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AelaMorrigan
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J-7 :

On crève de chaud. Je suis affalée sur le canapé, la télévision fait défiler les images aléatoirement alors que le trou du cul qui me sert de petit-ami zappe à l’infini.

Et alors qu’il change encore et encore de chaîne le programme reste le même. Je chope la télécommande et je monte le son.

«… c’est pourquoi, j’ai le regret de vous annoncer que malgré toutes les tentatives mises en œuvre. L’astéroïde qui se dirige droit sur la Terre n’a pas pu être dévié. Prenez soin de vos proches, passez vos derniers instants à les chérir, il ne nous reste plus que sept jours. »

J’éteins la télé. Je fixe l’écran devenu noir.

— Hé, râle Nathan, j’étais en train d’écouter, bordel.

— De toute façon, on va crever, autant faire autre chose que de regarder un écran, non ?

Il se redresse dans les coussins du canapé. Me scrute de bas en haut.

— C’est une façon déguisée de me demander un truc, Lina ?

Je plisse les yeux, un sourire en coin. Je m’approche lentement de lui, ma main portée à sa joue pour lui faire une caresse douce. Je me colle contre lui, presse ma poitrine contre son torse.

Je sens son cœur battre plus fort, sa respiration s’accélérer. Alors, je souffle à son oreille d’une voix douce, mielleuse :

— Je veux que tu me fasses quelque chose de bien précis.

Il déglutit, ses mains viennent se poser sur mes hanches, mais je poursuis :

— Je veux… des gaufres.

Et je me redresse d’un coup. Je croise son regard perdu, et ça me fait marrer.

— Aller, au boulot, balancé-je en me retenant de rire.

— Putain, t’es sérieuse ?

Je hausse les épaules, nonchalante, tout sauf innocente. Il souffle longuement, et pendant un instant, je crois vraiment qu’il va me faire des gaufres.

Mais il se lève, face au canapé, face à moi. Il me chope par la taille, me soulève comme si j’étais une plume, et me balance sur son épaule.

— Hé, repose-moi ! râlé-je en tapant du poing mollement dans son dos.

— Pas tant que je t’aurais pas transformé en gaufre, dit-il en claquant une main sur ma cuisse.

Je sursaute un peu, mais je laisse rapidement un large sourire s’étendre sur mes lèvres.

Il me balance sans ménagement sur le lit. Je rebondis un peu, avant de gueuler.

— Fait gaffe, tu vas le péter.

— J’en ai rien à foutre, lâche-t-il en retirant son tee-shirt. De toute façon, on va crever.

Et il me saute dessus, littéralement. Je crie, je râle, je fais semblant de me débattre alors qu’il dépose des baisers dans le creux de mon cou.

Je me mords la lèvre, retenant un soupir. Et il me prend. Encore et encore. Jusqu’à ce que je n’aie plus assez de voix pour supplier qu’il arrête, ou qu’il continue. Je ne sais même plus.


J-6 :

Je me réveille avec une douce odeur dans les narines. Je me redresse difficilement dans les draps en vrac. Mes jambes tirent encore de la veille.

J’enfile un tee-shirt trop grand pour moi, pas le mien. Et je me traîne jusqu’à la cuisine. Il est là debout, juste un pantalon pour cacher son cul, une spatule à la main, l’air concentré.

— Qu’est-ce que tu fous ? Marmonné-je en me frottant les yeux.

Il lève les yeux, un sourire en coin.

— Tu voulais des gaufres, non ?

— T’es con…

Mais je chope quand même la gaufre qu’il sort tout juste de l’appareil. Et je croque dedans. C’est chaud. Ça croustille. Le paradis avant la fin du monde.

On se retrouve à bouffer sur le canapé, comme si c’était une journée normale.

— T’as envie de faire quelque chose ? Demande-t-il le regard perdu sur l’écran de télévision éteint.

Je fige une seconde, la bouche pleine. « Prenez soin de vos proches », qu’ils ont dit. Mais moi, je n’ai plus personne depuis longtemps. Alors je me contente de hausser les épaules avant de lui retourner la question.

— J’ai personne non plus, bredouille-t-il.

— Parfait, comme ça on manquera à personne.

Il souffle du nez, secoue doucement la tête.

