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EnahisHayl
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2

Le poids de ma culpabilité

Camila

Depuis que mes parents sont rentrés, la conversation ne cesse de revenir sur le sujet de Mao. Ils se posent des questions à propos de ce qu'il s'est passé et pour quelle raison il s'obstine à ne pas donner d'explications.

Installée sur le canapé entre mon père et ma mère, je regarde le journal télévisé en leur compagnie comme chaque soir.

— Tu ne sais vraiment pas pourquoi il s'est battu  ?

— Non, je n'étais pas avec lui. C'est un groupe d'élèves qui est venu me prévenir. Quand je l'ai vu perdu dans sa folie, je n'ai pas hésité à intervenir, réponds-je, sans me détourner de l'écran pour ne pas mentir droit dans les yeux de mon père.

— Ce n'était pas très prudent, Cami ! Il aurait pu te mettre un mauvais coup.

— Tu n'as jamais vécu ce type de situation avec ton meilleur ami  ? me moqué-je, en sachant pertinemment que si.

— Justement, c'est arrivé bien trop de fois et je ne veux pas que tu suives ce chemin.

— J'ai fait attention, papa.

Il acquiesce.

— En tout cas, Aydan est furax après lui et il ne risque pas de l'entraîner de sitôt. D'ailleurs, je ne serais pas surpris qu'il lui interdise  complètement l'accès à la salle.

— Quoi  ? demandé-je vivement en tournant la tête vers mon père.

La panique se répand dans mes veines à une vitesse folle, mon estomac se serre et la peur s'insuffle en moi.

Pas ça  ! Tout, mais pas ça  !

— N'exagère pas, Jay  ! intervient ma mère. Il a commis une énorme erreur et il mérite ses sanctions, mais les choses vont se calmer et il finira par s'expliquer. L'autre gamin a dû avoir des propos déplacés parce que ce n'est pas du tout le genre de Maomam d'agir de la sorte.

— Ou alors, il fait sa crise d'adolescence. Ça y ressemble en tout cas.

Ma mère s'esclaffe aussitôt.

— N'importe quoi.

Ou bien, c'est ta fille qui a merdé et c'est lui qui paie les pots cassés.

— Pourquoi faut-il absolument que ce soit Mao qui soit le responsable de tout ça  ? questionné-je avec humeur.

— Peut-être parce qu'il a envoyé un mioche à l'hôpital et qu'il est exclu du collège  ?

— Et alors ? Je ne comprends pas pourquoi tu l'enfonces et le critique comme ça. Mince ! Tu le connais depuis toujours quand même !

Mon père m'observe un instant, puis il rétorque :

— Camila, j'adore Mao, mais ce qu'il a fait aujourd'hui est inacceptable. Peu importe ce que l'autre gamin a pu dire ou faire, il n'avait pas le droit d'utiliser la violence et encore moins ces techniques de combat. C'est la première chose qu'on vous a enseignée.

Je me renfrogne dans le canapé et garde le silence, agacée, car s'il avait tous les détails de l'histoire, il serait le premier à se mettre en colère.

— Comprends que je ne cautionne pas son comportement, parce que ça aurait pu très mal finir. Il aurait suffi d'un seul mauvais coup pour que l'autre garçon se retrouve paralysé, ou pire, qu'il trouve la mort. On ne plaisante pas avec tout ça, ce n'est pas un jeu. Imagine la vie de Mao s'il...

— Ce n'est pas le cas, heureusement, le coupe ma mère. Je pense qu'elle a saisi. Parlons d'autre chose, maintenant.

Elle s'empare de mes doigts avec douceur. Les larmes aux yeux, je la regarde et esquisse un faible sourire. Son visage s'attendrit et, de sa main libre, elle coince une mèche de cheveux derrière mon oreille, puis dépose un baiser sur ma tempe.

— Ça va aller, chuchote-t-elle.

J'acquiesce pour la forme, mais au fond de moi, j'ai juste envie de m'écrouler de chagrin. Mon père à raison, les choses auraient pu très mal tourner et je suis la responsable de tout ça. S'il savait la vérité, je passerais un mauvais quart d'heure et je suis quasiment certaine qu'il m'expédierait au couvent.

— Au fait Cam ! Ça va ? Tes doigts ne te démangent pas trop ? s'informe soudainement mon père.

— Non pourquoi  ? réponds-je naïvement.

À son sourire malicieux, je sens la vanne foireuse arriver à des kilomètres.

— Eh bien, de ne pas pouvoir envoyer de SMS à Mao, éclate-t-il de rire.

— Jay  ! T'es une belle enflure quand tu veux.

— Je plaisante, mais avoue que ça fait bizarre de ne pas entendre son téléphone vibrer à tout bout de champ.

— Je l'admets, ricane ma mère.

