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Chapter 3

Les Ténèbres étaient retombées alors qu’ils se tenaient tous deux devant l’asile de Brookhaven. 

— Charmant, soupira Potter en avisant l’homme crucifié. Ca ne donne vraiment pas envie d’y aller…

— Sauf qu’on n’a pas le choix. Il faut que je sache pourquoi. 

— On ne pourrait pas attendre que les Ténèbres se soient dissipées avant d’y pénétrer ? proposa le Gryffondor. 

— Non. 

— Je ne peux vraiment pas vous convaincre d’attendre ? 

— Tu n’as pas d’argument pouvant rivaliser avec les miens, répliqua le Serpentard malgré tout amusé par la tentative de son horcruxe de le dissuader. 

Il s’avança d’un pas décidé vers la bâtisse. Potter soupira et le suivit. Ils pénétrèrent dans l’asile et Voldemort s’avança directement vers le bureau. Potter observa plutôt les couloirs sombres. Les grilles étaient rouillées et les murs ruisselants de moisissure et d’humidité qui dévoraient tout sur leur passage depuis quelques décennies. 

Potter dirigea son vaisseau lumineux autour de lui pour mieux voir les environs. Un monstre lui fit soudain face dans l’obscurité environnante. Il semblait humain pourtant. Mais juste dans sa silhouette car son visage n’avait rien d’un homme. Il n’avait ni d’yeux ni de nez. Quant à sa bouche, elle était déformée et partiellement édentée pour recouvrir une grande partie de sa tête. Son crâne lui-même était en partie scalpé, laissant une partie de sa cervelle exposée à l’air libre. 

Potter recula et brandit sa baguette fermement

Stupefix

Il trébucha sur quelque chose dans sa précipitation et tomba à terre. Malgré le choc qui lui coupa le souffle, il continua à reculer à même le sol encrassé et humide. La créature démoniaque continuait d’avancer, cherchant à l’atteindre à chacun de ses mouvements désordonnés. Il la vit s’agenouiller devant lui en grognant sinistrement. Elle avançait toujours vers lui, la gueule baveuse. 

Il ne douta pas un seul instant son but, comme toutes les autres créatures qu’il avait croisées jusqu’à présent : le tuer. 

Voldemort qui avait entendu l’agitation avait quitté le bureau et avait pincé les lèvres en voyant la scène. Il tendit le bras armé de sa baguette. 

Avada Kedavra !

Le rayon mortel frappa la créature en pleine poitrine au moment où elle se penchait sur le Gryffondor, prête à l’éventrer avec les dents. 

— N’aie pas peur d’utiliser l’impardonnable ici, conseilla ensuite le mage noir. Cela pourrait être la seule chose qui te sauverait, ajouta-t-il en retournant dans le bureau en soupirant. 

Potter grogna et laissa tomber la tête une seconde sur le sol. Il souffla un bon coup puis se dégagea pour rejoindre Voldemort. Ce dernier sortait du bureau avec un dossier médical et une clef. 

— Chambre S09, dit-il. 

— Et c’est où ? demanda Potter. 

— A l’étage en dessous. En théorie. 

— Et dans la pratique ? 

— Les Ténèbres nous le diront, soupira le mage noir. Avançons. 

— Impatient de rencontrer votre mère ? 

Voldemort lui lança un regard noir. La curiosité et l'audace des Gryffondors n’avaient vraiment aucune limite ou était-ce ce Gryffondor en particulier qui était juste insupportable ? 

— Impatient d’avoir des réponses, corrigea-t-il froidement. Mêle-toi de tes affaires. 

— Vu que vous vous êtes immiscé dans les miennes quand je n’étais encore qu’un bébé, je pense que c’est de bonne guerre si j’en fais autant. 

— On croirait entendre parler un Serpentard, commenta le mage noir en enjambant la créature qu’il avait abattue quelques minutes plus tôt. 

— Hmmm… J’ai bien failli y être réparti. 

Voilà quelque chose qui n’étonnait pas vraiment Voldemort. Avec la vie que le gamin avait mené jusqu’à présent, il ne pouvait être qu’un survivant. Et ces derniers finissaient indéniablement à Serpentard. Sauf quand ils avaient un trait de personnalité particulier. 

— L’escalier est condamné, fit remarquer Potter en montrant un amas de pierres et de béton armé qui s’était écroulé dans la cage d’escalier. 

— Il y a toujours l’ascenseur, rétorqua le mage noir. 

— Vous ne me ferez pas rentrer là-dedans ! refusa le Gryffondor en reculant. Pas alors qu’on est dans un lieu habité par des créatures terrifiantes ! 

— Où est passé le courageux Gryffondor qui m’affrontait il y a encore quelques jours ? 

— Il réfléchit et voit un piège à rat dans l’ascenseur ! s’exclama Potter en croisant les bras. S’il tombe en panne, on se retrouve coincés à l’intérieur ! Alors oui, je suis un Gryffondor, oui je suis une tête brûlée quand il s’agit de prendre des risques mais je suis encore assez sain d’esprit pour ne pas être suicidaire ! 

— Et le concept de ‘sorcier’, tu l’as oublié ?

— Non. Pourquoi ?

— Il nous suffit de transplaner. 

— Ce que je ne sais pas encore faire, fit remarquer le Gryffondor. 

— Mais moi oui. Alors, hop ! Dans l’ascenseur !

Potter hésita encore tout en reculant de quelques pas. Voldemort fut forcé de l’attraper par l’épaule en soupirant. 

— Je ne te laisserai jamais derrière moi. Je pensais que tu l’avais compris. 

— Vous ne m’avez toujours pas dit pourquoi. 

— J’ai mes raisons. 

— Il va m’en falloir une bonne pour vous suivre dans ce piège à rat, cette fois ! 

Le mage noir se pinça l’arête du nez en soufflant bruyamment. Il avait vraiment envie d’étriper le jeune homme. Ou de lui lancer quelques doloris pour ne pas obéir à son ordre. Cela le coûtait de se retenir. Mais il ne pouvait pas réprimer son instinct de survie si crucial dans cette réalité où tout était susceptible de les tuer. 

Un râle inquiétant le ramena sur le qui-vive et il pointa sa baguette sur quelques créatures infernales. Un rai vert s’abattit sur elles. Elle s’effondrèrent toutes et le couloir fut à nouveau sécurisé. Dans l’immédiat. 

Il reporta son regard de braise sur le Gryffondor. Ce dernier était toujours déterminé à ne pas le suivre dans cette boîte de métal moldue. Il ne bougerait pas autrement que pour fuir cet endroit en quête d’un autre plus sûr. 

— Mes raisons sont d’ordre personnel. 

— C’est insuffisant, rétorqua Potter. 

Les yeux verts le fixaient en attendant une réponse complète. Pourquoi les Gryffondors devaient-ils être aussi bornés ? S’il voulait avancer, Voldemort n’avait d’autre choix que se mettre à table. 

— Ma survie dépend de la tienne désormais. 

— Ce qui signifie ? demanda Potter, les sourcils froncés. 

— Pour te l’expliquer au mieux, il faudrait que nous retournions au Manoir et que je te montre avec un ouvrage. 

— Je ne suis pas si idiot qu’on le dit, s’indigna le jeune homme. En mots simples, je suis tout à fait capable de suivre ! 

— En mots simples ? Très bien. Une partie de mon âme est en toi. Si tu meurs, une partie de moi meurt avec toi. Si tu vis, je garantis ma propre survie. 

Le Gryffondor le regarda avec des yeux ronds avant de soupirer. 

— Okay… Je comprends l’idée, fit-il lentement. 

— Mais tu ne comprends pas comment cela est possible. 

— Je suppose que c’est dû à de la magie noire. Mais comme je n’y connais absolument rien…

— Tu connais au moins les impardonnables. 

— C’est de la magie noire ? 

— Plus ou moins. Surtout le doloris et l’avada. 

Le mage noir se redressa et étira ses muscles tendus avant d’ajuster sa robe. 

— Tu acceptes de rentrer dans l’ascenseur ou faut-il que je t’y tire par la peau du cou ? 

Potter soupira et accepta de pénétrer dans la boîte en métal, non sans appréhension. Voldemort pouvait presque voir la chair de poule sur sa peau malgré la pénombre des lieux. Il rentra à son tour dans l’ascenseur. 

