Actuellement, je me gare à l'intérieur de mon garage, puis descends de ma voiture, croisant les maçons que je salue d'un geste de la main en sortant. Ils me le retourne et je pénètre dans la villa, une appétissante odeur sucrée me poussant à m'asseoir sur l'un des tabourets du bar.
– Comment s'est passée ta journée ?, m'interroge Serafina, déposant une part de Torta de Laranja 1* sous mon nez.
– J'ai eu une note catastrophique en maths..., j'avoue. Ma mère va sérieusement criser...
– Tu sais que tes études sont très importantes pour ton avenir. Donc je vais te poser une question. Est-ce que tu n'as pas assez révisé ou tu n'as rien pigé ?
– La seconde partie...
– D'accord, alors on reverra ensemble ta dernière leçon. Mais d'abord, je te conseille de manger avant que ce ne soit froid, dit-elle en désignant mon assiette d'un geste du menton.
– Merci, dis-je en souriant, content qu'elle me soutienne, fourrant un morceau de tarte dans ma bouche.
Elle pose un verre de coca à côté de mon assiette, puis s'attaque à ranger les courses tandis que j'engloutis ma pâtisserie ainsi que ma boisson. Je m'apprête alors à monter dans ma chambre, portant mon sac sur une épaule.
– Commence à relire ta leçon seul, je te rejoins en haut dès que j'ai fini de ranger les courses, m'informe t-elle. Ensuite, on bossera à fond ce que tu n'as pas compris.
Nous bûchons une bonne heure et demie, durant laquelle je me plaint sans cesse. Cependant, celle-ci s'avère payante, puisque maintenant j'ai saisis l'entièreté de ma dernière leçon. Ma nanny me félicite, m'aidant dorénavant à réaliser mes trois exercices de Portugais. Heureusement que je suis doué dans cette matière, parce que je ne tiendrai nullement une heure supplémentaire à m'efforcer d'assimiler des trucs que je trouve illogiques.
Tout à coup, quelqu'un toque à la porte de ma chambre. J'invite la personne à entrer, soupçonnant qu'il s'agit d'un des employés de ma mère, sauf que c'est elle justement.
– Dis donc, ça travaille dur à ce que je vois !, constate t-elle.
– J'ai bientôt fini. Tu as terminé plus tôt ce soir ?, je m'étonne.
– Oui, j'ai annulé mes derniers rendez-vous afin de pouvoir passer mon vendredi soir à visionner des Marvels avec mon fils.
Je me prépare à lui faire part de mon désaccord, détestant qu'elle modifie son planning au dernier moment à cause de moi même si cela est rare. D'autant plus que je peux très bien passer mon vendredi soir seul devant la télé. J'en ai tellement pris l'habitude que je commente toujours chaque films que je regarde, malgré la présence de quelqu'un.
– Je sais déjà ce que tu vas dire, sauf que ton avis ne changera rien, m'informe t-elle.
J'abdique, sachant Ô combien elle est têtue. Quand elle a une idée en tête personne n'est capable de l'en détourner.
– On se rejoint au salon d'ici une petite heure ?, propose t-elle.
– Ouais. Penses à prévoir un maximum de sandwichs jambon/fromage et de chips au paprika.
– C'est noté !, lâche t-elle, refermant précautionneusement la porte derrière elle.
~~
Nous voilà en train de grignoter tout en matant le film Spider-Man: Far From Home.
– Comment s'est déroulée ta semaine ?, s'intéresse t-elle.
– Ben... j'ai eu cours seulement la matinée mardi et mercredi à cause d'une professeure malade, donc mardi j'en ai profité pour aller me balader avec mes amis. On s'est posés parmi un restaurant très sympa, pour ensuite se promener jusqu'à la tombée de la nuit. Par contre, comme tu peux le voir, il pleut depuis mercredi, donc ce jour-ci j'ai joué sur l'ordi.
– Apparemment, il fera beau demain et la semaine prochaine.
– Et toi, ça va au bureau ?, je change de sujet.
– Nous demeurons toujours en plein rush... Il faut absolument que nous sortons un nouveau parfum printanier et que nous recommandons des stocks.
Elle plisse subitement les yeux, semblant énervée.
– D'ailleurs, j'y pense..., reprend t-elle. Pourrais-tu m'expliquer pourquoi tu as reçu une si mauvaise note à ton contrôle de mathématiques ?, dit-elle d'un ton grave, les bras croisés.
Soudain, on toque à la porte d'entrée. Je souffle de soulagement dès qu'elle se décide à ouvrir, remerciant du fond du cœur la personne derrière la porte, qui repousse la venue de ma remontrance.
Lorsque je reconnais la voix du dénommé Gio'. Malencontreusement, je suis trop loin d'eux pour pouvoir décrypter ce qu'il lui raconte.
