(Arc 1 : Le corbeau et le dragon)
Un silence pesant régnait. Cela faisait cinq minutes que les frères Altaha étaient entrés dans la salle et aucun des deux n’avait prononcé le moindre mot. Lioren tournait le dos à Gwenval, qui se trouvait à quelques mètres de lui. Le musicien s’avança lentement vers son frère.
— Hyung, je…
Sans laisser à Gwenval le temps de finir sa phrase, Lioren se retourna subitement et l'enlaça. L’étreinte était à la fois chaude et rassurante, mais aussi tremblante. Gwenval ne fut pas très surpris par le geste de son aîné. Il accepta et ferma les yeux.
— Gwen, tu vas vraiment me faire avoir une crise cardiaque un jour. murmura le jeune procureur.
— Je suis désolé…
Lioren lâcha son frère et commença à le toucher un peu partout pour vérifier qu’il allait bien. Il était très inquiet.
— Hyung, arrête. Je vais bien. insista Gwenval en reculant un peu.
Soudain, le musicien frissonna légèrement et afficha une expression d’inconfort quand son frère appuya sur l’entaille qu'on lui avait faite plus tôt. Bien que cela ne lui fasse pas très mal, la zone de la blessure était devenue sensible.
Lioren remarqua la réaction de son frère et tenta de soulever son haut, mais son action fut bloquée.
Le regard du procureur se stoppa ensuite sur le sac en carton de Gwenval et il repéra une tache rouge. Il se saisit rapidement du sac et en sortit la chemise. Lorsqu'il le sang, son expression faciale s'assombrit. Gwenval eut des frissons et rassura aussitôt son frère.
— Lio hyung, je vais bien. Je me suis battu, c’est vrai, mais j’ai pu maîtriser mon adversaire très rapidement. C’est surtout lui qui a besoin de soins. expliqua le musicien, à moitié sur le ton de la plaisanterie.
Lioren resta un moment silencieux, puis remit la chemise dans le sac calmement. Son visage restait impassible. Il attrapa le bras droit de Gwenval.
— Allons à l’hôpital quand même. On ne sait jamais. annonça-t-il alors qu’il commençait à faire quelques pas.
— Lio hyung, ce n’est pas la peine. répondit Gwenval après avoir rompu l’emprise de son frère.
— Mais Gwen…
— Il n’y a pas de « mais » !
Ne me regarde pas comme ça.
Lioren observait son frère avec beaucoup d’inquiétude. Comme s'il allait se briser d'un instant à l'autre. Gwenval détestait ça.
Ne me regarde pas comme ça.
— Gwen, je…
—Non ! Arrête tout de suite ! Hyung, je vais bien ! Ce n’est qu’une égratignure. Tu sais que je sais me défendre, non ? Alors pourquoi ?! Pourquoi me regardes-tu encore comme une poupée de porcelaine au bord d’un précipice ?
— Gwen, ce n’est pas ça. Je…
— Tu veux savoir pourquoi je ne voulais pas t’en parler et que j’ai retardé l’appel à la police ? coupa Gwenval. C’est justement parce que je savais que tu allais réagir de cette façon. Ça fait un mois que quelqu’un en a après moi et je voulais régler ça seul. Si je t’en avais parlé tout de suite, tu aurais surréagi comme tu le fais maintenant, et tu m’aurais mis sous protection policière, ou tu m’aurais forcé à rentrer à la maison. Quand les menaces se sont intensifiées, j’ai pu avoir l’aide de Kaelan et d’autres personnes pour coincer le coupable et lui régler son compte… Je ne voulais pas t’inquiéter et te déconcentrer alors que tu étais sur une affaire importante... Je savais que tôt ou tard, nous aurions cette discussion, mais j’espérais que tu n’allais pas réagir ainsi. Je pensais que tu me faisais confiance.
L’expression de Gwenval reflétait un mélange de colère et de tristesse.
