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Selenedetheria
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Lundi 14 juillet

Jour 1 : Incompréhension et Urgence de Vivre

Partout. Les réseaux, la télé, la radio... Il n'y a plus que ça. Cette météorite. On ne parle que d'elle, les publications s'enchaînent, inondant chaque écran. "Plus que 7 jours !", ils répètent. Sept petits jours avant la fin.

Sept jours pour vivre enfin, intensément. Pour faire tout ce que j'ai repoussé pendant quarante ans. Sept jours pour voir mes proches, en profiter. Mais au fond, ce que je veux, c'est vivre. Juste vivre, à fond, jusqu'au bout.

Pourquoi nous ? Pourquoi ce monde si patiemment bâti peut-il être réduit en fumée en une semaine ?

Mardi 15 juillet

Jour 2 : Étrange Réconfort et Fuite en Musique

Hier, j'ai déambulé, l'âme en peine. Les rues grouillaient de monde : certains paniqués, d'autres étrangement impassibles, comme si la nouvelle ne les concernait pas. Tout ce que je voulais, c'était hurler. Hurler à l'injustice. Mais à qui ? L'univers ? Dieu ? Je ne sais plus.

Ce matin, une idée folle m'a traversé l'esprit. Si le monde doit disparaître, autant qu'il parte en beauté. J'ai dépoussiéré mes vieux vinyles, ceux que je n'écoutais jamais, toujours "trop occupé". La musique a inondé l'appartement, une bulle d'oubli au cœur du chaos. J'ai aussi appelé ma sœur. On n'est pas très proches d'habitude, mais cette fois, on a parlé longtemps. De tout et de rien, comme si de rien n'était. C'était étrange et réconfortant. On a même ri. Une dernière fois, peut-être.

Mercredi 16 juillet

Jour 3 : Défi Joyeux et Présence au Monde

Aujourd'hui, j'ai décidé de cocher des cases sur une autre liste. Pas celle des "choses à faire avant de mourir", non. Juste des petits riens, ceux que je repoussais sans cesse. J'ai mangé des céréales au chocolat au petit-déjeuner, à même le paquet, sans la moindre culpabilité. Puis, j'ai acheté des fleurs, une profusion, pour les disperser partout dans l'appartement. Leurs couleurs vives éclatent, un défi joyeux à la morosité ambiante.

En sortant, la rue était un tableau étrange. Des attroupements, des prêcheurs hurlant la fin du monde, des gens qui s'enlacent en larmes, d'autres qui dansent au milieu du trottoir. C'est fou de voir à quel point chacun réagit différemment. Moi, je ne veux pas pleurer. Pas encore. Je veux juste sentir le soleil sur ma peau, la brise dans mes cheveux. Je veux être là, totalement présent, jusqu'au tout dernier instant.

Jeudi 17 juillet

Jour 4 : Quête de Nature et Évasion Littéraire

La nuit fut agitée. Des sirènes, des cris lointains... Le vernis de normalité craquèle sérieusement. J'ai dû fermer les fenêtres, mais même ça n'étouffait pas tout. Ce matin, j'ai eu une envie irrépressible de nature. Je suis allé au parc. Moins de monde qu'à l'ordinaire, juste quelques couples allongés dans l'herbe, des enfants qui jouaient encore, inconscients du chaos. J'ai observé les arbres, leurs feuilles vertes frémissant au vent. Une image de la force de la vie, même face à l'inéluctable.

J'ai passé des heures là-bas, plongé dans un vieux livre d'enfant. Une histoire de chevaliers et de dragons. C'était une échappatoire bienvenue, une façon de me raccrocher à l'idée qu'il y a eu des récits, des aventures, et qu'ils existeront toujours, d'une certaine manière.

