La musique résonne à travers le salon, et les rires éclatent d'un coin à l'autre de la pièce. Mon verre à la main, je me faufile parmi les invités pour rejoindre Valentine, qui brille au centre de la conversation. Ses yeux pétillent d'excitation, et je ne peux m'empêcher de sourire en la voyant aussi heureuse.

      - Iris ! Viens vite ! me lance-t-elle en m'attrapant le bras. 

      - Noah a décidé qu'il était barman ce soir. Tu dois voir ça ! 

    Je ris, un peu sceptique. Noah, le frère de Valentine, a bien des talents, mais je n'aurais jamais parié sur ses compétences en mixologie.

      - Oh, vraiment ? Voyons ce que ton frère nous réserve ! 

    On traverse la pièce jusqu'à la cuisine, où Noah se tient derrière le comptoir, une bouteille dans chaque main, tentant maladroitement de les jongler. Dès qu'il nous aperçoit, il s'interrompt et nous adresse un sourire provocateur.

      - Alors, prêtes à être épatées ? demande-t-il avec un air de défi.

    Je croise les bras en souriant. 

      - Impressionnées ou intoxiquées ? À voir. 

    Il me répond par un clin d'œil, et je sens un éclat de rire m'échapper. Entre Valentine, Noah et moi, chaque instant semble tellement naturel, léger, presque immuable. Avec eux, je me sens chez moi. Ils sont ma seconde famille.

    Alors que Noah tente d'improviser un cocktail, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire en voyant les gouttes d'alcool éclabousser son t-shirt. Valentine s'approche, les mains sur les hanches, amusée par le spectacle.

      - Tu sais, Noah, le secret pour être un bon barman, c'est de ne pas renverser la moitié de la boisson ! s'exclame-t-elle en riant.

      - Très drôle, Valentine. Un peu de soutien moral ne ferait pas de mal, rétorque-t-il en feignant de pester, tout en essayant de nettoyer le désordre.

    Je m'appuie contre le comptoir, profitant de la bonne humeur ambiante. Noah a toujours été quelqu'un d'attachant, son sourire capable d'éclairer la pièce.

    La soirée se déroule avec légèreté, et je me retrouve à discuter avec d'autres amis tout en surveillant Noah et Valentine. Je les observe échanger des plaisanteries, leur complicité évidente. C'est une scène que j'ai vue mille fois, et pourtant, ce soir, je sens une boule dans mon ventre, un mélange d'envie et de confusion. Pourquoi ce sentiment ? Pourquoi maintenant ?

      - Iris, tu veux essayer ? me lance Noah, sortant de mes pensées.

    Je me retourne et le vois me tendre un verre rempli d'un mélange peu engageant, vert et mousseux. Son sourire est plein de défi. 

      - Qu'est-ce que c'est ? 

      - Une surprise. Fais-moi confiance. 

    Je lève les yeux au ciel mais ne peux m'empêcher de sourire. 

      - Très bien, mais si je tombe sur le sol, c'est ta faute ! 

    Je prends une gorgée, et mon visage se fige immédiatement. C'est... horrible. Une combinaison de saveurs qui ne devrait pas exister. Je tousse, cherchant à ne pas le laisser voir à quel point je suis dégoûtée.

      - Alors, qu'en penses-tu ? demande-t-il, l'air confiant.

      - Euh... c'est... intéressant, dis-je en forçant un sourire. 

    Je n'arrive même pas à trouver les mots justes. 

      - Oui, intéressant. Très... particulier. 

     Noah éclate de rire, réalisant mon malaise.

      - Donc, ça veut dire que c'est dégueulasse ! J'ai raté ma vocation de barman, apparemment. 

    Nous rions ensemble, et pour un instant, je me laisse emporter par la légèreté de l'instant.

