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Sirrha
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Les soirées annoncent les débuts des rencontres, des retrouvailles, qu’importe les royaumes et les mondes dans lesquels nous puissions vivre. Ce soir ne fait pas exception alors que la taverne ne fait que se remplir. Je navigue entre les tables aux clients qui conversent ou paris des sommes d'argent durement gagné au travail. J’évite une aile, enjambe une appendice traînant mollement au sol, je me stoppe juste avant de recevoir un coup de coude ; le tout sans verser une seule goutte des breuvages qui attendent d’être servis à un groupe de militaire.

Ces derniers discutent sans prêter la moindre attention à quiconque sauf… lui. Il est le seul à toujours observer ce qu’il se passe dans la salle. Je ne le vois pas beaucoup parler avec ses camarades de fortunes, comme si les sujets de conversations le dépassent ou ne lui sont pas intéressants. Je suis curieuse à son sujet. Je n’y peux rien, il m’intrigue avec une grande force, un magnétisme qui attire mon regard.

A chaque début de mon service, je me pose toujours la même question, sera-t-il présent encore une fois ? Il trouve toujours la force de rester la nuit durant, si bien que je me demande quand est-ce qu’il trouve le temps de se reposer. Je doute qu’il puisse réellement se reposer dans la taverne, même si elle est ouverte la nuit durant et que ça se calme vers le milieu de cette dernière.

Je dépose les chopes devant eux sans qu’ils ne prêtent attention à moi. Ils sont plus intéressés par une blague d’un nain qui les a rejoint. Sentant le regard de l’homme sur moi, je tourne mon regard vers lui. Mes prunelles rencontrent le vert sapin des siennes, je sens comme une électricité entre nous. Je détourne le visage, m’éloignant d’un pas rapide. Ce n’est pas la première fois que cela arrive et je me sens toujours aussi gêné. Les joues chaudes, je me cache derrière le comptoir. C’est très vite que de nouveaux clients arrivent. Je n’ai pas le temps de penser aux yeux que j’ai croisés.

Je prends les commandes, les donne aux cuisines pendant que je sers les boissons. Tout s’enchaîne très vite, même le coup de point qui envoie voler une harpie sur la table. Passant devant moi, mon plateau vole en même temps, terminant son chemin sur le sol pour répandre les diverses boissons.

Je peste alors que je m’accroupie pour ramasser les couverts et éponger un minimum. Je ne m’occupe même plus des bagarres qui ont lieu dans la taverne à force. C’est tous les jours la même chose et je n’ai ni les pouvoirs, ni les capacités physique ou même la force mentale pour stopper tout ça. Je l’ai très vite compris. La seule chose que je puisse faire c’est espérer que les militaires se dépêchent pour les stopper et préparer un seau d’eau pour arrêter un début d’incendie.

La harpie se relève, prête à répliquer contre l’orc qui l’a envoyé valser. Le résultat est clair, l’orc a une plus grande force et ne peux que gagner face à l’espèce de chauve-souris bruyante qui hurle dans toute la taverne. Les autres clients se mettent déjà à parier, à acclamer les combattantes tout en formant un cercle autour d’elles. Je déteste ce genre de comportement et je ne peux rien faire. La patronne aime ce genre de chose, disant que ça met de l’animation et que les clients se sentent assez à l’aise, que c’est familial. J’ai plutôt l’impression d’être sur un champ de bataille ou une arène.

Une chaise se met à voler, se fracassant contre le mur. Je soupire rien qu’à la pensée de devoir nettoyer tout ça dès qu’il y aura un peu moins de monde. Retournant au comptoir, je me fais bousculer par le nain qui part pour se frayer un chemin dans la foule. La petite taille ne l’aide pas à voir le combat, pauvre petit.

Je me retourne, donc enfin hors, c’est un torse que je rencontre. Les verres tombent de nouveau au sol, le plateau restant entre moi et l’individu. Le nez douloureux, je pousse un léger gémissement de douleur. Je relève alors la tête pour voir qui s’est mis sur mon chemin et c’est là que je rencontre une nouvelle fois les yeux du soldat. Je rougis de nouveau alors que sa main se pose sur mon bras. Je la regarde un court instant, perturbé. J’ai l’impression de ressentir un courant électrique me traverser de part en part, de parcourir mon échine, provoquant des frissons qui fourmillent sur ma peau.