Les portes se refermèrent et ils s’enfoncèrent dans les profondeurs du bâtiment. A une grande vitesse. 

— Hmmm… Normalement, on doit appuyer sur un bouton pour qu’un ascenseur fonctionne ou je suis devenu complètement teuteu en matière de technologie moldue ?! s’exclama Potter dont la voix se faisait de plus en plus paniquée. 

Il se tenait contre une barre attachée à la paroi, tout comme Voldemort, pour ne pas perdre l’équilibre tant l’ascenseur vibrait et grinçait dans sa descente. Ou plutôt chute à cette vitesse. 

— Là, c’est pas un étage ! 

— On fera avec ! rétorqua froidement le mage noir. Je te rappelle qu’on ne peut rien contrôler dans cette réalité. Accroche-toi ! 

═╬╬═════════════╬╬═

Harry se réveilla et dut fermer les yeux pour se protéger de la lumière aveuglante. L’obscurité angoissante et cauchemardesque avait disparu au point qu’il doutait presque de l’avoir vu exister. Seules ses quelques plaies attestaient de ses derniers jours en compagnie de Voldemort au sein même de la ville de Silent Hill. 

Une fois qu’il se fut habitué à la luminosité, une illusion de paradis apparut à son regard. C’était si beau qu’Harry se demandait s’il n’était pas en train de rêver. Autour de lui tout n’était qu’une immense serre où la nature était luxuriante et verte. 

Il se leva et fit un rapide tour sur lui-même.

La première chose à laquelle il pensa, ce fut Voldemort. Mais le mage noir n’était nulle part. Sa seconde pensée fut alors pour sa baguette. Elle aussi était introuvable. 

— Tu n’en as pas besoin, ici, fit une voix de petite fille juste derrière lui. 

Il se figea. Il l’avait reconnue. Et il n’aimait pas ça. Pourtant quelque chose en lui demandait de ne pas prendre peur et d’écouter les propos de la gamine ou quoi qu’elle soit exactement. Il se tourna lentement et fit face à cette enfant à la robe bleue toujours aussi encrassée. 

— Tu es Alessa, n’est-ce pas ? demanda-t-il. 

— Oui. Ou plutôt son côté sombre, sa malédiction. Son… je crois que le terme que j’ai vu dans l’esprit de ton compagnon d’infortune est… obscurus. 

— C’est quoi un obscurus ? 

— Je ne saurais te le dire, Harry. Ton monde m’est complètement inconnu. Ce que j’en sais, c’est une autre sorcière qui me l’a dit et elle n’a jamais employé ce terme. 

— Alessa était donc bien une sorcière. 

— Oui. Et ils l’ont brûlée pour ça. 

Harry frissonna et poussa un soupir, renfonçant un peu plus sa tête dans ses épaules. 

— Je savais que je n’aimais pas cet endroit. Mais je déteste la ville de Silent Hill…

— Tu détestes la ville que je te laisse voir, corrigea la fillette. Elle n’est que le reflet du cauchemar d’Alessa. Celui qu’elle veut faire vivre à ceux qui l’ont fait souffrir. 

— Sauf que je ne l’ai jamais fait souffrir. Il y a encore quelques temps, je ne connaissais même pas son existence ! 

— Mais tu es lié à un enfant de Silent Hill. 

Harry fronça les sourcils quelques secondes avant de comprendre. 

— Voldemort…

— Oui. Mais son nom est Tom Jedusor. 

— J’ai cru comprendre, oui. 

Il se frotta nerveusement les mains. 

— Et pourquoi nous faire venir ici ? 

— Je ne connaissais pas l’existence de Tom au début. C’est Mérope qui me l’a un jour révélée. Alors je l’ai observé. Je lui ai laissé des indices pour qu’il vienne à Silent Hill et qu’il comprenne qui il est et d’où il vient. Mais il ne les a jamais découverts. 

— Peut-être qu’il était trop occupé à tenter de survivre… et chercher si quelqu’un d’autre vivait son enfer ? 

— Il est parti dans la mauvaise direction. Je comptais le laisser ainsi mais tu es apparu dans l’équation. Toi, un parfait inconnu au coeur pur et tendre qui pourtant a connu une partie de ce qu’Alessa a subi. Alors je t’ai choisi pour guider Tom. Je t’ai choisi pour le ramener ici et pour que tu l’aides à devenir le sorcier que sa mère voudrait qu’il soit. 

Harry eut une petite idée de ce qu’une mère voudrait voir à travers son fils et eut des difficultés à retenir un ricanement. 

— Comment suis-je sensé faire ça ? 

— Ah… ça, ce sera à toi de le découvrir. 

Harry eut un blanc. Elle n’était pas sérieuse ?! A bien regarder son visage enfantin, cette expression espiègle et dangereuse sur son visage, il dut admettre qu’elle l’était. 

— Mais cet homme… Il est tellement sombre et a fait tellement de mal ! 

— Ce sont les ombres de Silent Hill qui l’ont rendu ainsi. Ce n’est pas totalement de sa faute. Et personne n’a voulu le croire. Il y a de quoi assombrir le coeur d’un homme encore plus que mon cauchemar. 

— Ca n’excuse pas le fait qu’il ait assassiné tant de gens. Il a assassiné mes parents. Et vous me demandez de l’aider ! 

— N’est-il pas en train de te protéger depuis quelques temps ? 

— Par intérêt seulement. 

— Peut-être… 

Sa voix avait une touche mystérieuse. Mais tout en cette fillette était un mystère. Un mystère dangereux et angoissant malgré la vision de paradis qui l’entourait. 

Il souffla bruyamment. De toute façon, pour se sortir de cette merde, il n’avait d’autre choix que d’accepter. Il voulait lui aussi comprendre Silent Hill et pourquoi il voyait tout cela. 

-– Qu’est-ce que je fais maintenant ? 

— Tu te lèves et tu guides Tom jusqu’à nous. Tu sauras comment nous rejoindre. 

— Tout ceci n’est qu’un rêve ? 

— En quelque sorte. je peux effrayer comme je peux faire autre chose… si je le souhaite. Même si je ne le fais que très rarement. 

— Je peux te poser une question ? demanda Harry avant qu’elle ne le laisse reprendre, de toute évidence, conscience. 

Elle le regarda avec un léger sourire qui semblait presque effrayant. 

— A voir si je souhaite te répondre…

— Pourquoi m’avoir blessé dans ce… dans cette… usine ? 

— Je voulais savoir qui tu étais exactement. Et je voulais aussi mettre Tom à l’épreuve. Après toutes ces décennies de cauchemars, je ne vais pas rendre les choses simples pour le premier venu. Il vous faut me prouver votre vaillance. Faites vos preuves. 

— Pas sûr que Voldemort apprécie entendre ça. C’est un Serpentard. 

— Je ne vois pas ce que tu entends par là. 

Harry ne développa pas. Et il n’en aurait pas eu le temps car une douce brume commençait déjà à l’entourer. En un rien de temps, tout n’était plus que blanc. 

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— Potter ! Réveille-toi ! Bon sang, Potter ! Allez ! 

Harry se sentait secoué par une main forte agrippée à son épaule. Il grimaça. Il ouvrit péniblement les yeux. Il croisa deux orbes rouges. 

— Ah ! Enfin…

Bien malgré lui, Voldemort ne put retenir un soupir de soulagement. Harry le remarqua. Il n’en dit rien pour parler de ce qu’il avait vu. 

— Je… Alessa… Elle, bafouilla-t-il en se redressant. Ouille ! 

Il venait de se cogner à la tête du mage noir. 

— Ouch ! Potter ! se plaignit ce dernier en portant une main à son front. Tu ne peux pas faire attention ?!

— Elle est où ? 

Voldemort fronça les sourcils et avisa les portes ouvertes de l’ascenseur. Un couloir plongé dans la pénombre s’étalait devant eux. 

— Qu’est-ce que j’en sais ? répondit-il. Je ne l’ai pas vu depuis hier à l’usine. 

— Moi, si. Enfin… plus ou moins. 

Le Gryffondor se releva en prenant appui sur le mur de l’ascenseur. Les yeux rouges l’étudiaient avec intensité, cherchant à comprendre ses hésitations. 

— Tu as eu une vision ? 

— On va dire ça.

— Qu’as-tu vu ? 

Harry réfléchit quelques secondes à son rêve. 