    La soirée continue, s'étalant comme un tableau coloré de rires et de musique. La danse, les éclats de voix et les verres levés créent une ambiance festive qui emporte tout le monde. Noah a abandonné son rôle de barman, laissant la place à d'autres amis pour concocter des mélanges tout aussi étranges. Je m'amuse toujours avec Valentine, partageant des blagues et des anecdotes sur nos anciennes aventures.

      - Regarde Noah ! dis-je en riant, pointant du doigt son frère, qui a maintenant un groupe de jeunes autour de lui, tentant de reproduire ses mouvements de barman, mais en moins réussi. 

      - Je ne sais pas s'il fait un show ou s'il essaie de se ridiculiser ! 

    Valentine éclate de rire, les yeux brillants.

      - Il est définitivement en train de se ridiculiser ! Mais c'est ce qu'on aime chez lui. Il ne se prend jamais au sérieux. 

    À mesure que la nuit avance, les verres se remplissent et se vident. Je me sens légère, portée par la musique et l'énergie de mes amis. Il y a une magie dans l'air, et je me laisse emporter par le flot des rires, des danses improvisées et des histoires racontées à voix haute.

    Alors que la soirée commence à redescendre, nous nous asseyons autour de la table pour manger. Les rires se mêlent aux bruits des assiettes, et l'odeur de la nourriture me fait réaliser à quel point je suis affamée. Valentine a préparé une montagne de plats délicieux, et chacun se sert avec enthousiasme.

    Alors que je me sers une portion de pâtes, mes yeux dérivent vers Noah, qui est assis en face de moi. Il rit avec un groupe d'amis, sa tête rejetée en arrière, révélant un sourire franc et sincère. Ses cheveux en bataille, ses yeux pétillants, tout en lui semble... différent ce soir. Peut-être que l'alcool brouille mes perceptions, mais je ne peux m'empêcher de le trouver incroyablement beau.

    Je secoue la tête, me forçant à chasser cette pensée. C'est le frère de ma meilleure amie, rien d'autre, me dis-je. Il est un ami, rien de plus. Mais chaque fois que je lève les yeux pour le regarder, une chaleur me monte aux joues. Je détourne le regard, me concentrant sur ma nourriture.

      - Tu ne vas pas manger tout ça toute seule, n'est-ce pas ? me taquine. Valentine, remarquant mon assiette remplie.

    Je fais mine d'être vexée. 

      - Bien sûr que si ! 

    Nous rions, mais je ne peux m'empêcher de continuer à jeter des coups d'œil vers Noah. Il est plongé dans la conversation, et je réalise qu'il a un certain charme ce soir. Peut-être est-ce sa manière de rire, ou peut-être que l'atmosphère de la soirée le rend encore plus captivant. Je me demande si d'autres l'ont remarqué aussi.

    Alors qu'il se penche pour attraper un verre, ses bras musclés se dessinent sous son t-shirt. Mon cœur s'emballe légèrement. Non, non, non, je me répète en silence, mais la chaleur dans mon ventre est difficile à ignorer. C'est l'alcool, c'est l'alcool, c'est l'alcool !

    Valentine et les autres continuent à discuter, mais je me sens un peu à l'écart, perdue dans mes pensées. Je prends une gorgée de mon verre, espérant que cela apaisera le tumulte dans ma tête. Mais la sensation ne fait qu'intensifier, et je ne peux m'empêcher de me demander comment Noah pourrait avoir ce pouvoir sur moi, même sans que je le réalise.

    Les conversations autour de moi deviennent un murmure indistinct, comme un bruit de fond étouffé. Mes pensées ne disparaissent pas ; elles tourbillonnent, s'intensifiant de seconde en seconde. La chaleur monte en moi, et l'alcool dans mon sang n'arrange rien. Mon cœur bat trop vite, et une légère migraine commence à poindre.

    Je tente de me recentrer sur les rires et les échanges autour de la table, mais mon regard glisse à nouveau vers Noah. Putain, son t-shirt lui va vraiment bien. Le tissu s'ajuste parfaitement à ses épaules et à ses bras, mettant en valeur des muscles que je n'avais jamais remarqué avec autant de précision. Je sens mes joues chauffer un peu plus.