Je vois bien qu'il essaie d'adoucir l'atmosphère, alors je ronchonne pour donner le change. Puis, je les préviens que je préfère aller me laver et terminer mes devoirs plutôt que supporter cet humour pourri dans lequel je baigne depuis toujours. Mon père rit à ma riposte. Bien sûr, selon lui, j'ai tort, car il est le plus cool du monde. Mais, si c'était vraiment le cas, Mao n'aurait pas à cacher la raison pour laquelle il s'est battu, et je ne me sentirais pas comme une moins que rien à cet instant.

Adossée contre la porte de la salle de bain, je lâche un long soupir et avale ma salive avec peine. J'avance jusqu'au miroir où mon reflet apparaît. Ce que je vois me dégoûte. Mes cheveux, dont l'aspect, le toucher et la couleur rappellent la paille, me donnent envie de prendre une tondeuse et tout raser. Mon nez gigantesque et mes taches de rousseur immondes me rendent nauséeuse. Mais, le pire, c'est ce fichu barbelé qui apparaît sur mes dents quand mes lèvres s'étirent. Écœurante, répugnante, dégueulasse, c'est tout ce que je suis. Rayan a raison, personne ne voudra jamais de moi.

Pourquoi ai-je eu cette idée stupide de lui dévoiler mes sentiments ?

Mes yeux me brûlent et ma vue se trouble. Cette journée est une catastrophe. Le rejet de Rayan me blesse, mais je m'en remettrai. Enfin, je crois. Ce qui me brise vraiment le cœur, au point que j'ai l'impression que le sol s'écroule sous mes pieds, c'est de savoir que mon meilleur ami a de gros ennuis par ma faute. Si seulement je pouvais le voir, prendre de ses nouvelles, m'excuser et lui demander s'il m'en veut, même si je connais déjà la réponse. Il doit forcément éprouver du ressentiment à mon égard. Après tout, il est privé de sa passion parce que je ne suis qu'une sombre débile.

Mon chagrin ruisselle sur mes joues dans le silence le plus complet pour ne pas éveiller l'attention de mes parents. Je voudrais pouvoir me confier à ma mère, que ses bras me consolent et qu'elle me rassure, mais pour ça, je devrais dire la vérité et j'en suis incapable.

Le cœur à l'agonie, je fais couler mon bain et me glisse dans l'eau bouillante sans attendre que la baignoire soit remplie. Malgré la lourdeur dans ma poitrine, une douce chaleur m'enveloppe instantanément. Mais aussitôt mes pensées dérivent et me flagellent de plus belle.

Si seulement j'avais le cran de Mao, j'avouerais tout pour l'épargner. Je me déteste d'être aussi lâche. Je ne mérite pas son amitié.

Je m'enfonce dans le bassin, le liquide translucide me recouvre petit à petit et me donne l'impression de sombrer au fond d'une rivière. Plutôt que d'avoir le courage de me battre contre le courant, j'abandonne et le laisse m'emporter.

***

Au collège comme à la maison, tout le monde ne cesse de parler de ce qu'il s'est produit entre Mao et Rayan, si bien que je ne pense qu'à ça et que ma culpabilité enfle de jour en jour. Heureusement, Iris me soutient de son mieux, même si je lui ai passé un bon savon pour avoir été retrouvé Mao le jour de la bagarre. Pourtant, comment lui en vouloir ? Je refusais de sortir des toilettes et ça l'a inquiété, c'est normal.

À la fin des cours, je quitte l'enceinte du collège avec ma meilleure amie sur les talons. J'envoie un message à ma mère pour la prévenir que je vais faire mes devoirs au My Book's Café comme chaque mercredi.

Lorsque j'entre dans l'enceinte, l'atmosphère agréable et chaleureuse m'enveloppe aussitôt. C'est une sensation étrange, mais dès que je viens ici, j'ai l'impression que le temps s'arrête, comme si je me trouvais dans un autre monde. Il faut dire que la décoration aide à se sentir à son aise. Les murs habillés de bois, les livres, les canapés, les fauteuils et les tables dispersés ici et là, donnent une touche très cosy. Sans oublier l'odeur enivrante de l'arabica qui titille sans cesse les narines des clients. Je ferme les yeux, avant d'inspirer à pleins poumons et décèle un effluve bien plus gourmand. Zorah fait des gaufres. Ça sent divinement bon.

Un éclat de rire me fait ouvrir les paupières. Je tourne la tête vers le coin des enfants et repère une petite fille, le minois illuminé par l'histoire que lui raconte la personne avec elle. Je souris, attendrie. J'adore les gamins et rêve de pouvoir travailler avec eux plus tard.

Je reporte mon attention sur le comptoir et rejoins la propriétaire des lieux. Quand elle me voit, ses lèvres s'étirent et elle me demande comment je me porte.

— J'ai connu mieux et toi  ? avoué-je.