— Une serre un peu comme celles de Poudlard. Tout y était vert et beau. Et elle était là, devant moi. Un… 

Il s’arrêta avant de se tourner vers le mage noir. 

— C’est quoi un obscurus ? 

Voldemort poussa un soupir. Il aurait dû s’en douter… Son regard incandescent glissa sur les couloirs délabrés à peine éclairés par la faible lueur de sa baguette. Il s’assurait qu’il n’y avait aucun monstre à l’horizon. 

— C’est la magie du sorcier. 

— Quoi ?! 

Devant la confusion choquée du Gryffondor, il développa. 

— Quand un sorcier est maltraité à cause de sa magie, qu’il la cache et la refoule, la rejette lui-même pour ne pas paraître monstrueux aux yeux des autres, quand le sorcier se déteste lui-même à cause d’elle tout simplement, la magie se détache de lui et devient en quelques sorte indépendante sans pour autant quitter le corps du sorcier. Elle a sa volonté propre et devient une sorte de parasite. Et le sorcier est son hôte. On appelle d’ailleurs ce type de sorcier un obscurial. 

Voldemort affirma la prise sur sa baguette avant de fixer son camarade dans les yeux avec sérieux. 

— Sincèrement, je suis puissant et pourtant, je fais pâle figure face à un osbcurial. Ils sont vraiment très dangereux. Ce qui m’étonne, c’est que celui-ci soit toujours en vie… 

— Pourquoi cela ? 

— En général, un obscurial ne survit pas jusqu’à l’âge adulte. La puissance dévastatrice de l’obscurus est bien trop importante pour l’enfant sorcier et comme il rejette tout ce qui fait de lui un être magique, il n’a absolument aucun contrôle. Cela peut le tuer à force s’il ne se fait pas tuer avant. Ici, il doit avoir plus de septante ans, c’est… un exploit ! 

— Est-ce qu’il est possible que l’obscurus cherche à protéger son sorcier ? demanda Harry, songeur. 

— Je n’en ai aucune idée. Mais c’est possible. Un parasite, en temps normal, a deux comportements possibles : soit il se nourrit de son hôte jusqu’à sa mort et s’en trouve un autre, soit il cohabite avec lui et vit dans la meilleure symbiose possible. 

Le mage noir soupira. 

— Je n’en sais malheureusement pas plus sur le sujet. A ma connaissance, les obscurials sont tous détruits dès leur apparition et avec les lois sorcières qui existent, ils ne devraient même plus en exister de nos jours. 

Ils commencèrent leur avancée dans les ténèbres du couloir, attentifs à toute présence. La moindre seconde d’inattention et ils se retrouveraient en danger. A l’heure des Ténèbres, ce n’était pas la chose à faire. Voldemort ouvrait la voie, baguette tendue. Harry marchait deux pas derrière lui, lui indiquant le chemin, la voix à peine plus haute qu’un murmure. 

Ils abattirent quelques créatures maléfiques sur le chemin menant à la chambre de Mérope Gaunt. 

— Est-ce qu’on sait d’office si on est un obscurial ? demanda soudain Harry, alors qu’il jetait un oeil à travers l’embrasure d’une porte depuis longtemps arrachée de ses gonds. 

— Pourquoi cette question ? 

— Comme ça. Juste pour savoir. 

Voldemort lui lança un regard en coin avant de reporter son attention sur le couloir pour contourner un lit renversé à l’armature rouillée. 

— Je pense que dès l’instant où tu te sais sorcier et que tu ne rejettes pas ta nature, tu ne peux pas être un obscurial. 

— Ah. Ca me rassure…

Le mage noir posa un regard plus appuyé.

— Tu pensais en être un ? fit-il, surpris. Pourquoi ? 

— Ce n’est pas parce que tout le monde pense que je suis né et que j’ai vécu avec une cuillère en argent dans la bouche que c’est d’office le cas. les marques dans mon dos sont suffisamment éloquentes, je pense. 

— Tu as mentionné quelque chose de similaire au Manoir, commenta Voldemort. Je l’ignorais…

— Je vous le dois, d’ailleurs, poursuivit Harry. Si vous n’aviez pas tué mes parents, je n’aurais jamais subi tout cela. 

La voix du Gryffondor était détachée alors qu’il s’avançait dans le sombre couloir. Son visage était à peine éclairé par le vaisseau de sa baguette, le rendant plus effrayant qu’il ne l’était en réalité. Le mage noir n’ajouta rien. Mais il enregistrait tout cela dans sa mémoire. Un frisson désagréable lui parcourait l’échine. A cause de lui, et aussi à cause de Dumbledore, à cause de leur mauvaise interprétation d’une prophétie, Potter aurait pu devenir un obscurial. C’était effrayant. Qu’il soit au final son horcruxe avait quelque chose de bien plus rassurant au final. 

— C’est par là, dit alors le jeune homme en tendant le doigt à une intersection. 

Voldemort se pencha pour aviser ce qu’il y avait plus loin. Il plissa les lèvres. Evidemment. Pourquoi fallait-il qu’il y ait ces démons-là ?! De tous ceux qu’ils connaissaient, les infirmières étaient bien les pires. 

— Tu es sûr ? demanda-t-il dans un souffle pour s’assurer que le Gryffondor ne se trompait pas. 

— Oui. 

— Très bien. Eteins ta baguette et fais-toi silencieux contre le mur.

— Vous allez faire quoi ? 

— Même si l’idée me répugne, je suis mieux placé et expérimenté que toi pour jouer les appâts dans ce monde. Allez. Fais ce que je te dis, ordonna Voldemort en reculant de quelques pas. 

Il inspira un grand coup et siffla le plus fort possible pour attirer l’attention des démons. Le mage noir observa avec un certain malaise l’avancée des infirmières dans sa direction. Elles avaient le pas lent mais cela ne les rendait pas moins dangereuses. Elles étaient encore et toujours toutes armées d’armes aussi diversifiées que mortelles, allant du bête pic à glace au long couteau de cuisine en passant par la seringue médicale datant des années 20’.

Le mage noir lança un lumos maxima derrière lui et se désillusionna. D’un informulé, il se rendit silencieux et se plaqua contre le mur le plus proche pour laisser passer les créatures. Si dangereuses et mortelles, elles n’en étaient pas moins stupides. Elles se laissaient si facilement leurrer. Du bruit et un peu de lumière et le tour était joué. 

Quand il fut certain ne plus courir de danger, il s’avança, toujours aussi silencieux, et rejoignit Potter un peu plus loin. Ensemble, ils continuèrent leur chemin, le plus jeune en tête cette fois pour le guider. Voldemort, le visage tourné vers l’arrière pour s’assurer que les infirmières restaient à bonne distance, gardait une main sur l’épaule du garçon pour ne pas se laisser distancer. 

Ils arrivèrent devant une porte en relativement bon état compte tenu de la rouille générale et des ténèbres environnantes. Sur l’écriteau était inscrit deux noms : Mérope Gaunt et Alessa Gillespie. Voldemort serra un peu plus fort l’épaule de son camarade, pas le moins du monde rassuré. En plus de sa mère, il aurait à croiser encore une fois la route de cet obscurial. 

— Prends garde, Potter, dit-il.

Les deux émeraudes se fixèrent sur lui. 

— Etrangement, maintenant que je suis ici, je ne la crains plus. Elle… elle a tellement souffert. 

— Ce n’est pas la sorcière qu’il faut craindre mais ses sentiments et ses réactions. Un obscurial est imprévisible. 

— Cela nous fera une chose en commun, répliqua le jeune homme en ouvrant la porte. 

Contrastant avec les Ténèbres, une lumière éclatante les éblouit tous les deux et ils furent incapables de discerner leur entourage immédiat l’espace de quelques minutes. Le mage noir sentit Potter s’avancer mais resserra sa prise sur son épaules pour ne pas qu’il lui échappe. Il était hors de question que ce fichu Gryffondor fonce tête baissée dans le danger une fois encore. Comme disait le dicton, jamais deux sans trois et Voldemort avait déjà assez donné ! Il resserra les doigts de son autre main sur sa baguette, attentif au moindre bruit alentour le temps que ses yeux s’habituent à la luminosité. 