    Incapable de détourner les yeux, je continue de le regarder, peut-être un peu trop longtemps. C'est à cet instant que Noah lève les yeux et croise mon regard. Je reste figée, incapable de cacher ce que je ressens.

    Pendant une seconde, je crains qu'il ne me trouve étrange, mais au lieu de ça, il me fixe avec une intensité qui semble presque délibérée.

    Et puis, ce sourire... léger, malicieux, presque comme s'il devinait ce qui se passe dans ma tête. Un sourire qui semble dire qu'il sait exactement l'effet qu'il produit sur moi. Mon cœur rate un battement, et je sens mes mains devenir moites.

    Je tente de détourner le regard, mais c'est plus fort que moi ; je suis happée par cette connexion silencieuse qui s'est installée entre nous. Un mélange de gêne et d'excitation me submerge. J'ai du mal à savoir si c'est l'effet de l'alcool ou si ces sensations auraient été là, même sans cela. Ce regard, ancré dans le mien, me fait perdre mes repères.

    Noah finit par se redresser et détourne doucement le regard, rejoignant à nouveau la conversation avec les autres. Mais moi, je reste là, un peu perdue, incapable de retrouver mon calme. Il vient de déclencher quelque chose en moi, quelque chose que je ne suis pas prête à affronter.

    Je détourne les yeux et avale une grande gorgée d'eau, espérant que ça fera redescendre un peu cette chaleur qui s'est installée en moi. Mais le regard de Noah continue de brûler dans mon esprit, comme un feu qui refuse de s'éteindre.

    Valentine me donne un léger coup de coude, souriante.

      - Hé, t'es encore avec nous ? Tu as l'air ailleurs... Elle rit doucement, mais je sens une inquiétude dans ses yeux.

     Je me force à sourire, tentant de paraître détachée. 

      - Oui, oui, juste un peu fatiguée... et j'ai peut-être un peu trop bu. Je ris pour masquer mon malaise, espérant qu'elle ne capte rien de plus.

    Elle éclate de rire. 

      - Ça, c'est sûr ! Mais t'inquiète, on va ralentir le rythme, comme ça on pourra profiter jusqu'au bout ! 

    Je hoche la tête, espérant que le simple fait de prendre une pause me permettra de me reprendre. Mais, au fond, je sais que même en ralentissant, cette soirée va me hanter bien plus longtemps que je ne l'aurais imaginé.

    Les premières notes de Gimme More de Britney Spears résonnent, et je sais immédiatement ce que ça signifie. C'est notre musique, celle qui a marqué tant de soirées entre Valentine et moi. Avant même que je puisse dire quoi que ce soit, elle se tourne vers moi, un sourire malicieux aux lèvres, et m'attrape par la main pour m'entraîner vers la piste de danse improvisée au milieu du salon.

    Je sais exactement ce qui va suivre. Valentine commence à bouger au rythme de la musique, son corps se déhanchant avec une aisance et une confiance désarmantes. Elle se tourne vers moi et lève un sourcil, comme pour me défier de la suivre. Je reste plantée là, hésitante, mes joues brûlantes. Danser comme ça devant tout le monde...? Mais en regardant Valentine s'amuser sans se soucier des regards, je décide de me lancer aussi. Après tout, d'ici demain, personne ne se rappellera vraiment de cette danse.

    Je ferme les yeux un instant, laissant le rythme de la musique m'envahir. Peu à peu, la gêne s'évanouit et je commence à bouger en rythme, mes mouvements de plus en plus assurés. Je me perds dans la musique, et tout autour de moi semble s'effacer. 

    Valentine mène le rythme, se déhanchant avec une énergie et une assurance captivantes. Mes hanches suivent le rythme, et mes mains glissent le long de mes jambes, lentement, avant de remonter sur ma taille. Le monde autour de moi disparaît, il n'y a plus que la musique et la chaleur de l'instant. Je sens l'atmosphère se transformer autour de moi, un mélange d'excitation et de liberté qui m'envahit, rendant chacun de mes mouvements plus fluide, plus audacieux.