— J'en suis à peu près au même stade que toi. Cette tête de mule, déclare-t-elle en désignant quelqu'un du menton, ne décroche pas un mot.

Je me tourne et aperçois Mao à l'écart de tout le monde. Sa casquette abaissée sur son visage, je suppose que ses écouteurs sont enfoncés dans ses oreilles et qu'ils diffusent Radiohead à plein volume. Enfermé dans sa bulle, il n'entend ni ne voit ce qu'il se trame autour de lui. Exactement l'attitude qu'il a lors de ses mauvais jours. Devant cette constatation, mon cœur vrille sous une douleur aiguë.

— Je suis désolée. Tout est de ma faute... confessé-je, submergée par la honte.

Quand je me tourne pour affronter la femme qui est comme une tante pour moi, voire même une deuxième maman, je remarque que ses sourcils se froncent.

— Comment ça  ?

Je l'observe et me mords la lèvre. J'ai parlé trop vite, je ne peux plus faire marche arrière, car elle attend une réponse.

— Tu m'as toujours dit que je pouvais venir me confier à toi, marmonné-je. Mais, si je le fais, est-ce que tu le garderas pour toi  ?

— Ça dépend. Si tu commets un homicide, je devrai forcément en parler à Aydan pour trouver un moyen de cacher le corps, plaisante-t-elle.

Je ricane.

— Heureusement, je n'ai tué personne.

— Me voilà rassurée. Je t'écoute, raconte-moi tout, Cami.

J'avoue alors que j'ai demandé à un garçon de sortir avec moi malgré le fait que mon père soit contre ça. Je lui rapporte les mots blessants que Rayan a eus envers moi, mon repli, l'inquiétude d'Iris et enfin la raison pour laquelle son fils s'est battu. Dévoiler tout ça me bouleverse profondément, mes émotions se mélangent et je plie sous le poids qu'elles apposent sur mes épaules. Le monde qui m'entoure devient flou, mes larmes glissent sur mes joues, je les cache derrière mes mains tant je me sens misérable. Quelques secondes plus tard, une paire de bras m'encercle. L'effluve puissant et sucré à la fois du parfum de Zorah, et ses caresses m'enveloppent dans une bulle de douceur que je ne peux refuser, bien que je ne la mérite pas. Cette étreinte réconfortante, je l'attends depuis des jours, et même si ça me peine qu'elle ne vienne pas de ma mère, l'amour et la tendresse de Zorah m'apaisent instantanément.

— Ça va aller, Camila.

Alors que je sanglote dans son cou, elle resserre son étreinte.

— Calme-toi, chaton, chuchote-t-elle, en caressant mon dos.

— Pardon, murmuré-je.

Elle me rend ma liberté, reporte son attention sur moi et encadre mon visage avec ses mains douces, puis elle dépose un baiser sur mon front.

— Je suis désolée pour tout ça. Tu es une jeune fille sublime et merveilleuse qui a bon cœur, n'en doutes jamais. Si ce Rayan n'a pas su le voir, tant pis pour lui et tant mieux pour toi, c'est qu'il ne te mérite pas. Je connais la douleur des peines de cœur. Je sais ô combien les bras d'une maman sont bénéfiques et magiques dans ces moments-là. Alors, même si je ne dirai rien à tes parents, je te conseille vivement d'en parler avec ta mère. Elle est moins réfractaire que Jay concernant les garçons. 

J'acquiesce et essuie mes larmes, avant de la remercier, le cœur gonflé d'amour pour elle.

— Ça sert à ça une marraine, ricane-t-elle. Merci de t'être livrée à moi et je te le répète tu pourras toujours compter sur moi pour te guider quand tu en auras besoin. Pour ce qui est de mon minus, il restera consigné par rapport à la boxe. Son père sera intransigeant et je ne m'immiscerai pas entre eux à ce sujet. Ils ont passé un accord, Mao l'a rompu, il doit assumer les conséquences de ses actes. De plus, même s'il s'est battu pour ton honneur, on ne cautionne pas la violence et il le sait. Par contre, je vais essayer d'amadouer mon vieil ours pour le reste, je ne promets rien, mais je vais faire de mon mieux.

Je souris. Cette femme est incroyable, je l'adore.

— Ça serait vraiment cool, merci tata, t'es géniale !

— Je suis au courant, ricane-t-elle.

Elle dépose un doux baiser sur mon front, avec une tendresse qui me rappelle celle de ma mère, puis elle retourne derrière le comptoir et me tend une assiette avec deux gaufres. Une à la pâte à tartiner, l'autre au sucre glace.

— Je ne vous ai pas vu ensemble, déclare-t-elle, en m'offrant un clin d'œil.

Une joie immense s'empare de moi quand je comprends qu'elle m'autorise à retrouver Mao. J'attrape les gourmandises et rejoins mon meilleur ami sans attendre, mais à quelques pas de lui, le doute m'envahit.