Un bruit sourd résonne dans la rue. Je me lève difficilement, j’ouvre la fenêtre et je regarde en contrebas. Un gars cagoulé porte un carton de télé en courant. Je fronce les sourcils.

— Tu crois que la fin du monde, ça rend les gens cons ? Soufflé-je en suivant le gars du regard avant qu’il disparaisse dans une rue perpendiculaire.

Nathan arque un sourcil.

— Ils ont pas besoin d’une excuse pour l’être.

Il se lève d’un bond, enlève les miettes qui sont tombées sur son tee-shirt.

— Aller, ramène-toi, balance-t-il en attrapant son porte-feuille dans l’entrée. On va faire les courses, ce serait con de crever de faim avant que la météorite nous butte.

— T’as raison, je préfère crever le ventre plein.

On se marre comme des idiots, mais on descend les escaliers côte à côte.

Les rues sont désertes. Je crois que je n’ai jamais vu une ville aussi déserte. La supérette n’est pas loin, quelques minutes à pieds seulement.

Mais ça nous suffit pour voir les changements. Pendant qu’on était trop occuper à faire des galipettes, ou à bouffer des gaufres, d’autres faisaient cramer des voitures, dévalisaient des magasins…

La porte du magasin est ouverte, brisée. Du verre éparpillé au sol. Sérieusement, c’est quoi l’intérêt de venir casser une boutique alors que tu peux dépenser ton argent sans penser à demain. Littéralement.

On entre quand même, une petite pancarte trône sur le comptoir, écrite à la main : « Servez-vous, payez si vous voulez, je m’en fous ».

Je souris. Je sors un feutre que je garde toujours sur moi. Et je gribouille un cœur dans un coin. Nathan lâche un soupir, mais je vois son sourire.

On récupère ce qu’on à besoin pour finir la semaine. Pas besoin de plus, ce serait du gâchis. Quoi que.

On sort, les sacs plein, lourds. Et je me fige d’un coup. Nathan fait deux pas, puis se retourne, paumé.

— Faut absolument qu’on se matte une dernière fois Zombieland.

— Et Z-Nation ? Propose-t-il avec un léger sourire.

— Putain, ouais. On va peut-être crever, mais on le fera heureux !


J-5 :

On n’a pas dormi de la nuit. On s’est enfilé autant de pizza que de films de zombie. Et maintenant, on est K.O. Mais on s’en fout, on n’a pas besoin d’aller bosser.

Je me suis blottit contre lui, ma tête posée sur ses cuisses. Il me caresse les cheveux doucement. Je crois que je vais m’endormir alors qu’il est presque midi.

Et je le sens. Il lâche un long soupir, sa main s’arrête une seconde dans mes cheveux. Je lève les yeux vers lui. Il détourne instantanément la tête. Mais, à sa respiration, son souffle haché, je le sais, il est pas loin du bord.

— Tu pleures pour quoi ? Soufflé-je d’une voix basse.

— Je chiale pas, grogne-t-il en reniflant.

Je me positionne un peu mieux contre lui, pour lui faire face. Je pose ma main contre son torse, doucement.

— D’accord, mais tu peux me dire pourquoi tu chiales pas alors ?

Il souffle du nez, j’ai réussi à lui décrocher un sourire. Petit. Faible. Mais là.

— Je me disais juste… tu vas me manquer, avoue-t-il à voix basse.

Je fige un instant. Les larmes montent à leur tour derrière mes yeux. J’enfouis ma tête contre lui, le serre. Fort. Et on reste comme ça. Je ne sais pas combien de temps. Mais on reste là.

J-4 :

On a séché nos larmes, parce qu’on est pas des sentimentaux, nous. On est fort, on est brutes. Enfin, je crois…

Puis, alors que je râle pour absolument bouffer des crevettes, je sens mon portable vibrer dans ma poche.

Je fronce les sourcils. Parce que, faut pas se mentir, je l’utilise seulement pour jouer à des jeux à la con, et pour les appels du boulot. Et franchement, le boulot peut bien aller se faire foutre.

Mais ma curiosité gagne le combat contre la flemme. Je déverrouille l’écran, et je vois un message, d’un numéro que je ne connais pas. Je l’ouvre, et je bug.