    Je laisse mes bras s'élever au-dessus de ma tête, mes doigts se détachant lentement dans un geste langoureux, dessinant des lignes dans l'air. Mes épaules roulent doucement alors que je m'approche de Valentine, dansant avec elle comme si personne d'autre n'était là. Nos regards se croisent, et elle rit, m'encourageant d'un signe de tête, son sourire complice m'aidant à chasser mes dernières hésitations. Je danse avec abandon, laissant mon corps s'exprimer sans filtre, et le monde autour de moi devient flou.

    Mais au milieu de ce flou, un regard attire le mien : Noah. J'ouvre brièvement les yeux et, à travers la foule, je le vois qui me fixe. Son regard est intense, presque captivé, et il ne fait aucun effort pour détourner les yeux. Il est toujours là, ses bras croisés, et il me fixe avec une intensité qui fait frémir chaque fibre de mon être.

    Nos regards s'accrochent, et je ressens cette étrange sensation, ce mélange de chaleur et d'adrénaline qui parcourt mon corps. Je baisse les yeux une fraction de seconde avant de relever la tête et de sourire, un sourire que je veux détaché, mais qui révèle bien plus que je ne le voudrais.

    Je reprends le rythme, mes mouvements deviennent plus osés. Mes hanches roulent en rythme avec la musique, et mes mains glissent de mes épaules jusqu'à mes hanches dans un geste sensuel. Je joue avec mes cheveux, les laissant cascader autour de mon visage, ajoutant une touche de mystère. Chaque geste devient une danse à part entière, un jeu que je maîtrise sans même savoir d'où me vient cette assurance soudaine.

    Alors que la chanson continue, je sens à nouveau ce regard sur moi. Je me tourne discrètement et, encore une fois, Noah est là, à quelques mètres, son regard ancré dans le mien. Il ne dit rien, mais ses yeux brillent d'une intensité qui me trouble. Il me scrute, attentif, presque comme s'il découvrait quelqu'un d'autre. Et moi, je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il voit la même chose que moi cette attirance nouvelle, impossible à ignorer.

    Alors que je laisse mes hanches suivre le tempo, je le regarde à nouveau du coin de l'œil, incapable de résister à la tentation de voir s'il m'observe toujours. Ses yeux sont rivés sur moi, sombres, perçants, et je sens une chaleur inédite envahir mon ventre. À chaque regard échangé, un frisson parcourt mon corps. Il esquisse un sourire, un sourire à peine visible, mais qui suffit à m'électriser.

    Je prends une grande inspiration et, dans un dernier mouvement, je laisse mes mains glisser le long de ma silhouette avant de me tourner pour faire face à la foule. La musique s'essouffle, et je m'arrête enfin, le cœur battant et les joues en feu. Valentine rit à mes côtés, m'attrape par le bras et m'embrasse la joue. Tout autour, les applaudissements et les rires fusent, mais dans mon esprit, il ne reste qu'une chose : ce regard de Noah, qui semble encore me brûler, bien après la fin de la musique. Alors que je m'éloigne de la piste de danse, Noah s'approche, un sourire aux lèvres.

      - Impressionnant, Iris, murmure-t-il, ses yeux brillant de malice. 

      - Je ne savais pas que tu dansais comme ça. 

    Je ris, feignant l'indifférence. 

      - Oh, c'est juste l'effet Britney Spears... et l'alcool. 

    Je tente de me montrer détachée, mais je sens que mon cœur bat encore plus vite qu'avant. Son regard, son sourire, tout en lui me trouble plus que je ne l'aurais imaginé.

