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Gaunt
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Je désire une dernière chance, un dernier jour dans ton sillage, comme un phare dans l'obscurité de cette guerre sans fin. Un moment où nous pourrions oublier les horreurs qui nous entourent, où nous pourrions nous retrouver comme avant, libres et insouciants. De ma tranchée, ce gouffre de boue et de désespoir, en levant les yeux vers les étoiles, ces témoins silencieux de notre souffrance, entre deux nuages toxiques de combat, ces monstres flottants qui obscurcissent notre ciel, j'entrevoie notre chez-nous. Notre planète, avec ses océans infinis, semble si paisible de là-haut, si éloignée de cette folie meurtrière. Nos origines, ces racines profondes qui nous lient à cette terre et à nos ancêtres, me rappellent qui nous sommes vraiment, bien plus que des soldats perdus dans une guerre qui n'est pas la nôtre. Ici, dans cette tranchée qui sent la mort et la pourriture, on est si loin de tout ce que nous aimons, et pourtant si proche, car chaque étoile que je vois, chaque souvenir qui me revient, me rappelle que tu es là, quelque part sous le même ciel, partageant les mêmes rêves brisés et les mêmes espoirs perdus.

Je désire que tout ce conflit qui nous dépasse n'ait jamais eu lieu, que ces décisions prises par des étrangers dans des salles lointaines et froides n'aient jamais déchiré notre existence. Ce n'est même pas notre planète, notre culture, ces terres que nous foulons, ces idéologies que nous défendons contre notre gré. Cette boue glacée fétide des tranchées, qui colle à nos bottes et à nos âmes, n'est que cauchemars sans fin. Chaque nuit, je rêve de ces murs de terre qui s'effondrent sur moi, de ces cris étouffés par la boue, de ces corps sans vie qui pourrissent sous la pluie. Mais voir l'étoile de notre système solaire, ce petit point brillant dans l'immensité noire, me réchauffe le cœur. Elle me rappelle nos nuits d'été, à imaginer notre futur. Penser aux souvenirs de nos rires, de nos projets fous, de ces moments où nous parlions de voyager à travers les galaxies. Nous avions, tant de rêves partagés, si loin de cette guerre, si loin de cette folie qui nous a arrachés à notre destin.

Je désire plus que tout que nos tranchées ne soient pas séparées par des idéologies qui ne sont même pas les nôtres, des concepts abstraits et lointains qui nous ont été imposés par ceux qui ne connaissent ni notre terre ni nos cœurs. Ces idées étrangères, qui ne reflètent pas nos valeurs ni nos rêves, ont creusé un fossé entre nous, transformant des frères en ennemis, des amis en adversaires. Elles nous ont fait nous retrouver face au canon l'un de l'autre, nos regards se croisant à travers la fumée des explosions, nos mains tremblantes sur les détentes, tandis que nos cœurs pleuraient la folie de cette situation. Une guerre qui n'est pas la nôtre, une guerre qui ne nous appartient pas, imposée par des forces que nous ne comprenons pas et qui ne nous comprennent pas. Avant que ces ténèbres ne nous envahissent, nous avions tout. Nous avions l'espoir, l'avenir, des projets communs qui nous faisaient rêver. Tout cela a été brisé, remplacé par la boue des tranchées, le bruit des obus, la peur constante et cette folie qui nous oblige à nous combattre alors que nous devrions nous entraider.

Je désire que tu ne trouves jamais cette lettre sur mon corps froid, maculé de sang et de boue, loin de la terre de nos origines. Je ne veux pas que tes yeux se posent sur ces mots écrits à la hâte, trempés par la pluie et les larmes, sur ce papier froissé que j'ai gardé contre mon cœur comme un dernier lien avec toi. Mon corps, autrefois chaud et vivant, maintenant inerte et glacé, repose dans cette terre étrangère, si loin des paysages de notre enfance. Je ne veux pas que tu me voies ainsi, abandonné dans la boue des tranchées, entouré des échos lointains des explosions et des cris de ceux qui continuent à se battre. Je préfère que tu te souviennes de moi tel que j'étais : debout, fort, avec ce sourire qui te faisait toujours rire, et non comme une ombre tombée au combat, une victime de plus dans cette guerre sans sens.

Je désire un dernier instant côte à côte sans autre souci que celui d'espérer que ce moment ne se finisse jamais.

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6 Comments

16 days
"Un dernier instant dans côte à côte" tu n'as pas oublié un mot ? mdr C'était très sympathique sinon ! ❤️
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16 days
ah oui c'est pas faux, merci du passage :)
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17 days
Merci beaucoup pour ce partage, je pense que Sirrha a tout dit. J'ai apprécié passer ces derniers instants avec cette personne dont on ne sait rien, mais pour lequel tout un chacun peut se retrouver. Il n'y a pas besoin de visage lorsqu'on est victime de guerre, pas besoin de nom pour que l'histoire happe et brise.
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16 days
Merci du passage :)
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17 days
Merci Gaunt pour ta participation. C’est une magnifique lettre que tu as écris. J’ai ressenti autant d’espoir que de désespoir face à une guerre qui sépare deux êtres chers. Le rappel que l’adversaire est aussi un ami est touchant et me rappelle ce que me disait mon professeur lorsque nous avons travaillé sur la seconde guerre mondiale. Deux camps qui se retrouvaient pour fêter Noël avant de reprendre cette guerre dont ils étaient tous victimes.
Je suis certaine que c’est ce qu’a déjà dû ressentir un.e soldat.e. au cours de l'histoire. Merci encore ❤️‍🩹
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17 days
Merci beaucoup si l'idée global et présente :)
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