« Je sais que cela doit être étrange pour toi, mais je voulais te contacter avant que tout ne finisse. Je suis celle qui t’as mise au monde. J’aimerais pouvoir te rencontrer, juste une fois. »

Je fige tellement longtemps que Nathan a le temps de s’approcher. Et en voyant que je ne réagis pas, il prend mon portable pour lire à son tour.

Je lève les yeux vers lui. Un rire sans joie m’échappe, sec, faux.

— C’est une blague, hein ? Bredouillé-je la voix tremblante. C’est pas possible, pas vrai ?

Il hésite, hausse les épaules. Il m’attrape par les hanches, me plaque contre lui.

— Si tu veux aller la voir, je serais là pour toi. Sauf si tu veux pas de moi bien sûr.

Je tombe sur le canapé, désorientée. Cette femme, je ne l’ai jamais vu de ma vie. Elle m’a abandonnée à la naissance, et maintenant, quatre jours avant la fin, elle veut me voir. Sérieusement ?

Je retourne l’information dans tout les sens. Et putain, je ne sais même pas si j’ai envie ou non de la voir. Je ne sais rien d’elle. Et elle ne sait rien de moi.

Mais si je ne la rencontre pas, j’aurai peut-être des regrets, et c’est hors de question de crever avec ça. Je préfère autant le faire avec de la déception.

Alors je lui réponds. J’organise notre rencontre. Demain.


J-3 :

Je me suis préparée, comme une conne. J’ai changé cinq fois de tenue. Pour une raison obscure. J’ai recommencé mon maquillage trois fois. Alors que, putain, je déteste me maquiller.

Et quand on toque à la porte, je reste figée, incapable de bouger. C’est Nathan qui ouvre. Elle entre, après qu’il l’a invitée. Je m’attendais à une grande connasse. Du genre qui se la pète, qui veut juste se donner bonne conscience avant de crever comme tout le monde. Mais non.

Elle est là, timide, habillée simplement. Pas de signe de richesse qui explose à la gueule. Pas de revendication. Rien.

— Bonjour, Lina, dit-elle avec un demi sourire en me tendant la main.

Je baisse les yeux sur sa paume ouverte, petite. Trop petite. Mais je la serre. Pas avec la force brute que je voulais y mettre. Juste… normalement.

Nathan ne tarde pas à nous apporter deux tasses de café, puis il s’éclipse, comme je lui avais demandé.

Le silence s’étend lourdement. J’ai trop de questions, elles se bousculent toutes, sans réussir à sortir. Alors elle commence.

— J’imagine que tu m’en veux…

— Sans blague, rétorqué-je en détournant le regard.

Elle baisse les yeux sur le liquide encore brûlant, remue sa cuillère doucement.

— Pourquoi tu voulais me voir ? Finis-je par laisser sortir. Tu voulais voir ce que j’ai réussis à devenir sans une mère pour m’élever avant de crever ?

Elle pince les lèvres. Touchée. Mais pas encore coulée.

— Personne ne t’a rien dit sur moi, hein ?

— Est-ce qu’il y a quelque chose à dire ? A part que tu m’as abandonnée ?

Mon ton est sec, tranchant. Je sens la colère qui monte en moi, plus forte qu’elle n’a jamais été.

— J’ai trente-deux ans, dit-elle simplement en relevant les yeux vers moi.

Je fige. Parce que le calcul n’est pas compliqué. J’ai vingt-trois ans. Elle, trente-deux. Le calcul n’est pas bon. Vraiment pas bon.

— Pourquoi ? Soufflé-je alors que ma gorge se serre malgré moi.

— Je suis sortie de prison il y a deux ans, continue-t-elle. J’y étais parce que je l’ai tué… Ton père. Mon beau-père.

Elle a tenté de dire ça d’une voix neutre, mais je sens le sanglot qui menace. Et bizarrement, je ressens une sorte d’admiration pour elle. Comme si, bien qu’elle n’ait jamais été là, elle avait quand même fait ce qu’il fallait faire.

— Je suis désolée, marmonné-je tout bas. Je… j’aurais pas dû te juger avant de te rencontrer…

Et ces putains de larmes qui menacent, je tente de les ravaler, mais c’est peine perdue.