Lioren se rapprocha un peu de son frère. Il était choqué d’apprendre que son frère était en danger depuis une si longue période. Cela l’attristait également d’entendre que Gwenval n’avait pas voulus s’appuyer sur lui. Mais au fond, Lioren savait très bien qu’il aurait pu réagir comme l’avait décrit son frère.
— Gwen, je te fais confiance. Mais là, la situation est bien plus grave que je ne l’imaginais. Tu voulais que je réagisse comment ? Quand je suis arrivé, on m’a parlé d’une décoration détruite, d’une agression et d’une tentative de meurtre. Quand ton nom est sorti, mon cœur a raté des battements. Ta sécurité passe avant tout pour moi, tu le sais.
—Je le sais très bien, c'est pour ça que je ne t'ai rien dit. se justifia Gwenval en arrangeant ses lunettes.
—Tout s’est terminé sans blessé grave, heureusement.
Lioren soupira alors qu’il s’assit sur la table, reprenant son calme.
Pendant qu’il parlait, Gwenval avait remarqué un morceau de bandage dépassé de la manche gauche de son frère, mais il ne fit pas de remarque à ce sujet.
Toi aussi, tu as le droit d’être protégé hyung.
Le procureur ne voulait pas continuer cette conversation. Il n’aimait pas se disputer avec son précieux petit frère.
— Je te le laisse.
Gwenval tendu à son frère le sac contenant la chemise.
— Ton équipe sera sur cette affaire, n’est-ce pas ? Je t’enverrai les photos des colis suspects qui me sont parvenus et je t’apporterai aussi les lettres de menaces lorsque je viendrai faire ma déposition. Aussi, Park Dae Jung a également mentionné qu’il y avait peut-être d’autres « surprises » dans l’hôtel.
— D'accord.
Lioren prit le sac.
—Je ferai passer l’hôtel au peigne fin. D'ailleurs, quelle est ta relation avec le coupable ?
—Aucune. Gwenval secoua la tête. Je ne l’ai jamais rencontré. La seule chose que nous avons en commun, c’est que nous sommes tous les deux musiciens.
—Tu peux compter sur moi pour découvrir la vérité, dans ce cas. déclara Lioren avec un léger sourire.
— Hmm… acquiesça Gwenval… Je vais rester avec Kaelan ce soir, ne t’inquiète pas pour moi, fais ton travail.
— Je te laisse te reposer ce soir. Demain, je veux te voir de bonne heure au commissariat.
— Entendu. répondit Gwenval avec un léger sourire.
Pendant ce temps, l'inspecteur Kang avait recueilli les informations dont il avait besoin et s’était dirigé vers la chambre dans laquelle Gwenval et le harceleur s’étaient battus, guidé par le secrétaire Shin.
Ashlay était resté près de la porte de la salle de réunion pour attendre le musicien.
De son côté, Kaelan s’était isolé avec Hao Ming pour discuter avec lui.
— Merci à nouveau pour tout à l’heure. remercia Kaelan en souriant.
— De rien. Je n’ai fait…
— “…..que mon devoir”. finit Kaelan en imitant Hao Ming. Oui, c’est vrai, mais au moins ça me donne une bonne une occasion de pouvoir parler avec toi.
Hao Ming, posa les yeux vers le peintre. Il ne dit rien. Après un blanc, Kaelan s’inclina à quatre-vingt-dix degrés devant Hao Ming.
— …Je suis sincèrement désolé de t’avoir blessé. Ce n’était pas mon intention. Je ne veux pas que tu me détestes.
Le jeune homme, qui ne s’y attendait pas à ça, fut réellement surpris et touché par ce geste.
— Je ne vous déteste pas.
— C’est vrai ?! demanda tout de suite Kaelan en se redressant.
Quand Hao Ming hocha la tête pour confirmer ce qu’il venait de dire, le peintre poussa un soupir de soulagement. Ses yeux commencèrent à briller.
— Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour toi ou que tu désires ? Ça peut être ce que tu veux. Je peux t’offrir une de mes peintures ou même en réaliser une, sur mesure, pour toi.
Hao Ming ne dit rien et observa le soudain regain d'énergie du peintre.
— Oh ! Tu n’es pas obligé de me dire ce que tu veux tout de suite si tu n’es pas sûr. On peut s’échanger nos numéros de téléphone. Tu pourras me contacter quand tu le souhaiteras.
Kaelan était tout excité.
— …Ce que je veux ?
Hao Ming prononça ces mots alors qu’il réduisait drastiquement la distance qui le séparait du peintre.
— Ou… Oui….confirma Kaelan, gêné par la soudaine proximité.
Il est si grand. Qu’est-ce que ses parents lui ont donné pour qu’il atteigne une telle taille ? Son regard est si intimidant.
Kaelan avait gardé le contact visuel avec le regard d’Hao Ming. Il avait hâte d’entendre sa demande. D’après ce qu’il avait remarqué, le jeune homme n’était pas du genre à faire des requêtes extravagantes, mais on ne sait jamais.
— A… Alors ?
Hao Ming se rapprocha de plus en plus du peintre. Il inclina ensuite lentement son visage vers l’oreille droite de celui-ci.
Kaelan était plus rouge qu’une tomate. Il était pétrifié et ne savait pas quoi dire. Il ne pensait pas Hao Ming aussi audacieux.
Le jeune hacker resta silencieux quelques secondes puis souffla à l’oreille du peintre qui frissonna.
— ….Je vais y réfléchir. murmura-t-il à son oreille.
Avec un sourire fier, il s’éloigna de quelques pas de Kaelan pour le “laisser respirer”.
— Ce n’est pas comme si j’avais vraiment besoin de quelque chose, mais si vous insistez, je peux y réfléchir…
Hao Ming sortit son téléphone, le déverrouilla et le tendit au peintre. Kaelan, encore sous le choc, mit un peu de temps avant de revenir sur Terre. Il hocha la tête, prit le téléphone et y enregistra ses coordonnées avant de le rendre à son propriétaire. Hao Ming appela le numéro du peintre pour s'assurer qu'il avait bien son numéro, puis le rangea dans sa veste.
— Je retourne dans le hall pour voir comment ça se passe. annonça Hao Ming.
— D’accord. répondit Kaelan, l’esprit ailleurs.
Hao Ming salua le peintre, lui adressa un léger sourire, puis partit. Plus loin, malgré un visage stoïque, le bout de ses oreilles avait pris une teinte rouge.
Kaelan était toujours figé sur place. Une fois que Hao Ming fut vraiment hors de vue, il se laissa glisser le long du mur pour s’asseoir par terre. Il resta dans le silence encore un moment. Il prit son téléphone pour regarder, sans réel but, le numéro d’Hao Ming. Soudain, son visage reprit une forte teinte rougeâtre.
Qu’est-ce qui vient de se passer ?!
Quand Lioren et Gwenval sortirent de la salle, Ashlay, qui attendait appuyé sur un mur en face de la porte, se redressa immédiatement. Il rejoignit alors les deux frères.
— Gw… Altaha, ça va ? Et vous, qu'est-ce que vous comptez faire maintenant ?
Ashlay s’était repris. Il se trouvait en face du frère aîné de la personne qu’il courtisait. Il n’avait pas droit à l’erreur. Il sortit une carte de visite et la tendit très respectueusement à Lioren.
— Nienrao Ashlay. Je suis le directeur de cet hôtel. J’ai également aidé votre frère à résoudre son problème.
— Tu sembles très jeune pour diriger un hôtel…
Ashlay ne savait quelle attitude adopter avec Lioren. Le procureur avait cette aura de mère protectrice qu’il fallait réussir à convaincre à tout prix pour obtenir la main de son enfant.
