Les portails de téléportation avaient été créés il y a plus d’un siècle par un groupe d’individus qui, à l’époque, menaient des recherches sur les cristaux. Dès leur découverte, la population s’était empressée de les utiliser, souvent à des fins personnelles.
Le cristal de téléportation était rapidement devenu le plus difficile à trouver. Apparu par milliers, principalement dans les régions du sud, il s’était raréfié à mesure que la population l’utilisait pour des futilités. Avant qu’il ne disparaisse complètement, divers portails avaient été créés. Contre toute attente, Levanah ne s’était pas résolue à les détruire. Peut-être les utilisait-elle elle-même.
L’autre moitié du groupe était partie il y a quelques heures, en direction du portail situé au nord de Silva. La route se déroulait dans un silence pesant. Logiquement, à la tombée de la nuit, ils devraient arriver à destination, si aucun obstacle ne survenait. Leur plan était de rejoindre la capitale et d’agir sous le couvert de la nuit. La question demeurait : Iris était-elle vraiment retenue là-bas ?
Une partie de l’esprit de Hayden lui murmurait qu’elle n’était probablement déjà plus de ce monde. Il chassa cette pensée et tourna les yeux vers Athelleen, silencieuse depuis leur départ. Elle qui, d’ordinaire, avait la langue bien pendue, restait dans son coin, tenant la main d’Ellyn. Elle tentait en vain de se raccrocher à quelque chose – ou quelqu’un – qu’elle aimait. Hayden sentit un pincement dans sa poitrine.
Ils longeaient la rivière proche de Silva. Personne n’avait reparlé de l’attaque survenue lors de l’arrivée de Kaylee. Il y avait eu beaucoup de blessés, et des morts. Le village s’en était-il remis ? Hayden l’espérait.
Alors que la fatigue commençait à les gagner après une matinée de marche sans pause, ils repérèrent au loin ce qui semblait être un champ. Ils accoururent presque dans sa direction, craignant qu’il ne s’agisse que du fruit de leur imagination.
— C’est incroyable ! s’exclama Ellyn. Les plantations sont encore en bon état !
Elle courut entre les rangées, les bras écartés, comme pour embrasser le paysage. À côté, ils distinguèrent une cabane. En s’approchant, ils constatèrent qu’elle était abandonnée. Depuis quand ? Impossible à dire. Quoi qu’il en soit, Raphaël s’était déjà mis en quête de leur cuisiner un plat pour le déjeuner.
Hayden se chargea de remplir les gourdes dans la rivière d’à côté. À son retour, diverses provisions étaient étalées sur une table, qui avait été rapidement nettoyée.
— Un bébé paffle était à proximité du champ. Il était décédé, le pauvre… commença Ellyn.
— Donc, Raphaël s’est dit : tant qu’à faire, autant s’en servir !
— Ce n’est pas ce que j’ai dit, rétorqua Raphaël, gêné, en se triturant la barbe.
Raphaël était le membre le plus âgé du groupe. Il semblait s’être donné pour mission de veiller sur eux tous. Il avait ce regard, parfois. Ce regard de quelqu’un qui avait tout vu, tout vécu, et qui essayait de les protéger.
— Laisse At’, il prend son rôle de papa du groupe très au sérieux ! se moqua Ellyn.
Elle avait noué ses longs cheveux châtains en une haute queue de cheval. C’était en observant ses yeux que l’on percevait la différence entre elle et sa jumelle. Son regard était plus dur que celui d’Iris.
Raphaël chassa les deux filles d’un geste et se mit au travail. Ils avaient pris suffisamment d’avance pour se permettre une pause.
— Hayden, tu peux m’allumer un feu dehors pour tout cuire s’il te plaît ? demanda-t-il.
Hayden hocha la tête et rassembla du bois. Raphaël arriva avec les morceaux de paffle, ainsi que quelques légumes fraîchement cueillis dans le champ voisin. Tout mijota pendant un bon quart d’heure.