– Bien sûr, voyons !, s'exclame mon aînée, éveillant ma curiosité.
Elle l'invite à pénétrer chez nous, indiquant que les toilettes se situent au bout du couloir à gauche. Il la remercie d'une voix presque inaudible, se grattant le cou. Je l'observe s'y rendre, quand ma mère revient à la charge, lâchant un:
– Je t'écoute. Tu as dix secondes pour te justifier, en s'accoudant au dossier du sofa.
Je déglutis, sentant la pression s'installer petit à petit, un début de nœud se formant à l'intérieure de ma gorge. J'inspire et expire profondément, tentant de garder mon sang froid, si bien que je saute sur l'occasion quand un élan de courage pointe le bout de son nez.
– Je voulais t'en parler plus tôt dans la semaine, mais tu devais aller travailler...
– Tu sais bien que j'ai beaucoup de travail, cependant, maintenant je suis là et j'ai le temps de t'écouter.
– Malgré mes efforts, j'arrive jamais à avoir une note au-dessus de la moyenne ! J'ai l'impression que mon cerveau est complètement ramolli à force de m'évertuer à comprendre cette matière !, je lâche d'une traite, soulagé de vider mon sac.
– Pardon ?, rétorque t-elle d'un ton agacé.
Je fixe mes cuisses, n'osant répliquer.
– Je t'interdis de te rabaisser Alois Elsio Brilhante Favalli ! Toi, comme moi, savons pertinemment qu'en travaillant d'arrache pied tu es capable d'accomplir de grandes choses. Il faut simplement que tu en ai l'envie, ajoute t-elle, plantant ses iris bleues métalliques parmi les miennes.
– Cela paraît si simple dit ainsi... J'aimerai vraiment relever mon niveau sur le long terme... Aujourd'hui, j'ai exceptionnellement pu consacrer une heure et demie de mon temps à une leçon, mais il est rare que cela soit possible...
À la place de mots, elle m'enlace. Je me sens automatiquement mieux entre ses bras, l'odeur rassurante se dégageant d'elle me rappelant ma plus tendre enfance. Elle porte encore le même parfum qu'il y a quatorze ans - le premier de sa marque, un mélange floral.
– Je vais te chercher un professeur particulier à partir des prochaines vacances scolaires. Il pourra venir les week-ends et pendant les vacances ?, suggère t-elle.
Je hoche la tête, content d'avoir enfin déniché une solution à mon souci. Le brun, lui, réapparaît, remerciant une seconde fois mon aînée et déguerpissant aussitôt. Zut, j'avais complètement oublié sa présence ! Tant pis, il saura que j'ai des difficultés en mathématiques.
~~
Le lendemain, des bruits provenant du jardin me tirent des bras de Morphée, mon oreiller que j'appuie contre mes oreilles ne suffisant aucunement à les masquer.
Je me contrains à me lever, m'étirant et enfilant un t-shirt au hasard avant d'aller petit déjeuner à la cuisine. Là bas, je retrouve ma mère et Orlando qui discutent gaiement. Ceci m'agressant trop les tympans de bon matin, je décide de prendre une bonne douche. L'eau tiède dégoulinant le long de mon corps et de mes cheveux me réveillant doucement, si bien que je réside dessous au moins une trentaine de minutes.
Après cela, je recouvre ma peau de gel douche à la mandarine, mon cuir chevelu de shampooing à l'odeur similaire, me rince, puis enroule une serviette autour de ma taille. Je m'habille d'un bas de jogging et d'un sweat à capuche crème, coiffant ma tignasse vers l'arrière grâce à de la cire coiffante.
Par la suite, je filme une courte vidéo de l'unboxing 2* d'un jeu vidéo en version limitée que ma mère m'a acheté récemment, et réponds aux commentaires de mes derniers posts Instagram et Tiktok - ignorant ceux haineux des haters 3* .
Je vérifie également les nouvelles du jour, atterrissant sur une publication de Selena Gomez, alias ma chanteuse préférée. Elle annonce la sortie de sa chanson Single Soon ( Bientôt Célibataire ), qui rappelle entre les grandes lignes qu'il est important de penser à soi. Étant donné que j'aime beaucoup le refrain de ce titre, je décide de l'écouter entièrement.
Celui-ci me donne subitement l'envie de profiter de ma piscine, donc je m'y rends. Je chope une serviette et mon maillot de bain, que j'enfile. Puis vais du côté de l'habitation tournant le dos à l'allée, délaissant mes fringues, mes baskets et ma serviette au bord du gigantesque bassin jonché de bois couleur chêne.
Évidemment, je me les pèles un peu à cause de la température fraîche de ce mois de mars. Néanmoins, je saute du rebord, rencontrant une eau à une vingtaine de degrés. Le contraste entre les deux me ferai presque trouver l'eau chlorée trop chaude.