— Vous allez bien ?

— Oui, tout va bien.

— Vous devriez retourner derrière le comptoir. Nous allons les arrêter avant qu’elles ne détruisent la taverne.

Je hoche la tête alors qu’il passe à côté de moi. Les frissons ne me quittent pas alors que je l’observe s’avancer, ses muscles roulant sous sa tenue en cuir. J’inspire d’un seul coup, me rendant compte que mon souffle s’était bloqué au moment où je me suis rendue compte que je m’étais cognée contre son corps. Je papillonne des cils pour remettre mes idées en ordre.

Qu’est-ce qu’il m’arrive bon sang ! Je secoue la tête et retourne à mon travail. Le combat sera bientôt fini et les commandes vont de nouveau arriver. Il est hors de question que les clients soient mal servis à cause d’une déconcentration passagère.

Le combat stoppé, les deux clientes se sont fait embarquer par les soldats. Un manque à gagner étant donné qu’ils sont tous partie sans payer leur consommation. Fatiguée, je me met à ranger alors que les conversations reprennent comme s’il ne s’était rien passé. Le nettoyage ainsi que les commandes se succèdent sans me laisser un instant de répit. Dès que le flux de clients commence à se calmer, la Lune est déjà bien haute dans le ciel.

Ayant enfin la possibilité de faire une pause, je préviens ma collègue. A l’extérieur, l’air frais est chargé d’humidité tandis que la terre répandait son odeur de pré-pluie. Cette odeur m'apaise alors j’en profite pour humer cette dernière à plein poumon. Les yeux fermés, je profite de la légère brise qui caresse mon visage.

Je me demande s’il va revenir. Si je vais le revoir. Il a tendance à revenir lorsque ça arrive, hors, cette fois-ci, il met tant de temps que je commence à désespéré. Ça m’étonne d’être ainsi sachant que je ne le connais pas, que nous n’avons même jamais parlé, et en même temps… Il est si attirant que je ne peux m’en empêcher.

Comme à l’accoutumé, j’étends mes ailes pour les détendre un peu. A force de les garder fermés, elles me sont douloureuses, bloquées dans une même position. Si seulement j’avais pu trouver un travail tranquille où je pourrais les utiliser un peu plus souvent, j’en serais la plus heureuse.

Les rayons de lune se reflètent à travers leurs membranes, jetant une douce lumière nacrée sur les murs en bois de l’établissement. J’en souris d’amusements, c’est si joli ! Je me mets alors à rire doucement pour ma propre personne.

— Qu’est-ce qui vous met autant en liesse ?

Je me retourne sur le coup de la surprise. Dans le geste, je marche sur un des pieds de chaises que j’ai jeté, glissant et perdant l’équilibre.

Aussi rapide qu’agile, l’homme passa son bras autour de ma taille et me rattrapa bien avant que je n’atterisse contre le mur. Mon souffle coupé par la peur, je plaque ma main sur ma poitrine alors qu’il m’aide à me recouvrer mon équilibre.

— Je suis navré. Je ne voulais pas vous effrayer.

— Ce n’est pas vous. J’ai manqué de vigilance. J’ai mis les débris ici, c’est de ma faute.

— La faute revient à la harpie et l’orcesse qui se sont battus.

Son air catégorique m’empêche de rajouter quoi que ce soit.

Nous nous regardons un instant, un court mais intense à la fois qui fait battre mon cœur encore plus intensément. Il passe une main dans sa nuque, comme s’il était gêné. Aussi, je détourne le regard alors que mes doigts se triturent. Je suis tout aussi mal à l’aise que lui si ce n’est plus. C’est si mal poli de dévisager ainsi une personne, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un client régulier.

— J-je devrais y retourner. Ma collègue m’attends, bredouillé-je.

— Oui, bien-sûr, je ne voudrais pas vous empêcher de travailler.

Je m’avance vers la porte, jetant un dernier regard vers lui. Il observe la rue en contrebas alors qu’elle est vide de toute vie. Juste avant que je ne passe définitivement la porte, il tourne la tête vers moi. Il m’offre alors un léger sourire.