Une odeur délicieuse emplit l’air, mêlant douceur épicée et notes terreuses. Servi dans des assiettes un peu ébréchées, trouvées dans un placard, Raphaël leur offrit un ragoût composé de paffle, de légumes et d’une sauce à base de golia, créant un délicieux mélange sucré-salé.
Chacun savourait son plat.
— Heureusement que tu es là, Raphaël ! s’exclama Ellyn. Je ne me lasserai jamais de ta cuisine.
— Merci, ça fait plaisir. Il en reste si vous en voulez.
Après une demi-heure, ils avaient terminé. Hayden nettoya et rangea à sa place ce qu’ils avaient utilisé. Sait-on jamais qui pourrait en avoir besoin un jour. Ils prirent toutefois quelques provisions pour la route, emballées dans des serviettes qu’ils avaient trouvées.
Athelleen s’était rapidement occupée d’entretenir le champ. Certaines plantes avaient besoin d’être arrosées. Encore une fois, cela pourrait servir à d’autres personnes. Désormais, les champs étaient devenus aussi précieux que l’or.
***
— Ah oui, quand même ! s’exclama Ellyn.
Ils ne s’étaient jamais rendus jusqu’à un portail de téléportation. Aucun d’eux, pas même Raphaël, n’en avait emprunté un jusqu’à présent. Le portail s'élevait à plus de deux mètres de hauteur, sa forme arrondie occupant l'espace de plusieurs arbres. Alors qu'ils s'avançaient prudemment, ils remarquèrent que la végétation avait envahi l'arche. Des fleurs de toutes sortes décoraient la roche, ajoutant une touche de couleur et de vie à cette structure intimidante.
— C’est impressionnant, murmura Raphaël. La pierre a été taillée à la perfection. Comment autant de magie peut-elle se trouver là, juste devant nous ?
La création de ces portails relevait du mystère. Personne ne savait vraiment comment ils avaient été conçus ni par qui. Quoi qu’il en soit, ils se tenaient devant l’un d’eux, impressionnés et intrigués par sa présence imposante. Hayden savait qu’il n’oublierait jamais ce spectacle.
L’intérieur du portail avait une teinte orangée, pareille à celle du cristal de téléportation. Il avait l’impression d’être attiré par l’entité, comme si une force invisible l’appelait, comme s’il risquait d’être englouti en s’approchant trop. Une sensation à la fois fascinante et terrifiante l’envahissait, le laissant à la fois émerveillé et prudent.
Une pulsation sourde, presque organique, semblait émaner du portail – comme un battement de cœur au ralenti. La magie y était vivante.
— Tout le monde est prêt ? demanda-t-il.
Chacun hocha la tête. Franchir un portail n’était pas bien compliqué. Le processus était identique à celui du cristal : visualiser la destination et, en un claquement de doigts, s’y retrouver. La contrepartie, c’était l’énergie que cela exigeait.
La sensation d’être arraché à la réalité était vertigineuse. Le monde s’effaçait peu à peu et se mettait à tourbillonner. À peine eurent-ils franchi un pas à l’intérieur du portail, visualisant la capitale, qu’ils y étaient déjà.
Des contes pour enfants racontaient que quiconque visualisait mal l’endroit où il souhaitait se téléporter se retrouvait piégé à tout jamais dans le néant. Hayden s’était toujours demandé à quoi ressemblait ce néant.
— Je crois que je vais vomir… déclara Ellyn, à genoux sur l’herbe.
La sensation de tournis persistait. C’était nettement plus désagréable qu’un cristal. La magie était plus puissante, les conséquences aussi.
Hayden se reprit plus rapidement que les autres et leva les yeux vers ce qui se dressait face à eux. Lullin. Un frisson de nostalgie le traversa. Il ne pensait pas remettre les pieds ici un jour.
Chacun avait visualisé la grande place, près du palais royal. Pour diverses raisons, ils y avaient tous été amenés à un moment ou un autre. Que ce soit pour des événements joyeux et festifs, avant la venue de Levanah, ou pour d’autres raisons plus sinistres.