    La soirée avance, et lorsqu'il est déjà bien tard, l'ambiance devient plus intime. Les rires se font plus discrets, mais tout le monde semble animé par la même envie de continuer à partager ce moment ensemble. Quelqu'un propose de jouer à Action ou Vérité, et la proposition fait l'unanimité. C'est le genre de jeu où on peut s'aventurer à poser des questions qu'on n'oserait jamais aborder autrement l'alcool aidant, bien sûr.

    On forme un cercle au milieu du salon, les verres et les bouteilles éparpillés tout autour. Valentine s'assied à côté de moi, et Noah, de l'autre côté du cercle, s'installe en s'adossant nonchalamment contre le mur. Les premières questions fusent : des rires, quelques gages plus ou moins embarrassants, et une ou deux révélations surprenantes. La tension se détend peu à peu, mais je sens malgré tout une petite appréhension monter en moi, comme si je pressentais que le jeu allait déraper d'un moment à l'autre.

    Puis vient mon tour. Un sourire malicieux se dessine sur les lèvres de Valentine. Elle échange un regard complice avec les autres, puis se tourne vers moi, ses yeux pétillants d'amusement.

      - Je choisi Vérité. 

      - Est-ce qu'il y a quelqu'un ici qui t'intéresse... plus que les autres ? dis Valentine

    Le silence tombe sur le cercle, et je sens tous les regards se tourner vers moi. Mon cœur s'emballe, et avant même que je ne puisse réfléchir, le mot franchit mes lèvres :

      - Oui.

    Le mot flotte dans l'air, suivi d'un silence lourd de sous-entendus. Je me mords la lèvre, réalisant trop tard que j'ai répondu sans réfléchir. Valentine me dévisage, visiblement surprise, mais un sourire ravi se dessine sur ses lèvres.

      - Ohhh, vraiment ? Elle me lance un clin d'œil, et avant qu'elle ne puisse en dire plus, quelqu'un d'autre reprend le jeu, comme pour détendre l'atmosphère. 

    Je reste là, les joues en feu, espérant que la conversation bascule rapidement vers quelqu'un d'autre.

    Quelques tours passent, les questions et les actions se succèdent, jusqu'à ce que le tour de Noah arrive. Je retiens mon souffle, curieuse de savoir ce qu'on va lui demander.

      - Alors, Noah... commence un ami, un sourire espiègle aux lèvres. 

      - Si tu devais séduire quelqu'un dans cette pièce, est-ce que tu aurais quelqu'un en tête ? 

    Noah reste silencieux un instant, ses yeux se plissant légèrement comme s'il réfléchissait. Je sens mon cœur battre encore plus fort, consciente que je suis peut-être en train d'espérer une réponse que je ne devrais même pas envisager. Puis, sans hésiter, il répond :

      - Oui. 

    Sa réponse simple et directe déclenche un murmure de surprise dans le cercle. Et alors que je tente de garder mon calme, je croise son regard. Noah me lance un coup d'œil, un regard intense, et un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Mon souffle se coupe.

    Ce sourire en coin, ce regard qui s'attarde juste une fraction de seconde de plus qu'il ne devrait... Je ne peux pas ignorer la montée de chaleur qui envahit mon corps. Tout semble plus clair et plus flou à la fois. Je détourne le regard, essayant de cacher le frisson qui parcourt ma colonne vertébrale, mais je sais que Noah a vu, et compris, l'effet qu'il a sur moi.

    Autour de nous, les conversations reprennent, mais je suis perdue dans un tourbillon de pensées, de sensations que je ne parviens pas à éteindre. Ce jeu vient de déverrouiller quelque chose entre nous, quelque chose de dangereux, mais de terriblement excitant.

    La tension de la pièce devient trop intense, et je me lève discrètement pour aller me rafraîchir dans la cuisine. L'air frais contre ma peau m'aide à reprendre un peu de contrôle. Je verse de l'eau dans un verre et prends une longue gorgée pour apaiser le tourbillon de pensées qui me traverse.

    Alors que je repose le verre, j'entends des pas derrière moi. Je me retourne et vois Valentine qui s'approche, un sourire intrigué aux lèvres. Elle croise les bras et me scrute, les yeux pétillants de curiosité.