La porte passée, je m’attendais à le voir entrer dans l’échoppe à ma suite, sans succès. Pourtant, je me dois de rester concentrer sur mes tâches. De nouveaux clients entrent, notamment un groupe de vampires à l’allure noble et hautaine. C’est assez rare de les voir ici, surtout qu’ils sont toujours désagréables. Je n'ai pas besoin de prendre leur commande pour savoir ce qu’ils désirent. C’est une des choses que j’ai apprises en arrivant ici. Les vampires détestent qu’on leur demande. Ils ne disent qu’une seule fois ce qu’ils désirent lorsque c’est une nouvelle tête. A nous de nous en souvenir pour le mois suivant.

Je dépose les verres de sang sur leur table, silencieuse. Une main glisse sur ma hanche, me procurant un frisson de dégoût. Malgré tout, je fais en sorte que mon visage ne montre rien. Lorsque mes yeux rencontrent ceux du vampire m’ayant touché, je vois un grain de malice apparaître dans ses yeux et sur ses lèvres.

— Vous ne voudriez pas m’offrir un peu de vous ce soir ?

— Navré, monsieur. C’est contraire au règlement de l’établissement.

— Alors après ton service dans ce cas là.

— Il fera jour.

— Tu me rejoindra chez moi.

Alors que j’allais pour donner une nouvelle excuse de refus, un bras me tire en arrière, loin du regard et de la main baladeuse de l’homme plein d’entrain. Ce dos, je le reconnais, c’est celui du soldat. Je me sens flattée qu’il soit venu à ma rescousse une seconde fois cette nuit. C’est bien la première fois que quelqu’un le fait depuis que je travaille ici.

— Elle a dit non.

— De quoi tu te mêles, l’humain !

— Vous êtes en train de perturber la tranquillité de l’établissement. Si vous ne voulez pas que je vous arrête, vous feriez mieux de vous occuper de votre consommation et arrêter d’importuner les serveuses.

— Tu penses que je vais avoir peur de toi ?

Le vampire se lève. Il fait bien une tête de plus que le soldat. Malgré cela, son intrépidité ne le laisse pas quitter ses positions. Je le trouve même courageux en plus d’être chanceuse de sa présence.

Les deux hommes se jaugent du regard, se défiant en silence et immobile. Finalement, sans comprendre pourquoi, je vois le vampire avoir un tic au niveau du sourcil. Il perd instantanément son assurance.

— Très bien. Tu as gagné pour cette fois mais tu ne seras pas toujours là !

L’assurance lui manque, me faisant sourire derrière le plateau que je tiens devant mon visage. C’est si plaisant de voir un client être remis à sa place. Par chance, ce n’est pas moi qui l'ai fait, je ne risque donc pas de remontrance par la patronne. Je fais un pas en arrière lorsque le soldat se tourne vers moi. Son visage aux traits durcis se détendent dès qu’il me voit.

— Merci.

— Je n’allais pas les laisser se comporter ainsi avec vous. Je risquerais de ne plus vous voir si vous décidiez de partir à cause d’eux.

Je rougis alors qu’il s’éloigne pour se rasseoir à la table où il était en début de soirée. Je mets quelques secondes avant de me libérer de ma léthargie pour rejoindre ma collègue et préparer sa commande habituelle, un hydromel particulièrement fort.

— C’était quoi ça ? s’exclame Saphielle. Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

— Juste qu’il ne pouvait pas les laisser se comporter de la sorte. Et…

J’hésite pour lui dire le reste. Pour autant, nous discutons tellement ensemble de tout et de rien que je ne peux m’empêcher de rester plus silencieuse.

— Qu’il n’aimerait pas ne plus me voir.

Elle sautille sur place comme une jeune amoureuse alors que je tente de la stopper. Tous les regards se sont tournés vers nous avec ses bêtises d’adolescentes. Hors, je n’ai aucune envie que quiconque ouïsse notre conversation.

— Chut ! Baisse d’un ton, Sasa !

— Je suis certaine qu’il en pince pour toi. A chaque fois que je le vois, il te regarde.

— Ne dis pas n’importe quoi, dis-je en levant les yeux au ciel.