Autrefois, une majestueuse statue trônait au centre. Non pas du roi ou de la reine d’antan, mais d’une figure bien plus importante : Laias, l’Alis au cœur de nombreux contes et légendes. Celle à l’origine du pouvoir transmis dans la famille de Kaylee. L’une des rares à ne pas avoir abandonné son peuple, du moins pendant quelques années.
On aurait dit que Laias dansait, ses bras bronzés dressés gracieusement au-dessus d’elle. Hayden se rappelait de ses magnifiques ailes blanches, décrivant un arc de cercle, contrastant avec sa chevelure azur.
Désormais, la statue n’était plus qu’un tas de poussière depuis longtemps envolé, emportant avec elle de lointains souvenirs. Était-elle encore en vie ? Est-ce que les Alis étaient des êtres immortels ? Nul ne le savait.
Son regard balaya l’ensemble de la ville, plongée dans l’obscurité. Aucune n’était aussi imposante que Lullin. Des milliers d’habitations s’étendaient à perte de vue.
Ici vivaient les populations les plus riches. Les stéréotypes étaient clairs : plus on était proche du palais, plus on avait d’influence. Autrefois, sa famille vivait là. Désormais, les demeures alentour étaient, pour la plupart, détruites.
Quand on prenait le pouvoir, il fallait avant tout éliminer ce qui pouvait nous le reprendre.
Les rues étaient désertes. Il se souvenait des matins où ses parents l’emmenaient sur la place, tout jeune. Ils faisaient le tour des étals des commerçants, qui venaient parfois de très loin pour vendre leurs produits.
Des artistes se produisaient aussi régulièrement. Malheureusement, l’arrivée de Levanah avait définitivement anéanti toute la beauté de la ville. Plus rien ne serait comme avant désormais.
Une main se posa sur son épaule, le ramenant brutalement à la réalité.
— Tout va bien, Hayden ? demanda Raphaël, sa voix pleine de sollicitude.
Hayden hocha la tête et détourna le regard. La structure du palais n’avait rien de bien complexe, mais elle était imposante et intimidante. Tout autour, un mur de cinq mètres de hauteur avait été érigé. À intervalles réguliers, des tours d’observation se dressaient.
Et à l’intérieur, enfin, l’imposant palais, un symbole de pouvoir et de domination. Un pont-levis reliait la tour la plus au nord à l’une des entrées du château. Il y avait aussi l’entrée principale, à quelques mètres d’eux, une porte monumentale autrefois gardée par des soldats armés, prêts à repousser toute intrusion. À présent, la porte devait être gardée par des drurs.
— Vous pensez qu’elle nous a repérés ? demanda Athelleen, toujours aussi discrète, sa voix à peine audible dans le silence de la nuit.
La nuit était déjà tombée devant le portail, plongeant la ville dans une obscurité totale. Autrefois, de magnifiques lampadaires entouraient la place, illuminant la ville d’une douce lueur dorée. Lorsque le Nealy se couchait, de multiples lumières éclairaient la ville, créant une atmosphère magique et envoûtante. Mais désormais, tout avait été détruit, ne laissant derrière lui que des ténèbres et des ombres.
— Espérons que non, répliqua Hayden.
— Partant du principe qu’elle ne nous a pas encore vus, c’est quoi la suite ? demanda Ellyn.
Raphaël, qui avait vécu au palais dans sa jeunesse, le connaissait mieux qu’eux tous réunis. Son plan était simple mais audacieux : passer par le côté ouest, une zone moins surveillée et plus vulnérable. En descendant des remparts avec une corde qu’ils avaient eu l’intelligence d’emporter, ils passeraient par une porte menant aux anciennes cuisines.
C’était, selon lui, le moyen le moins risqué d’entrer dans l’enceinte.
Ils longèrent la muraille jusqu’à la tour la plus à l’ouest. Le mur était presque lisse, sans prise. L’escalade s’annonçait compliquée. Mais ils n’avaient pas le droit à l’erreur.
— Il faut attacher la corde là-haut pour qu’on puisse grimper, annonça Raphaël.
— Super ! s’exclama Ellyn. Et comment on fait ça ?