Et s'il m'en voulait de ne plus avoir le droit de s'entraîner ?

— Vas-y, Cam ! s'exclame Zorah dans mon dos.

Je me tourne vers elle, en triturant ma lèvre inférieure.

— Il n'attend que ça.

J'acquiesce et reprends ma route

Mao est vautré nonchalamment sur un des canapés du café, près du bureau de sa mère, et ses jambes dépassent de l'accoudoir. Je donne un petit coup dans sa chaussure. Aussitôt, il retire sa casquette. Dans un premier temps, ses sourcils froncés laissent facilement deviner son agacement, mais rapidement un sourire éclate sur ses lèvres et le mien lui répond instantanément.

Mon meilleur ami se redresse et s'installe correctement.

— Qu'est-ce que tu fais là, Cami'kaz  ?

Je glousse en silence à l'entente de ce surnom dont m'affuble, Zayshann, le frère de Zorah, pendant nos entraînements.

— On est mercredi. L'exclusion te déconnecte à ce point  ? tenté-je, sur un ton badin, en posant l'assiette de gaufres sur la table près du canapé.

— Je dirai que privé de tout, c'est difficile de se repérer dans le temps, et je ne suis pas du genre à me pencher sur un calendrier, pouffe-t-il.

— Je suis vraiment désolée, Mao.

Je baisse la tête, couverte de remords. Mon ami se lève et comble la distance entre nous. Ses mains chaudes se posent sur mes joues, il redresse mon visage vers lui et ses yeux de glace plongent dans l'azur des miens.

— Ce n'est pas de ta faute, Cam. Et puis ça faisait longtemps qu'il me cherchait, ça a été la goutte de trop. J'ai agi de mon plein gré, ma punition je ne la dois qu'à moi-même.

— Oui, mais si j'avais fermé ma bouche...

— Non, attends  ! sourit-il. Commence ta phrase comme ça : « Si je t'avais écouté quand tu m'as dit que c'était un connard... »

Je pouffe, ressentant une pointe de soulagement. Malgré les circonstances, notre complicité demeure intacte.

— Ouais, comme tu veux, ben tu n'en serais pas là.

Les bras de Mao m'encerclent, nos corps se pressent l'un contre l'autre et son parfum boisé aux notes de citrons enivre mes sens. Mes paupières se ferment, mon cœur s'allège davantage, son étreinte me procure un bien-être que je n'espérais plus.

Après quelques secondes, Mao reprend :

— Je m'en fous ! La seule chose qui m'ennuie, c'est d'avoir brisé ma promesse envers mon père et la confiance qu'il avait en moi, mais tu n'es pas responsable de ça. Et tu sais quoi ? Si je pouvais revenir en arrière, je réagirais de la même manière, parce que cet enfoiré t'a manqué de respect et pas uniquement quand tu lui as révélé tes sentiments. Je ne laisserai personne te faire du mal, Cam. Jamais.

— Je t'adore ! T'es mon oxygène, Maomam.

— Eh ! C'est moi qui dis ça ! se plaint-il.

— Eh bien, aujourd'hui, c'est moi.

— D'accord ! Alors, t'es ma force, Cami'kaz, concède-t-il en m'embrassant sur le front.

— T'es sorti de ta léthargie, toi  ? nous interrompt Zorah.

Nous nous écartons l'un de l'autre. Il adresse un sourire éblouissant à sa mère et la prend dans ses bras en la remerciant. Zorah ouvre les siens in extremis pour ne pas renverser les mugs qu'elle a dans chaque main.

— Fais attention, grand fou, s'esclaffe-t-elle.

— T'es vraiment la meilleure m'man  !

Mao rend sa liberté à sa mère, elle dépose les chocolats chauds sur la table et se tourne vers nous.

— Je le sais ! Il va de soi que ton père ne doit jamais être au courant de ça, sinon on va tous se faire engueuler.

Mao et moi mimons le zip d'une fermeture sur nos lèvres. Satisfaite, elle ajoute avant de partir :

— Profitez bien de votre aprèm, mes petits loups !

Nous hochons la tête avec un sourire complice. Mon acolyte passe son bras autour de mes épaules et nous nous installons pour déguster notre goûter avant l'heure.

Je regarde mon meilleur ami manger comme un glouton et soupire d'aise. J'ai bien fait de venir au café. Désormais, je sais que Mao n'a aucun ressentiment envers moi et je suis soulagée d'avoir révélé la vérité à Zorah. Le poids sur mes épaules s'est quelque peu allégé, même si je suis triste de ne pas pouvoir discuter de tout ça avec mes parents. J'aurais voulu que ce soit ma maman qui me réconforte. Malheureusement, je vais devoir attendre quelques années avant de me livrer à elle en ce qui concerne mes amours.

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