fraction de seconde.

Mais ça, je l’ignorais encore.