Il s’agissait d’une chambre d’hôpital d’avant-guerre relativement sombre. Il fronça les sourcils. Cela ne justifiait en rien la lumière qui l’avait aveuglé quelques instants plus tôt. Voldemort réfléchit en laissait tous ses sens étudier les lieux. Ce fut là qu’il la sentit, l’illusion. Il la laissa alors percer juste assez pour avoir une idée de ce qu’on voulait lui faire voir. La vision de Potter prenait tout son sens : une serre verdoyante où bon nombre de plantes sorcières et moldues vivaient en harmonie. Au fond, deux femmes prenaient le thé. 

La réalité était toute autre. Deux lits rouillés étaient alignés devant eux. Le premier sur sa gauche était vide, le second était occupé par une vieille femme au visage défiguré, et peut-être même au corps tout aussi meurtri pour ce qu’il pouvait en déduire sous l’amas de bandages gris où il discernait encore des tâches de sang depuis longtemps séché. Une autre femme était penchée au-dessus de celle alitée et semblait lui donner à boire. 

Quand la femme se retourna, elle leur offrit un sourire édenté. 

— Vous en avez mis du temps, les garçons, dit-elle en se redressant un peu. Cela fait pourtant longtemps qu’Alessa vous envoie des messages pour vous faire venir. Surtout à toi, Tom. 

— C’est vraiment ainsi que vous voulez entrer dans le vif du sujet… Mère ? demanda le mage noir. Abandonné dans un orphelinat sans aucune information sur mon passé ! Pris pour un fou par la majorité de la population sorcière…

— Et craint par la dite population sorcière

— Potter, tu la fermes ! Laisse parler les grandes personnes ! 

Les yeux verts s’enflammèrent. 

— Eh ! Premièrement, je ne suis pas votre fils, Voldemort ! Merlin m’en préserve ! Deux, Je n’ai pas à vous obéir ! J’ai accepté jusqu’à présent parce qu’il le fallait bien pour rester en vie mais là, je ne vous dois absolument rien ! Techniquement, c’est vous qui m’en devez une ! C’est vous qui m’avez foutu dans ce merdier avec Silent Hill et tout ce cauchemar ! 

Le Gryffondor se tourna vers la sorcière qui se tenait toujours debout, un verre en métal sale entre les mains. 

— Je vous préviens d’emblée, Mme Gaunt, votre fils est un connard ! 

— Va voir ailleurs si j’y suis, Potter ! s’énerva le mage noir. 

— Parfait ! 

Le jeune sorcier sortit en trombe. La porte claqua derrière, faisant trembler toute la pièce. 

— Tu as conscience que tu l’as fait repartir dans le cauchemar et les dangers de Silent Hill ? fit une voix fluette juste à côté de Voldemort. 

Ce dernier tourna la tête et vit l’enfant, le démon d’Alessa, qui n’était rien d’autre qu’une manifestation physique de l’obscurus. 

— Est-ce ainsi que tu vas le traiter alors qu’il t’a mené jusqu’ici… 

Il pinça les lèvres. Il leva le regard vers sa mère qui le fixait toujours, immobile. Il avait tant de ressentiment, tant de questions et de vérités à lui cracher au visage. Pourtant, un cri d’alerte résonnait dans sa tête depuis le départ du Gryffondor. Il hésita encore quelques secondes avant de faire demi-tour. 

— Merde ! s’exclama-t-il en sortant. Potter ! 

Son horcruxe lui en ferait décidément voir des vertes et des pas mûres ! 

Sa voix résonna dans le couloir et il supporta le sinistre écho en serrant les dents. Ce qui l’inquiéta plus toutefois, c’était le grincement sur le sol. Le bourreau était là, quelque part. Si Potter se retrouvait sur son chemin, il était mort. 

Voldemort pressa le pas. Tout en faisant attention, il posa sa baguette à plat sur sa main. 

Pointe sur Harry Potter. 

La baguette fit deux tour sur elle-même avant de lui indiquer la direction à prendre. Il ne s’était pas trompé. 

Il se hâta, passant à côté de corps de monstres, confirmant qu’il était bien dans le sillage du Gryffondor. C’était rassurant. Ou peut-être pas. Potter pouvait très bien avoir été blessé sérieusement lors de ces affrontements. L’angoisse le fit déglutir et il élargit encore sa foulée. 

Voldemort finit par retrouver le jeune homme qui revenait vers lui en courant. Et juste derrière lui se dressait le bourreau et son énorme hachoir. Le mage noir fit un pas en arrière. Puis un autre. Il se saisit du bras du Gryffondor et fit demi-tour. 

— Cours ! lui ordonna-t-il en criant. 

En temps normal, il fallait être silencieux pour éviter de se faire repérer par le bourreau. Mais même cette technique était insuffisante une fois qu’on avait attirée son attention. Cela le différenciait beaucoup des autres monstres. Une fois que le bourreau trouvait sa proie, cette dernière devait fuir au plus vite. 

Le mage noir était bien tenté de transplaner hors de cet endroit mais cela voulait également dire devoir y revenir plus tard au risque d’affronter d’autres démons. Et ils étaient si près du but. Sans parler que l’ascenceur était en bas sans aucune garantie qu’il remonterait les chercher. Quant à transplaner à l’aveugle dans un espace confiné, cela équivaudrait à un suicide. 

Voldemort avait appris une chose de sa vie. Tant que l’hésitation était présente, il était toujours préférable de se limiter à ce qui était proche et tangible et réfléchir au lieu de sauter à ses risques et périls dans l’inconnu. Cela avait l’avantage de ne pas lui faire dépenser autant de magie. 

Soudain, il vit Mérope Gaunt sur son chemin. Elle marchait vers eux d’un pas tranquille, ses yeux vert de jade fixés sur le bourreau. 

— Avez-vous perdu l’esprit ? s’exclama le mage noir en lui saississant le bras. Il va vous tuer !

Elle se dégagea de sa poigne avec une aisance surprenante. Puis, elle leva le bras sous le regard abasourdi du mage noir. Contre toute attente et logique, le monstre s’arrêta. Plus encore, il fit une révérence à la sorcière avant de faire demi-tour en tirant son immense hachoir derrière lui. 

— Mais… Comment ?! demanda Voldemort sans comprendre. 

— Je ne crains pas les Ténèbres, Tom. Je les subis comme tous les autres habitants de Silent Hill. Telle est la malédiction des cités bâties sur d’anciens cimetières indiens… Chacun vit son cauchemar à sa façon. Certains sont à craindre, d’autres non. 

Elle s’arrêta devant son fils et leva la tête pour bien l’observer. Elle lui offrit un sourire triste avant de poursuivre. 

— Mon cauchemar, je l’ai vécu il y a longtemps et je ne le crains plus. Je l’ai vaincu. Depuis, je vis avec Alessa et j’atténue au mieux cette douleur que les Moldus lui ont infligée. 

La vieille sorcière posa ensuite son regard sur le jeune garçon. Elle leur fit ensuite signe de la main. 

— Suivez-moi. Vous ne craignez rien en ma compagnie. Les Ténèbres d’Alessa me laissent tranquille. C’est en partie pour cela que je suis ici et pas dans un autre ailleurs.

— Un autre quoi ? 

— Un autre Silent Hill, Tom. Il y en a des milliers. Un pour chaque individu. Certains sont les mêmes et se confondent et fusionnent même, par exemple pour tous les membres de l’Ordre de Valtiel, mais pour d’autres comme moi, c’est différent. 

— Il y a d’autres sorciers ? demanda le mage noir. 

— Il y avait. Certains sont morts. D’autres se sont échappés. D’autres encore ont été traités comme Alessa. Et moi… je me suis simplement cachée. 

— Et moi ? 

La mère tourna la tête et posa les yeux sur son fils. 

— Tu faisais déjà de la magie dans ton berceau. Je ne pouvais pas te garder, tout simplement. Tu aurais été immolé par le feu. Je ne pouvais pas les laisser brûler mon enfant alors que j’avais vu ma famille disparaître lors d’une purge à un moment où j’étais trop affaiblie pour faire de la magie. 

— Un épuisement magique ? s’enquit le mage noir. 

Elle hocha la tête. Alors qu'ils continuaient à discuter, les deux anglais fixaient les monstres qui les contournaient sans les agresser. C’était irréel. En moins de temps qu’il en fallut pour le dire, ils étaient de retour dans la chambre d’hôpital. Cette fois-ci, la sorcière alitée était en position assise, recouverte par une couverture mangée aux mites. 

