Quelques souvenirs

Un long silence.

Lourd, pesant.

Tout prend sens.

Toute une vie, beaucoup de temps.

Le soleil se reflète sur le tombeau.

De toute petites gouttes dégoulinent.

On entend quelques notes de piano.

Dans ce genre de moment, je n’oublie pas mes origines.

Le temps passé, il ne passera plus.

Un jour de paix, une fin mais un début.

Début d’une renaissance pour lui,

Début d’une vie sans lui.

Cela n’a pas encore commencé,

l’arc-en-ciel remonte le moral.

Pour lui, une certaine liberté,

Pour nous, un jour national.

Ce sera toujours le grand-père original,

Ce sera toujours notre petite étoile.

Tout à coup, une homme commence à parler.

Habillé d’une certaine manière, sa voix grave.

Il nous parle d’idée, de santé.

Mais moi, je ne vois qu’un homme brave,

Enfoui dans un petit espace,

Prêt à passer de l’autre côté.

Il a enfin trouvé sa place.

Dans une autre réalité.

Pendant que le monsieur parle,

Je me rappelle de lui :

Un homme dans un tribunal,

Qui faisait justice dans son pays.

Un homme courageux,

prêt à dévoiler la vérité.

Il ne venait pas du milieu,

Pourtant, il faisait la paix.

Délinquant, un peu insultant,

Dans son enfance, il a fait les 400 coups.

Mais, avec le temps,

Il est devenu doux.

Il a fait des études de droit.

Puis l’école de magistrature.

Il est devenu magistrat.

Il a pris plusieurs mesures.

Après avoir été parent,

Il a fait mon bonheur, celui d’être un grand-père.

Les jeux de société où j’essayais de gagner désespérément.

Ou encore les vacances à la mer.

Mon grand-père, c’est un champion toute compétition.

S’il le voulait, il pourrait faire une émission.

En plus de faire la loi, il fait la joie.

Oui, je parle au présent car dans mon cœur il sera toujours là.

Je l’entends avec moi, à chacun de mes pas.

Après un discours que j’écoutais d’une oreille distraite.

Le maître de cérémonie funéraire se retire d’un air délicat,

Laissant les autres parler comme des poètes.

A mon tour de prononcer quelques mots, difficile d’y parvenir.

Je m’avance un petit peu, pas très sûr de moi :

« Mon grand-père était… euh… un grand-père formidable.

Il aimait l’odeur des feux de bois, il aimait les bons petits plats.

Mais je crois que ce n’est pas ce qu’il faut retenir de cet être véritable.

Sa bonne humeur constante, ses blagues de pas très bonne qualité, son odeur si tendre de tabac.

Dans 10 ans, je m’en souviendrait encore.

Et le surnom qu’il aimait me donner : mon petit bijou d’or.

Bien sûr il est très loin d’être parfait.

Râleur compulsif, fainéant sur les bords,

C’était un drôle de type.

C’est dur à dire mais aujourd’hui il est mort.

L’homme qui part en premier, quel foutu stéréotype !

Aujourd’hui, je parle en dernier,

Pour le lui rappeler,

Papi je te le dis :

Merci »

Quelques applaudissements, des larmes séchées sur mes joues.

Le discours était loin d’être parfait,

Me vient à l’oreille quelques mots doux.

Ceux de ma grand-mère,

Et par delà, ceux de mon grand-père.

Je ne ressors pas triste de cet enterrement.

Seulement heureux d’avoir pu redécouvrir mon ascendant.

La tête pleine de souvenirs,

Je m’en vais, sur mes lèvres, un sourire.