      - Bon alors, tu comptes me dire qui t'intéresse dans la pièce ? demande-t-elle en riant, mais je perçois dans son regard une véritable curiosité. Elle semble déterminée à obtenir des réponses.

    Mon cœur bat à tout rompre. Je sais qu'il ne faut pas que je lui parle de ce que je ressens, pas maintenant. Valentine et moi avons grandi ensemble, et depuis toujours, on a eu ce pacte stupide mais important pour nous : ne jamais toucher aux frères et sœurs de l'autre. Ça semblait tellement logique quand on était petites, une règle d'amitié absolue qu'on respectait sans hésiter. Et même si ça semble puéril aujourd'hui, une part de moi reste attachée à cette promesse, comme si y déroger pouvait tout changer.

    Je prends une grande inspiration et tente de me composer un masque de nonchalance. Le silence s'étire, et pour éviter son regard trop perçant, je me mets à rire et lui lance, sur un ton faussement désinvolte :

      - Bah, c'est toi, débile ! Qui d'autre ? Je lui adresse un sourire innocent. 

      - Je voulais juste plaisanter un peu, mais tout le monde l'a pris au premier degré... 

    Valentine lève un sourcil, un sourire incrédule se dessinant sur ses lèvres. 

      - Vraiment ? Moi ? Elle éclate de rire, soulagée, mais je sens qu'elle a encore des doutes, même si elle ne le montre pas vraiment.

      - Oui, oui, t'inquiète. Je fais mine de boire une nouvelle gorgée d'eau pour masquer mon trouble. 

    Elle me regarde encore un instant, comme si elle essayait de déceler la vérité derrière ma plaisanterie, mais elle finit par hausser les épaules, satisfaite de ma réponse.

      - Bon, très bien, mais si jamais tu me caches quelque chose, tu le sais, je le découvrirai ! dit-elle en me pointant du doigt avec un sourire malicieux avant de repartir vers les autres.

    Je la regarde s'éloigner, le cœur battant encore trop fort. La culpabilité me ronge, mais je ne peux pas lui dire. Pas maintenant, pas alors que même moi, je ne comprends pas totalement ce que je ressens. Je prends une profonde inspiration pour retrouver mon calme avant de retourner au salon, prête à jouer mon rôle comme si de rien n'était.

    La soirée touche à sa fin, et il est presque quatre heures du matin quand tout le monde commence à se lever, à moitié endormi, pour se disperser dans les différentes pièces où ils vont dormir. La fatigue se fait sentir, et les conversations s'affaiblissent en murmures et en rires discrets. J'attrape mes affaires et m'apprête à suivre Valentine vers sa chambre quand, d'un coup d'œil rapide, je remarque Noah, qui s'éloigne dans le couloir avec quelques amis pour se rendre dans sa chambre.

    Je souris, amusée par leur énergie qui semble inépuisable, puis les laisse disparaître à l'autre bout du couloir. Quelques minutes plus tard, alors que je suis en train de me préparer pour la nuit dans la salle de bain, une mélodie familière s'élève. Une guitare électrique, jouée avec une douceur inattendue à cette heure, emplit soudain la maison d'un son aussi envoûtant que apaisant.

    C'est Noah. Je reconnais immédiatement son jeu ; j'ai entendu ce son des centaines de fois au fil des années, mais à chaque fois, quelque chose de neuf et de vibrant m'atteint. Noah joue de la guitare depuis des années, et son talent m'a toujours impressionnée. Les notes s'élèvent, s'entrelacent en un rythme lent et harmonieux, presque mélancolique, comme s'il déposait quelque chose de très personnel dans chaque note. C'est un morceau que je ne connais pas, et pourtant, il me semble familier, comme si Noah y glissait une part de lui-même, une émotion cachée.