— Bien. Maintenant que nous sommes au complet au calme et en sécurité, reprit Mérope. Discutons, Tom. 

Le mage noir qui avait gardé le silence depuis la révélation de son abandon. Que pouvait-il dire à la femme qui avait fait ce qu’elle pouvait pour lui sauver la vie ? Il détourna le regard. 

— Après ce qui a été dit, je n’ai plus de questions, Mère. Je sais ce que c’est que devoir survivre. Votre décision… n’a pas dû être facile. 

— En effet. Et crois-moi, j’en suis terriblement navrée. 

— Et maintenant ? demanda le mage noir. Je continue à vivre ce cauchemar jusqu’à la fin de mes jours ? Potter aussi ? 

Le démon d’Alessa s’approcha d’un pas sautillant et se plaça juste à côté du Gryffondor. 

— Il ne reste plus qu’une chose à faire, dit-elle avec un sourire carnassier. Détruire l’Ordre de Valtiel. Dans son entièreté. 

— Voilà qui ne sera pas bien difficile, répliqua Voldemort avec un ricanement. Ce ne sont que des Moldus. 

— Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être, Tom, répliqua Mérope d’une voix calme. Quant à l’Ordre, il doit être détruit par un être pur. Tu es loin de l’être, contrairement à ce jeune homme. 

Tous les regards se posèrent sur Potter. Ce dernier était mal à l’aise. Il recula d’un pas comprenant qu’il serait la personne toute désignée pour cette mission. 

— Hmmm… Je ne tue pas les gens, moi, dit-il. Je ne suis pas un meurtrier. Déjà que tuer ces monstres, c’est limite… 

— Tu n’auras pas à tuer, Harry Potter, sourit le démon d’Alessa, énigmatique. Tu ne seras que le vaisseau. 

— Vaisseau pour quoi ? demanda Voldemort, les sourcils froncés. 

— Pour obtenir satisfaction, répondit-elle. La vengeance. Cela fait des décennies que les rêveurs mentent à leurs âmes. Il est temps pour eux de disparaître. C’est la fin des temps et c’est moi la faucheuse. 

Le mage noir, peu enclin à laisser son horcruxe entre les mains de cette gamine, s’interposa. 

— Qu’est-ce qui t’empêche alors de le faire toi ? demanda le mage noir en relevant un sourcil. Je ne doute pas de la puissance de Potter. Il est un grand sorcier pour son âge, mais il est blanc et innocent. Il ne fera jamais ça. Même si ces Moldus sont des monstres, il n’en fera rien contrairement à moi. 

— Ce qui m’empêche d’entrer dans leur église, c’est leur conviction aveugle, expliqua le démon. Je ne peux y pénétrer tant qu’ils nieront leur destin. Mais vous, vous pouvez entrer. Et j’ai choisi Harry Potter comme vaisseau parce qu’il est vierge de toute horreur contrairement à toi, Tom. Son âme est vierge de toute souillure. 

— Et tu t’apprêtes à le corrompre. 

— Tu l’as fait avant moi en liant ton âme à la sienne. Mais il ne fera que me transporter à l’intérieur. Il ne fera rien d’autre que d’y entrer et leur dire la vérité. 

— Et comment je fais ça ? demanda alors Potter. Qu’est-ce que je suis supposé dire exactement ? Parce que des vérités, il y en a beaucoup. 

— Leur dire d’où vous venez et leur montrer si nécessaire. 

— Faire de la magie ?! Mais ce sont des fanatiques ! s’exclama Harry. 

— Il va se faire tuer ! s’énerva le mage noir. Je refuse qu’il y aille ! Je ne perdrai pas mon horcruxe aussi bêtement que cela ! 

Le sourire du démon devint encore plus dangereux. 

— Ce n’est pas toi qui décides, ici, Tom Jedusor. C’est elle. 

Elle pointa le lit du doigt. 

— Génial. Un obscurial aux commandes. Merveilleux !

Mérope leva la main. 

— Tom, je te déconseille fortement de la mettre en colère, prévint-elle, la voix un rien plus cassante. Tu ne voudrais pas avoir à souffrir…

— Je le ferai, coupa Potter. 

— Non, décida Voldemort. 

— Je le ferai. 

— J’ai dit non, Potter ! 

Le Gryffondor se tourna vers le mage noir. 

— Vous m’avez dit qu’il faut faire attention aux obscurials et que vous faisiez pâle figure face à eux, cela sous-entend de ne pas les contrarier ou les mettre en colère ou sinon ce serait un carnage. Je suis loin de votre niveau alors je ne vais même pas essayer de débattre plus que ça. D’un autre côté, si ce n’est que dire la vérité et faire face à des Moldus, je pense que je peux gérer. J’ai déjà beaucoup encaissé par le passé. 

— Tu n’as jamais fait face au bûcher, Potter ! contra Voldemort, vraiment inquiet, cette fois. 

L’adolescent haussa des épaules. 

— Au pire, je finirai en barbecue, c’est tout. Fini la vie de votre ennemi, cela devrait vous arranger, non ? 

Le mage noir saisit l’adolescent par le col et le plaqua contre le mur le plus proche. Cela le démangeait de lui lancer un doloris bien senti pour lui remettre les idées en place. 

— Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans ‘je ne veux plus te tuer ! Tu as une partie de mon âme en toi !’ ? Merlin ! Mais qui m’a donné un Gryffondor pareil ?! 

Potter fit mine de réfléchir. 

— Hmmm… vous ? 

— Tu vas me rendre dingue ! 

— Je croyais que c’était déjà un fait avéré. 

— Potter…

— Oui ?

— Je t’en supplie, la ferme ! 

Le jeune sorcier releva un sourcil. Le mage noir le suppliait. C’était la première fois. Il détourna le regard quelques secondes en soupirant avant de bien le planter dans les yeux incandescents de cet homme qu’il avait tant haï et pourtant suivi ces derniers jours ici. 

— Ma décision est prise, Voldemort. Je vais le faire. Vous ne pourrez pas m’en empêcher. Mais rien ne vous empêche de me protéger. 

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Harry n’était pas tranquille. Il faisait face au côté sombre d’Alessa. 

— Laisse-toi faire, dit-elle. Je ne te ferais aucun mal. 

— Tu vas juste me contrôler. Je n’appelle pas ça… Je ne sais pas. 

Il tourna le regard vers Voldemort. 

— J’ai déjà suffisamment avec lui dans ma tête. 

— Sauf que je l’ai bloqué.

— Pourquoi ? demanda le mage noir. Et ne me dis pas que c’était pour me tester !

— Pas seulement, sourit le démon. C’était aussi pour m’assurer de la pureté de ce garçon. Même avec la présence d’un fragment de ton âme, il reste pur et innocent. Il est blanc. Tout ce dont j’ai besoin pour m’accrocher à lui suffisamment longtemps pour qu’une brèche dans leurs convictions me laisse passer. 

— Qu’adviendra-t-il une fois que tu seras passée ? demanda Harry. 

— Tu seras libre, répondit le démon. 

Toutefois, la lueur dans le regard du démon ne rassura pas le sorcier. Il soupira. 

— Je vais déguster, c’est ça ? 

— Ce ne serait pas drôle dans le cas contraire. 

Elle se rapprocha de lui et écarta les bras. Dans ses mouvements, Harry reconnut les signes d’une embrassade amicale. Sauf qu’il était bien conscient qu’il n’en était rien. Il hésita quelques secondes avant d’écarter lui-même les siens. 

Le démon s’approcha et leurs corps se touchèrent. Résigné, le sorcier referma les bras sur le petit corps. Ils restèrent ainsi un moment sans que rien ne se passe. Harry ne bougea pas et ferma simplement les yeux. 

“Bien… Maintenant, tu es à moi.”

C’était la voix d’Alessa. 

Harry se crispa soudain, une douleur lui enserrait la poitrine. Il hoqueta et fut pris de spasmes. Des bras solides le rattrapèrent là où ceux plus fébriles de la petite fille.  

— Potter ! 

Le jeune sorcier ouvrit les yeux avec difficulté. Il croisa le regard incandescent de Voldemort. Juste à côté de lui, Mérope s’affairait près de son propre lit. 

— Allonge-le et ligote-le, Tom, ordonna-t-elle. Dépêche-toi. Avant qu’il ne se blesse !