Vendredi 18 juillet

Jour 5 : Résignation Tranquille et Doux Souvenirs

Aujourd'hui, une lourdeur différente s'est installée. Pas de la tristesse, plutôt une sorte de résignation tranquille. Moins de panique dans l'air, plus de silence. J'ai eu envie de cuisiner ce plat compliqué que j'avais toujours repoussé, faute de temps. La musique à fond, j'ai dansé dans la cuisine, sans retenue, juste moi et les mélodies.

J'ai pensé à ma mère, partie il y a quelques années. J'espère qu'elle ne souffrira pas, qu'elle ne verra pas ça. Étrangement, cette pensée m'a un peu soulagé. Ce soir, j'ai bu un bon verre de vin, les yeux rivés sur les étoiles. Elles sont là, indifférentes à notre sort. C'est beau. Et si terrifiant.

Samedi 19 juillet

Jour 6 : Sérénité et Douce Mélancolie

Demain. Juste un souffle. C'est tout ce qui nous reste. Les rues sont désormais des fantômes de silence, les boutiques closes, certaines défigurées. Le vacarme du monde a laissé place à un lourd silence, à peine troublé par le vent. Alors, l'envie m'a pris. L'envie de faire un grand ménage, non par obsession, mais par un besoin étrange de laisser les choses en ordre. Comme si, un jour, une improbable suite pouvait exister. C'est absurde, je le sais, mais ce geste m'a ancré dans l'instant, m'offrant un dernier semblant de contrôle.

Puis, je me suis plongé dans mes albums photos. Les vieilles images jaunies ont défilé, des éclats de mon enfance, les rires insouciants de mes amis, les paysages lointains qui ont marqué mes voyages. Une vie. Une belle vie, en somme. Malgré les épreuves, les souvenirs heureux affluent, me faisant doucement sourire, un sourire teinté de mélancolie. Étrangement, alors que la fin approche, je ne ressens aucun regret. Seule une paix inattendue m'habite, face à l'inéluctable.

Dimanche 20 juillet

Jour 7 : Tristesse Sublime et Acceptation

Le soleil se lève, pour la toute dernière fois. Une chaleur insoutenable s'abat déjà sur la ville, un véritable brasier qui semble consumer l'air même. "Un été brûlant" – le titre de notre adieu. J'ai ouvert ma fenêtre en grand, et le chant des oiseaux a empli la pièce, innocent, insouciant. Ils chantent comme chaque matin, comme si ce jour n'était qu'un autre. C'est d'une beauté déchirante, cette normalité face à l'abîme.

Je me suis posé sur le canapé, ma tasse de café tiède contre ma paume. Mes yeux s'attardent sur les fleurs, toujours là, flamboyantes de vie, défiant le destin. Je prends une longue inspiration, la chaleur de l'air imprègne mes poumons. Et les souvenirs affluent, non pas en avalanche, mais en touches délicates : le parfum réconfortant du café qui m'éveille, la texture familière du tissu de mon vieux pull, le simple rayon de lumière matinale qui caresse le parquet. Tous ces petits miracles du quotidien, si longtemps ignorés, se révèlent avec une clarté poignante.

La fin est là. La peur a disparu, balayée. À sa place, une immense et belle tristesse m'étreint, une peine infinie pour ce monde qui va s'évanouir, pour tout ce qui sera perdu. Mais au fond de cette douleur, une paix étrange et profonde m'habite. J'ai vécu ma vie. J'ai aimé de tout mon cœur. J'ai fait de mon mieux.

Il n'y a plus de mots. Juste l'instant. Juste être.

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2 Comments

21 days
Très chouette texte ! J'ai beaucoup aimé le ton mélancolique de ta narration, jusqu'au bout, et l'espèce de torpeur dans lequel ton personnage se plonge progressivement. C'est rigolo comment le thème de la musique revient d'un texte à l'autre, comme quoi, certaines choses semblent rassembler l'humanité et ça a l'air d'être l'un d'entre eux. J'ai beaucoup aimé le titre de tes entrées de journal également. C'est très réussi !
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Merci beaucoup
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