“Mon doux et tendre Andrew,

Je désire chaque matin en me tournant vers la présence dans mon lit, trouver tes douces boucles auburn que je me plairais à caresser. J’adorerais à ton réveil, chaque jour me perdre dans la forêt de ton regard. J’aimerais tant embrasser tes lèvres que je t’imagine apposer sur les miennes, te serrer contre moi, et caresser ta peau bronzée. Partager avec toi quotidiennement des moments tendres, doux, joyeux, ou même tristes mais hélas… Aujourd'hui je suis enchaîné par un mariage que je n’ai pas choisi, forcé par la main du patriarche des miens, à une femme de qui j’ignore les desseins.

Je désire dans la nuit, au plus profond de mon cœur, que nos deux corps se mêlent, que tes doigts se perdent dans mes cheveux, sur mon torse, avec légèreté. Ne plus sentir sur moi ce parfum cher de mon épouse, préférant mille fois ton odeur boisée, caramélisée, que j’adorais déjà lorsque nous jouions tels les enfants que nous étions. Cette période est bien loin à présent mais dans mes rêves je me rappelle… J’appelle chaque nuit ton nom, réveillant la demoiselle qui doute à mes côtés, pensant à tort que je compte la tromper. J’en suis bien incapable, malgré tout l’amour que j’éprouve à ton égard, jamais je ne pourrais ainsi la blesser. Elle est tout aussi prisonnière de cette relation, qui comme pour moi n’était pas désirée. Alors je chasse au matin les pensées t’étant destinées malgré mon coeur qui ne cesse de saigner et je l’ouvre doucement à cette femme qui m’a été imposée.

Je désire parfois m’en séparer pour pouvoir chaque soir à tes côtés me retrouver mais au fur et à mesure que je parle avec elle, je sombre dans ses yeux qui m'ensorcellent sans pourtant oublier les tiens. Ceux que j’aime toujours dans le royaume de Morphée aux confins de son royaume qui m’emporte à chaque levé de lune. Ceux que je chérirais toute ma vie même si nous devions à jamais ne demeurer qu’amis, bien que cela me blesse chaque fois un peu plus… Je suis à présent un homme enchaîné par deux fois. La première représente mon amour pour toi. La seconde mon mariage qui me lie à cette femme à laquelle je me dois d’être fidèle. Balançant entre les deux je me demande parfois ce que ma vie aurait été si j’avais eu le choix et le droit de me marier avec toi. J’aurais sans doute été heureux de voir ton visage sans m’en lasser, mais Destinée nous a poussés dans des chemins opposés. Peut-être qu’un jour la déesse entendra la prière de nos cœurs. Qui sait ? Peut-être qu’un jour nous ne porterons plus notre douleur chacun dans sa demeure. Peut-être que ce jour viendra où le même toit nous couvrira et je pourrais chaque nuit m’endormir près de toi.

A toi mon amour, Aaron”