Lioren prit la carte de visite d’Ashlay puis l’observa quelques secondes.
— Merci d’avoir aidé mon frère. remercia Lioren qui lui remit une de ses cartes de visite. Gwen ne m’a jamais parlé de vous auparavant. Quand vous vous êtes-vous rencontrés ?
Gwenval coupa rapidement son frère, un peu nerveux.
— Je ne suis pas obligé de te présenter toutes mes connaissances, hyung.
Lioren regarda d'un air suspicieux, Ashlay qui commençait à transpirer, .
Comme sauvé par le gong, le téléphone portable de l’aîné sonna. C’était l'inspecteur Kang qui lui demandait de le rejoindre sur la scène de crime dans la chambre. Lioren acquiesça et se tourna de nouveau vers son frère.
— Gwen, je te laisse. Envoie-moi un message quand tu seras rentré.
— D’accord, hyung. On se voit demain au commissariat.
Lioren adressa un dernier regard à Ashlay avant de s’éloigner. Gwenval et Ashlay poussèrent un long soupir de soulagement.
— Je suis désolé. Mon frère peut paraître difficile à approcher. déclara Gwenval.
— Ce n’est pas grave. Je comprends.
— Merci, Ashlay.
Ashlay se figea. Gwenval venait-il de l’appeler par son prénom ? Son cœur se mit à battre plus vite.
— Tu as tenu ta promesse. Après en avoir fini avec la police, on pourra aller dîner où tu le souhaites… Hum ? Tu ne te sens pas bien ?
Le jeune homme s'était subitement tu. Y avait-il un problème ?
— Ashlay. Tu m’as appelé par mon prénom. Je n’ai pas rêvé ?
Gwenval fit un léger rire.
— Non, tu n’as pas rêvé, Ashlay. Merci, tu as fais du bon travail.
Ashlay eu un soudain booste d’énergie. Il fit un énorme sourire. Une queue de chien imaginaire remuait actuellement de joie dans le dos du jeune homme. Gwenval trouva cela mignon et rigola.
— Je te raccompagne chez toi ? proposa Ashlay.
— Non, ce n’est pas la peine. Je rentrerai avec Kaelan. Tu as sûrement des choses plus importantes à gérer ici.
— Tu as raison. répondit Ashlay, un peu déçu.
Le duo se dirigea ensuite vers la chambre de Gwenval pour récupérer ses affaires.
Un homme qui ressemblait à un agent de sécurité les observait au loin. Il discutait avec quelqu’un au téléphone.
— La situation a été rapidement maîtrisée. […] Les invités vont bien. Le jeune maître aussi […] Nous faisons en sorte que les médias ne fouillent pas trop tant que tout n’est pas clair de notre côté. […] D'accord !
L’homme finit son appel, puis retourna discuter avec d’autres agents de sécurité.
Lioren arriva dans la chambre où son frère avait combattu Park Dae Jung. L’équipe médico-légale avait déjà quadrillé la suite et collecté quelques pièces à conviction.
— Je pense que le coupable a fait réserver cette chambre par une autre personne afin de pouvoir venir plus tôt sans se faire remarquer. supposa l'inspecteur Kang qui arrivait aux côtés de Lioren.
— Attendez. Qu'est-ce que sait ?
Lioren vit une personne mettre une seringue dans un sac de preuves.
— D’après le récit des événements, le coupable voulait injecter le contenu de la seringue à la victime. On en saura plus sur cette substance après analyse.
— Comment ?! Qu'a-t-il voulu faire ?! L’a-t-on déjà emmené au poste ?
— Procureur Altaha, calmez-vous !
Avant qu’il ne fasse une bêtise, l'inspecteur Kang attrapa Lioren et le bloqua, l’empêchant de rejoindre le criminel.
Note de l'auteur
Bonsoir !
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Prochain chapitre :Samedi 22 février 2025 à 18h (France)
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