    Je m'arrête un instant dans le couloir, mon sac à la main, et écoute la mélodie, chaque note se glissant dans le silence nocturne comme un murmure. J'ai du mal à dire ce qui m'émeut autant : le talent brut qui s'échappe de chaque accord, ou bien le fait que, même s'il est à quelques mètres, il semble inaccessible.

    La musique s'éteint peu à peu, comme une confession qui s'achève. Et moi, je reste là, immobile, le cœur étrangement serré. En silence, je me détourne et rejoins Valentine dans sa chambre, la mélodie de Noah encore gravée dans ma mémoire, un souvenir intangible qui refuse de s'effacer.

    Tout le monde dort paisiblement, mais pour moi, le sommeil est impossible. Trop de pensées, trop de sensations se bousculent dans mon esprit, me tenant éveillée. Les souvenirs de cette soirée, de la musique, du regard de Noah... tout tourne en boucle. Je me tourne et me retourne, mais rien n'y fait. Finalement, je me lève et sors discrètement de la chambre de Valentine, décidée à aller boire un verre d'eau pour me rafraîchir l'esprit.

    Dans la cuisine plongée dans une pénombre paisible, je me sers un verre d'eau, espérant que cela m'apaise un peu. Alors que je porte le verre à mes lèvres, une voix basse et familière me fait sursauter :

      - Que fais-tu ici ? 

    Je lâche un léger cri de surprise, ma main tremblante, et je me retourne brusquement.

      - Oh, Noah... tu m'as fait peur ! dis-je, la voix encore un peu tremblante.

      - Je suis juste venue boire un peu d'eau. 

    Il hoche la tête lentement, son visage à moitié éclairé par la lumière douce de la lune qui traverse la fenêtre. Son regard se pose sur moi, et je me rends compte qu'il me scrute, ses yeux glissant sur mon corps sans la moindre gêne. C'est alors que je réalise que je porte une nuisette assez courte qui dévoile un peu plus de peau que ce que j'aurais souhaité en sa présence. Je croise les bras inconsciemment, comme pour me couvrir un peu, sentant mes joues chauffer.

    C'est alors que je remarque quelque chose d'inattendu : Noah est torse nu, seulement vêtu d'un bas de pyjama. La lueur argentée de la lune sculpte les contours de son torse, soulignant chaque muscle, chaque ligne. Ses abdos, bien dessinés, se détachent parfaitement sous la lumière, et je me surprends à fixer un instant son torse avant de détourner précipitamment le regard, mon cœur battant à toute allure.

    Il esquisse un sourire en coin, comme s'il avait remarqué mon trouble. Sa voix est douce, presque un murmure dans le silence de la nuit :

      - Tu n'arrives pas à dormir non plus ? 

     Je hoche la tête, incapable de trouver les mots justes.

    Son regard ne quitte pas le mien, et l'atmosphère autour de nous se charge de quelque chose d'inexplicable, une tension silencieuse mais vibrante, presque palpable.

      - Trop de choses en tête, je suppose... murmuré-je, essayant de garder un ton détaché, même si mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il peut l'entendre.

    Noah se rapproche légèrement, s'adossant au comptoir à côté de moi, son regard toujours ancré dans le mien. La proximité de son corps, la chaleur qui émane de lui... tout cela rend mon souffle plus court.

      - Oui, je comprends... Parfois, c'est dur de trouver le calme. Sa voix est basse, comme un murmure qui n'est destiné qu'à moi.

    Je tente de sourire, mais mon regard revient malgré moi à la ligne de son torse, à ces détails que je n'avais jamais vraiment regardés de près. Son sourire s'élargit légèrement, et dans ce regard qui me fixe, je lis quelque chose de nouveau, une lueur que je n'avais jamais perçue chez lui.

    Les secondes s'étirent, et aucun de nous ne semble vouloir briser ce moment.