Ils allaient littéralement s’escalader. N’ayant rien pour lancer la corde, quelqu’un devrait le faire lui-même. Athelleen, la plus apte à faire un nœud solide, irait en haut.
Raphaël, grâce à sa force, serait à la base. Hayden, au milieu, maintiendrait Athelleen le temps qu’elle se hisse.
Ils s’exécutèrent non sans mal. Le plus dur était de garder l’équilibre sur Raphaël sans faire tomber Athelleen. Ellyn resta au sol, pour veiller à ce que personne ne chute. Hayden expira un grand coup en redescendant. Ses épaules lui faisaient mal.
— Allez-y ! s’exclama la rousse. Je pense que c’est assez solide.
Elle maintenait la corde tandis que chacun son tour, Raphaël, Hayden et Ellyn se hissaient en haut de la muraille. Athelleen détacha ensuite le nœud et rangea la corde dans le sac.
Hayden se tourna vers la capitale. De là où il se tenait, si les lumières scintillaient comme dans son enfance, Lullin serait la plus magnifique de toutes les villes de Phonœ.
***
— Tu penses qu’il y a encore des gens travaillant au château ? demanda Hayden à Raphaël.
C’était la seule chose qu’il savait de son passé : il avait grandi dans l’enceinte du palais, passé son adolescence à y travailler, principalement dans les cuisines. Il connaissait les lieux comme sa poche. C’est sans difficulté qu’il retrouva l’entrée.
Ils étaient plantés devant la porte, prêts à l’ouvrir, lorsqu’une femme plus âgée les devança. Elle les scruta de la tête aux pieds, les yeux écarquillés, comme si elle venait de voir un fantôme.
Elle s’apprêta à dire quelque chose, sans doute pour avertir quelqu’un au service de Levanah, lorsque son regard croisa celui de Raphaël.
— Raph ! s’exclama-t-elle. C’est toi ? C’est bien toi ?
Elle lâcha son panier et se précipita vers lui.
— Lexie ? répondit Raphaël, abasourdi.
— Par les Alis, oui !
Elle l’enlaça aussitôt.
— Je te pensais… mort. Pourquoi n’es-tu jamais revenu au palais ?
Sa voix tremblait. Avant que Raphaël n’ait le temps de répondre, elle les fit entrer discrètement.
À l’intérieur, les lumières baignaient encore la pièce d’une lueur dorée, et plusieurs domestiques s’affairaient en silence, leurs gestes mécaniques empreints de fatigue.
— Certains ont réussi à partir, d’autres sont restés, expliqua-t-elle en les menant plus loin, à l’abri des regards indiscrets.
Ses cheveux châtains étaient relevés en un chignon négligé, dont quelques mèches humides de sueur s’échappaient. Elle essuya son front du revers de la main, jetant un coup d’œil nerveux autour d’elle.
Quand Levanah avait pris le pouvoir, le chaos avait englouti Phonœ – et particulièrement Lullin. Elle avait offert aux anciens domestiques le « choix » de continuer à travailler pour elle. Selon Lexie, les dernières années n’avaient pas été aussi atroces qu’elle l’avait craint.
Il y avait environ cinquante personnes à son service, désormais reléguées dans les anciennes demeures des riches, désormais délabrées, fissurées, parfois même sans chauffage.
— Je n’avais déjà plus de famille, plus rien à quoi me raccrocher, alors je suis restée, dit-elle simplement.
— Je ne savais pas que vous étiez encore ici, répondit Raphaël, sa voix empreinte de culpabilité. Lexie, je te promets que si j’avais su… jamais je ne t’aurais abandonnée.
Elle hocha la tête. Elle comprenait. Raphaël avait repris sa vie en main. S’il n’était pas parti, Hayden et les autres ne l’auraient jamais rencontré, et ils ne seraient pas là, prêts à défier Levanah. Il avait pris la bonne décision en quittant Lullin.
— Mais pourquoi es-tu revenu aujourd’hui ? demanda Lexie d’un ton plus bas, presque craintif.
— Une de nos amies a été enlevée par Levanah, répondit Hayden à sa place.