— Tu as le droit de m’en vouloir, dit-il avec un sourire triste. J’ai commis un crime, j’aurais dû passer par la voie légale…

J’ai envie de lui dire qu’elle a eu raison, que ce bâtard n’a eu que ce qu’il méritait. Mias rien ne sort. Hormis la haine que je lui vouais depuis le premier jour. Tout fond, se dissipe. Et merde, je me met à pleurer, comme une gamine à qui on a retiré une grosse écharde.

Elle se lève doucement, sèche mes larmes. Et je la laisse me prendre dans ses bras. Parce que ce n’est pas une mère que j’ai, c’est une putain de valkyrie.

J-2 :

Elle est repartie ce matin, après le café. On a passé la soirée d’hier à parler d’elle. De son histoire, et honnêtement, j’ai chialé pendant les trois quart du temps. Mais ça valait le coup.

Avant de partir, elle s’est excusée une dernière fois, m’a serrée dans ses bras. Fort. Et j’ai encore pleuré. Mais je ne ressent plus aucune rancune envers elle, plus de haine, plus rien de négatif.

Et la vie doit reprendre son cours comme ça, enfin, ce qu’il en reste. Parce qu’il ne reste que deux jours. C’est tellement court, et en même temps, tellement long.

Alors, on continue de regarder des séries débiles, qui nous font rire comme des abrutis. On bouffe des choses qu’on s’était interdit pour pas grossir. Parce que, honnêtement, j’en ai rien à foutre de faire une tonne quand la météorite va nous éclater la tronche. Faut voir le bon côté des choses, on aura même pas à payer pour des funérailles.

Puis, quand Nathan à vu que j’allais mieux, il m’a choppé en lâchant un :

— C’est l’heure de la séance de sport, chérie.

Bien sûr que j’ai fait semblant de me débattre, de râler, de gueuler aussi fort que j’en avais envie. Mais il sait très bien, il me connaît trop bien cet enfoiré.

J-1 :

Nathan me surprend à remplir une valise. Il s’appuie contre l’encadrement de la porte, un sourcil levé. Il me regarde faire quelques secondes, les bras croisés, avant de briser le silence.

— Qu’est-ce que tu fous ?

Je laisse un sourire s’étaler sur mon visage, espiègle, débile.

— On part en Italie, maintenant.

— Quoi ?

Il décroise les bras, fronce les sourcils. Je vois bien qu’il tente d’intégrer l’information, mais ça a du mal à rentrer. Alors je lui balance une paire de chaussette dans la tronche.

— On avait prévu des vacances à Rome pour le mois prochain. On a un astéroïde qui a décidé de changer les plans, alors je m’adapte.

— T’es complètement folle, ma pauvre.

— Exactement.

Il se marre. Moi, je ferme la valise, mon regard planté dans le sien.

— Prends tes clés, on y va.

— Maintenant ? Hésite-t-il.

— Maintenant.

Et il me suit, le con. On monte en voiture, on fout la musique à fond, direction, un pays dans le même putain d’état qu’ici, mais avec un tour qui a pas attendu la fin du monde pour être penchée.

Les kilomètres défilent, on bouffe comme des porcs, Nathan râle parce que je salis la bagnole.

— Promis, je te la nettoie complètement la semaine prochaine.

Et je m’envoie une autre poignée de chips dans la gueule pendant qu’il soupire en secouant la tête.

La nuit commence à tomber alors qu’on vient à peine de passer la frontière italienne.

On allonge les sièges, et bien sûr, je lui saute dessus, parce qu’il faut tenter des trucs nouveaux, avant que ça soit plus possible.

Jour J :

Je me réveille en ayant mal au dos. Putain, je vais avoir des courbatures jusqu’à la fin de ma vie, c’est con.

Par un réflexe débile, je regarde dans le ciel, je veux voir le gros caillou qui va faire un ricochet sur nos gueules. Et putain, je le vois. Il est pas encore très gros. Enfin, peut-être la taille de la lune, un truc dans le genre.

Nathan me chope par-derrière, mon dos contre son torse. Il me serre contre lui.

— J’ai l’impression que la météorite a peur de toi, chuchote-t-il. Tu devrais essayer de la repousser pour voir.

