Une douleur diffuse me perforait l’avant du crâne, comme si je m’étais reçu un coup violent. Un brouillard épais m’embrumait les pensées, comme du coton.
Une voix brutale, sauvage, animale, demanda :
— On fait quoi, Grunt ? On la réveille ?
— Non. Elle se réveillera seule.
La voix doucereuse du deuxième homme me glaça, et les souvenirs affluèrent dans mon esprit.
Il était dix huit heures. Ma journée de travail venait de finir. Du moins, la journée officielle. Car, une fois la nuit tombée, comme toujours, mon vrai métier, celui qui me permettait de survivre, commençait. Je me rendais dans un quartier malfamé, une longue capuche sur mes cheveux bruns.
Le chef de mon entreprise venait de me donner le stock de la soirée. Des petits sachets emplis de poudre blanche, et une multitude d'échantillons d’autres drogues diverses.
Ça faisait des années que je bossais pour cet homme. Au départ, c’était pour m’en sortir, pour payer mon loyer et mes repas. Désormais, j’ai peur de ce qu’il pourrait faire, si je lui disais vouloir arrêter. Alors je continue. Ça paie bien. J’avoue que j’en profite pas mal.
Mais ce soir-là, tout ne s’est pas déroulé comme d’habitude. Un de mes clients réguliers, à la voix délicate et terrifiante, m’attendait. Alors qu’il me donnait l’argent qu’il me devait, j’ai senti un coup violent au crâne, asséné par un objet suffisamment lourd pour m’assommer.
Et après, plus rien.
Le noir le plus complet.
— Grunt, je ne vais pas attendre mille ans ! s’exclama la brute. On a besoin de le retrouver ! Et elle est la seule à pouvoir nous aider.
— Laisse-moi faire, insista le deuxième.
Un bruit de pas résonna à mes oreilles. J’entrouvrai légèrement les yeux, le cœur battant.
— Alors, poupée… me murmura l’homme, si proche de moi que je peux sentir son haleine puant la cigarette. Dis-moi vite où se trouve ton boss. Ou je te jure que mon ami saura te faire parler.
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