    Un silence doux et étrange s'installe entre nous, comme une parenthèse hors du temps. Noah et moi restons là, l'un face à l'autre, sans trouver les mots pour dissiper la tension qui flotte entre nous. Je prends une nouvelle gorgée d'eau, tentant de me donner une contenance, mais je sens encore son regard sur moi, intense, brûlant, comme s'il essayait de lire mes pensées.

      - Ça fait longtemps que je t'ai pas vue comme ça... murmure-t-il soudainement.

    Je fronce légèrement les sourcils, surprise. 

      - Comme ça, comment ? 

    Il esquisse un sourire, laissant échapper un léger rire.

      - Je ne sais pas... Il semble chercher ses mots, comme si même lui avait du mal à définir ce qu'il ressent. 

      - Peut-être plus... toi-même, plus détendue. 

    Je laisse échapper un rire nerveux, mon esprit embrouillé par ses mots. Est-ce que l'alcool de la soirée me joue des tours, ou est-ce que quelque chose est en train de changer entre nous, sans même que l'on s'en rende compte ?

      - Oui, peut-être... dis-je en haussant les épaules. 

      - C'est sûrement l'effet de la fatigue, et de... Je ne termine pas ma phrase. Je m'arrête, consciente que j'étais sur le point de dire « de toi », mais je me retiens.

    Noah me regarde, et je sens dans ses yeux une étincelle que je n'avais jamais remarquée avant ce soir. Il s'approche légèrement, et mon cœur s'accélère alors que la distance entre nous se réduit à quelques centimètres. Je suis figée, partagée entre l'envie de m'éloigner et le désir de rester, de voir où cela pourrait nous mener.

    Il semble sur le point de dire quelque chose, ses lèvres s'entrouvrent, mais aucun mot ne sort. À la place, il laisse son regard parler à sa place, une lueur intense, presque troublante, dans ses yeux. Je retiens mon souffle, attendant, incertaine de ce qu'il va faire. Les secondes s'étirent, et l'intensité dans l'air est presque tangible. Un courant semble passer entre nous, silencieux, mais bien réel.

    Puis, comme si quelque chose le retenait, Noah détourne les yeux, un sourire gêné effleurant ses lèvres. Il laisse échapper un petit rire nerveux, et passe une main dans ses cheveux, visiblement mal à l'aise, brisant la tension.

      - On est crevés, tous les deux, murmure-t-il, sa voix à peine audible. Il laisse retomber sa main et secoue la tête comme pour chasser une pensée persistante.

    Je me détends, un sourire se dessinant malgré moi, même si une pointe de déception me serre le cœur.

      - Oui, tu as raison, on devrait aller se coucher... 

    Je fais mine de partir, mais alors que je passe devant lui, il attrape doucement mon poignet. Mon souffle se coupe, et je sens ses doigts contre ma peau, une sensation aussi surprenante qu'agréable. Il me regarde encore une seconde, hésitant, comme s'il luttait contre une envie qu'il ne devrait pas avoir. Puis, doucement, il relâche mon poignet, un sourire amusé aux lèvres.

      - Bonne nuit, Iris. 

    Je lui rends son sourire, mon cœur encore battant d'émotions contradictoires.

      - Bonne nuit, Noah. 

    Je retourne vers la chambre de Valentine, encore troublée par cet échange. Allongée dans le lit, le regard fixé sur le plafond, je repasse en boucle chaque mot, chaque regard, chaque geste. La nuit me semble soudain interminable, et même en fermant les yeux, le souvenir de ce moment avec Noah reste gravé dans mon esprit, bien trop vif pour me laisser trouver le sommeil.

*****

Chers lecteurs,

C'est avec une immense joie que je vous partage ce premier chapitre. J'espère qu'il sera à votre goût et qu'il saura éveiller votre curiosité pour la suite de l'histoire. J'espère également que vous vous êtes attachés à Noah et Iris.

N'hésitez pas à me donner votre avis, qu'il soit positif ou négatif, je suis là pour m'améliorer.

Rendez-vous dimanche prochain à 18h pour découvrir le deuxième chapitre ! <3

Mia_heartstory ♡