Je me marre, je me mets en position défensive, en mode, je vais te foutre un coup de poing dans ta tronche. Puis je hausse les épaules en riant.

— J’aurai essayé.

Il me chope le menton, m’embrasse sans prévenir. Et je fonds un peu contre lui. Mais faut pas lui dire, sinon il va prendre la confiance.

On se sépare, je claque ma main contre son torse, et il sait déjà que j’ai une idée à la con derrière la tête.

— Je veux une glace. Je suis sûre qu’on crèvera moins vite si notre température corporelle est plus basse.

— Bien sûr, Einstein, ricane-t-il, comme ça tu vas bien agoniser avant de crever.

Il me balance une claque sur la fesse, je sursaute légèrement, mais je souris.

— Aller, monte, balance-t-il, on va te trouver une putain de glace.

On roule à travers les rues déserte, il fait chaud, trop chaud. Sûrement la météorite, ou le réchauffement climatique. Ou alors ils sont de mèches, ces deux-là. Putain, c’est un complot de la nature, j’en étais sûre !

La voiture freine d’un coup, me faisant sortir de ma connerie intérieure. Nathan me fait signe de la tête. Et putain, on est pas les seuls à vouloir bouffer une glace à la veille de la fin de l’humanité.

Un gars est affairé derrière un stand de crème glacée, une foule autour de lui.

— Putain, grogné-je, j’aurais dû déposer un brevet, je l’aurais appelé « la glace de la fin du monde ». Je suis sûre que ça aurait cartonné.

Nathan sourit, et on sort. Etrangement, les gens semblent en paix, pas de débordement à l’horizon, pas de bagarre, pas de voiture en feu non plus. Juste des gens qui profitent une dernière fois.

On récupère nos glaces. La fraîcheur tranchant avec la chaleur ambiante. Et putain que c’est bon.

— Je crois que je peux crever heureuse, balancé-je en m’affalant dans la voiture.

Je me suis posée à la place passager, les jambes à l’extérieur, pour tenter de prendre l’air. Nathan vient se poster devant moi, les mains dans les poches.

— Moi, j’ai encore un truc à faire avant de pouvoir crever heureux, dit-il en détournant le regard, presque timidement.

Je me redresse dans mon siège, curieuse. Et il sort une boîte de sa poche. Une petite boite, noire. Je me fige. Il pose le genoux à terre, ouvre la boîte face à moi. Une bague. Une putain de bague qui brille trop fort.

— Est-ce que tu veux m’épouser ? Dit-il doucement en souriant.

Je bugue. Je cligne des yeux. Une fois. Deux. Et merde, je dois répondre un truc.

— Mais… Mais on va crever dans deux heures…

— Justement.

Je sens mes joues s’enflammer, et pas juste à cause de la température qui grimpe en flèche. Des gens se sont attroupés autour de nous. Ils attendent ma réponse.

Je regarde Nathan droit dans les yeux. Ses yeux qui brillent d’un éclat que je n’ai jamais vu.

— J’avais prévu de te faire ma demande pendant notre voyage du mois prochain, avoue-t-il. Mais comme t’as décidé de changer les plans.

Je ris, un peu nerveuse, mais heureuse.

— Je te dis oui, mais espère pas échapper à la cérémonie, météorite ou pas.

Il sourit, soulagé. Et il me passe l’anneau autour du doigt alors que les passants applaudissent.

— Maintenant, moi aussi je peux crever heureux, dit-il en relevant le regard vers moi.

— T’es trop con.

Et je lui saute dans les bras. On se retrouve par terre, comme des cons, mais des cons heureux. Il me serre contre lui, et je fais pareil. Quand on se redresse, il me chope par la nuque pour m’embrasser. Longtemps. Profondément.

La chaleur nous englobe, étouffante, brûlante. Mais c’est pas grave, parce qu’on a réussi à crever heureux.

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1 Comment

14 days
Chouette petit texte, qui reste malgré tout assez léger malgré la thématique. Bon, c'est pas un journal intime, mais close enough ahah. Les personnages sont bien caractérisés, et j'aime beaucoup la symbolique de la dernière glace de la fin du monde, où on retrouve un semblant d'humanité malgré les violences qui se développent dehors. C'est pas mal du tout !
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