Le mage noir se saisit des bras pour tenter de l’immobiliser. 

— Elle lui fait quoi ? 

— Elle fusionne avec lui. Et ce n’est pas sans douleur. 

— Elle l’a déjà fait avec vous, Mère ? 

— Non. Elle n’a jamais été dans la capacité de le faire. Je ne suis pas pure. Dépêche-toi de faire ce que je t’ai dit. Sauf si tu n’en as rien à faire qu’il se blesse, bien sûr. 

Le mage noir pinça les lèvres et claqua des doigts. Des cordes s’enroulèrent autour du corps du Gryffondor agité de spasmes. La seconde suivante, il lévitait en direction du lit pour y finir attaché. 

— Combien de temps cela durera ? demanda-t-il à sa mère. 

— Le temps qu’il faudra. 

— Vous êtes dans le flou autant que moi, n’est-ce pas ? 

— Je sais juste que cela marchera. Il nous faut juste attendre. 

Voldemort agita la main en soupirant. Il s’installa sur le siège qu’il venait de faire apparaître. D’un autre geste, il en offrit un autre à sa mère. 

— Malgré ta froideur, tu sembles être capable de galanterie. 

— Non. Potter a pris votre lit, je vous offre juste un siège en échange. 

La sorcière pouffa et secoua la tête. Ils se préparèrent à attendre. 

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Harry observait l’église depuis la route. Un bâtiment terne, tout comme le chemin et la ville sous cette pluie de cendres. Il ne l’aimait pas. Mais il n’arrivait pas à s’expliquer pourquoi, il n’en avait plus peur. Pas plus que le reste de cette ville, ni même des monstres. Il était au contraire serein. 

— Tu es prêt ? demanda Mérope. 

— Oui. 

— Que vas-tu faire ? 

— Marcher et puis… je ne sais pas. Peut-être un patronus. C’est pur, chaud et inoffensif. 

— Un patronus ? demanda la sorcière en se tournant vers son fils. 

— Ne me demandez pas. Je suis incapable d’en produire un. 

Harry eut un sourire en coin. 

— Ne fais pas le malin, Potter. 

— C’est ça être blanc et heureux. On peut produire un patronus. 

— Continue et je te remets à ta place. 

— Avec elle en moi ? 

— Tu paies rien pour attendre. 

Le jeune homme pouffa et s’avança. Alors qu’il venait de prendre sa décision, les Ténèbres d’Alessa revenait à la charge pour rassembler les fidèles dans leur lieu saint et empli de convictions. Les lieux se détériorèrent autour de lui, devant et en arrière. Mais à la différence des jours précédents, il ne fuyait pas et ne craignait pas les créatures. Au contraire, elles semblaient même les répondre à sa volonté d’encercler l’église sans trop s’en approcher. 

‘Pour le moment’, ricana une voix dans sa tête. 

Évidemment… Bien malgré lui, le sourire sur ses lèvres s’élargit. Cela l’amusait presque. 

— Rappelez-moi de demander à Snape de me mettre en retenue. 

— Pour quelle raison ? demanda Voldemort, les sourcils froncés. 

— J’ai besoin de subir le sadisme de quelqu’un pour être dégoûté de celui qui commence à s’installer dans ma tête. 

— Un peu de sadisme ne fait pas de mal, commenta le mage noir. 

Harry ne répliqua pas. 

— Vous m’accompagnez à l’intérieur ? Ou vous attendrez à l’extérieur ? demanda-t-il plutôt. 

— Nous attendrons dehors, décida Mérope. 

Harry hocha la tête et continua sa route vers l’église. Il pénétra sans trop de difficulté dans le bâtiment, se mêlant à la foule qui venait y chercher refuge. Il marchait lentement entre les rangées, cherchant encore comment il allait accomplir cette mission. Bien simple dans la théorie, il savait déjà qu’il ferait face à un mur d’hérétiques et la menace du bûcher, même si dérisoire avec le monstre d’Alessa en lui, n’était aussi plaisante qu’elle ne souhaitait lui faire croire. 

Elle s’en amusait, la sadique ! Il le sentait. Là, au-delà de la limite de son esprit, dans l’ombre, son amusement était là, rayonnant et déstabilisant. 

Un hurlement attira son attention, rapidement suivi de cri de groupe. Hommes et femmes frappaient et jetaient leur rage pieuse sur quelqu’un. Harry s’approcha lentement, cherchant à découvrir l’identité du malheureux. L’amas mouvant dans la violence ne lui permettait aucun passage. 

Il sortit alors sa baguette et créa quelques petites étincelles rouges avec sa baguette. En même temps un BANG sonore fit sursauter les moldus. Les yeux terrifiés se posèrent sur le jeune sorcier qui s’avançait lentement entre eux pour rejoindre le centre du cercle qu’ils formaient. 

La personne qu’ils battaient tous n’étaient autre que la vieille femme que Voldemort et lui avaient rencontrée un ou deux jours plus tôt. 

— Vous êtes la mère d’Alessa, dit-il lentement. 

Alors qu’il s’approchait d’elle, elle reculait, effrayée. Il lui offrit le sourire le plus rassurant dont il était capable et lui tendit la main. 

— Je ne vous ferai aucun mal. Une femme ne devrait jamais avoir à subir autant de mauvais traitements sous prétexte qu’elle a mis au monde une sorcière. 

Sa voix était douce, son ton bienveillant. Il ne souhaitait que l’aider, comme l’autre jour quand il avait empêché Voldemort de s’en prendre à elle pour avoir ses réponses par la manière forte. 

‘Tu es blanc. Tu es pur. C’est dans ta nature.’

Le démon, l’obscurus avait raison. C’était dans sa nature. Snape le lui disait toujours : défendre la veuve et l’orphelin à tout prix. Il ne s’en cachait pas et ne le ferait jamais. 

— Prenez ma main, l’invita-t-il. Je vais vous aider à vous relever. 

La vieille dame se saisit de sa paume, tremblante, ses yeux inquiets ne le lâchant un seul instant. La crainte transpirait de ses gestes. 

— Alessa, commença-t-elle d’une voix rauque et faible. 

— ... est une sorcière née-moldue qui a souffert du comportement de fanatiques et d’ignorants. A cause de cela, elle est devenue un être à craindre pour sa dangereuse imprévisibilité et non pour sa nature de sorcière. 

Harry tourna la tête quand il vit Christabella se glisser à l’avant de ses fidèles dans le cercle. Il poursuivit. 

— Elle est aujourd’hui dans un état physique et psychologique inquiétant qui met toute votre communauté en danger. Comme le dit un vieux proverbe : qui sème le vent, récolte la tempête. 

— Attrapez-le ! ordonna la prêtresse. C’est un démon ! Attrapez-le !

Le sorcier lança des étincelles rouges de sa baguette et un autre BANG, aussi tonitruant que le premier, fit taire les protestations et les cris des fanatiques qui avaient déjà fait un pas dans sa direction. Il serra la de la mère d’Alessa, prêt à la protéger et fit face à Christabella. 

— Vous êtes tous responsables de vos malheurs. Si les ténèbres sont bien l’oeuvre de l’Obscurial, vous en êtes tous la source pour l’avoir créée ! C’est à cause de vous si Alessa est dans état. C’est parce que vous l’avez brûlée vive que vous êtes tous condamnés !

— Mensonges ! Cesse tes viles paroles, démon ! 

— Tom et moi ne sommes pas des démons mais bien des sorciers. 

— Monstres ! 

— Nous ne le sommes pas plus que des hommes ou des femmes armés d’une lame ou d’un pistolet. La magie n’est qu’un instrument comme un autre. A son utilisateur de décider s’il le met au service d’autrui ou s’il veut dominer. Je suis du genre samaritain si tant est que la personne que je protège le mérite. 

Il baissa sa baguette, lâcha la main de la vieille dame et s’avança d’un pas vers la prêtresse. 

— Je n’ai jamais eu une haute opinion de l’église à cause de ma famille. Je n’ai pourtant rien de spécial contre les croyants qui mènent une vie empreinte de respect envers la vie et son prochain. Je ne vois rien de tel ici. Vous vous dites disciples de Dieu mais vos actions disent tout le contraire. Vous engendrez la souffrance et la mort sur votre passage et vous avez eu le malheur de vous en prendre à une sorcière. Par votre endoctrinement, par les souffrances que vous lui avez infligées, vous avez fait d’elle le monstre qu’elle est aujourd’hui. 