Alors qu’elle rigole, je m’éloigne d’elle avec la chope d’hydromel. Elle raconte n’importe quoi. Il ne m’observe pas, du moins, je ne l’ai jamais vu m’observer. D’ailleurs, pourquoi le ferait-il ? Ça n’a aucun sens.

Pourtant, maintenant que je m’approche de lui avec sa consommation, mon coeur se met à palpiter alors que nos regards se croisent. Il rate même un battement lorsqu’un sourire vient orner ses lèvres. Ça lui va si bien.

Je dépose le verre sur la table devant lui en tentant d’ignorer son regard, en vain. J'ai fini par le rencontrer une nouvelle fois. Il est attractif et j’ai du mal à m’en défaire. Même s’il y a moins de clients, je dois rester vigilante pour eux et je ne peux rester plus longtemps à sa table. Pourtant, l’envie de lui tenir compagnie me donne bien plus envie que de m’occuper des commandes et du nettoyage.

— A quelle heure finissez-vous votre service ?

— Je… je finis dans 2 heures.

— Me permettez-vous de vous attendre ?

Je suis toute gênée par sa demande. D’un autre côté, je suis intriguée. Pourquoi veut-il m’attendre ? L’espoir est trop grand pour moi et peut-être utopique. Ça n’a aucun sens qu’il veuille quoi que ce soit alors que nous ne faisons que parler depuis cette nuit. Nous ne nous sommes pas adressés un mot depuis mon premier jour à la taverne.

— S-si vous voulez.

Son sourire s’agrandit au moment où j’accepte. Ne pouvant supporter plus, je fuis vers Saphielle qui me regarde tout ouïe. Elle a bien remarqué que nous avions discuté. Cette curieuse d’elfe est irrécupérable. Grande amatrice des potions et des commérages, elle ne va certainement pas me laisser tranquille sans que je ne lui raconte ce que nous nous sommes dit.

— Ne me regarde pas comme ça.

— Je ne te regarde pas.

— Bien sûr que si, et je sais ce que tu cherches.

— Vraiment ? joue-t-elle les innocentes.

— Il m’attend à la fin de mon service.

La joie de ma collègue est si visible qu’on pourrait penser qu’elle allait exploser. Durant tout le reste de notre service, Sasa ne fait qu’émettre des hypothèses sur la raison de l’attente du soldat. Pour ma part, je préfère ne faire aucune supposition. Être déçu serait bien pire je pense.

Avant que je ne quitte la taverne, je jette un coup d'œil en direction de la table mais l’homme est déjà parti. Je ne l’ai même pas vu quitter l’établissement. Je me demande bien quand il a pu partir. Je m’empresse de terminer de nettoyer les tables avant le service suivant. Par chance, mes collègues arrivent rapidement pour prendre ma place. Sasa m’envoie un clin d'œil complice et d’encouragement.

Dehors, les premiers rayons du soleil effleurent mon visage avec une grande douceur. Je ferme les yeux pour en profiter le plus possible. Lorsque je les rouvre, je tombe nez à nez avec une rose. L’odeur de cette dernière enivre mes narines. Elle sent incroyablement bon, c’est si agréable !

Je lève un peu plus les yeux pour rencontrer le soldat qui me sourit.

— Amelia, puis-je vous inviter pour un petit déjeuner ?

Mes lèvres s’étirent. J’accepte la rose que je pose sur ma poitrine. J’accepte l’invitation. Peut-être que Saphielle a raison et que je l’intéresse. Marchant côte à côte dans la rue, je ne peux empêcher ma curiosité de lui poser une question.

— Alors je vous intéresse ?

— Depuis le premier jour, me glisse-t-il à l’oreille.

Mon coeur se gonfle de joie. Son intérêt me flatte et si j’avais le courage, je lui ferais par du miens. Hors, je n’ai pas autant de courage que ce séduisant soldat dont j’apprends le nom qu’un peu plus tard. Il me tarde déjà d’arriver à mon prochain service pour voir Kalion.

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2 Comments

Merci Sirrah pour cette participation!! J'ai adoré cette histoire fantasy sur fond de romance militaire!
De plus, le présent à été très bien respecté, ce qui rend plus palpable le récit ;)
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10 days
Merci beaucoup et merci pour le défi. C’était sympa à faire ^^
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