Je remonte à la surface, plaquant mes cheveux en arrière, puis nageant le crawl sur quelques mètres, recommençant encore et encore jusqu'à fatiguer. Je me rapproche alors du bord, soufflant un peu. Lorsqu'une voix masculine familière m'appelle au loin.
– Je suis derrière !, je m'écris.
L'ouvrier maçon aux cheveux bruns, écarquille les yeux à la découverte de l'endroit où je me trouve.
– Vous savez que nous sommes au printemps ?, m'interroge t-il.
– Elle est chauffée, je ne bénéficie pas d'une telle résistance au froid, je réponds d'un ton amusé, désignant l'eau.
– Euh...ok..., dit-il simplement. Sinon...je voulais vous demander si vous sauriez à quelle heure votre mère rentrera ?, m'interroge t-il, se grattant le cou.
– Malheureusement, je l'ignore. Elle doit certainement être en train de refaire sa manucure du mois accompagnée de ses amies, un tour chez le coiffeur, etc... Donc je vous déconseille de l'attendre.
– En fait...nous avions besoin de définir une couleur de crépis avec elle pour la réserver à l'avance.
Je me souviens qu'elle a abordé le sujet récemment, pourtant, je ne me rappelle plus laquelle elle préfère.
– Il existe qu'elles teintes ?, je cherche à me renseigner.
– Nous avons un large choix à vous proposer, m'explique t-il, retirant son appareil cellulaire de la poche avant de son pantalon. Je vais vous montrer à travers notre application.
Je sors de la piscine d'un bond, me hâtant de me couvrir de ma serviette, sentant ses iris noisettes s'attarder une poignée de secondes sur moi. Il reporte vite son regard vers son téléphone, se raclant la gorge et lançant un:
– Voici différents jaunes, du rose saumon, du orange clair ou plus foncé et en dessous vous avez les nuances, du noir, du gris et du blanc.
Je l'observe, étant davantage concentré sur son visage qu'autre chose, remarquant son teint terne et cerné. Mince....il n'a pas l'air d'être au top de sa forme...
– Alors ?, interrompt-il ma constatation.
J'aperçois heureusement la couleur exacte qu'elle souhaite du premier coup - un gris souris. Je lui indique, il la sélectionne et m'assure qu'il va se charger de la commander, me remerciant.
D'un coup, mon ventre gargouille, me prévenant approximativement de l'heure qu'il est.
– Je dois y aller, on m'appelle je crois, dis-je mine de rien, pointant la villa du doigt.
– Oh...d'accord, répond t-il, peu convaincu par mon mensonge.
Je me presse de récupérer mes chaussures et mes vêtements, refermant la baie vitrée tandis qu'il file de son côté. Je marche à destination de la cuisine, prenant conscience que ma nanny est de repos le samedi.
Pendant que je me prépare un plat de spaghettis - l'unique plat que j'arrive à cuisiner sans trop de difficultés - j'espère secrètement que Serafina va apparaître d'un moment à l'autre. Cependant, ce n'est nullement le cas et je passe le déjeuner seul, à visionner une vidéo d'un influenceur très connu au Portugal.
À la fin de mon repas, j'ai une pensée envers ce maçon, le brun, concoctant deux cafés que je leurs apportes sous leurs yeux surpris.
– Aucun de vos clients ne vous a donné de café quand il était content de votre travail ?, je m'étonne.
– Non, c'est extrêmement rare, m'avoue celui m'étant toujours inconnu. Vous faites visiblement partie de cette minorité ayant bon cœur.
– Tenez, dis-je en leur tendant les deux tasses fumantes.
Ils ne se font point prier, le fameux Gio' buvant une gorgée aussitôt. Je crois d'ailleurs discerner qu'il affiche un mince sourire, qui s'efface la seconde suivante. Stupide imagination !
– Merci Alois, lâche son collègue, arborant un sourire sincère.
Mes lèvres forment aussi un sourire, mais satisfait, à la vision du moins âgé des deux hommes avalant son nectar, les paupières closes de plaisir. Bon sang, il est tellement canon !
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1* tarte à l'orange.
2* mot emprunté à l'anglais, qui consiste à déballer un colis devant une caméra et à partager cette expérience avec les internautes.
3* désigne en anglais, les personnes qui, en raison d'un conflit d'opinions ou parce qu'ils détestent quelqu'un ou quelque chose, passent leur temps à dénigrer des célébrités, des émissions de télévisions, des films, des vidéastes web, etc...
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NDA
Coucou 👋,
Voici un deuxième chapitre qui montre davantage la vie d'Alois. J'espère qu’il vous plaira et vous dit à bientôt jusqu'au prochain chapitre 😊.
Bisous, EW 😘