Harry fit un autre pas. Christabella n’était plus qu’à deux mètres devant lui. Les moldus autour d’elle reculèrent, craintifs. Mais la prêtresse resta bien droite devant lui, serrant juste ses mains l’une contre l’autre, le visage dur et implacable. En tant que porte-parole de Dieu, elle se devait de montrer l’exemple.

— Tu admets sa monstruosité ! continua le sorcier. 

— J’admets l’existence d’un obscurus, un être dangereux. Même pour les sorciers. Car il ne se contrôle pas. Mais un obscurus ne naît pas naturellement, il se crée. Et vous, votre église, avez rassemblé toutes les circonstances nécessaires à sa création. C’est pourtant très difficile, rare même de trouver un obscurial, si j’en crois Tom. Et vous avez tout de même réussi à en créer un. Ce qui signifie que les véritables monstres de l’histoire ici, c’est vous. 

— Blasphémateur ! Ne l’écoutez pas ! Tout ceci n’est que mensonges de la part du Malin ! Ne le laissez pas vous embrouiller avec ses paroles séductrices !

— Séductrices ? En quoi ? Je ne fais qu’énoncer la vérité, Christabella. Vous êtes responsable ! Le Diable n’a rien à voir là-dedans. Vous et votre église avez créé l’instrument de votre damnation et de votre mort prochaine. Et une chose est sûre, ni Dieu ni personne ne viendra vous aider ici. Vous êtes seuls, tous autant que vous êtes, dans votre cauchemar. Et vous le méritez clairement pour avoir martyrisé et brûlé une enfant innocente ! Pour cela, allez tous en Enf… ?! 

Une douleur fulgurante lui transperça la poitrine. Harry ne comprit pas tout de suite ce qu’il lui arrivait. Guidé par l’obscurus, il avait volontairement baissé sa garde. Il n’avait pas vu le coup venir. Il était trop prêt. Cela s’était produit si vite. Christabella venait de lui planter une dague dans la poitrine. 

Il tituba en arrière, s’éloignant de cette horrible moldue qui, au final, faisait passer sa propre famille pour des anges. 

Et en lui-même, à la bordure de son esprit, il sentit la joie de l’obscurus. Il avait accompli sa mission. La douleur, l’arme… Le sang ! Elle employait la magie du sang, ou en tout cas une variante propre à l’obscurus pour maudire et détruire ce qu’il restait de la secte qui avait détruit la vie d’Alessa.

— Je… 

Il se saisit de la garde de la dague, la main tremblante. Toucher l’arme fit bouger le fer dans la plaie, même d’un simple millimètre. C’était suffisant pour lui causer un horrible frisson. Il grogna sous la douleur. Il leva les yeux sur la prêtresse, la colère irradiant son visage. 

— Je suis du genre… à pardonner beaucoup, Moldue. Et… et en revenant ici, j’étais prêt… à porter mon bras… et ma baguette pour protéger ceux qui voudraient seulement survivre. 

La lame proche du coeur, Harry commençait à manquer d’air et même à tousser. Il soupçonnait l’un de ses poumons d’être perforé. La garce ! 

— Les bons, les vrais innocents… qui vivent cet affreux cauchemar…, j’aurais fait mon possible pour les sauver de l’obscurial !

Il tomba à genoux, n’en pouvant plus. Il cracha son sang sur le sol, au pied de la prêtresse. 

— Maintenant…, je ne peux plus rien pour vous. 

Ne trouvant pas la force de retirer la dague à la main tellement elle le faisait souffrir, il lança un sortilège d’expulsion dessus. La lame s’arracha à ses chairs à une vitesse inouïe pour aller se planter droit dans l’immense fresque, sur la représentation du porteur du flambeau du bûcher soi-disant purificateur de sorcières. 

— Vous… allez… tous… mourir, réussit-il à articuler avant de tomber en arrière. 

Deux bras faibles et tremblants ralentirent sa chute. Il croisa le regard de la vieille femme. Elle lui venait en aide, comme lui juste avant. Une âme pure qui cherche à aider elle aussi. 

— Fuyez, souffla-t-il. 

— Je n’irai nulle part, mon garçon, dit-elle en posant une main sur sa plaie pour arrêter le flux de sang. J’ai ma part de responsabilité dans ce malheur. Je n’ai pas su protéger ma fille. 

Harry serra sa baguette entre ses doigts. Comment faire pour la protéger ? De belles ondes, seule aura de bienveillance, certes teintée de folie dans ce monde de ténèbres et de fanatiques. Il ne voyait peut-être qu’un seul sortilège. Et encore, il n’en était pas convaincu. 

Le souffle court, il rassembla dans son esprit quelques souvenirs heureux. Il toussa et cracha du sang, grogna contre la douleur qui lui transperçait la poitrine. Il leva faiblement le bras et agita le poignet. 

— Expecto… patronum, articula-t-il dans un murmure. 

Son beau cerf en volutes d’argent s’échappa du bout de sa baguette et gambada dans la salle sous les cris effrayés des moldus. 

— Ne le craignez pas, fit-il en voyant l’expression de sa bienfaitrice se teinter d’effroi. Ce n’est qu’un amas de souvenirs heureux et d’ondes positives. Il ne peut faire de mal qu’à ce qui cherche à nuire aux esprits et à l’âme. 

Alors qu’il disait ça, il nota les différences qui commençaient à s’imposer dans la neffe. Par le prix du sang versé, un sang sacrifié sous le coup ennemi, le sang d’un martyr, les Ténèbres avaient pénétré ce lieu saint dont mêmes les convictions les plus aveugles ne pouvaient plus protéger ces âmes impies. 

Le dernier assaut d’Alessa avait commencé. 

Il inspira. Il toussa. 

— Essayez de rester calme. 

— Je le suis, répliqua-t-il sur un ton douloureux. Ca fait un mal de chien. 

Harry se concentra sur son patronus pour le rapprocher et le forcer à faire des cercles autour d’eux. Il espérait que cette simple démonstration de magie éloignerait les moldus et dissuaderait les Ténèbres de s’en prendre à eux. 

La perte de sang était importante. Il se sentait défaillir. Il n’était pas sûr de pouvoir tenir longtemps. Il ne lâcha pas sa baguette pour autant. 

Il tiendrait. 

Il tiendrait…

Ses paupières commencèrent à devenir lourdes. Il se concentra sur les traits de cette vieille femme, couverte de cendre et de crasse. Ses yeux qui l’avaient marqué par le désarroi, la peine et une once de folie brillaient. C’était encore un peu terne, empreint de résignation. Elle était consciente que sa fille était devenue un monstre, consciente qu’elle ne pouvait rien y faire, consciente aussi qu’Harry avait fait ce qu’il avait pu pour sauver les âmes damnées qu’ils étaient tous. 

Harry lisait tout cela dans son regard. A travers son regard. Dans son esprit. S’il ne se sentait pas partir, il demanderait peut-être à Voldemort une confirmation sur son impression de faire de la légilimancie. 

Des tâches commençaient à apparaître devant ses yeux. Il se sentait tomber dans un nuage de coton, de plus en plus profondément, sans qu’il ne puisse ni n’ai l’envie de se débattre. La lutte était finie. 

Il devait tenir pourtant…

Il se sentit partir quand une poigne bien plus ferme se referma sur son épaule blessée. Mais même la douleur ne parvint pas à lui faire rouvrir les yeux, pas plus que la voix de cet homme qu’il avait détesté toute sa vie l’appeler par son nom. 

Il avait depuis longtemps lâché prise et s’abandonnait à l’obscurité. 

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Tom était assis dans un fauteuil délabré, un vieux livre moldu ouvert sur ses genoux. Il veillait sur Potter. Il avait pris un peu de temps à soigner sa plaie et n’avait pas totalement réussi. Mais au moins elle était saine et bien bandée. Cela faisait trois jours qu’il était inconscient et ne montrait aucun signe de réveil. Au moins, le mage noir le savait stable. 

— Comment va-t-il ? 