Lexie fronça les sourcils. Raphaël lui raconta brièvement ce qui s’était passé, y compris l’enlèvement d’Iris par le frère de Kaylee.
— Monsieur Adryan ? s’exclama-t-elle. Il ne ferait jamais une chose pareille ! Il est différent des autres. Sauf s’il a été manipulé… Mais j’en doute…
Ellyn échangea un regard inquiet avec Hayden. Si ce n’était pas lui, alors qui ?
— Lexie, prononça soudain une voix grave, masculine.
Ils se retournèrent d’un même mouvement. Le corps de Lexie se figea entièrement. Son visage perdit toute couleur. La peur tordait ses traits. L’homme qui venait d’entrer… Était-ce Adryan ? La couleur de ses cheveux était identique à celle de Kaylee. Même si ses yeux étaient plus fins, ce n’était pas impossible qu’il s’agisse de lui.
— M-Monsieur Azmar… Ce n’est pas ce que vous croyez… D-des intrus se sont introduits et j’allais évidemment vous les livrer, mais…
— Assez.
Elle n’acheva pas sa phrase. Un hurlement glaça le sang de Hayden. Azmar n’avait pas bougé, pas levé le petit doigt. Pourtant, Lexie se pliait en deux, le visage déformé par une douleur invisible. Il utilisait comme une magie invisible qui, à l’intérieur d’elle, la tordait de douleur.
Azmar les scruta un à un. Ce n’était pas un homme ordinaire. Un neex au service de Levanah ?
Le souffle de Lexie était saccadé, son corps secoué par des spasmes. Elle était pliée en deux. Il avait un pouvoir extrêmement dangereux, il fallait à tout prix l’arrêter. Soudain, il s’arrêta.
— Si tu ne nous dis pas immédiatement où se trouve Iris, cette flèche traversera ton crâne. Et crois-moi, je ne rate jamais ma cible, lança Athelleen.
Elle avait contourné Azmar. Son arc tendu, elle visait sa tête avec une précision implacable. Elle faisait preuve d’un sang-froid impressionnant.
Azmar esquissa un sourire, puis se retourna lentement. Ses yeux noirs plongèrent dans ceux d’Athelleen. Elle ne broncha pas, mais Hayden vit ses mains trembler. Elle luttait contre quelque chose. Hayden ne mit pas longtemps à comprendre qu’il s’agissait du même genre de douleur que Lexie avait ressenti quelques instants plus tôt.
— C’est vraiment… impressionnant. Jamais personne n’avait résisté à mon pouvoir jusqu’à présent, dit-il avec lenteur.
La flèche qu’Athelleen avait promis de lancer traversa à toute vitesse le peu d’espace la séparant d’Azmar. Elle fendit l’air, rapide et précise. Mais Azmar l’esquiva au dernier moment.
Athelleen tomba à genoux, grimaçant. Elle subissait la même torture que Lexie, mais elle refusait de crier.
— Arrête, tu vas la tuer ! lança une voix masculine derrière eux.
— Qu’est-ce que ça peut te faire, Eiran ? répliqua Azmar. Ils n’ont pas besoin d’être tous en vie.
Un autre homme entra. Il avait de longs cheveux blonds attachés en queue basse. Athelleen se redressa, vacillante. Hayden devina que le pouvoir s’était enfin relâché.
— Vous n’êtes pas venus avec la princesse ? s’exclama Eiran. Quel dommage. Quelle perte de temps, surtout !
Il éclata de rire. Un rire vide, sans âme, cruel.
— Iris… murmura Athelleen. Rendez-la-nous.
Raphaël la soutint par le bras. Elle tenait à peine debout.
— Dommage qu’il faille les garder en vie, soupira Azmar. Emmenez-les.
Hayden n’eut pas le temps de réagir. Une horde de drurs surgit de tous les côtés. Il tenta de se défendre, mais un coup violent l’atteignit à la tête. Le monde bascula.
Avant de sombrer, il vit Lexie se faire décapiter par Azmar. Son corps s’effondra au sol, dans un silence macabre.
Puis le noir.