Il tourna la tête et vit sa mère approcher avec une cruche et un verre d’eau. Ils avaient trouvé refuge dans une maison de Silent Hill, la demeure de la mère d’Alessa. Sombre, décrépi, sale, mais au moins ils avaient un toit au-dessus de leur tête. Et ils ne craignaient plus les Ténèbres. A vrai dire, elles n’étaient plus réapparues. Tout n’était plus que cendres et grisailles. 

— Pas d’amélioration. 

Du bruit de métal et d’objets projetés au sol vinrent de la pièce d’à côté. Cela faisait un moment que cela durait. C’était un brin horripilant mais Tom ne jugeait pas cela trop étonnant après tout ce qu’il venait de vivre. 

— Comment cela se passe à côté ? demanda-t-il. 

— Alessa passe un peu de temps avec sa mère mais…

Mérope soupira et vint s’asseoir sur une chaise en bois un peu bancale juste à côté de lui. Elle posa sa main sur le bras de son fils. Tom sursauta, peu habitué aux contacts humains du genre. Il écarta lentement son bras. Sa mère le laissa faire, un rictus amusé sur le visage. Il nota toutefois une once de tristesse et d’acceptation.  

— Mais ? répéta-t-il. 

— Mais la séparation et la rancune ont détruit la relation qu’elles avaient. S’il n’y avait pas eu le cerf…

— Le patronus.

— Le patronus de ton jeune ami, reprit Mérope, je ne suis même pas sûre qu’elle aurait survécu. Alessa est parfois d’humeur très changeante. 

— C’est un obscurial. C’est tout à fait normal. 

— Je l’ignore, Tom. 

— Cela fait partie de l’histoire qu’on nous enseigne à l’école, révéla-t-il en soupirant. Il ne faut pas les contrarier ou c’est… l’apocalypse. 

— Tu en sais beaucoup, remarqua-t-elle. 

— Ce type est un vrai rat de bibliothèque, maugréa une voix faible et rauque. 

Tom tourna la tête. Le regard vert était épuisé mais la lueur qui y brillait rassura le mage noir. 

— Toi, petit gryffondor écervelé, je t’enferme dans un cachot et tu n’en sortiras plus jamais ! annonça-t-il d’une voix ferme. 

Potter releva un sourcil avant de se redresser avec difficulté. Une grimace déforma ses traits. Mérope tendit un verre d’eau au garçon. Il but lentement. 

— Tu te sens comment ? 

— Comme si je venais de me faire piétiner par un hippogriffe. 

Il but encore une gorgée avant de reprendre.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? 

— Tu t’es fait poignarder. Tu t’es évanoui à cause de la perte de sang et tu as ouvert la porte de l’église à l’obscurus. C’est fini. 

— C’est… cool. Je suppose. 

— Cool ? répéta Mérope sans comprendre. 

— Une expression des jeunes d’aujourd’hui pour exprimer que quelque chose est bien, expliqua Tom. 

— Il y a quelque chose à manger ? demanda ensuite Potter. Une tranche de fruit, une demi-boite de conserve ou un quignon de pain. N’importe quoi, j’ai la dalle. 

Un gargouillement confirma ses paroles. Tom ne put empêcher un ricanement et sortit une pomme de sa poche. 

— C’est la dernière, dit-il en la lui lançant. Profite. 

Le gryffondor ramassa la pomme. Il murmura un remerciement avant de croquer dedans. Des pas firent craquer ce qu’il restait encore du parquet. La moldue arriva dans la pièce. 

— Alessa souhaite vous parler. 

Mérope se leva. 

— Non. Seulement votre fils. 

Tom fronça les sourcils. Il échangea un regard avec sa mère avant de se lever. Curieux, il se rendit dans la chambre où Alessa se reposait. La moldue ne rentra pas avec lui. 

A l’intérieur, le mage noir ne découvrit une pièce tout aussi délabrée que celle qu’il venait de quitter. Au détail près que la décoration faisait penser à une chambre d’enfant. La chambre d’Alessa. 

Son obscurus était là. Mais personne d’autres. Pas de vieille née-moldue brûlée, pas de ténèbres, rien. Juste cette petite fille sale qui l’observait avec son sourire étrange. 

— Que veux-tu ? 

— Le cauchemar est fini, répondit-elle. Il est temps de partir.

— Où souhaitez-vous aller ? s’enquit le mage noir par politesse. 

Son sourire se crispa quelques instants. 

— Ce n’est pas le où qui importe mais le comment ? 

Tom releva un sourcil. 

— Comment ? demanda-t-il. 

— Alessa n’a jamais cessé de souffrir depuis le bûcher. Encore maintenant, je le sens à travers elle. A travers moi. Cela ne cessera jamais. 

— Des potions anti-douleurs peuvent atténuer cela, de ce que j’en sais, répliqua le mage noir. Je connais un homme qui pourrait lui en fournir d’excellente qualité. 

L’obscurus secoua la tête. 

— Trop de temps s’est écoulé. Il est temps que le rideau de cendres s’écarte pour amener le soleil. Et tu peux l’apporter. 

Tom releva un sourcil. 

— Ce n’est pas mon genre. Je ne suis pas un samaritain.

Le démon s’approcha de Tom. 

— Tu es le seul à pouvoir offrir ce qu’elle demande. La mort.

Tom la regarda quelques secondes avant d’approcher. Il posa un genou à terre pour se mettre au même niveau que l’obscurus. Il comprenait la demande. Pourtant, pour la première fois depuis très longtemps, les mots qu’il s’apprêtait à prononcer lui semblaient bien lourds dans sa bouche, dans son coeur et sa conscience. Quelle ironie pour le mage noir et le meurtrier qu’il était devenu. Ôter une vie lui donnait pour la première fois la nausée. 

Il inspira profondément et posa une main sur sa frêle épaule avec bien plus de douceur qu’il n’en avait jamais démontré de toute sa vie. 

— Il faut que je vois Alessa pour le lui accorder, articula-t-il au bout d’une minute. 

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Harry descendait la longue route menant à l’extérieur de Silent Hill. Il s’arrêta soudain en bordure de route quand le soleil se leva. Il fut satisfait des rayons chauds sur sa peau. 

Il sourit. 

Il se retourna. 

Voldemort et Mérope marchaient quelques pas derrière lui. Tout était fini. Le cauchemar s’en était allé. Ils étaient libres. 

— Et maintenant ? demanda-t-il. 

Le mage noir le fixa un instant, le visage impassible. 

— Tu peux partir, Potter.

— Vous me laisseriez partir ? Et la prophétie. 

— Je ne te tuerai jamais. Tu es une partie de moi. Tu peux partir. Tu es libre. Tout comme moi. 

— Vous ne reprendrez pas la guerre ? 

— Je ne me battais que parce que je voyais des horreurs et je pensais que d’autres enfants pouvaient en voir tout autant. C’est fini désormais. 

Harry se rapprocha des deux sorciers. 

— Alors ? reprit Voldemort. Veux-tu que je t’aide à rentrer en Angleterre avant de reprendre ta route. 

— Je n’en sais rien. Je dois avouer ne pas vraiment avoir envie de rentrer. Personne ne me croira et… je ne pense pas que je pourrais rentrer dans ces conditions alors que tout le monde attend de moi de me battre contre vous. Et si vous arrêtez de vous battre…

Le mage noir releva un sourcil. 

— Que vas-tu faire alors ? 

— Est-ce que je peux rester ? 

La surprise se lut sur le visage du plus âgé. Il échangea un regard avec sa mère avant de porter son attention sur l’horizon. Il fit durer le silence, cherchant quelque chose à dire. Il ne devait sans doute pas s’attendre à cette réponse de la part du gryffondor. 

Il se rapprocha du bord de la route. Harry vit Mérope se rapprocher également et ils observèrent tous les trois le lever du soleil. 

— Très bien, répondit le mage noir au bout d’un moment. Reste… Harry. 

— Merci… Tom. 

Il y eut un silence un peu plus apaisé que le précédent. 

— Du coup… où est-ce qu’on va ? demanda ensuite le jeune homme. 

— On recommence. Où veux-tu aller ? 

— Pas en Angleterre. Pas tout de suite. Et tant qu’on ne retourne pas dans une autre de ces villes construites sur un cimetière indien, je suis près à aller n’importe où. 

— Alors nous irons partout. 

Ils observèrent encore une heure le soleil se lever dans le ciel avant de reprendre leur route et quitter ce lieu bien trop chargé en malheur. 

Ensemble.

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